RAMBOSPLOITATION : LE CONTINENT EUROPÉENLa Rambomania n'a pas épargné la vieille Europe, où les copies pullulèrent principalement en Italie, mais pas que. Coproduction entre l'Espagne, le Mexique et les États-Unis tournée aux îles Baléares, "Mort sous contrat" (Counterforce/Escuadrón, 1988) de José Antonio de la Loma remplit honorablement son contrat d'actioner routinier, soit une heure trente de bourrinage en compagnie d'un casting international réunissant Jorge Rivero, George Kennedy, Robert Forster, Louis Jourdan, Kabir Bedi, Isaac Hayes et Hugo Stiglitz. Le pitch est des plus classique : la Maison-Blanche charge un commando anti-terroriste, la Counterforce, de sauver la femme et le fils d'un leader démocrate retenus en otages par un dictateur d'Afrique du Nord (toute ressemblance avec le colonel Kadhaffi serait fortuite).
Une série B cosmopolite faisant presque figure de blockbuster à coté d'autres co-productions tels certains projets bénéficiant du savoir-faire et de la main d’œuvre ibérique et dont les têtes pensantes se trouvaient de l'autre coté des Pyrénées où, pour apporter son auguste contribution au genre, la patrie du Camembert put compter sur son producteur le plus dévoué à la noble cause du nanar de série Z : Marius Lesoeur (aidé de son fils Daniel). L'engouement général du public et la simplicité narrative extrême de la rambosploitation ne pouvaient qu'intéresser la société de production Eurociné, qui nous mitonna "L'Ange de la Mort" (Commando Mengele, 1986) réalisé en Espagne par Andrea Bianchi et scénarisé par Jess Franco (en fait, il s'agirait du remake d'un film réalisé par Jess Franco l'année précédente avec un casting quasi-identique, "El hombre que mato a Mengele").
Ayant fui l'Allemagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale et s'étant réfugié dans un pays fictif d'Amérique du sud, le docteur Joseph Mengele (Howard Vernon) poursuit ses diaboliques expériences en cherchant à créer une race d'hommes-singes avec lesquels il se lancera à la conquête du monde, tandis que son bras droit, un implacable vétéran du Vietnam néo-nazi (le neurasthénique Christopher Mitchum), entraine une armée dans le but d'instaurer le IVème Reich. Le Mossad envoie un commando de guignols attaquer la forteresse de Mengele au cours d'un assaut final riche en morts nanardes. Scénario absurde, rythme pachydermique, amateurisme désopilant de l'interprétation (à l'exclusion d'Howard Vernon et de la guest-star Fernando Rey), ridicule total des scènes d'action, sérieux papal de l'ensemble... "L'Ange de la Mort" est un nanar d'une stupéfiante médiocrité dont les tentatives d'égaler le spectaculaire des blockbusters d'action américains évoquent de façon pathétique la grenouille s'efforçant de devenir aussi grosse que le bœuf.
En 1988, un Christopher Mitchum plus démotivé que jamais retrouve les plateaux cheapo-discount d'Eurociné à l'occasion de "Dark Mission, les Fleurs du Mal", à nouveau tourné en Espagne par Jesus Franco. Chris y incarne cette fois le flasque Derek Carpenter, meilleur agent de la CIA (cela va sans dire) envoyé en Colombie pour combattre le baron de la drogue cubain Luis Montana (Christopher Lee), ancien guérillero communiste qui corrompt la jeunesse américaine avec sa cocaïne.
Au diapason de la mollesse de son acteur principal, cette œuvrette lamentable aux dialogues ampoulés oscille entre sous-sous-sous-James Bond minable et sous-sous-sous-Rambo calamiteux avec un coté "film de vacances" très prononcé, Christopher Mitchum passant davantage de temps à faire du tourisme et à draguer sur la plage qu'à combattre les dealers et les communistes. Mais autant dire que quand Chris passe à l'action, ça décoiffe niveau nanardise : planté dans un jardin avec Brigitte Lahaie et son commando, notre Droopy aux paupières avachies canarde sans conviction une poignée de guérilléros ahuris dans de miteux ralentis et un montage chaotique, au milieu de stock-shots d'hélicoptères de combat. C'est LA grande scène d'action du film et le chef de la CIA Richard Harrison enfonce le clou en disant à Chris :
"A ce qu'on m'a dit, vous auriez battu Rambo ?" en parlant de cette bataille filmée à l'arrache d'un ridicule absolu. A voir pour le croire.
Alors que la firme des Lesoeur tente d'ultimes efforts pour survivre en produisant des épopées à grand spectacle susceptibles de toucher une large audience internationale (hum...), les dirigeants d'Eurociné confient à Jesus Franco les rênes de "Esmeralda Bay" (La bahia Esmeralda), un nouveau film de guerre ultra-fauché se déroulant dans une dictature bananière fictive d'Amérique latine en proie à la guerre civile.
C'est un peu mou, confus, l'action est aussi désastreuse qu'hilarante avec quelques gros craquages nanars et on n'échappe pas aux habituels stock-shots censés donner de l'ampleur à l'ensemble mais le rendu est légèrement moins miséreux que d'ordinaire et pour une fois les has-been/têtes d'affiche assurent les premiers rôles et non pas de furtives scènes de bureau. Et il y a du beau monde : Robert Forster en général despotique, Fernando Rey en président fantoche, George Kennedy en trafiquant d'armes, Brett Halsey et Ramon Sheen en guérilleros, un Craig Hill totalement en roue libre en comploteur technocrate de la CIA, ainsi que les fidèles présents dans tous les films du réalisateur, Lina Romay et Antonio Mayans. Daté de 1988, le film fait étrangement écho à l'invasion du Panama par l'armée américaine, qui renversera son ancien allié le dictateur Manuel Noriega en décembre 1989.
Outre les nanars franco-espagnols produits par Eurociné, citons une production 100% française, mais tournée aux States avec un casting essentiellement américain : "Opération Las Vegas" (1988) du regretté Norbert Moutier (alias N. G. Mount). Moins expérimental et plus pro que les autres films réalisés par cet éminent éditeur-libraire-écrivain-cinéphile-cinéaste-acteur parisien, "Opération Las Vegas" n'en demeure pas moins une réjouissante série Z hallucinante de ringardise, qui mérite le titre de nanar culte. A l'instar de "Mad Mutilator" pour le cinéma d'horreur, ce deuxième long-métrage du génial Norbert est construit comme une sorte de fanzine du cinéma d'action de série B, ce qui explique en partie le fait que le scénario enchaine les clichés du sous-James Bond, du polar, du film de ninjas et de la rambosploitation sans cohérence apparente.
L'impérial (mais un peu absent) Richard Harrison y tient la vedette, par pure amitié pour Norbert, dans le rôle du trrrèèès décontracté Jefferson, meilleur agent du FBI chargé par ses supérieurs d'enquêter sur une dangereuse organisation terroriste communiste opérant dans la région de Las Vegas et dirigée d'une main de fer par l'impitoyable Britta (la française Brigitte Borghese). Le plan des méchants, qui est pourtant au cœur de l'intrigue, se révèle impossible à définir : il est d'abord question d'un chantage mis au point par la mafia, puis d'un vol de plans top secrets, ensuite de remplacer une pilote d'avion par un sosie, et enfin d'une prise d'otage dans le but de gagner beaucoup d'argent, à moins qu'il ne s'agisse de renverser le gouvernement américain. Le film se termine par une bataille rangée bordélique au possible dans une usine pseudo-désaffectée avant de se conclure sur une fin jamesbondesque franchissant toutes les limites du grand-guignol. De quoi crier Cocorico !
Désormais bastion européen par excellence du cinéma d'exploitation et du clonage de toutes les modes filmiques du moment, l'Italie ne peut être concurrencée que par les Philippines en matière de stakhanovisme dans la copie industrielle des Rambo et autres Braddock. Reprendre les vieilles ficelles du film commando n'est qu'un jeu d'enfant pour les metteurs en scène de Cinecittà qui ont souvent fait leurs premières armes avec les Macaroni Combat, séries B guerrières très en vogue dans les sixties. L'un des premiers plagiats italiens de Rambo est aussi un des plus connus : "Tonnerre" (Thunder, 1983) de Fabrizio De Angelis avec en vedette le jeune culturiste Mark Gregory (alias Marco Di Gregorio), tout juste revenu des ruelles du Bronx et qui cette fois va faire exploser sa colère dans le désert d'Arizona. Le film se signale comme une photocopie du premier Rambo, sauf qu'au lieu d'un ancien béret vert, Marco incarne un Indien dont le cimetière ancestral a été saccagé par une bande de rednecks. Parti se plaindre auprès du shérif (Bo Svenson), Tonnerre est rudoyé par l'adjoint de ce dernier (Raimund Harmstorf) et s'échappe dans la montagne. Une gigantesque chasse au Peau Rouge s'engage...
Si le scénario n'est pas d'une finesse exquise et si le discours pro-Indiens fait figure de prétexte, "Tonnerre" représente le haut du panier de la série B d'action italienne des années 80 (qui avait certes déjà terminé son âge d'or et entamé sa lente agonie), atteignant un niveau de spectaculaire rarement égalé par la suite. Bien sûr, le manichéisme est très poussé, les méchants sont odieux et fiers de leur bêtise, l'interprétation de Mark Gregory est égale à elle-même et le shérif Bo Svenson préfère regarder le match de foot à la télé plutôt que poursuivre Tonnerre (privilège de la guest-star payée à rien foutre), mais le spectateur se prend à suivre au premier degré ces péripéties très bourrines mais réellement rythmées et efficaces. Et contempler Mark Gregory déguisé en Apache qui casse tout au bulldozer et au bazooka avec son air monolithique imperturbable est un réel bonheur. Le doublage accentue en outre la ressemblance car on retrouve les même voix françaises que pour le premier Rambo, y compris Alain Dorval pour les trois lignes de dialogues de Mark Gregory.
Comme la majorité des films de son auteur, "Ultime combat" alias "Mission vers l'enfer" (Tornado, 1983) d'Antonio Margheriti est une bonne série B qui ravira les amateurs du genre. Troisième volet d'une trilogie consacrée à la guerre du Vietnam (les deux autres sont "Héros d'apocalypse" et "Tiger Joe"), le film est un mélange de "Rambo", "Voyage au bout de l'enfer" et "Croix de fer" de Sam Peckinpah.
Révolté par le comportement du capitaine Harlow, responsable de la mort de plusieurs de ses hommes, le sergent Maggio frappe son supérieur et est arrêté par la police militaire. Au cours d'un bombardement, Maggio s'évade et fuit dans la jungle du Vietnam dans l'espoir de franchir la frontière cambodgienne. Traqué tant par ses anciens compagnons d'arme que par les Viets, Maggio montrera à tous de quoi un soldat d'élite des Forces Spéciales est capable... Le monolithique Maggio est joué par Timothy Brent alias Giancarlo Prete (le héros des "Nouveaux barbares") et le film fut distribué à l'international sous le titre "The Last Blood", histoire d'insister sur sa filiation avec "First Blood".
Quand le nanar post-apocalyptique de série Z louche sur Rambo, ça donne "Rush" (1983) de Tonino Ricci (embusqué derrière son pseudo "ricain" Anthony Richmond). A croire que Tonino a décidé en cours de tournage de transformer son sous-Mad Max 2 en plagiat de Rambo après avoir constaté le succès commercial de ce dernier. Et tant pis si le début du film décrivant un monde post-apo aride où toute forme de vie végétale a disparu se trouve contredit par un dernier tiers où le héros Rush joue à cache-cache avec des militaires dans une foret printanière. Armée à lui tout seul, Luigi Mezanote alias Conrad Nichols a le même look que Stallone, traque ses poursuivants à l'aide de pièges à cons bricolés, nous refait la fameuse poursuite à moto de "Rambo" et prend d'assaut un camp de prisonniers à la mitrailleuse en beuglant et en canardant les sbires au milieu des explosions. La jaquette ramboesque n'est donc même pas mensongère.
Signé par un Fernando Di Leo qu'on a connu dans de meilleurs jours, "La race des violents" (Razza Violenta, 1984) est symptomatique d'un point de non-retour du bis italien où même les réalisateurs les plus compétents n'arrivaient plus à masquer l'indigence de leur script. Au Vietnam, les bérets verts Mike Martin (Harrison Muller Jr.), Kirk Cooper (Henry Silva) et Polo (Woody Strode) sauvent des enfants retenus en otages par les "macaques" communistes. Quelques années plus tard, Kirk Cooper confie à Mike Martin la mission de ramener dans le droit chemin Polo, devenu un baron de la drogue du Triangle d'Or. Mike Martin débarque donc en Thaïlande où une belle indigène doit le guider jusqu'au camp de Polo.
Le scénario brouillon à souhait nous réserve quelques touches de folie sympathiques comme cette mère maquerelle française appelée Madame Fra, vouant un culte cocasse à André Malraux et nous gratifiant d'envolées philosophiques du genre
"Il y a des putes qui sont des femmes et des femmes qui ne sont que des putes." Pour le reste, le cahier des charges est respecté : trahison, torture, pièges de jungle, fusillades sauce bolognaise avec explosions de bides et jets d'hémoglobine, bref, de la poésie pure.
Fabrizio De Angelis retrouve le désert d'Arizona et une partie du casting de "Tonnerre" à l'occasion de "Man Hunt, chasse à l'homme" (Cane arrabiato/The Manhunt, 1984).
"Le fils de Wayne contre Borgnine : deux géants qui s'affrontent" (sic) nous promet la jaquette nanarde de chez UGC Vidéo. Le film a en effet pour héros John Ethan Wayne, incarnant un jeune cowboy dont les chevaux sont dérobés par un richissime propriétaire de ranch (Ernest Borgnine). Accusé par ce dernier de vol de chevaux, le héros innocent est arrêté par le shérif (Bo Svenson) et envoyé au pénitencier tenu par des matons sadiques (Henry Silva et Raymond Harmstorf). Lorsqu'il s'évade de façon musclée, notre héros dur à cuire devient la cible d'une chasse à l'homme à travers le pays. Série B plutôt bien troussée, ce film d'action/western moderne s'inspire à nouveau de "Rambo" mais de façon bien plus discrète que dans "Tonnerre" et enchaine les courses-poursuites sur un rythme soutenu.
Avec "Blastfighter l'exécuteur" (Blastfighter, 1984), Lamberto Bava livre une œuvre qui réjouira les amateurs de bonnes grosses bisseries primaires et revanchardes. Mélangeant ouvertement "Rambo" et "Délivrance", cette somptueuse nazerie nous conte la guéguerre vengeresse de Tiger Shark, ermite couillu aux prises avec un gang de rednecks bien bêtes et méchants dans la foret. D'abord proie, notre justicier invincible devient chasseur en faisant exploser du cul terreux à la chaine au moyen d'un improbable fusil-bazooka-laser de destruction massive. Un pur rip-off bien rythmé et généreux avec pour héros le monolithique Michael Sopkiw et George Eastman en leader des péquenots.
"Blastfighter" devait à l'origine être un western post-apocalyptique réalisé par Lucio Fulci en même temps que "2072 Les mercenaires du futur", mais à la suite d'une brouille avec les producteurs, le film ne put se faire. Mais comme il était déjà annoncé au Marché international du film de Milan, il fallut tourner un film portant le même titre mais au scénario différent, à cause d'un problème de droit concernant le script original, d'où cette basique histoire de Rambo ramollie du bulbe.
Autre titre bien bourrin faisant claquer ses testicules à l'oreille délicate du consommateur, "Rolf l'exterminateur" (Rolf, 1984) du plutôt médiocre Mario Siciliano est une série B un peu molle avec en vedette le barbu Antonio Marsina, le méchant capitaine Harlow de "Ultime combat"/"Tornado".
Lorsque sa petite amie (la belle Ketty Nichols, tellement inexpressive qu'elle semble sous tranquillisants) est violée puis assassinée par ses anciens compagnons d'arme parce qu'il a refusé de participer à un trafic de drogue, l'ancien mercenaire Rolf "extermine" ses ennemis façon Rambo dans un sous-bois.
Pas grand chose de notable dans ce rip-off très fauché qui mélange "Rambo" et "De la part des copains" de Terence Young (dans lequel s'affrontaient les monstres sacrés Charles Bronson et James Mason), en dehors d'une séquence de folie où des méchants particulièrement cabotins s'amusent à faire du ball-trap avec des enfants. Ou encore la scène où Rolf, arrêté par la police et conduit au commissariat, se fait plonger la main dans une cuvette de toilette pleine d'excrément pour prendre ses empruntes digitales, le genre de scènes poétiques qui faisait tout le charme du cinéma bis transalpin.
Si le succès du premier Rambo engendra un nombre raisonnable d'ersatz, c'est véritablement le carton mondial sans précédent du 2 qui provoqua une authentique frénésie parmi les copieurs de l'industrie du cinéma d'exploitation et les Italiens furent alors un des maillons principaux de la rambosploitation internationale. Deuxième opus d'une trilogie de commando-flicks ayant pour héros Lewis Collins (après "Nom de code : Oies sauvages" et avant "Der commander"), "Commando Léopard" (Kommando Leopard, 1985) d'Antonio Margheriti est une coproduction entre l'Italie, la Suisse et l'Allemagne de l'Ouest.
Dans une énième dictature bananière fictive d'Amérique centrale à la "Tintin et les Picaros", le vaillant capitaine Carrasco (Lewis Collins) guide l'armée révolutionnaire dans sa lutte anti-impérialiste pour faire tomber le tyran. Le film a beau être sans aucune surprise, il reste un très honnête divertissement bisseux avec de belles explosions de maquettes et un joli casting : Klaus Kinski en mercenaire sadique à la solde du dictateur, John Steiner en gentil soldat de fortune anglais et Manfred Lehmann en prêtre adepte de la théologie de la libération.
Suivant aussi la vague déferlante de la Rambomania, le vétéran Ferdinando Baldi tourne aux Philippines un "Opération Commando " (Warbus, 1985) aussitôt vu, aussitôt oublié. Le scénario est pourtant moins servile et privilégie davantage la psychologie des protagonistes qu'à l'accoutumée : pendant la guerre du Vietnam, trois marines durs à cuire et un groupe de civils tentent de rejoindre une base militaire américaine en traversant la jungle ennemie dans un bus scolaire. Hélas, les personnages sont assez sommaires, les situations, stéréotypées, le propos se limite à un banal hymne à la bannière étoilée et le spectacle se veut trop "sérieux" pour être drôle. Restent les fusillades, explosions, cascades et seconds couteaux sympathiques : le monolithique Daniel Stephen, Romano Kristoff, Don Gordon Bell, Nick Nicholson...
Autre vétéran solide du cinéma bis contraint de tourner du sous-Rambo 2 pour continuer à travailler dans une industrie ciné en pleine déconfiture, Umberto Lenzi livre un très agréable film d'aventure avec "Cinq salopards en Amazonie" (El cinque del Condor, 1985). Pour avoir le monopole des mines de platine d'un petit pays d'Amérique latine en pleine guerre civile, une multinationale américaine tente de renverser son dictateur sanguinaire en aidant le président en exil à reprendre le pouvoir. Mais le fils du président est enlevé pour faire pression sur lui. La multinationale engage alors un commando de cinq mercenaires pour aller dans la jungle délivrer l'enfant. Commandés par le musclé Antonio Sabato, nos mercenaires sympas seront bien entendu trahis par les capitalistes magouilleurs de Washington comme le veut le cahier des charges.
Tourné en République Dominicaine, "Cinq salopards en Amazonie" se suit avec un réel plaisir. Un ou deux éléments loufoques (les dirigeants de la multinationale font appel à des médiums pour localiser l'endroit où l'otage est emprisonné !), quelques figurants grimaçants et un happy end débile à souhait n'empêchent pas cette série B rythmée et rigolarde d'être un bon divertissement à condition de ne pas être trop exigeant.
Ancien maitre du western spaghetti ("Mon nom est Personne"), Tonino Valerii signe en 1986 le sympathique "Blood Commando" (La Sporca Insegna del Coraggio) lui aussi filmé en République Dominicaine. Tout en compilant tous les poncifs du genre, le scénario se révèle assez alambiqué et réserve un twist involontairement cocasse.
Vietnam, 1974 : les membres d'un commando américain doivent abandonner un des leurs aux mains des Viêts. Au bout de douze ans de captivité, ce dernier est libéré avec d'autres prisonniers mais l'avion qui les rapatrie aux États-Unis est détourné par des terroristes (c'est vraiment pas de bol !). Ses anciens compagnons d'arme décident d'aller délivrer les otages aux Caraïbes. Le film est un peu mollasson mais la musique de Riz Ortolani est fort inspirée et le casting est des plus sympathiques : Bo Svenson en héros baroudeur, Martin Balsam en technocrate véreux du Pentagone et Werner Pochath en Béret vert/travesti fofolle/esclave sexuel !
La même année, Fabrizio De Angelis réunit un casting cinq étoiles (Gordon Mitchell, Donald Pleasence, Christopher Connelly, John Steiner, Enzo G. Castellari himself, excusez du peu !) pour un sous-Rambo 2 tourné comme d'habitude aux Philippines.
"Cobra Mission" nous raconte l'histoire multi-rabâchée du commando de vétérans retournant dans l'enfer du Vietnam afin de délivrer les soldats américains toujours captifs des communistes. Mais de sombres manœuvres politiciennes et un twist final les attendent... Pas grand chose à signaler dans cette série B de facture courante, si ce n'est quelques morts ridicules et un plan nichons napalmé !
Dans la foulée du sympathique "Bianco Apache", le tandem Bruno Mattei/Claudio Fragasso profite des vieux décors d'Almeria pour tourner un autre néo-western spaghetti pro-Amérindiens : "Scalps" (1986) dont le script a été coécrit par notre ami Richard Harrison. Très influencé par le "Soldat bleu" de Ralf Nelson, cette pépite violente et sombre s'inspire aussi très fortement de "Rambo 2" dans sa seconde partie, qui voit la belle squaw espagnole Mapy Galan dégommer des soldats sudistes armée d'un arc et de flèches explosives pour délivrer son amoureux (le grec Vassili Karis, second couteau ayant fait pratiquement toute sa carrière en Italie) pris en otage et sauvagement torturé par un vilain colonel confédéré. Malgré ce plagiat plan par plan cocasse et un doublage nanardisant, "Scalps" est une authentique réussite du cinéma d'exploitation trash. Et comme nous allons le voir, "Rambo 2" n'en a pas fini de stimuler la créativité du génial Bruno Mattei...
Unique suite officielle du chef-d'œuvre de Sergio Corbucci, "Le grand retour de Django" (Django 2 : Il grande ritorno, 1987) de Nello Rossati tente lui aussi de renouveler le western spaghetti en s'inspirant du cinéma d'action testostéroné dans la veine de "Rambo 2" et "Commando". Vivant retiré dans un monastère, Django (Franco Nero) ressort sa mitrailleuse pour aller délivrer sa fille capturée par un sanguinaire esclavagiste hongrois (Christopher Connelly), ex-officier de l'empereur Maximilien à la tête d'une armée de mercenaires ricanant.
Tel Chuck Norris dans "Invasion USA", Franco Nero apparaît toujours pile au bon moment chaque fois que les méchants commettent une méchanceté, et le pistolero solitaire devient une armée à lui seul faisant tout péter pour libérer les péons portés disparus dans un camp de la mort. Bref, un bis totalement décomplexé, avec Donald Pleasence, Rodrigo Obregon et William Berger.
Vétéran du nanar spatial, Alfonso Brescia nous mitonne un "Cross Mission" (Fuoco incrociato, 1987) de derrière les fagots narrant la lutte d'un agent de la CIA opposé à un vilain dictateur trafiquant de drogue télépathe et son nain magique en Amérique Latine. Ça délire donc pas mal coté scénario et outre la présence du nain Nelson de la Rosa ("Ratman") balançant des éclairs pourraves sur le héros, le film vaut également le détour pour le surjeu de Maurice Poli dans le rôle du généralissime mégalomane.
En matière de nanar bourrin, "Striker" (1987) d'Enzo G. Castellari en tient une sacrée couche. Tourné en République Dominicaine, ce film d'action crétin au possible (mais assez critique vis-à-vis de l'administration Reagan) nous conte les absurdes exploits guerriers de l'invincible John Slade (le shakespearien Frank Zagarino, dans son premier grand rôle), ancien du Vietnam que les pourris de Washington obligent à aller chercher un journaliste (l'éructant John Phillip Law) prisonnier d'un tortionnaire russe (le cabotin John Steiner) dans une forteresse sandiniste au Nicaragua. Notre machine de guerre y dessoude du communiste et du Contra trafiquant de drogue par paquets de cinquante dans de superbes ralentis. Frank Zagarino reprendra le rôle de John 'Striker' Slade en 1991 dans "Project Eliminator" de H. Kaye Dyal, une série B américaine routinière avec David Carradine.
Si vous trouviez que Sylvester Stallone dans "Rambo 2" symbolisait le degré ultime du bourrinage patriotique, attendez d'avoir vu Reb Brown dans "Strike Commando" de Bruno Mattei, vous relativiserez ! Ce joyau tourné aux Philippines en 1987 représente l'un des mariages les plus purs entre plagiat éhonté et nanardise phénoménale. La stupidité incroyable de ce chef-d’œuvre en fait une véritable parodie du genre aussi délirante et outrancière qu'un "Hot Shots 2". A tel point qu'on peut légitimement se demander si Bruno Mattei ne l'a pas fait exprès.
Nous y suivons les péripéties de Mike Ransom (le grandiose Reb Brown), machine de guerre aussi invincible que décérébrée, abandonné dans la jungle du Vietnam par le traitre colonel Radek (Christopher Connelly) et traqué par le bourrin russe Jakoda (le fantastique Alex Vitale). Tout concourt à faire de cette œuvre un grand moment de divertissement ringard : les beuglements de Reb Brown, la bonne humeur ambiante, le pro-américanisme outrancier du propos, la photocopie de scènes entières de "Rambo 2" (ainsi que de "Mad Max au delà du Dôme du Tonnerre"), le coup de boules Mike Ransom/Jakoda, la crétinerie des dialogues, le trip autour de Disneyland, l'insupportable gamin vietnamien ami de Ransom, les explosions de mannequins en mousse... Le film a beau démarrer assez doucement, on termine son visionnage pantelant avec l'irrésistible envie de le revoir.
Bruno Mattei récidive et fait presque aussi fort avec "Double Target" (Doppio Bersaglio, 1987), conçu à l'origine comme une suite de "Strike Commando". Le vétéran dur à cuire Bob Ross (Miles O'Keeffe) est recruté par la CIA afin d'aller au Vietnam photographier un camp militaire secret contrôlé par les Russes. Par la même occasion, Bob espère retrouver le fils né de sa liaison avec une Vietnamienne.
Plagiat de "Rambo 2" (le camp secret à photographier, la trahison du technocrate de la CIA joué par Donald Pleasence, le sous-colonel Trautman joué par Mike Monty) et de "Braddock, Portés Disparus III" (la recherche du fils disparu), ce film d'action rythmé, très bourrin et riche en explosions et gunfights se distingue par la pusillanimité de son héros/machine de guerre incarné par un Miles O'Keeffe qui donna du fil à retordre à Bruno Mattei, obligé de le faire doubler pour la moindre cascade et de s'arranger pour confier le maximum de scènes de bravoure au sidekick joué par Ottaviano Dell'Acqua. Et on peut comprendre que le fils de Bob Ross ait honte de son père américain quand on voit le héros prendre la fuite au moindre signe de danger...
Parfois rebaptisé "Inglorious Bastards 2" dans certaines contrées, "L'enfer des héros" (Eroi dell'inferno, 1987) de Stelvio Massi reprend en effet une intrigue très similaire à celle de "Une poignée de salopards" d'Enzo G. Castellari et un Fred Williamson à l'air endormi y tient un rôle identique au coté cette fois de Miles O'Keeffe. Injustement condamné par la cour martiale pour la mort d'un politicard de Washington (Chuck Connors), le sergent Darkin (Miles O'Keeffe) est envoyé dans une prison militaire. Profitant d'un bombardement ennemi, les prisonniers s'évadent ensemble dans la jungle. Durant leur cavale, Darkin retrouve son supérieur prisonnier dans une cage en bambous qui lui confie avant de mourir la mission de faire sauter un dépôt d'armes viêt. Pas grand chose de mémorable dans ce navet assez pathétique de mollesse dont la moitié des scènes d'action sont filmées dans le noir pour camoufler le fait que Miles n'en fiche pas une (c'est assurément bien plus drôle quand son sidekick se tape tout le boulot).
Tourné au Brésil avec le soutien de l'armée brésilienne, "The Hard Way" (La via dura/La via della droga, 1987) de Michele Massimo Tarantini offre quant à lui près d'une heure trente de pur bourrinage et d'action non-stop. En Bolivie, le baron de la drogue Pinero (Philip Wagner) impose son règne de terreur grâce à son très méchant bras droit Wesson (Henry Silva) et son armée de mercenaires. La DEA envoie une équipe de super-agents commandés par l'inspecteur John Barrymore alias "Bulldozer" (Miles O'Keefe) afin d'arrêter le vilain. Trahi par une taupe à Washington, le commando ricain va faire un carnage dans les rangs du trafiquant...
Des milliards de balles tirées, des centaines de sbires truffés de plomb : ce spectacle ultra-rythmé franchit les limites de l'absurde à force d'action décérébrée et de héros invincibles et invulnérables. Et ce grand peureux de Miles O'Keeffe laisse toujours son sidekick se farcir toutes les cascades. A la fois une série B efficace et un nanar réjouissant.
En 1987, Pierluigi Ciriaci réalise le premier et le plus jouissif de ses quatre Rambo du pauvre avec "Delta Force Commando", dans lequel le lieutenant de la Delta Force Tony Turner (Brett Baxter Clark) part au Nicaragua casser du Sandiniste pour venger la mort de sa femme et récupérer une bombe atomique volée par des terroristes menés par un Mark Gregory inhabituellement cabotin. Fred Williamson et Bo Svenson sont les noms vendeurs de ce nanar d'action rythmé qui bénéficia lui aussi de la coopération de l'armée brésilienne pour un maximum de bourrinage.
Suivant la recette "on prend les mêmes et on recommence", Fabrizio De Angelis réalise un "Thunder 2 : Le guerrier rebelle" (Thunder II, 1987) dont le canevas est très similaire à celui de "Man Hunt". Thunder le Rambo apache est de retour en ville mais cette fois, sous l'uniforme de policier et se la joue d'abord superflic durant le premier tiers avant d'être faussement accusé de meurtre et de trafic de drogue par le shérif-adjoint corrompu et d'être envoyé purger une peine au pénitencier. Évidemment, notre héros chevelu s'évade et revient faire sauter la ville entière à coups d'arbalète à flèches explosives pour se venger de la crapule galonnée qui a en outre causé la mort du fils de Thunder par pure méchanceté (quel scénariste virtuose, ce Dardano Sacchetti !).
Cette bisserie à l'ambiance basse de plafond (spéciale dédicace aux loubards libidineux du début qui se font latter par Thunder dans un bar) souffre de quelques longueurs mais comporte également des cascades bien troussées. Même s'il est loin du niveau de son prédécesseur, ce deuxième opus demeure distrayant malgré sa médiocrité intrinsèque évidente. Mark Gregory fait manifestement des efforts pour tirer un peu moins la tronche que dans le premier, Raimund Harmstorf reprend son rôle de crevure intégrale avec une délectation communicative et Bo Svenson ne sort de son bureau de shérif qu'à l'occasion d'une conclusion en mousse contredisant tout ce qui a précédé ainsi que l'existence-même d'une suite, que Fabrizio De Angelis tourne pourtant dans la foulée.
Refaisant sans cesse le même film avec toujours moins de moyens, Fabrizio De Angelis démontre bien dans "Thunder III" (1988) la déliquescence progressive du cinéma populaire italien : alors que le spectaculaire premier opus sortait en salles et rencontrait un succès mondial, cet ultime volet est un nanar direct-to-video à peine digne d'un téléfilm, en dépit de sa rutilante affiche.
Une milice de gros ploucs particulièrement gratinés a encore eu la mauvaise idée de martyriser Thunder et ses copains indiens pour passer le temps. Mark Gregory n'a donc plus d'autre alternative que de faire encore plus la gueule que dans tous ses autres films et d'accomplir une vengeance aussi ringarde que molle du genou. Et Fabrizio d'enterrer pour de bon la hache de guerre après cette pitoyable pelloche qui ne vaut que pour ses passages nanars et le sous-jeu ahurissant du grand Marco.
Photocopie gondolée de Stallone dans "Rambo 2", le comédien Craig Alan est la tête d'affiche de "Commander, le dernier soldat américain" (Commander, 1988) de Paul D. Robinson (Ignazio Dolce pour les intimes). Le réalisateur, ancien assistant d'Antonio Margheriti, met en boite cette série B guerrière prévisible dans la jungle des Philippines, qui n'en finit pas de voir défiler les Rambos ritals.
Demeuré au Vietnam après la guerre, Craig Alan continue de donner du fil à retordre aux communistes, qui lancent en représailles un raid meurtrier contre le village d'adoption de notre héros, tuant son épouse vietnamienne histoire de le mettre bien en colère. Capturé et torturé au cours d'une séquence étonnamment réaliste (qui laisse peu de doute sur le fait que l'acteur a vraiment du en baver), notre Rambo du pauvre déchainera toute sa fureur vengeresse contre les troupes de l'ignoble colonel Vlassov (joué par le tout aussi ignoble David Light) à grands coups d'arme absolue nanarde et de bazooka.
Le cinéma bis italien, toujours attentif aux résultats du box-office, n'a pas manqué de constater qu'un nouveau film de guerre est venu redistribuer les cartes de la rambomania : "Platoon" d'Oliver Stone est en effet l'anti-Rambo 2 et avec lui, la vie quotidienne des GI's au Vietnam et la réalité des horreurs de la guerre ont fait leur entrée en force sur les écrans. Il est cependant exclu de remettre totalement en question la recette de la rambosploitation : patriotisme, bourrinage et manichéisme sont toujours les ingrédients essentiels de films comme "Last Platoon" (Angel Hill: l'ultima missione, 1988) coproduction italo-américaine tournée à nouveau aux Philippines par Ignazio Dolce.
N'en finissant plus de remplir sa fin de carrière de panouilles indignes de son talent, ce bon vieux Donald Pleasence semble en pleine carence de vitamines dans le rôle du colonel paternaliste qui couvre notre tête brulée de héros contre les huiles du quartier général US. Le film en lui-même est plutôt une bonne série B virile dans laquelle Richard Hatch et son commando délivrent l'officier Mike Monti prisonnier des Viets dans une cage en bambous (du jamais vu, quoi).
L'infatigable Ignazio Dolce refait appel à Richard Hatch afin de casser du figurant philippin/Viêt-cong dans "Mad War" aka "Cols de cuir" (Colli di cuoio, 1988). Les seconds couteaux James Mitchum, Vassili Karis, Robert Marius et Antonio Marsina sont les membres de son commando de brutes épaisses confrontés à un vilain ex-Légionnaire français faisant du trafic d'armes avec les cocos. Encore une série B routinière et oubliable, dont on ne retiendra que quelques morts bien ridicules.
L'Afghanistan a le vent en poupe depuis "Rambo 3" et Tonino Ricci tourne pour sa part sa propre repompe dans la campagne italienne en convoquant à nouveau son acteur fétiche Conrad Nichols dans "Afghanistan Connection" (I giorni dell'inferno, 1988). L'acteur italien au sourire carnassier et aux beuglements inimitables y joue le chef d'un commando de mercenaires durs à cuire que les magouilleurs de la CIA chargent d'aller délivrer un journaliste et sa fille prisonniers en Afghanistan.
Les Russkofs et leurs alliés communistes afghans vont encore prendre cher face à notre équipe de gros bourrins qui n'oublieront pas d'emmener dans leurs bagages le sacrosaint jeune sidekick afghan épris de liberté. Quelques carrières et sous-bois font office de Moyen-Orient de pacotille, l'héroïne répète en boucle
"Il faut que le monde sache ! Que le monde sache !" sur un ton absurdement sentencieux (car il s'agit d'un film à message, humaniste et militant !) et un hélicoptère de nationalité très approximative sert d'escadrille de la terreur rouge dans ce film de guerre fauché comme les blés.
Se payant un voyage aux Philippines qui a du manger l'intégralité d'un budget famélique, Tonino Ricci nous déçoit avec le mollasson "Raiders of the Magic Ivory" (I predatori della pietra magica, 1988) dont John Nada nous a déjà parlé dans son dossier sur la indianajonesploitation. Le pitch alléchant mélange pourtant aventures à la Indy, film de ninja et Rambo du très pauvre : tout juste évadés des geôles communistes, deux mercenaires (Jim Mitchum et Christopher Ahrens) sont embauchés par un milliardaire louche afin de retourner au Vietnam dénicher un légendaire artefact. Fusillades poussives contre les Viêts et affrontements patauds contre un culte de craignos monsters s'ensuivent...
Toujours aux Philippines, Ferdinando Baldi réunit Mark Gregory, Romano Kristoff et Mike Monty dans "Un soldat maudit" (Soldato maledetto/Just a damned soldier, 1988). Au Vietnam, quatre mercenaires machos dérobent un stock d'or à un trafiquant d'armes karatéka allié des communistes et remettent l'or à un Moudjahidine afghan joué par un Chinois avec un torchon sur la tête. En représailles, le trafiquant fait tuer la compagne du chef des mercenaires, "le Fridolin" (Peter Houten), fils d'un dignitaire nazi jadis dénoncé à la justice par le méchant et qui a donc un vieux compte à régler avec ce dernier.
Cette série B fauchée frôle le nanar à plusieurs reprises avec ses musiques écrites pour le Radioblog, son meurtre à coups de fléchette et sa séquence de fou où les héros torturent une femme au couteau pour la bonne cause, mais malgré une caractérisation des personnages proche du néant absolu, l'amateur savourera plutôt ces péripéties explosives et routinières au premier degré. Mais il est clair que Ferdinando Baldi a fait largement mieux. Certes, avec un script aussi rachitique et invraisemblable, difficile de pondre un chef-d’œuvre. Mais le maestro aurait au moins pu nous torcher un beau nanar...
Pour son dernier film comme réalisateur, Ferdinando Baldi livre le plus réussi de ses trois sous-Rambo avec "Ten Zan: The Ultimate Mission" (Missione finale, 1988), une curieuse coproduction italo-nord-coréenne. Maqué à Sabrina Siani, le grand Mark Gregory (moins inexistant quand il joue un méchant) est le chef d'une armée de mercenaires kidnappant d'innocentes jeune femmes pour le compte d'un savant nazi fêlé qui inocule à ses victimes un sérum à base d'ADN de daims afin de créer
"la race des maitres" et qui dans le même temps engage les mercenaires Frank Zagarino et Romano Kristoff pour mettre fin à ses propres expériences machiavéliques (?!).
L'action est explosive, les décors de Pyongyang sont bien mis en valeur, Mark Gregory compose un méchant savoureux qui devine qu'une de ses prisonnières est vierge rien qu'en reniflant son odeur avant de la violer, et le tandem Frank Zagarino/Ron Kristoff uni par une amitié très gay fonctionne au poil. A croire que le fait de tourner sous l'étroite surveillance d'un régime totalitaire paranoïaque stimulait le réalisateur transalpin...
Le routinier "Getting Even" (La vendetta, 1988) de Leandro Lucchetti décalque pour sa part "Rambo 2" et "L'arme fatale" en recyclant un grand nombre de stock-shots de "La race des violents". Un ex-Béret Vert devenu SDF (Harrison Muller Jr.) est recruté par son ancien supérieur devenu flic de choc (Richard Roundtree) afin d'aller au Cambodge traquer un ancien compagnon d'arme, qui l'avait abandonné aux mains des Viêts pendant la guerre, et qui dirige désormais un trafic d'armes.
Une jaquette alternative se la jouant Miami Vice.
Souvent gage de série B efficace et pêchue, Antonio Margheriti conclut sa trilogie commando et sa collaboration avec le producteur suisse Erwin C. Dietrich par le sympathique "Le triangle de la peur" (Der Commander, 1988) une coproduction germano-italienne tournée aux Philippines. La trame comme le casting sont quasi-identiques à ceux de l'excellent "Nom de code : Oies sauvages".
Engagés par des pontes véreux de Washington (Donald Pleasence, Lee Van Cleef et Brett Halsey), le Major Colby (Lewis Collins) et son équipe de mercenaires sentant sous les aisselles (Manfred Lehmann, Romano Puppo, John Steiner et Bobby Rhodes) partent en mission dans le Triangle d'or afin de récupérer une disquette dérobée par un baron de la drogue (Protacio Dee) et son ignoble bras droit tortionnaire (Mike Monty). Ça envoie encore de la chique et du mollard même si on note pour une fois une absence totale de maquette (bah alors Antonio ?).
Antonio Margheriti s'envole l'année suivante pour l'Argentine afin d'y tourner "Indio", un mélange savoureusement opportuniste de "Rambo" et de "La foret d'émeraude" avec en vedette Francesco Quinn, le fils d'Anthony Quinn qui, après des débuts remarqués dans "Platoon", eut bien du mal à se dégager de l'écrasante ombre paternel.
Un indice édifiant quant à la nature d'ersatz de l’œuvre : le méchant est joué par Brian Dennehy, le vilain shérif Teasle du premier Rambo, qui incarne ici un promoteur sans scrupules faisant massacrer une tribu d'Indiens pour permettre à sa multinationale de déforester avec un maximum de profit. C'est compter sans Indio (Francesco), un ex-Marine revenu dans son village pour apprendre que son père a été écrasé par le bulldozer du méchant. Parti se plaindre aux autorités, Indio est arrêté et malmené par les flics ripoux mais s'évade bien vite pour tenir la dragée haute au promoteur et à son armée de mercenaires. Le promoteur fait alors appel à l'ancien sergent-instructeur du héros (Marvin Hagler) pour le convaincre de se rendre. Le petit discours écolo prétexte fait de ce Rambo amazonien une bisserie sympathiquement kitsch.
Malgré sa superbe affiche, le médiocre "Cobra Mission 2" (1989) de Camillo Teti s'avère nettement moins exaltant. Après avoir libéré des prisonniers de guerre au Vietnam, un ex-marine officiellement mort (Brett Baxter Clark) est engagé par la CIA pour aller renverser un dictateur centre-américain ennemi des USA. On sourit devant le body-count de figurants dominicains et la séquence dramatique repompée sur "Les canons de Navarone" qui sert à caser un gros plan nichons, mais la mise en scène molle du derche s'avère franchement pénible.
Le vétéran du Vietnam Mike Ransom (Brent Huff, successeur de Reb Brown) est libéré de prison par la CIA en échange d'une mission (suicide) : retrouver son ancien supérieur le colonel Jenkins (Richard "Mais qu'est-ce que je fous là ?" Harris), porté disparu aux Philippines... Avec "Mission Suicide : Strike Commando 2" (Trappola diabolica, 1989), le génial Bruno Mattei photocopie à nouveau "Rambo 2"... mais pas que. Véritable jeu de piste pour cinéphiles, son film décalque aussi dans le plus grand désordre des scènes entières de "L'arme fatale", "Les aventuriers de l'arche perdue", "A la poursuite du diamant vert", "Predator" et "Apocalypse Now" ! Avec ces détails nanars matteïens qui font toute la différence...
Quand Bruno Mattei plagie "Rambo 2" ET "Crocodile Dundee", ça donne "Born to Fight" (Nato per combattere, 1989). Brent Huff, nouvelle muse du maestro, est Serpent Sam (sic), un vétéran au look soigneusement photoshopé sur celui du héros australien qui noie le traumatisme des tortures qu'il a enduré au Vietnam dans la consommation de venin de serpent.
Un jour, le héros est recruté par une journaliste (la grimaçante Mary Stavin) pour aller secourir les soldats américains toujours prisonniers du diabolique tortionnaire soviétique Duan Loc (le pauvre Werner Pochath, en phase terminale de son cancer). Seul contre tous, notre bête de guerre fera de la chair à saucisses des Viêt au cours d'un assaut final surréaliste où s'exprime pleinement le génie nanar de Bruno Mattei.
Pierluigi Ciriaci donne à son tour dans le rip-off de "Rambo 3" avec "Opération Warbus" aka "Un bus pour la mort" (L'ultimo bus di guerra/Afghanistan: The last war bus, 1989) souvent distribué sous le titre "Warbus 2" bien qu'il n'ait aucun rapport avec le film de Ferdinando Baldi en dehors de la présence d'un bus scolaire dans le script. Pour son dernier rôle à l'écran, Mark Gregory incarne Johnny Hondo, un Béret Vert invincible parachuté en Afghanistan pour retrouver des documents secrets disparus lors de la chute du Shah d'Iran. Deux prisonniers de guerre américains et un jeune Afghan orphelin rêvant du pays de l'oncle Sam (vous le sentez bien là le sidekick/quota ethnique ?) se joignent à Hondo pendant sa mission.
Cet ultime fait d'armes du monolithique Mark Gregory est partagé entre des longueurs ennuyeuses et de purs morceaux de bravoure nanars. Le réalisme n'est pas vraiment de mise même si les paysages de Yougoslavie font illusion (en tout cas beaucoup plus que l'Afghanistan de pacotille de "Tuer n'est pas jouer" de John Glen) : Mark Gregory fait exploser les hélicoptères russes avec deux balles de fusil à pompe, dégomme du Spetsnaz par paquets de douze dans de beaux ralentis à la Castellari, transforme en une heure un vieux bus d'école rouillé en véritable char d'assaut capable de traverser sans dommages les lignes ennemies et se fait canarder en vain par l'Armée Rouge sans une égratignure. De leur coté, le vétéran John Vernon et la belle yougoslave Savina Gersak essayent vainement de servir à quelque chose dans l'histoire.
Le Vinyl des réjouissantes BO au synthé Bontempi qu'Elio Polizzi composa pour les sous-Rambo de Pierluigi Ciriaci.Histoire de rentabiliser son tournage en Yougoslavie, Pierluigi Ciriaci y usine dans la foulée une suite à "Opération Warbus". Dans "Soldier of Fortune" (Soldato di ventura, 1990), Daniel Green succède à Mark Gregory dans le rôle de Johnny Hondo, mercenaire amnésique (un petit air de "Atomic Cyborg") que la CIA envoie à la recherche d'un MIG russe s'étant crashé en Afghanistan. Encombré du sidekick-boulet de rigueur, Johnny Hondo pulvérise l'Armée Rouge armé d'un simple Uzi dans cette série B très routinière qui vire sans prévenir au sous-Indiana Jones au cours d'un dernier quart d'heure nawak. Explorant les montagnes sur lesquelles planent de mystérieuses légendes, nos héros y découvrent un temple perdu renfermant une boule de bowling magique venue de l'espace, convoitée par le méchant Spetsnaz voulant devenir maitre du monde. Savina Gersak prête cette fois-ci ses beaux traits à une Moudjahidine télépathe (!), la mannequin polonaise Danuta Lato exhibe ses gros seins à défaut d'être utile à autre chose dans l'intrigue et Bo Svenson assure le rôle de sous-Colonel Trautman de service vitupérant contre les magouilles du technocrate de la CIA.
La jaquette a beau en faire des tonnes ("De la dynamite !" "Un final grandiose !"), "Delta Force Commando 2" (Delta Force Commando II: Priority Red One, 1990) de Pierluigi Ciriaci perd son spectateur dans un non-rythme éreintant et un script incompréhensible. D'un côté, les comploteurs de la CIA contraignent un déserteur de la Delta Force (Richard Hatch) à exécuter une de leur agents qui se trouve être l'ex-amante du héros. En parallèle, un capitaine de l'US Air Force (Fred "Je cachetonne dans un bureau" Williamson) tente de démasquer une taupe sévissant dans sa base militaire en Afghanistan. De son coté, la CIA cherche à tuer tout le monde en faisant sauter la planète, ce qui complique encore davantage l'équation scénaristique. De toute façon, le public a déjà jeté l'éponge et roupille.
Ignazio Dolce boucle son "Philippines Tour" avec "Dernier vol pour l'enfer" (L'ultimo volo all inferno, 1991), série B qui s'avère très routinière. L’œuvre avait pourtant un certain potentiel nanar. Pensez donc ! Reb Brown en tête d'affiche, avec le même doublage, les même beuglements et la même musique que dans "Strike Commando" ! Mais il manque clairement un Mattei à la caméra. Reb y est un agent de la DEA à brushing engagé par la fille de Mike Monty afin d'aller libérer ce dernier qui a été kidnappé par un baron de la drogue du Triangle d'Or. De son coté, Chuck Connors glandouille dans son coin en technocrate de service.
C'est aussi aux Philippines qu'Antonio Margheriti tourne le plaisant "Indio 2 : The Revolt" (Indio 2 - La rivolta, 1991). Brian Dennehy était le méchant de "Indio"; pour ce second opus, Margheriti a réussi à caster le méchant de "Rambo 2", Charles Napier, pour un caméo de deux minutes en PDG véreux d'une multinationale qui réduit les Indiens en esclavage et déverse de l'Agent Orange sur la foret brésilienne. Francesco Quinn n'ayant pas rempilé pour ce second volet, le réalisateur le fait doubler par un figurant filmé de dos avec une perruque, le temps que notre héros soit assassiné par un mercenaire sud-africain travaillant pour la multinationale. C'est donc Marvin Hagler qui revient venger la mort de son ancienne recrue et mener la révolte en tant que leader indigène remplaçant. Encore une série B bien troussée au discours moins belliqueux que dans la plupart des sous-Rambo.
Cross-over tardif entre "A la poursuite du diamant vert" et "Rambo 3", "A la recherche du scorpion d'or" (Hunt for the Golden Scorpion/Caccia allo scorpione d'oro, 1991) d'Umberto Lenzi a déjà été évoqué dans le dossier indianajonesploitation. Nous nous contenterons d'ajouter aux remarques de John Nada que cette bisserie extrêmement fauchée recycle un nombre colossal de stock-shots de "The Hard Way" (en gros, dès que ça canarde) pour tenter d'injecter un peu de spectaculaire à un produit ridiculement low cost.
Parmi les derniers soubresauts du bis italien, "Le dernier match" (L'ultima meta, 1991) de Fabrizio De Angelis marqua les annales du nawak sur pellicule. Après un début un peu mou repompant "Midnight Express", la dernière demi-heure totalement délirante nous montre une équipe de football américain, composée de vétérans du Vietnam, prenant d'assaut une geôle sud-américaine pour libérer la fille de leur capitaine... en tenues de footballeurs, le tout sous les ordres de leur entraineur (Ernest Borgnine) qui se croit en plein Super Bowl ! A voir pour le croire.
Bis rital très tardif, le franchement pas terrible "War Dogs" (Il Quinto Giorno, 1994) de Stelvio Massi nous ressert le postulat archi-rebattu de l'équipe de mercenaires rassemblée à nouveau pour une dernière mission : secourir les membres d'une expédition scientifique kidnappés par un vilain dictateur d'Amérique Centrale. Suite à une embuscade, le héros dur à cuire et la jolie blonde de service tentent de se frayer un chemin à travers la jungle pour rejoindre l'avion qui doit les rapatrier aux USA. Totalement oubliable, le film résonne comme le chant du cygne de la contribution plus que prolifique du cinéma bis italien à la rambosploitation. Une œuvre déjà complètement anachronique dans une industrie du cinéma, bis comme grand public, pratiquement morte et enterrée à l'époque.
Réalisé en 1987 par Björn Carlström et Daniel Hübenbecher, un autre "War Dog", suédois celui-là, tente à toute force de se faire passer pour un film 100% Ricain en mettant des marques (Coca Cola, Marlboro, Uncle Ben's...) et des bannières étoilées partout (y compris sur les gâteaux d'anniversaire). On peut supputer que cette excellente série B fauchée distribuée en VHS un peu partout dans le monde ait pu inspirer les auteurs de "Universal Soldier" (les films d'exploitation tiers-mondistes ont beau piocher régulièrement leurs idées chez les blockbusters américains, l'inverse n'est jamais exclue pour autant).
Un vétéran du Vietnam (le grassouillet Timothy Earle, notre héros) cherche à savoir ce qu'est devenu son frère officiellement mort au combat. Il découvre bientôt que son frangin est devenu membre d'un commando de super-soldats, zombifiés à coups de drogues, effectuant des missions secrètes pour la CIA. Ayant infiltré la base top secrète des War Dogs, notre héros est fait prisonnier et torturé par son ancien supérieur, le très vilain Spacek, chef velu de ce commando de machines à tuer aux looks de Terminators...
De très bonnes scènes d'action et des plans gores réjouissants (censurés dans le montage français) avec des enfants se faisant exploser l'estomac au ralenti à la mitrailleuse font de ce rambosploitation suédois une jolie curiosité à la BO au synthé très 80's.
Dans "Animal Protector" (1989) de Mats Helge ("Mission Ninja"), l'impérial David Carradine interprète le très méchant colonel Whitlock, officier américain renégat se livrant à des expériences illégales sur une ile/base militaire. La CIA envoie l'agent John Santino (A. R. Hellquist, sosie de Kurt Russell aux muscles huilés vêtu d'un débardeur ultra-échancré) punir le colonel Whitlock en poussant le mannequin en mousse de David Carradine par la fenêtre. Visant ouvertement l'exportation, ce Rambo suédois fait de grands efforts en matière de bourrinage, d'explosions, de body count, de BO rock 80's et d'acteurs suédois parlant anglais en s'efforçant de prendre un accent yankee pour se vendre comme une production hollywoodienne, mais possède toutefois une "Swedish Touch" très identifiable avec son ciel plombé, ses fjords lugubres et ses plans trashs typiques du cinéma bis local.
Chant du cygne du prolifique cinéma bis teuton, "Death Stone" (Der Stein des Todes, 1987) de l'Autrichien Franz Josef Gottlieb cherche autant à évoquer Rambo que "Romancing the Stone". Dans ce foutraque actioner germano-sri-lankais, le commando dur-à-cuir Brad Harris, ancien du Vietnam, et le jeune premier Albert Fortell affrontent le dealer karatéka Christian Anders avant de pourfendre le mannequin en mousse du narco-trafiquant Tony Kendall (ancien compère de Brad Harris sur la série sous-jamesbondienne "Kommissar X") pour secourir la playmate Heather Thomas.