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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 21 Août 2019 5:11 
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Non non je prends le temps de lire les mecs ))

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Dans la vie je supervise magasin accessoire bébé en ligne, je raffole des miels et autres confiseries (huile de nigelle, miel blanc Miel kirghizistan etc) / Dattes ajwa.


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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 29 Mars 2020 11:42 
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MamanBB a écrit:
Non non je prends le temps de lire les mecs ))

C'est ça, prends nopus pour des teubés, tes participations ne trompent personne.

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 17 Mai 2020 19:07 
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Localisation: Là où sont localisés les missiles de Rambo 3
Fausse suite : Pour compléter votre définition de "fausse suite", je suggère d'évoquer le cas de ces films que leurs auteurs ou producteurs n'ont pas conçus comme la suite d'un film à succès, mais que leur distributeur a choisi de présenter comme tel.

Par exemple, L’Étudiante (https://www.nanarland.com/Chroniques/ch ... iante.html), de Claude Pinoteau avec Sophie Marceau, est sorti en Italie sous le titre Il tempo delle mele 3, soit « La Boum 3 » (sachant que La Boum et La Boum 2, du même réalisateur avec la même actrice, étaient sortis en Italie sous les titres respectifs de Il tempo delle mele et Il tempo delle mele 2).

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On peut également évoquer le cas du film 2001: A Space Travesty, avec Leslie Nielsen, sorti en France sous le titre Y a-t-il un flic pour sauver l'humanité ?, comme s'il faisait partie de la série des Y a-t-il un flic... avec le même acteur principal.

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Le film érotique Je suis frigide... pourquoi ?, de Max Pécas, renommé dans sa version allemande Emanuela. Im Teufelskreis der Leidenschaft, soit littéralement « Emanuelle, dans le cercle vicieux de la passion », pour profiter du succès d'Emmanuelle de Just Jaeckin.

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La Marge, de Walerian Borowczyk, a parfois été exploité sous le titre Emmanuelle 77. Dans ce dernier cas, les distributeurs ont profité de la présence au générique de Sylvia Kristel, l'héroïne d'Emmanuelle...

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On peut même parler d'emmanuelleploitation, puisque la franchise Emmanuelle a également donné naissance à une série dérivée, ou plutôt à une fausse série dérivée : Black Emanuelle (avec un seul "m"), mettant en scène l'actrice métisse indonésienne Laura Gemser. L'histoire se répète : certains films avec Laura Gemser qui ne font pas partie de la série des Black Emanuelle vont être exploités comme tel. Par exemple, L'Amour au club (https://www.nanarland.com/Chroniques/ch ... -club.html), également connu sous le titre Divine Emanuelle. La boucle est bouclée...

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Il avait la parole facile et banale, du charme dans la voix, beaucoup de grâce dans le regard et une séduction irrésistible dans la moustache.
Guy de Maupassant, Bel-Ami


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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 29 Mai 2020 6:47 
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Promizoulin a écrit:
On peut même parler d'emmanuelleploitation, puisque la franchise Emmanuelle a également donné naissance à une série dérivée, ou plutôt à une fausse série dérivée : Black Emanuelle (avec un seul "m"), mettant en scène l'actrice métisse indonésienne Laura Gemser. L'histoire se répète : certains films avec Laura Gemser qui ne font pas partie de la série des Black Emanuelle vont être exploités comme tel. Par exemple, L'Amour au club (https://www.nanarland.com/Chroniques/ch ... -club.html), également connu sous le titre Divine Emanuelle. La boucle est bouclée...

Des fausses suites de fausses suites, c'est méta. On peut parler d'emmanuelle-ploitation-ploitation. :-D

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 12 Nov 2020 9:33 
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Véhicule nanar

Véhicule suscitant l'hilarité du spectateur de par son apparence improbable, sa conception défaillante ou l'usage qui en est fait dans le film. On trouve notamment les taxis triporteurs de The Intruder utilisés en dépit de tout bon sens ou l'improbable "pentzomobile" du films de schwarzyploitation La revanche.

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Le mini char d'assaut utilisé par le héros de Zaat

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Dernière édition par Stem le 06 Déc 2020 22:16, édité 1 fois au total.

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 15 Nov 2020 21:28 
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Nanarland lui doit beaucoup
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Stem a écrit:
Véhicule nanar

Véhicule suscitant l'hilarité du spectateur de par son apparence improbable, sa conception défaillante ou l'usage qui en est fait dans le film. On trouve notamment les taxis triporteurs de The Intruder utilisés en dépit de tout bon sens ou l'improbable "pentzomobile" du films de schwarzyploitation La revanche.

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Le mini char d'assaut utilisé par le héros de Zaat


C'est vrai qu'il y a de quoi faire avec ce genre de définition ! Il y a déjà une entrée "tuning" dans le glossaire, mais peut-être qu'il faudrait la renommer et faire une seule définition "véhicule nanar" assez large, avec une partie tuning/post-nuke, et le reste.

D'ailleurs, en survolant cette définition tuning je réalisé qu'il manque les fabuleux véhicules de Space Mutiny ! Je m'en vais les ajouter de ce pas...

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"Dans le monde de "Last Action Hero", j'suis à peu près persuadé que c'est Ralf Moeller qui joue dans "Un flic à la maternelle". (Plissken)


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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 26 Déc 2020 11:19 
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Xmasploitation

Genre de films exploitant les lieux communs de l'imagerie de noël: intrigue simpliste, méchants neuneus, animaux mignons, morale consensuelle, père noël empêché dans sa distribution, conflits familiaux qui se résolvent par l'opération du saint-esprit, casting de demi-stars et de has-beens, bref tout ce que la magie de noël a des plus artificiel et éculé.

Quelques exemples parmi le meilleur du pire: https://youtu.be/i88X-bBgrCQ

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 28 Déc 2020 14:35 
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Suite fauchée

Suite d'un film jouissant généralement d'un statut de culte dont les droits auront été préalablement rachetés par une petite compagnie afin de capitaliser sur leur illustre prédécesseur sans en reprendre le moindre membre du casting. Cela donne, sauf rares exceptions, de médiocres DTV réalisés à l'arrache avec des moyens faméliques et trahissant généralement le matériau d'origine.

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 28 Jan 2021 11:28 
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Nanardeur fou ?
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Localisation: Quelque part entre les bornes et les limites
RAMBOSPLOITATION : LE CONTINENT AMÉRICAIN (suite)


L'année 1990 marque le commencement d'une nouvelle ère pour le monde : le mur de Berlin est tombé l'année précédente, entrainant rapidement la chute des dictatures communistes d'Europe de l'est, la guerre froide se termine pacifiquement (contre toute attente) et depuis janvier 1989, Ronald Reagan a été remplacé à la présidence des États-Unis par un autre Républicain conservateur, son vice-président George H. W. Bush, qui surfe sur le libéralisme sauvage de son prédécesseur. L'heure n'est donc pas au retour du flower power et le bourrinage semble encore une valeur-refuge pour Hollywood, qui doit trouver des remplaçants pour les vilains communistes has-been. Alors que la guerre du Golfe entre États-Unis et Irak (ou l'URSS allait faire alliance avec les USA contre leur ancien allié commun Saddam Hussein) n'a pas encore officiellement commencé et histoire de chauffer les troupes, les productions Orion sortent "Navy SEALS : Les meilleurs" (NAVY S.E.A.L.S, 1990) réalisé par Lewis Teague.

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Superproduction à la gloire de la célèbre unité d'élite de la Navy, ce film divertissant mais très téléphoné nous conte donc les exploits des S.E.A.L.S envoyés au Liban afin de neutraliser des terroristes s'étant emparé de missiles américains. Michael Biehn joue le chef du commando tandis que Charlie Sheen incarne la tête brulée de service. Le public bouda ce film d'action militariste et va-t-en-guerre, comme quoi il faut croire que les temps avaient changé et que ce type d'intrigue manichéenne et stéréotypée n'était plus une valeur sûre dans les salles obscures qui avaient depuis diffusé des films de guerre autrement plus réalistes.

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Toujours partant pour se filmer lui-même en surhomme invincible, le baraqué David Heavener décide de réaliser et interpréter son propre décalque de Rambo avec "Kill Crazy" (1990). Dans ce film d'action à micro-budget plutôt violent, des vétérans du Vietnam traumatisés deviennent le gibier d'une chasse à l'homme organisée par des mercenaires. Laissé pour mort, un des vétérans (David Heavener) est soigné par une jolie campeuse blonde, qui ne tardera pas à se faire kidnapper et violer comme l'exige le cahier des charges. David Heavener joue alors les machines de guerre revanchardes, s'accordant quelques solos de guitare entre deux escarmouches grotesques et ultra-cheaps.

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"Destructor" (Hired to kill, 1990) de Niko Mastorakis et Peter Rader a tout de la bonne grosse bisserie décomplexée. Ryan, un mercenaire dur à cuire et surmusclé (cette pure trogne de Brian Thompson) est engagé par un douteux technocrate (George Kennedy) pour libérer un opposant politique (José Ferrer) des geôles d'un dictateur nanar (Oliver Reed et ses belles bacchantes). Pour infiltrer la place forte, Ryan n'a qu'une seule solution : recruter les tueuses les plus redoutables dans les pires prisons du globe, en faire des mannequins sexy et se faire passer pour un photographe de mode homosexuel en tournée avec ses top-modèles ! Les vingt premières minutes alternent donc entrainement militaire badass et défilés en talons hauts ! La suite du programme ? Une scène de folie dans laquelle Oliver Reed tripote le sexe de Brian Thompson avant de lui rouler une pelle pour tester son homosexualité (!), les punchlines les plus nazes de la création et un gag final réellement hilarant, ainsi que les beaux décors des îles grecques où le film fut tourné (comme la plupart des œuvres de Niko Mastorakis).

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"Invasion Force" (1990) de David A. Prior est un hommage au cinéma d'action qui ne se prend pas au sérieux. Dans la lignée de "Invasion USA", une invasion de communistes cubains menée par Richard Lynch est stoppée en Alabama par la résistance héroïque d'une équipe de tournage réalisant un nanar de guerre dans les bois (mise en abimes !). La grande trouvaille d'Invasion Force, c'est David 'Shark' Fralick, qui joue le héros du "nanar dans le nanar", un Rambo blond aux muscles lisses et huileux qui avait le potentiel pour être un nouveau Mike Danton. L'autre bonne idée est d'en avoir fait en coulisses un culturiste chochotte et capricieux à la Miles O'keeffe, le genre de vedette de série Z capable de faire rater une prise car il se pose des questions existentielles sur les motivations les plus secrètes de son personnage. Il est donc très dommage que David 'Shark' Fralick soit très sous-exploité et relégué au second plan, déception accrue par le fait que l'affiche capitalise beaucoup sur cet acteur. Le film est toutefois sauvé par sa bonne humeur ambiante, tous les participants semblant s'être bien amusés pendant le tournage.

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Jouant plus ou moins la carte du second degré, "Primary Target" (1990) de Clark Henderson se signale comme un vibrant plaidoyer en faveur du peuple Hmong, ces habitants des montagnes du Laos persécutés par les communistes pour avoir activement participé à la guérilla anti-Pathet Lao sous les ordres des Américains. Le scénario conte le kidnapping de l'épouse d'un homme d'affaires par un ex-béret vert à la tête d'un groupe de rebelles en Thaïlande. Le businessman, plutôt que de payer la rançon, recrute trois vétérans du Vietnam pour la délivrer. Le sérieux n'est pas de mise dans ce film de guerre aux airs de guignolade et à ce titre, la présentation de nos trois mercenaires est assez cocasse. Le héros, qui s'est recyclé comme instructeur militaire sévère-mais-juste après la guerre, s'en va d'abord chercher le premier baroudeur (Henry Strzalkowski) devenu un patron de bar qui provoque des bagarres dans son propre rade. Ensemble, ils vont faire évader le troisième baroudeur de prison en s'y prenant de la manière suivante : le héros entre tranquillement dans le pénitencier (d'où on entre et on sort comme dans un moulin) en trainant une énorme chaine accrochée à une jeep prête à démarrer, pose nonchalamment un bâton de gaz fumigène sur le guichet du garde en train de roupiller et attache la chaine à la grille de la cellule sans se faire remarquer !

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Pour les guider dans la jungle laotienne, ils sont accompagnés d'une réfugiée Hmong, dont le rôle consistera surtout à allumer tous les sbires du coin pour créer des diversions et à se faire culbuter par le héros. Le groupe s'agrandit d'un cinquième membre lorsque nos soldats de fortune recueillent un bébé dont les parents ont été tués par des pirates, et le commando se retrouve à devoir jouer les baby-sitters durant le reste de la mission. Toutefois, coté action bourrine, le film remplit son contrat et l'amateur aura son quota d'effets pyrotechniques, de gunfights et d'explosions. Le budget devait être plutôt confortable, le rythme est soutenu, le récit est très décousu et le ton ambigu fait qu'on passe d'un massacre d'enfants à une scène de comique troupier familiale sans transition. Réalisé par un poulain de Roger Corman, avec des acteurs de télé et quelques seconds couteaux philippins, ce film, qui ne se montre par ailleurs pas tendre avec la Croix Rouge, se suit d'un œil amusé.


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Produit par AIP, le sympathiquement fauché "Born Killer" (1990) de Kimberley Casey offre à Ted Prior l'occasion de cabotiner comme un dingue dans le rôle d'un taulard psychopathe qui s'évade de son pénitencier et fait vivre un vrai cauchemar à une bande de paintballeurs partis en weekend dans la foret. Mais parmi ceux-ci se trouve un vétéran du Vietnam (Fritz Matthews) qui, de proie, va devenir le chasseur pour venger ses amis à l'aide d'une arme nanarde absolue bricolée en hâte dans un cabanon. Le dernier tiers est un véritable concentré de bourrinage et le film plagie plusieurs scènes clés du premier Rambo : la chasse à l'homme dans les bois avec pièges à cons de rigueur, le héros traumatisé hanté par des flashbacks du Nam quand les vilains le torturent, le shérif borné et teigneux, la scène où le héros se retrouve enfermé par une explosion dans une mine abandonnée et erre dans les galeries à la recherche de la sortie…

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En 1991, James Glickenhaus offre à l'immense Christopher Walken le rôle de "McBain" dans un film à budget confortable qu'il espère être un succès. Malheureusement, ses espoirs seront déçus par l'échec du film au box-office. Totalement inconnu du grand public, Glickenhaus n'en est pas moins un nom apprécié des amateurs de cinéma de genre. Outre ses activités comme producteur chez Shapiro Glickenhaus Entertainment (grande pourvoyeuse de séries B cultes et de nanars), ce futur trader de Wall Street réalisa une poignée de solides films d'action dans les années 80 ("Exterminator", "Le soldat", "Blue Jean Cop") auxquels s'ajoute ce McBain très généreux en termes de rythme et de spectaculaire.

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Certes, coté intrigue, rien de très original : McBain, vétéran du Vietnam, rassemble ses anciens compagnons d'arme afin de partir en Colombie renverser le général-dictateur corrompu qui y règne d'une main de fer avec l'appui des cartels de drogue (le fait que la Colombie n'ait pas connu de dictature militaire depuis les années 50 ne semble pas embarrasser le scénariste). "El Presidente" a en effet abattu en public un ami qui avait sauvé la vie de McBain lorsque notre héros était prisonnier des communistes au Vietnam.

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Le film s'inscrit donc dans une longue liste de sous-Rambo en forme d'hymnes à la révolution dans les dictatures bananières du tiers-monde. La lassitude du public pour ce filon épuisé à force d'avoir été surexploité est à peu près consommé et après cette dernière tentative grand public, seules les productions de seconde zone s'attacheront encore quelques temps à reproduire les codes de la Rambomania. On (re)découvrira cependant avec plaisir ce divertissement soigné, d'autant qu'on y retrouve aussi au casting Steve James (que le cinéaste avait déjà dirigé dans "Exterminator" et "Le soldat"), Michael Ironside et Maria Conchita Alonzo.

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Charles Napier vient cachetonner cinq minutes en énième bad guy dans "Soldier's Fortune" (1991) d'Arthur N. Mele. De retour d'une mission en Amérique centrale, un mercenaire est engagé par son ex-femme millionnaire pour retrouver sa fille qui a été kidnappée par des terroristes. Il rameute ses anciens frères d'armes pour libérer l'otage… Bref, encore la routine.

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1992 : la guerre froide est définitivement morte et enterrée, le bloc communiste s'est effondré et la Rambosploitation tente de survivre en s'adaptant au nouveau contexte géopolitique. Avec "Frères d'armes" AKA "War" (Comrades in Arms, 1992), le réalisateur/acteur vedette J. Christian Ingvordsen tourne le troisième et dernier volet des aventures de Frank White en nous servant le postulat suivant : sur l'ordre d'un technocrate véreux de la CIA (Lance Henriksen), la Delta Force s'associe à l'Armée Rouge pour casser du narcotrafiquant en Colombie (la nouvelle croisade "Kick drugs out of America" remplace donc comme elle peut l'ex-"Empire du mal"). Bien entendu, les rapports d'abord conflictuels entre Américains et Russes laissent bientôt place à une bonne et franche camaraderie face à l'ennemi commun. Le héros et le méchant du précédent opus font donc désormais équipe malgré le fait que le gentil Ricain avait balancé son couteau dans la gorge du vilain Ruskof à la fin de "Choc Troop". Le changement de manichéisme post-guerre froide aurait pu être sympa d'autant que le film n'est pas avare en flingage et en artillerie. Hélas, on se retrouve une fois de plus devant un naveton routinier filmé par un parkinsonien.

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Beaucoup plus enthousiasmant, le sympathique et très second degré "Fifty/Fifty" (1992) de l'acteur-réalisateur Charles Martin Smith réunit Peter Weller et Robert Hays dans un buddy-movie commando tourné en Malaisie. Hays et Weller y jouent deux mercenaires blagueurs n'arrêtant pas de se chamailler et d'échanger des vannes foireuses, lesquels sont engagés par la CIA pour aider les rebelles d'un pays d'Asie du sud-est à renverser le dictateur local. Mais en cours de mission, Washington retourne sa veste et se rallie au despote. Une des dernières grosses productions Cannon avant la chute vertigineuse du studio.

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"A Mission to Kill" (The Phoenix Report, 1992) de Sean MacGregor prend pour thème un sujet tabou de la guerre du Vietnam : le Programme Phoenix, un plan militaire top-secret de la CIA ayant organisé l'enlèvement, la torture, le viol et l'assassinat de dizaines de milliers de civils sud-vietnamiens arbitrairement qualifiés de "communistes". Son héros, le Major Hank Miller (Steve Oliver) est un soldat d'élite des Forces Spéciales, officiellement décédé, victime du syndrome de stress post-traumatique suite à ses missions avec les escadrons de la mort de l'ARVN. Interné dans un hôpital militaire, le Béret Vert pète un câble et s'évade dans la nature. "Bombe à retardement humaine", le fugitif est traqué par son ancien supérieur (William Smith, également auteur du scénario). A part quelques flashbacks cheaps du Vietnam shootés dans la campagne californienne et une baston bien vite expédiée contre deux rednecks, l'action est pour ainsi dire totalement absente de ce film fauché, bavard et ennuyeux qui ne fait pas vraiment honneur à son sujet.

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En 1993, Ron Marchini revient pour le dernier volet de la trilogie des Jungle Wolf : "Karate Commando", qu'il co-réalise aux Philippines avec son vieux complice Charlie Ordonez et où le héros ne s'appelle plus Steve Parrish mais Jake Turner. OK, Ron, si ça te fait plaisir… Nous retrouvons donc notre héros (enfin, apparemment pas le même, mais toujours joué par Ron Marchini), un vétéran qui gagne sa vie en participant à des combats clandestins, comme Stallone dans "Rambo 3". Mais un ami de la CIA (Joe Estevez) vient troubler sa retraite en lui apprenant que la fille de son ancien supérieur, une agente du bureau des narcotiques, a été kidnappée en Colombie par des trafiquants de drogue. Jake Turner retourne donc dans la jungle découvrir le repaire des narcotrafiquants, d'autant qu'un autre mercenaire parti secourir l'héroïne s'est lui aussi fait capturer comme un gland.

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Comme il n'a pas peur d'innover sa garde-robe, Ron Marchini a cette fois troqué son tee-shirt jaune canari contre un look directement repompé sur celui d'Indiana Jones. Et pour bien nous faire comprendre qu'il est le meilleur, Ron se la pète avec ses coups de tatane filmés au ralenti sous quatre à cinq angles différents, terrassant ses adversaires, tandis que les rares coups qu'il reçoit ne provoquent chez lui qu'un sourire ironique. Bref, le film est une autocongratulation permanente de la part de Ron Marchini. Pour le reste, "Karate Commando: Jungle Wolf III" assure un spectacle bien crétin à base de ralentis chichiteux, de clichés et d'action cheap, accompagné tantôt par une infâme musique Bontempi pompière, tantôt par la voix-off impérialement inutile de Ron Marchini qui nous raconte en permanence ses impressions.

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"Karate Commando: Jungle Wolf 3" ressortit en 1995 sous un titre et un habillage plus "indianajonesque".


En dépit du patriotisme exacerbé de son propos ("Souvenez-vous de la Baie des Cochons !" lance le héros à son supérieur trop hésitant), "Deadly Heroes" (1993) est un direct-to-video assez routinier que Menahem Golan met en boite en Israël pour 21rst Century. A l'aéroport d'Athènes, des terroristes armés de pistolets à eau détournent un avion de ligne et exigent la libération de leur chef Carlos (ce sacré cabotin de Billy Drago) en échange de la vie des otages. Dans l'avion, Carlos le terroriste tombe amoureux de la femme de l'ex-Navy Seals Cody Grant (Michael Paré) et décide de l'emmener avec lui dans son ile-forteresse d'un quelconque état corrompu du Proche-Orient. Cody Grant contacte un autre marine (Jan-Michael Vincent) et organise une opération commando afin de délivrer sa femme. Cette modeste série B aligne avec régularité tous les poncifs du genre (vous aurez notamment le plaisir coupable de voir le bodybuildé Michael Paré se faire torturer en slip dans une geôle humide à coups d'électrochocs) avec comme seule petite originalité le fait que le méchant s'éprenne de l'héroïne.

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Pour le compte de la jeune société Nu Image, Yossei Wein met en vedette Frank Zagarino dans "Ultime violence" (Never Say Die, 1994). Vivant retiré dans un bayou, Blake (Frank Zagarino), un ancien "Aigle Rouge" des Forces Spéciales, sort de sa retraite afin de sauver la fille d'un général embrigadée dans la secte du "Culte du Nouveau Jardin d'Eden" que dirige son ancien supérieur du temps de la guerre du Vietnam, le révérend James (Billy Drago, à l'aise comme un poisson dans l'eau dans ce rôle outrancier évidemment calqué sur le sinistre David Koresh dont la secte avait défrayé la chronique à Wako quelques mois plus tôt). Une opération commando menée par le FBI échoue à déloger le gourou fanatique et son armée de terroristes surentrainés au cours d'une séquence quasi-entièrement composée de stock-shots de "Cyborg Cop". Blake doit donc épauler les tanches du FBI, car "seul un Aigle Rouge peut vaincre un Aigle Rouge". Répliques improbables, ralentis chichiteux à foison, beuglements bovins à profusion, scénario aussi creux qu'une casserole, cabotinage enfiévré de Billy Drago… Il s'en fallait vraiment de peu que le film ne mérite ses galons de nanar mais malgré de belles fulgurances, ce direct-to-video s'avère au final un brin routinier.

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"L'homme de guerre" (Men of War, 1994) de Perry Lang assure un honnête spectacle avec un Dolph Lundgren très en forme. Dolph y joue le mercenaire suédois Nick Gunar, envoyé avec son équipe sur une ile de la mer de Chine afin d'obliger ses habitants à se soumettre à une multinationale occidentale. En proie au doute et charmé par cet endroit paradisiaque, Nick décide de protéger les villageois contre les autres mercenaires de la puissante firme. Un peu de rousseauisme au royaume des grosses pétoires ou le bazooka au service de l'écologie. Pas sûr que la débauche d'explosions qui ravage la foret vierge au cours de l'assaut final soit très écoresponsable mais bon, c'est l'intention qui compte…

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Tandis que Dolph fait sauter la jungle pour sauver la planète, l'ancien cascadeur Matt McColm lui succède comme héros du "Scorpion rouge 2" (Red Scorpion 2, 1994) de Michael Kennedy, qui n'a que peu de rapport avec le premier opus, sinon que l'entrainement du commando américain est assuré par un ex-officier de l'Armée rouge qui aurait formé Nicolaï Rachenko d'après le dialogue. Peut-être pour faire oublier le propos assez douteux du premier, les héros affrontent cette fois des terroristes d'extrême-droite, menés par un néo-nazi mégalomane voulant dominer le monde grâce à la Lance de Longinus qui perça le flanc du Christ ! Malgré son pitch délirant, voilà une honnête série B routinière dans laquelle viennent cachetonner John Savage et Michael Ironside.

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Alors que les commando-flicks 90's encore sous influence ramboesque tentent plutôt d'adapter la sauce aux conflits du moment ou à une quelconque menace terroriste, "Behind Enemy Lines" des studios Orion Pictures s'accroche encore obstinément en 1997 au schéma narratif qui avait cours dix ans plus tôt, à savoir le super-commando yankee qui retourne au Vietnam chercher un soldat porté disparu. Pour faire passer la pilule et tenter de moderniser ce postulat suranné, le réalisateur Mark Griffiths se repose sur un script paranoïaque à souhait : alors que les relations diplomatiques se réchauffent entre le régime vietnamien et l'administration Clinton, le Vietnam communiste s'arme en fait secrètement en ogives atomiques afin d'attaquer les USA ! Deux marines sont envoyés à la frontière vietnamienne pour empêcher la Chine de vendre clandestinement une tête nucléaire à un général vietnamien. L'opération tourne au désastre et le héros est contraint sous la menace par un colonel technocrate d'abandonner son sidekick sur le terrain. Un an plus tard, notre héros apprend que son frère d'arme est captif dans un camp de prisonniers dirigé par le cruel général viêt…

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Comme nous venons de le voir, le filon que constituait la Rambosploitation dans les années 80 a eu beau s'étioler durant la décennie 90, il continua quand même d'engendrer des petits à mesure que les vétérans du Nam approchaient tous la cinquantaine, se cherchant de nouveaux ennemis parmi les terroristes internationaux, les narco-trafiquants de tout poil et la mafia russe. Au tournant du Troisième Millénaire, la Rambosploitation n'est pas vraiment morte mais elle a évolué en s'adaptant à l'esthétique contemporaine. L'époque n'est plus au look débraillé des bêtes de guerre à bandana des resucées américano-italo-philippines d'antan mais plutôt à l'allure Robocop-like des soldats d'aujourd'hui. Il n'empêche que l'idéologie caricaturale (et donc savoureuse) de la Rambosploitation perdure dans les actioners militaires modernes. Rambo demeure une valeur référentielle, un patriarche respectable pour les héros du cinéma d'action contemporain, souvent cité, souvent moqué aussi, mais néanmoins devenu le modèle indépassable auquel peuvent se comparer les gros bras du cinéma musclé actuel. Tandis que le succès de la saga "The Expendables" a remis le cinéma commando à l'ancienne au gout du jour, la série des Rambo et son auteur-interprète connaissent désormais un retour en grâce auprès du public et le genre que la trilogie avait initié durant la guerre froide s'est vu en quelque sorte renouvelé par toute la vague de DTV militaro-nationalistes qui ont accompagné les attentats du 11 septembre 2001 et l'invasion de l'Afghanistan et de l'Irak, chaque montée de sève chauviniste chez nos voisins d'outre-Atlantique ayant au moins l'avantage de nous offrir de beaux nanars décérébrés.

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Avec "Air Strike", les studios Nu Image et le réalisateur David Worth tentent de remettre au gout du jour les fondamentaux "Top Gun" et "Rambo 2" au lendemain du 11 septembre. "Malheureusement pour [eux], le résultat est plus proche de leurs parodies Hot Shots! et Hot Shots! 2" pour reprendre la brillante formule de Gatman dans sa chronique.


Alors que Rambo faisait son come-back dans les années 2000, au même moment un de ses cousins bâtards des années 80 sortait de l'obscurité pour devenir une œuvre cultissime, au grand étonnement de son réalisateur. Flairant une bonne affaire, David A. Prior tournait alors en 2013 une suite de son monumental "Ultime combat". Dans "Deadliest Prey", son fidèle frangin Ted Prior, véritable muse du cinéaste, reprend le rôle qui l'a récemment rendu célèbre grâce à Internet, celui du vétéran du Vietnam Mike Danton. David Campbell revient également dans le rôle du méchant capitaine Hogan, ennemi juré de Danton assoiffé de revanche, et Fritz Matthews interprète quand à lui le frère jumeau vengeur du lieutenant Thornton, rendu manchot et scalpé par notre héros dans le premier opus. Méta-nanar au second degré opportuniste, ce reboot rejoint la cohorte navrante des "Samurai Cop 2" et autres "Bidemic 2".

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Américain des pieds au bandana, John Rambo s'est néanmoins décliné dans à peu près toutes les nationalités du globe à travers un nombre incalculable d'ersatz, de clones pseudo-Ricains ou de resucées 100% exotiques. Tous les répertorier ici relève du challenge impossible mais nous allons tenter d'en dresser une liste suffisamment fournie afin de démontrer le caractère mondial et universel de cet engouement qu'ont connu à l'époque toutes les industries ciné de la planète pour les guerriers virils, les missions commandos, l'idéologie über-patriotique et le bourrinage revanchard, l'esprit du genre n'étant nullement réductible aux USA de Ronald Reagan. Qu'on se le dise, quel que soit le continent, il y eut un avant et un après Rambo.

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Pour l'heure, demeurons sur le continent américain et remontons vers le Canada pour évoquer le magnifique "Twin Dragon Encounter" réalisé en 1986 par Paul Dunlop, premier des trois films mettant en scène les "Twin Dragons", les jumeaux Michael et Martin McNamara. Passés à la postérité comme le tandem consanguin le plus nanar de tous les temps (oui, ils sont encore plus nanars que Peter et David Paul car dépourvus du moindre atome de second degré et d'autodérision), nos deux kickboxeurs/justiciers/survivalistes mégalos se retrouvent ici pour la première fois aux prises avec le terrible et hilarant Jake, leader de l'Armée Privée du Peuple, au cours d'un weekend de camping en compagnie de leurs deux plans cul respectifs. Après que Jake et sa milice d'extrême-droite aient kidnappé leurs copines/plans cul, nos héros moustachus ne reculeront devant aucune bassesse pour éliminer un par un les sbires de l'impitoyable et risible Jake, au cours d'une deuxième moitié de métrage lorgnant de près sur le premier Rambo. Série Z ahurissante de bêtise à la gloire du duo, ce nanar annonce le chef-d’œuvre fracassant qui va suivre quatre ans plus tard…

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C'est en 1990, alors que l'âge d'or de la Rambosploitation se termine en même temps que la guerre froide, que le genre va connaitre une de ses œuvres majeures, à classer en tête du top 5 des meilleurs nanars qu'inspira la trilogie produite par Mario Kassar et Andrew Vajna (à ex-aequo avec "Ultime combat" de David A. Prior) : "Dragon Kickboxers" (Dragon Hunt) de Charles Wiener, suite-remake de "Twin Dragon Encounter" avec le retour des "jumeaux pédés Mickey et Minnie McNamara", de nouveau partis faire du camping dans la dense foret canadienne avec deux nouveaux plans cul qui ont en réalité pour mission de les attirer dans le piège redoutable que leur a tendu l'ignoble et ridicule Jake, assoiffé de vengeance depuis que les Twin Dragons lui ont estropié la main gauche dans le précédent épisode. Le machiavélique et débile Jake, néo-nazi punk devenu milliardaire entre temps, a concocté pour nos héros une chasse à l'homme délirante au cours de laquelle les frères McNamara seront traqués par une armée de mercenaires, de ninjas et de séides tous plus impayables et incompétents les uns que les autres dans un déchainement de nanardise.

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Difficile d'incarner un Rambo canadien en passant après les prodigieux frères McNamara. En 1997, Hulk Hogan relève le défi avec le nanar bourrin "Force spéciale" (The Ultimate Weapon) de Jon Cassar. Bon, OK, lui il est Américain mais le film est Canadien. Coiffé d'une perruque rouquine, les biceps savamment huilés et épilés, la moustache volontaire, Hulk Hogan y interprète un mercenaire d'élite manipulé par ses supérieurs au cours d'une mission secrète en Serbie. Quand sa fille est kidnappée par le méchant, Hulk voit rouge et nous ressert avec dix ans de retard tous les poncifs de la machine de guerre en colère qui va bastonner tous ceux qui lui ont fait des misères. Une hulk-hoganerie qui se prend suffisamment au sérieux tout en demeurant parfaitement débile pour vous permettre de laisser vos neurones recharger leurs batteries pendant deux petites heures.

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Dans l'espoir de lancer une série télé à la gloire du plus célèbre catcheur du monde, Jon Cassar tourne la même année pour le compte de WCW un diptyque mettant en vedette le trio commando Hulk Hogan, Carl Weathers et Shannon Tweed, dont les aventures débiles sont inaugurées par le téléfilm "Assaut sur l'Ile du Diable" (Shadow Warriors: Assault on Devil's Island) en coproduction avec les États-Unis. A la tête d'un commando d'élite de Navy Seals, le maitre en arts martiaux et en zénitude du guerrier ancestral Hulk Hogan (hum…) s'en va en Amérique du Sud kidnapper le caïd de la drogue Billy Drago (qui reprend un rôle identique à celui de "Delta Force 2") afin de le faire juger aux États-Unis. Mais le bras droit du narcotrafiquant (cette bonne gueule de Trevor Goddard) organise en représailles l'enlèvement d'un groupe de gymnastes américains et exige la libération de son patron.

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Succès de "The Rock" oblige, les otages sont détenus dans une ancienne prison insulaire, baptisée ici l'Ile du Diable bien que le film ne soit évidemment pas tourné en Guyane française mais à Fort Jefferson sur l'archipel Dry Tortugas dans le golfe du Mexique, un ancien bagne américain datant de la guerre de Sécession. Outre les vedettes précitées, le joli casting aligne également les noms de Martin Kove et de Billy Blanks, les canons des mitrailleuses alignent les cartouches, les héros alignent les sbires et le scénariste aligne les poncifs dans cette mission commando bien bourrine et très routinière qui se conclut par l'image sublime des héros en pose badass avançant tranquillement au ralenti face à la caméra tandis que le générique de fin aligne ses crédits sur une musique Bontempi patriotico-pouêt-pouêt. Mais où vont-ils chercher tout ça ?

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En 1999, l'équipe de choc rempile pour "Les guerriers de l'ombre" aka "Mission d'élite : Assaut sur la Montagne de la Mort" (Shadow Warriors II: Hunt for the Death Merchant) toujours signé Jon Cassar. Nous retrouvons donc Hulk Hogan en impavide héros à moumoute échevelée, Shannon Tweed en bimbo invincible, Carl Weathers en fidèle sidekick "de couleur" et Martin Kove en militaire rigolard fumeur de cigares se croyant dans "Apocalypse Now". Nos héros sont devenus une sorte de simili-Agence Tous Risques et sont engagés par une mère célibataire dont la petite fille a été enlevée par son ex-mari milliardaire. Après avoir secouru la gamine en Autriche, Hulk et sa bande partent en Arabie Saoudite éclater la face d'un savant fou/trafiquant d'armes/terroriste qui veut lancer une attaque au gaz sur Seattle. Après s'être fait éventrer par un requin sans en être incommodé le moins du monde dans l'opus précédent, Hulk Hogan joue à nouveau le Rambo du pauvre dans ce spectacle ultra-calibré qui nous ressert le plan final des héros avançant au ralenti face-caméra, avec le décor qui explose trois mètres derrière eux tant qu'à faire des fois que ça n'aurait pas été assez cliché.

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On prend son élan et on bondit par dessus les USA pour descendre vers le Mexique, pays dont le cinéma d'exploitation accoucha notamment du curieux et ultra-fauché "Yako : Cazador de Malditos" (1985) de Rubén Galindo, qui est une sorte de pot-pourri nanar pillant des hits américains aussi variés que "Staying Alive", "Vendredi 13", "Délivrance", "La colline a des yeux", "Les chasses du comte Zaroff", "Voyage au bout de l'enfer" et "Rambo" dans un très étrange et inclassable mélange de lenteur hypnotique et de bourrinage décérébré.

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Le début nous déconcerte d'emblée sur le genre de film que nous allons voir : comédie musicale ? Film de danse ? Teen movie ? Soap à l'eau de rose ? Après vingt minutes de remplissage, nous savons à quoi nous en tenir : "Yako : Cazador de Malditos" est un survival dans lequel un jeune couple, le viril Yako (Eduardo Yañez) et sa femme Diana (Diana Ferreti), vivent l'horreur lors d'un weekend de camping en amoureux dans la foret. Une bande de rednecks aussi dégénérés que cabotins a la mauvaise idée de violer et tuer Diana (parce qu'ils sont méchants) et de torturer Yako mais en lui laissant la vie sauve (parce qu'ils sont bêtes et que sinon y aurait plus de film).

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Le reste du métrage voit Yako accomplir sa vengeance en partant à l'assaut du camp des bouseux coiffé d'un bandeau guerrier, tuant un à un les vilains ploucs avec force beuglements bovins, bricolant d'improbables pièges à hommes dans la foret, empalant l'un avec un tronc d'arbre, transperçant l'autre avec une arbalète géante et piétinant un pauvre bougre avec des chaussures à crampons en bois, avant d'aller casser la figure au chef des péquenots (un culturiste hilare coiffé d'un chapeau-melon) au rythme de "La chevauchée des Walkyries" de Richard Wagner. Et enfin, notre héros macho et invincible de pécho une illustre inconnue retenue captive par les rednecks, à peine deux jours après la mort de son épouse !

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Toujours en provenance de Mexico, "El escuadron de la muerte" (1985) d'Alfredo Gurrola adopte un postulat éculé : un flic de choc (le vétéran Mario Almada) recrute un escadron de mercenaires et de repris de justice afin de venger la mort de son partenaire tué par un cartel de trafiquants de drogue. Après un démarrage prometteur, il faudra prendre son mal en patience durant l'énorme remplissage qui précède l'assaut final du commando faisant méticuleusement exploser chaque hutte du camp des trafiquants (lequel camp a comme toujours été construit à la va-vite dans l'unique vocation de voler en éclats à l'écran).

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En 1987, Valentin Trujillo, le Stallone mexicain, réalise, scénarise et interprète "Yo, El Ejecutor", actioner fauché dans lequel les services secrets américains font appel à l'Exécuteur, un mercenaire-bête de guerre invincible, pour des missions commandos consistant à kidnapper des méchants afin de les livrer à la justice. Après avoir mis hors d'état de nuire un ancien nazi réfugié au Brésil, l'Exécuteur capture un proxénète qui, en représailles, fait tuer la fille de notre héros. Et quand on s'appelle l'Exécuteur, on ne peut réagir que d'une seule façon à un tel forfait : en partant tout seul en guerre contre le gang et contre la police qui a eu la mauvaise idée de se mettre en travers de sa route. Américanisation du produit, mannequins en mousse, scènes d'action compilant tous les gimmicks du genre et jolies filles assurent à ce film à mi-chemin entre le poliziesco et le sous-Rambo pur jus un capital sympathie certain.

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"Maten al fugitivo"/"La fuga de Caro" (1987) de Raul Fernandez est un sous-Rambo au manichéisme un peu atypique puisque son héros, Caro, est un baron de la drogue romantique (ça existe… au cinéma) qui s'échappe de prison et est pourchassé à travers la jungle par le vilain colonel Carlos et son commando de mercenaires de la CIA. Là encore, nous suivons les prouesses surhumaines d'un guerrier solitaire doté d'un champ magnétique invisible qui dévie les balles de ses ennemis. Entendez par là que toute une armée de sbires passe le film à canarder le héros à découvert sans le toucher, ce qui est toujours plaisant à voir. Ah, et pour les amateurs il y a un flashback prétexte à caser de magnifiques plans nichons complètement gratuits de Diana Ferreti.

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Le sex-symbol Andres Garcia joue lui aussi les Rambo virilissime dans "Buscando la Muerte" (1989) de Fernando Duran Rojas. Vétéran über-burné, Andres part avec son zob et son couteau délivrer son propre fils Andres Garcia Jr., kidnappé par des guérilleros. Notre héros découvre que le chef des terroristes n'est autre qu'un vieil ami… Original, non ?

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"Programmés pour survivre… Leur objectif est vaincre ou mourir !" L'affiche de "Escuadron suicida" (1991) du vétéran du cinéma bis Alfredo B. Crevenna nous promet monts et merveilles. Dans cette production désargentée, une agente du gouvernement américain décide de former un commando d'élite en recrutant les taulards les plus dangereux du monde dans un pénitencier de haute sécurité. Leur mission : délivrer une cruche en détresse kidnappée par un cartel de drogue. Dans la jungle mexicaine, les membres du commando se font décimer un par un par ordre d'importance scénaristique.

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Alerte au Rambobard ! Ce magnifique photomontage cache en fait un polar de 1991 dans lequel l'hyper-moustachu Jorge Reynoso massacre les assassins de sa fille au fusil à pompe.

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Au passage, on aimerait aussi beaucoup jeter un œil à cette "Brigada de la muerte" (1988) à l'affiche fort goutue.


L'Argentine sous-traite en 1985 pour le producteur américain Roger Corman un sous-Rambo gauchiste au "scénario intermittent du bulbe" (pour reprendre l'expression du Rôdeur) : le sympathique "Cocaïne Wars" du talentueux réalisateur Héctor Olivera (dont la filmo alterne grosses bisseries nanardes type "Le crépuscule des magiciens" et films politiques engagés comme "La Patagonia rebelde").

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John Schneider y incarne un agent de la DEA infiltrant un narco-cartel sud-américain. Avec une journaliste frondeuse, le héros yankee se range du coté d'un leader révolutionnaire socialiste pour combattre la dictature corrompue régnant sur le pays. Poursuites, tortures à coups d'électrochocs, assaut final ramboesque, le metteur en scène livre un spectacle bourrin dans la plus pure tradition du cinéma d'action d'alors et l'amateur pourra savourer la vengeance du héros moustachu ricain, qui étouffera le vilain trafiquant de drogue dans sa propre cocaïne après avoir mis fin à lui seul à la guerre civile.

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Sortie d'une sanglante dictature militaire, l'Argentine savoure sa liberté retrouvée en tournant son armée en ridicule dans "Rambito y Rambón - Primera Mision" (1986) d'Enrique Carreras, premier volet d'une trilogie militaro-pouêt-pouêt qui prouve que les Argentins n'ont rien à envier aux Français et aux Philippins en matière d'humour raffiné. Après avoir fait tourner en bourrique leurs supérieurs et avoir infligé au spectateur les gags les plus navrants, les deux plus gros boulets de l'armée argentine Rambito et Rambón sont choisis pour une mission suicide dans la jungle. Le duo comique Jorge Porcel (le gros) et Alberto Olmedo (le maigre) ne nous épargne aucune énormité, pas même un pastiche de la scène culte d'auto-chirurgie de Rambo au cours duquel Rambito coud accidentellement entre elles les deux fesses de Rambón… Les pitreries façon bidasserie lourdingue du tandem continueront la même année avec "Los colimbas al ataque" et "Los colimbas se divierten" du même réalisateur.

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En 1989, Carlos Galettini livre un pastiche débile mais plaisant avec "Los Extermineitors". Dans cette comédie d'action à petit budget, un gang de guerriers ninjas commandés par El Dragrón, un bodybuildeur à crinière blonde peroxydée, se livre au trafic de drogue dans la foret argentine. Un colonel de l'armée leur envoie alors un tandem de nigauds à bandana, les Extermineitors, accompagnés de deux ersatz de Rambo, pour tout faire péter dans le camp ennemi et délivrer deux bimbos reporters qui ont été faites prisonnières par les ninjas. Rambosploitation, film de ninja, sous-vandammerie, humour ras des pâquerettes, action testostéronée, stock-shots, crocodile en mousse, filles sexy/plantes en pot, méchant passant son temps à beugler… un spectacle total, pas subtil pour deux sous, mais où on ne s'ennuie pas.

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Fort du succès rencontré par sa grosse pantalonnade, Carlos Galettini lui tourne une suite l'année suivante : "Extermineitors 2: La venganza del Dragón". Avec son commando ninja, El Dragón s'évade de prison et kidnappe la fille du colonel, qui envoie alors les Extermineitors à la rescousse. Parallèlement aux pitreries très pouêt-pouêt du duo fatal et aux fusillades ramboesques pétaradantes, le réalisateur se lance dans un plagiat très premier degré de "Kickboxer" avec un Van Damme argentin formé à la dure par un maitre asiatique affrontant sur le ring un très méchant champion yankee, "The Killer Machine" (sic).

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Carlos Galettini poursuit sur sa lancée avec deux autres suites, plus pénibles : "Extermineitors 3: La gran pelea final" (1991) qui repompe pour sa part "Terminator", "Bloodsport", "Maman, j'ai raté l'avion", "Retour vers le futur 2" et "Rocky IV"; et "Extermineitors 4: Como Hermanos Gemelos" (1992) qui plagie quant à lui "Karaté Kid", "Jumeaux", "Tarzan à New York" et "Commando" pour l'inévitable assaut final dans un hangar désaffecté, le tout saupoudré de ninjas en goguette, de travestis nanars, de tartes à la crème et de bimbos en tenues hypermoulantes.

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On passe de l'Espagnol au Portugais mais on reste sur le continent sud-américain et dans la parodie subtile et délicate avec la contribution du redoutable quatuor brésilien Os Trapalhões, spécialistes du détournement "humoristique" de tous les genres phares de la culture populaire, qui ne pouvaient pas manquer de guetter le passage de Rambo pour y semer en 1988 une peau de banane intitulée "Os Herois Trapalhões - Uma Aventura na Selva" dont la mise en scène est assurée par José Alvarenga Junior et Wilton Franco. Ceux qui ont survécu au visionnage de "Brazilian Star Wars" savent à quoi s'attendre avec cette nouvelle aventure des "Monty Python brésiliens" (hum…) nous narrant le kidnapping de la fille du Ministre de la Défense par un vilain mégalo faisant du chantage depuis la jungle amazonienne. Le gouvernement brésilien ne négocie pas avec les terroristes et envoie aussitôt l'élite de l'élite : les Trapalhões Didi, Dédé, Mussum et Zacarias, libérés de prison pour secourir la pauvre enfant avec l'aide d'un Indien magicien et moult gags lourdingues.

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LE CONTINENT AFRICAIN


Continent familier des guerres civiles et des conflits frontaliers, théâtre par excellence des luttes d'influence entre les deux blocs, l'Afrique n'est pas restée inactive dans le domaine de la Rambosploitation. L'Afrique du Sud fut la principale productrice et exportatrice de décalques de Rambo, souvent avec un coup de pouce de studios américains pour contourner l'embargo. Régime d'Apartheid oblige, le traditionnel discours anticommuniste de la Rambosploitation s'additionnait souvent à un suprémacisme blanc sous-jacent. Ouvrons les hostilités avec "African Force" aka "Operation Africa" (Operation Hit Squad, 1987), conjointement torché par Tonie van der Merwe et Kathy Viedge.

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Dans cette obscure série Z, l'avion d'un groupe de bourgeoises antipathiques parties faire un safari dans la savane est abattu par des terroristes communistes crasseux qui en font leurs captives (le film nous offre au passage un des crashs aériens les plus cheaps du cinéma). Les maris des donzelles font alors appel à une équipe top secrète de soldats de fortune qui s'en vont prendre d'assaut le camp communiste. Bien sûr, ces mercenaires sont les meilleurs, l'élite de l'élite. Il faut dire qu'en face les communistes disposent d'une moto lance-missiles tout droit sortie d'un sous-Mad Max italien, mais le héros monolithique n'est pas en reste avec son arbalète lance-grenade. Prometteur sur le papier, ce commando-flick minable s'avère surtout très ennuyeux avec ses acteurs anti-charismatiques sous Lexomil et son rythme léthargique. Subsistent tout de même quelques passages franchement nawaks, des acteurs et des doubleurs parfois tellement mous du genou qu'ils en deviennent drôles et des scènes d'action à base de figurants sauteurs shootées dans des ralentis particulièrement ringards.

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Coproduit avec les États-Unis et mis en scène par deux réalisateurs afrikaners, "Hostage" (Hijack, 1987) de Hanro Mohr et Percival Rubens est un sous-Delta Force au discours anti-arabe très appuyé. Le film décrit dans un premier temps le calvaire des passagers d'un avion détourné en Ouganda par des terroristes qui exigent la libération de leur leader ainsi qu'une rançon de 25 millions de dollars en lingots d'or, puis la mission de sauvetage organisée par le fiancé d'une des otages, un béret vert joué par Wings Hauser. Nouveau démarquage de la célèbre prise d'otages d'Entebbe, ce navet poussif met du temps à démarrer et n'offre au final rien de bien folichon. Sans parler de son segment fantastico-mystique totalement hors sujet.

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Resucée sympathique de "Retour vers l'enfer", "Skeleton Coast" (1988), une autre coproduction entre l'Afrique du Sud et les États-Unis s'étant attaché les services du réalisateur américain John 'Bud' Cardos, possède un casting royal (Ernest Borgnine, Robert Vaughn, Oliver Reed, Herbert Lom et Daniel "Atomic Cyborg" Green) et fait le job niveau action dans les limites de son budget et de son script bourrés de trous. Un homme d'affaires y recrute sept mercenaires pour sauver son fils agent secret retenu prisonnier dans les geôles communistes en Angola. Et tout ce beau monde d'enfourcher des véhicules tunés tout droit sortis de "Mad Max 2" (en fait, ces buggys post-apocalyptiques était alors couramment employés par l'armée sud-africaine).

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Malgré quelques pénibles et hypnotiques longueurs, "Cobra Force" (1988) de Ronnie Isaacs symbolise la quintessence du nanar cheapo-discount sud-africain et offre un spectacle franchement hilarant. Depuis son QG en Angola, le KGB (un acteur neurasthénique devant un drapeau rouge dans un bureau) ordonne à un Cubain psychopathe, sanguinaire et rigolard et à un méchant Noir communiste et sadique, qui grimace en montrant les dents et en roulant des yeux, d'aller kidnapper la fille de l'ambassadeur du Gamba (inutile de chercher sur une carte) afin de déstabiliser la situation géopolitique dans la région. Ultime rempart du "monde libre", l'Afrique du Sud ne peut pas envahir l'Angola sous peine de créer un scandale diplomatique (c'est pourtant pas ça qui l'arrêtait dans la réalité…). L'état-major décide alors de faire appel à la COBRA FORCE !

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Constituée de taulards hyper-dangereux à qui on a promis la liberté en échange de cette mission suicide en territoire ennemi, la Cobra Force est commandée par le Capitaine Holmes, un beau militaire aryen méga-balèze, encombré d'un sidekick noir comique et simplet. Mais la mission de sauvetage s'annonce périlleuse car il y a un traitre au sein de la Cobra Force… Plait-il ? Oui, c'est le Noir du groupe, comment vous avez deviné ? Aussi risible sur la forme qu'outrancièrement caricatural sur le fond, "Cobra Force" bénéficie notamment d'une touche vidéo particulièrement cheap, d'un caméraman bourré et d'un premier tiers bordélique entrecoupé de scènes d'action sans queue ni tête.

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Censé se dérouler au Botswana, "Wild Zone" (Okavango, 1989) de Percival Rubens nous verse une tisane infusion "nuit tranquille" à base d'ancien du Vietnam parti secourir son père kidnappé par un commando de mercenaires et qui se retrouve aux prises avec un démoniaque général russe et ses hordes de communistes cubains et africains ricanant. C'est assez mou et terrassant d'inintérêt, hormis de jolies filles et la prestation en roue libre d'Edward Albert qui cabotine comme un malade avant de mourir en vilain Ruskof de service de façon totalement pathétique et risible.

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Mentionnons également "Enemy Unseen" (1989) de Elmo Dewitt, direct-to-video inintéressant coproduit avec les États-Unis, dans lequel une zoologiste en voyage en Afrique est enlevée par une tribu de "sauvages" passablement attardés qui veulent la sacrifier à leur dieu crocodile. Le père de la jeune femme engage alors un commando de baroudeurs pour la sauver. Seul point à noter dans ce navet imbibé d'un racisme nauséeux : le chef des mercenaires n'est autre que Vernon Wells dans l'un de ses très rares rôles de héros.

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Racisme paternaliste et anticommunisme primaire sont les deux mamelles du consternant "Warriors from Hell" (1990) de Ronnie Isaacs qui prêche que les Noirs doivent s'unir avec leurs bons maitres blancs contre les méchants révolutionnaires communistes "venus de l'est pour détruire notre pays et violer nos femmes".

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Au Gamba (un pays qui n'existe que dans le cerveau ramolli de Ronnie Isaacs), un Rambo blanc, un villageois noir/chien fidèle enrôlé de force dans l'armée rebelle et la veuve d'un gentleman-farmer tué par les "terroristes" font donc équipe afin de casser du Rouge à coups de bazooka. Au delà de l'expérience infra-beauf que constitue ce film de propagande à la morale aussi idiote que gerbante, il faut bien dire qu'on s'ennuie poliment devant ce direct-to-video mou et fauché où le bavardage intensif l'emporte trop souvent sur l'action, par ailleurs bien poussive. Demeurent pour se distraire le jeu catastrophique des acteurs, le cabotinage du très méchant Ruskof du KGB et la love story la plus naze et bâclée du monde.

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Tandis que l'apartheid touche à sa fin, le réalisateur John H. Parr nous inflige le piètre "Pursuit" (Deadly Hunter, 1991). La classe impériale du fabuleux James Ryan ne suffit hélas pas à rendre palpitante la mission de son personnage, un mercenaire badass chargé de récupérer un stock d'or dérobé par un chef rebelle sanguinaire. Ça bavarde beaucoup trop entre deux escarmouches et on s'ennuie ferme devant ce direct-to-video d'une platitude absolue. Dommage, car voir le beau James en Rambo karatéka canardant des cannibales tout droit sortis d'un vieux Tarzan des années 30 avait un petit potentiel. Au final, seule la scène de cul et son plan nichons outrancier réveillent un peu l'attention du spectateur.

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En 2010, grâce aux efforts du réalisateur Isaac Godfrey Geoffrey Nabwana (alias Nabwana IGG), l'Ouganda livra au monde son tout premier film d'action à l'échelle nationale. Un ordinateur bricolé à partir des pièces de plusieurs vieux appareils permit à ce cinéphile passionné de monter son hommage aux actioners hollywoodiens des années 80 et au cinéma d'arts martiaux avec le désormais mythique nanar "Who killed Captain Alex". Tourné par les habitants du bidonville de Wakaliga (où habite le réalisateur) dans la capitale Kampala, il s'agit de la toute première production des studios Wakaliwood (de leur vrai nom Ramon Film Productions), sorte d'équivalent ougandais de la Cannon. Avec un budget auto-financé de 200 dollars et énormément de système D, "Who killed Captain Alex" contrebalance ses très faibles moyens par une générosité sans limite et est rapidement devenu culte sur Internet grâce à ses scènes d'action outrancières aux effets spéciaux hilarants.

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"Who killed Captain Alex" se déroule de nos jours mais est fortement inspiré des souvenirs personnels du réalisateur, qui a grandi sous la dictature d'Idi Amin Dada et est un vétéran de la guerre civile ougandaise. Comme son titre l'indique, la trame repose sur le meurtre mystérieux du capitaine Alex, officier de l'armée ougandaise tué dans des circonstances énigmatiques après un raid contre le quartier général du redoutable gangster Tiger Mafia (qui deviendra un méchant récurrent des films Wakaliwood).

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Malgré le succès mondial de "Who killed Captain Alex", Isaac Nabwana eut bien des difficultés à financer et à rendre rentables les 46 long-métrages qu'il a tourné jusqu'à présent, victime du piratage et du mépris des élites ougandaises, ainsi que de toute une campagne de dénigrement focalisée sur l'ultra-violence (pourtant si rigolote) de ses films. Evidemment, les exactions, notamment homophobes, du régime de Yoweri Museveni, le président à vie de l'Ouganda, n'aident pas… Le principal porte-parole à l'international des productions Wakaliwood, le new-yorkais Alan Hofmanis, défend au contraire le droit des peuples du tiers-monde à faire des films d'action à la Rambo comme ça leur plait. On voit en effet mal pourquoi les producteurs hollywoodiens pourraient dépenser des millions de dollars à faire sauter des buildings en images de synthèses alors que les cinéastes africains seraient obligés de tourner exclusivement du cinéma d'auteur pour festivals…

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Désormais habitant du bidonville de Wakaliga, Alan Hofmanis alias Alan Ssali de son nom ougandais, est devenu l'une des vedettes des productions Wakaliwood. On le voit notamment partager l'affiche de "Bad Black" (2016) avec la belle Nalwanga Gloria. Ce nouvel actioner hard-boiled à base de commandos et de kung-fu bourré de références au cinéma reaganien nous raconte la vengeance implacable de la chef de gang Bad Black (Nalwanga Gloria), reine du ghetto confrontée à un médecin sans frontières (Alan 'Ssali' Hofmanis) devenu une bête de guerre en furie suite à un entrainement commando intensif prodigué par un enfant de 6 ans maitre en arts martiaux (car tout le monde a droit à son rôle badass à Wakaliga).

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Tout en abordant les thèmes sociaux de la pauvreté et de l'enfance maltraité, le film est avant tout une comédie d'action au rythme effréné destiné à procurer un maximum de fun et de fusillades hystériques aux nombreux fans des prods Wakaliwood. Le commentaire voix-off satyrique très MST3K-style est toujours assuré par le "Video Joker" V J Emmie (devenu une méga-star en Ouganda), qui donne l'impression de visionner le film en compagnie d'un pote ougandais amateur de calembours douteux. Pour sa part, Isaac Nabwana, le créateur-réalisateur-homme à tout faire de ce studio 100% amateur devenu le Hollywood ougandais, poursuit avec un rendement stakhanoviste ses hommages vibrants au cinéma de genre, du film d'action bourrin au film de cannibales en passant par le fantastique avec des titres qui font rêver ("Eaten alive in Uganda", "Plan 9 from Uganda"...). Une carrière que l'on suit de très près à Nanarland.

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Le prochain film-évènement des productions Wakaliwood, "Operation Kakongoliro! The Ugandan Expendables", dont la campagne de financement en kickstarter est parvenue à réunir 13000 dollars de dons.

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Le professeur d'arts Claude Paré, sosie québécois de John Rambo (très populaire en Ouganda où il est souvent confondu avec le "vrai" John Rambo) sera à l'affiche de "Operation Kakongoliro" en compagnie d'autres "expendables" ougandais comme Bruce U, Ebola Hunter, Van Damage et Steven Senegal !


Le Nigeria donna aussi récemment dans la Rambosploitation avec "Jane Rambo" réalisé en 2018 par Augustus Omojowo Thomas. Ce film en deux parties démarre à la fin de la guerre civile au Sierra Leone : après un assaut victorieux contre un camp rebelle, la guerrière d'élite Jane Rambo exécute les rebelles faits prisonniers en beuglant "Fuck the Geneva Convention!" (LA punchline du film), aussitôt suivie de l'apparition du titre "Jane Rambo". Bref, Jane Rambo c'est pas une lopette droit-de-l'hommiste, contrairement à son supérieur, un sale technocrate véreux de Washing… euh, d'Abuja qui la fait aussitôt chasser de l'armée. Mais lorsqu'un officier nigérian est capturé par les forces militaires guinéennes et est torturé dans une cage en bambous, seule la tête brulée Jane Rambo peut le sauver… Cet ersatz féminin made in Nollywood constitue une curiosité exotique remplie de ralentis chichiteux, de gunfights psychotiques sur fond de fanfare militaire 100% décalée, d'explosions et de jets de sang en CGI cheapos, et de combats de karaté bruités à la boite à baffes.

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Dernière édition par JACK TILLMAN le 07 Juin 2022 13:52, édité 52 fois au total.

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 28 Jan 2021 11:29 
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RAMBOSPLOITATION : LE CONTINENT EUROPÉEN


La Rambomania n'a pas épargné la vieille Europe, où les copies pullulèrent principalement en Italie, mais pas que. Coproduction entre l'Espagne, le Mexique et les États-Unis tournée aux îles Baléares, "Mort sous contrat" (Counterforce/Escuadrón, 1988) de José Antonio de la Loma remplit honorablement son contrat d'actioner routinier, soit une heure trente de bourrinage en compagnie d'un casting international réunissant Jorge Rivero, George Kennedy, Robert Forster, Louis Jourdan, Kabir Bedi, Isaac Hayes et Hugo Stiglitz. Le pitch est des plus classique : la Maison-Blanche charge un commando anti-terroriste, la Counterforce, de sauver la femme et le fils d'un leader démocrate retenus en otages par un dictateur d'Afrique du Nord (toute ressemblance avec le colonel Kadhaffi serait fortuite).

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Une série B cosmopolite faisant presque figure de blockbuster à coté d'autres co-productions tels certains projets bénéficiant du savoir-faire et de la main d’œuvre ibérique et dont les têtes pensantes se trouvaient de l'autre coté des Pyrénées où, pour apporter son auguste contribution au genre, la patrie du Camembert put compter sur son producteur le plus dévoué à la noble cause du nanar de série Z : Marius Lesoeur (aidé de son fils Daniel). L'engouement général du public et la simplicité narrative extrême de la rambosploitation ne pouvaient qu'intéresser la société de production Eurociné, qui nous mitonna "L'Ange de la Mort" (Commando Mengele, 1986) réalisé en Espagne par Andrea Bianchi et scénarisé par Jess Franco (en fait, il s'agirait du remake d'un film réalisé par Jess Franco l'année précédente avec un casting quasi-identique, "El hombre que mato a Mengele").

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Ayant fui l'Allemagne à la fin de la Seconde Guerre mondiale et s'étant réfugié dans un pays fictif d'Amérique du sud, le docteur Joseph Mengele (Howard Vernon) poursuit ses diaboliques expériences en cherchant à créer une race d'hommes-singes avec lesquels il se lancera à la conquête du monde, tandis que son bras droit, un implacable vétéran du Vietnam néo-nazi (le neurasthénique Christopher Mitchum), entraine une armée dans le but d'instaurer le IVème Reich. Le Mossad envoie un commando de guignols attaquer la forteresse de Mengele au cours d'un assaut final riche en morts nanardes. Scénario absurde, rythme pachydermique, amateurisme désopilant de l'interprétation (à l'exclusion d'Howard Vernon et de la guest-star Fernando Rey), ridicule total des scènes d'action, sérieux papal de l'ensemble... "L'Ange de la Mort" est un nanar d'une stupéfiante médiocrité dont les tentatives d'égaler le spectaculaire des blockbusters d'action américains évoquent de façon pathétique la grenouille s'efforçant de devenir aussi grosse que le bœuf.

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En 1988, un Christopher Mitchum plus démotivé que jamais retrouve les plateaux cheapo-discount d'Eurociné à l'occasion de "Dark Mission, les Fleurs du Mal", à nouveau tourné en Espagne par Jesus Franco. Chris y incarne cette fois le flasque Derek Carpenter, meilleur agent de la CIA (cela va sans dire) envoyé en Colombie pour combattre le baron de la drogue cubain Luis Montana (Christopher Lee), ancien guérillero communiste qui corrompt la jeunesse américaine avec sa cocaïne.

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Au diapason de la mollesse de son acteur principal, cette œuvrette lamentable aux dialogues ampoulés oscille entre sous-sous-sous-James Bond minable et sous-sous-sous-Rambo calamiteux avec un coté "film de vacances" très prononcé, Christopher Mitchum passant davantage de temps à faire du tourisme et à draguer sur la plage qu'à combattre les dealers et les communistes. Mais autant dire que quand Chris passe à l'action, ça décoiffe niveau nanardise : planté dans un jardin avec Brigitte Lahaie et son commando, notre Droopy aux paupières avachies canarde sans conviction une poignée de guérilléros ahuris dans de miteux ralentis et un montage chaotique, au milieu de stock-shots d'hélicoptères de combat. C'est LA grande scène d'action du film et le chef de la CIA Richard Harrison enfonce le clou en disant à Chris : "A ce qu'on m'a dit, vous auriez battu Rambo ?" en parlant de cette bataille filmée à l'arrache d'un ridicule absolu. A voir pour le croire.

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Alors que la firme des Lesoeur tente d'ultimes efforts pour survivre en produisant des épopées à grand spectacle susceptibles de toucher une large audience internationale (hum...), les dirigeants d'Eurociné confient à Jesus Franco les rênes de "Esmeralda Bay" (La bahia Esmeralda), un nouveau film de guerre ultra-fauché se déroulant dans une dictature bananière fictive d'Amérique latine en proie à la guerre civile.

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C'est un peu mou, confus, l'action est aussi désastreuse qu'hilarante avec quelques gros craquages nanars et on n'échappe pas aux habituels stock-shots censés donner de l'ampleur à l'ensemble mais le rendu est légèrement moins miséreux que d'ordinaire et pour une fois les has-been/têtes d'affiche assurent les premiers rôles et non pas de furtives scènes de bureau. Et il y a du beau monde : Robert Forster en général despotique, Fernando Rey en président fantoche, George Kennedy en trafiquant d'armes, Brett Halsey et Ramon Sheen en guérilleros, un Craig Hill totalement en roue libre en comploteur technocrate de la CIA, ainsi que les fidèles présents dans tous les films du réalisateur, Lina Romay et Antonio Mayans. Daté de 1988, le film fait étrangement écho à l'invasion du Panama par l'armée américaine, qui renversera son ancien allié le dictateur Manuel Noriega en décembre 1989.

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Outre les nanars franco-espagnols produits par Eurociné, citons une production 100% française, mais tournée aux States avec un casting essentiellement américain : "Opération Las Vegas" (1988) du regretté Norbert Moutier (alias N. G. Mount). Moins expérimental et plus pro que les autres films réalisés par cet éminent éditeur-libraire-écrivain-cinéphile-cinéaste-acteur parisien, "Opération Las Vegas" n'en demeure pas moins une réjouissante série Z hallucinante de ringardise, qui mérite le titre de nanar culte. A l'instar de "Mad Mutilator" pour le cinéma d'horreur, ce deuxième long-métrage du génial Norbert est construit comme une sorte de fanzine du cinéma d'action de série B, ce qui explique en partie le fait que le scénario enchaine les clichés du sous-James Bond, du polar, du film de ninjas et de la rambosploitation sans cohérence apparente.

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L'impérial (mais un peu absent) Richard Harrison y tient la vedette, par pure amitié pour Norbert, dans le rôle du trrrèèès décontracté Jefferson, meilleur agent du FBI chargé par ses supérieurs d'enquêter sur une dangereuse organisation terroriste communiste opérant dans la région de Las Vegas et dirigée d'une main de fer par l'impitoyable Britta (la française Brigitte Borghese). Le plan des méchants, qui est pourtant au cœur de l'intrigue, se révèle impossible à définir : il est d'abord question d'un chantage mis au point par la mafia, puis d'un vol de plans top secrets, ensuite de remplacer une pilote d'avion par un sosie, et enfin d'une prise d'otage dans le but de gagner beaucoup d'argent, à moins qu'il ne s'agisse de renverser le gouvernement américain. Le film se termine par une bataille rangée bordélique au possible dans une usine pseudo-désaffectée avant de se conclure sur une fin jamesbondesque franchissant toutes les limites du grand-guignol. De quoi crier Cocorico !

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Désormais bastion européen par excellence du cinéma d'exploitation et du clonage de toutes les modes filmiques du moment, l'Italie ne peut être concurrencée que par les Philippines en matière de stakhanovisme dans la copie industrielle des Rambo et autres Braddock. Reprendre les vieilles ficelles du film commando n'est qu'un jeu d'enfant pour les metteurs en scène de Cinecittà qui ont souvent fait leurs premières armes avec les Macaroni Combat, séries B guerrières très en vogue dans les sixties. L'un des premiers plagiats italiens de Rambo est aussi un des plus connus : "Tonnerre" (Thunder, 1983) de Fabrizio De Angelis avec en vedette le jeune culturiste Mark Gregory (alias Marco Di Gregorio), tout juste revenu des ruelles du Bronx et qui cette fois va faire exploser sa colère dans le désert d'Arizona. Le film se signale comme une photocopie du premier Rambo, sauf qu'au lieu d'un ancien béret vert, Marco incarne un Indien dont le cimetière ancestral a été saccagé par une bande de rednecks. Parti se plaindre auprès du shérif (Bo Svenson), Tonnerre est rudoyé par l'adjoint de ce dernier (Raimund Harmstorf) et s'échappe dans la montagne. Une gigantesque chasse au Peau Rouge s'engage...

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Si le scénario n'est pas d'une finesse exquise et si le discours pro-Indiens fait figure de prétexte, "Tonnerre" représente le haut du panier de la série B d'action italienne des années 80 (qui avait certes déjà terminé son âge d'or et entamé sa lente agonie), atteignant un niveau de spectaculaire rarement égalé par la suite. Bien sûr, le manichéisme est très poussé, les méchants sont odieux et fiers de leur bêtise, l'interprétation de Mark Gregory est égale à elle-même et le shérif Bo Svenson préfère regarder le match de foot à la télé plutôt que poursuivre Tonnerre (privilège de la guest-star payée à rien foutre), mais le spectateur se prend à suivre au premier degré ces péripéties très bourrines mais réellement rythmées et efficaces. Et contempler Mark Gregory déguisé en Apache qui casse tout au bulldozer et au bazooka avec son air monolithique imperturbable est un réel bonheur. Le doublage accentue en outre la ressemblance car on retrouve les même voix françaises que pour le premier Rambo, y compris Alain Dorval pour les trois lignes de dialogues de Mark Gregory.

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Comme la majorité des films de son auteur, "Ultime combat" alias "Mission vers l'enfer" (Tornado, 1983) d'Antonio Margheriti est une bonne série B qui ravira les amateurs du genre. Troisième volet d'une trilogie consacrée à la guerre du Vietnam (les deux autres sont "Héros d'apocalypse" et "Tiger Joe"), le film est un mélange de "Rambo", "Voyage au bout de l'enfer" et "Croix de fer" de Sam Peckinpah.

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Révolté par le comportement du capitaine Harlow, responsable de la mort de plusieurs de ses hommes, le sergent Maggio frappe son supérieur et est arrêté par la police militaire. Au cours d'un bombardement, Maggio s'évade et fuit dans la jungle du Vietnam dans l'espoir de franchir la frontière cambodgienne. Traqué tant par ses anciens compagnons d'arme que par les Viets, Maggio montrera à tous de quoi un soldat d'élite des Forces Spéciales est capable... Le monolithique Maggio est joué par Timothy Brent alias Giancarlo Prete (le héros des "Nouveaux barbares") et le film fut distribué à l'international sous le titre "The Last Blood", histoire d'insister sur sa filiation avec "First Blood".

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Quand le nanar post-apocalyptique de série Z louche sur Rambo, ça donne "Rush" (1983) de Tonino Ricci (embusqué derrière son pseudo "ricain" Anthony Richmond). A croire que Tonino a décidé en cours de tournage de transformer son sous-Mad Max 2 en plagiat de Rambo après avoir constaté le succès commercial de ce dernier. Et tant pis si le début du film décrivant un monde post-apo aride où toute forme de vie végétale a disparu se trouve contredit par un dernier tiers où le héros Rush joue à cache-cache avec des militaires dans une foret printanière. Armée à lui tout seul, Luigi Mezanote alias Conrad Nichols a le même look que Stallone, traque ses poursuivants à l'aide de pièges à cons bricolés, nous refait la fameuse poursuite à moto de "Rambo" et prend d'assaut un camp de prisonniers à la mitrailleuse en beuglant et en canardant les sbires au milieu des explosions. La jaquette ramboesque n'est donc même pas mensongère.

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Signé par un Fernando Di Leo qu'on a connu dans de meilleurs jours, "La race des violents" (Razza Violenta, 1984) est symptomatique d'un point de non-retour du bis italien où même les réalisateurs les plus compétents n'arrivaient plus à masquer l'indigence de leur script. Au Vietnam, les bérets verts Mike Martin (Harrison Muller Jr.), Kirk Cooper (Henry Silva) et Polo (Woody Strode) sauvent des enfants retenus en otages par les "macaques" communistes. Quelques années plus tard, Kirk Cooper confie à Mike Martin la mission de ramener dans le droit chemin Polo, devenu un baron de la drogue du Triangle d'Or. Mike Martin débarque donc en Thaïlande où une belle indigène doit le guider jusqu'au camp de Polo.

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Le scénario brouillon à souhait nous réserve quelques touches de folie sympathiques comme cette mère maquerelle française appelée Madame Fra, vouant un culte cocasse à André Malraux et nous gratifiant d'envolées philosophiques du genre "Il y a des putes qui sont des femmes et des femmes qui ne sont que des putes." Pour le reste, le cahier des charges est respecté : trahison, torture, pièges de jungle, fusillades sauce bolognaise avec explosions de bides et jets d'hémoglobine, bref, de la poésie pure.

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Fabrizio De Angelis retrouve le désert d'Arizona et une partie du casting de "Tonnerre" à l'occasion de "Man Hunt, chasse à l'homme" (Cane arrabiato/The Manhunt, 1984). "Le fils de Wayne contre Borgnine : deux géants qui s'affrontent" (sic) nous promet la jaquette nanarde de chez UGC Vidéo. Le film a en effet pour héros John Ethan Wayne, incarnant un jeune cowboy dont les chevaux sont dérobés par un richissime propriétaire de ranch (Ernest Borgnine). Accusé par ce dernier de vol de chevaux, le héros innocent est arrêté par le shérif (Bo Svenson) et envoyé au pénitencier tenu par des matons sadiques (Henry Silva et Raymond Harmstorf). Lorsqu'il s'évade de façon musclée, notre héros dur à cuire devient la cible d'une chasse à l'homme à travers le pays. Série B plutôt bien troussée, ce film d'action/western moderne s'inspire à nouveau de "Rambo" mais de façon bien plus discrète que dans "Tonnerre" et enchaine les courses-poursuites sur un rythme soutenu.

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Avec "Blastfighter l'exécuteur" (Blastfighter, 1984), Lamberto Bava livre une œuvre qui réjouira les amateurs de bonnes grosses bisseries primaires et revanchardes. Mélangeant ouvertement "Rambo" et "Délivrance", cette somptueuse nazerie nous conte la guéguerre vengeresse de Tiger Shark, ermite couillu aux prises avec un gang de rednecks bien bêtes et méchants dans la foret. D'abord proie, notre justicier invincible devient chasseur en faisant exploser du cul terreux à la chaine au moyen d'un improbable fusil-bazooka-laser de destruction massive. Un pur rip-off bien rythmé et généreux avec pour héros le monolithique Michael Sopkiw et George Eastman en leader des péquenots.

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"Blastfighter" devait à l'origine être un western post-apocalyptique réalisé par Lucio Fulci en même temps que "2072 Les mercenaires du futur", mais à la suite d'une brouille avec les producteurs, le film ne put se faire. Mais comme il était déjà annoncé au Marché international du film de Milan, il fallut tourner un film portant le même titre mais au scénario différent, à cause d'un problème de droit concernant le script original, d'où cette basique histoire de Rambo ramollie du bulbe.

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Autre titre bien bourrin faisant claquer ses testicules à l'oreille délicate du consommateur, "Rolf l'exterminateur" (Rolf, 1984) du plutôt médiocre Mario Siciliano est une série B un peu molle avec en vedette le barbu Antonio Marsina, le méchant capitaine Harlow de "Ultime combat"/"Tornado".

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Lorsque sa petite amie (la belle Ketty Nichols, tellement inexpressive qu'elle semble sous tranquillisants) est violée puis assassinée par ses anciens compagnons d'arme parce qu'il a refusé de participer à un trafic de drogue, l'ancien mercenaire Rolf "extermine" ses ennemis façon Rambo dans un sous-bois.

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Pas grand chose de notable dans ce rip-off très fauché qui mélange "Rambo" et "De la part des copains" de Terence Young (dans lequel s'affrontaient les monstres sacrés Charles Bronson et James Mason), en dehors d'une séquence de folie où des méchants particulièrement cabotins s'amusent à faire du ball-trap avec des enfants. Ou encore la scène où Rolf, arrêté par la police et conduit au commissariat, se fait plonger la main dans une cuvette de toilette pleine d'excrément pour prendre ses empruntes digitales, le genre de scènes poétiques qui faisait tout le charme du cinéma bis transalpin.

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Si le succès du premier Rambo engendra un nombre raisonnable d'ersatz, c'est véritablement le carton mondial sans précédent du 2 qui provoqua une authentique frénésie parmi les copieurs de l'industrie du cinéma d'exploitation et les Italiens furent alors un des maillons principaux de la rambosploitation internationale. Deuxième opus d'une trilogie de commando-flicks ayant pour héros Lewis Collins (après "Nom de code : Oies sauvages" et avant "Der commander"), "Commando Léopard" (Kommando Leopard, 1985) d'Antonio Margheriti est une coproduction entre l'Italie, la Suisse et l'Allemagne de l'Ouest.

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Dans une énième dictature bananière fictive d'Amérique centrale à la "Tintin et les Picaros", le vaillant capitaine Carrasco (Lewis Collins) guide l'armée révolutionnaire dans sa lutte anti-impérialiste pour faire tomber le tyran. Le film a beau être sans aucune surprise, il reste un très honnête divertissement bisseux avec de belles explosions de maquettes et un joli casting : Klaus Kinski en mercenaire sadique à la solde du dictateur, John Steiner en gentil soldat de fortune anglais et Manfred Lehmann en prêtre adepte de la théologie de la libération.

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Suivant aussi la vague déferlante de la Rambomania, le vétéran Ferdinando Baldi tourne aux Philippines un "Opération Commando " (Warbus, 1985) aussitôt vu, aussitôt oublié. Le scénario est pourtant moins servile et privilégie davantage la psychologie des protagonistes qu'à l'accoutumée : pendant la guerre du Vietnam, trois marines durs à cuire et un groupe de civils tentent de rejoindre une base militaire américaine en traversant la jungle ennemie dans un bus scolaire. Hélas, les personnages sont assez sommaires, les situations, stéréotypées, le propos se limite à un banal hymne à la bannière étoilée et le spectacle se veut trop "sérieux" pour être drôle. Restent les fusillades, explosions, cascades et seconds couteaux sympathiques : le monolithique Daniel Stephen, Romano Kristoff, Don Gordon Bell, Nick Nicholson...

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Autre vétéran solide du cinéma bis contraint de tourner du sous-Rambo 2 pour continuer à travailler dans une industrie ciné en pleine déconfiture, Umberto Lenzi livre un très agréable film d'aventure avec "Cinq salopards en Amazonie" (El cinque del Condor, 1985). Pour avoir le monopole des mines de platine d'un petit pays d'Amérique latine en pleine guerre civile, une multinationale américaine tente de renverser son dictateur sanguinaire en aidant le président en exil à reprendre le pouvoir. Mais le fils du président est enlevé pour faire pression sur lui. La multinationale engage alors un commando de cinq mercenaires pour aller dans la jungle délivrer l'enfant. Commandés par le musclé Antonio Sabato, nos mercenaires sympas seront bien entendu trahis par les capitalistes magouilleurs de Washington comme le veut le cahier des charges.

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Tourné en République Dominicaine, "Cinq salopards en Amazonie" se suit avec un réel plaisir. Un ou deux éléments loufoques (les dirigeants de la multinationale font appel à des médiums pour localiser l'endroit où l'otage est emprisonné !), quelques figurants grimaçants et un happy end débile à souhait n'empêchent pas cette série B rythmée et rigolarde d'être un bon divertissement à condition de ne pas être trop exigeant.

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Ancien maitre du western spaghetti ("Mon nom est Personne"), Tonino Valerii signe en 1986 le sympathique "Blood Commando" (La Sporca Insegna del Coraggio) lui aussi filmé en République Dominicaine. Tout en compilant tous les poncifs du genre, le scénario se révèle assez alambiqué et réserve un twist involontairement cocasse.

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Vietnam, 1974 : les membres d'un commando américain doivent abandonner un des leurs aux mains des Viêts. Au bout de douze ans de captivité, ce dernier est libéré avec d'autres prisonniers mais l'avion qui les rapatrie aux États-Unis est détourné par des terroristes (c'est vraiment pas de bol !). Ses anciens compagnons d'arme décident d'aller délivrer les otages aux Caraïbes. Le film est un peu mollasson mais la musique de Riz Ortolani est fort inspirée et le casting est des plus sympathiques : Bo Svenson en héros baroudeur, Martin Balsam en technocrate véreux du Pentagone et Werner Pochath en Béret vert/travesti fofolle/esclave sexuel !

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La même année, Fabrizio De Angelis réunit un casting cinq étoiles (Gordon Mitchell, Donald Pleasence, Christopher Connelly, John Steiner, Enzo G. Castellari himself, excusez du peu !) pour un sous-Rambo 2 tourné comme d'habitude aux Philippines.

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"Cobra Mission" nous raconte l'histoire multi-rabâchée du commando de vétérans retournant dans l'enfer du Vietnam afin de délivrer les soldats américains toujours captifs des communistes. Mais de sombres manœuvres politiciennes et un twist final les attendent... Pas grand chose à signaler dans cette série B de facture courante, si ce n'est quelques morts ridicules et un plan nichons napalmé !

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Dans la foulée du sympathique "Bianco Apache", le tandem Bruno Mattei/Claudio Fragasso profite des vieux décors d'Almeria pour tourner un autre néo-western spaghetti pro-Amérindiens : "Scalps" (1986) dont le script a été coécrit par notre ami Richard Harrison. Très influencé par le "Soldat bleu" de Ralf Nelson, cette pépite violente et sombre s'inspire aussi très fortement de "Rambo 2" dans sa seconde partie, qui voit la belle squaw espagnole Mapy Galan dégommer des soldats sudistes armée d'un arc et de flèches explosives pour délivrer son amoureux (le grec Vassili Karis, second couteau ayant fait pratiquement toute sa carrière en Italie) pris en otage et sauvagement torturé par un vilain colonel confédéré. Malgré ce plagiat plan par plan cocasse et un doublage nanardisant, "Scalps" est une authentique réussite du cinéma d'exploitation trash. Et comme nous allons le voir, "Rambo 2" n'en a pas fini de stimuler la créativité du génial Bruno Mattei...

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Unique suite officielle du chef-d'œuvre de Sergio Corbucci, "Le grand retour de Django" (Django 2 : Il grande ritorno, 1987) de Nello Rossati tente lui aussi de renouveler le western spaghetti en s'inspirant du cinéma d'action testostéroné dans la veine de "Rambo 2" et "Commando". Vivant retiré dans un monastère, Django (Franco Nero) ressort sa mitrailleuse pour aller délivrer sa fille capturée par un sanguinaire esclavagiste hongrois (Christopher Connelly), ex-officier de l'empereur Maximilien à la tête d'une armée de mercenaires ricanant.

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Tel Chuck Norris dans "Invasion USA", Franco Nero apparaît toujours pile au bon moment chaque fois que les méchants commettent une méchanceté, et le pistolero solitaire devient une armée à lui seul faisant tout péter pour libérer les péons portés disparus dans un camp de la mort. Bref, un bis totalement décomplexé, avec Donald Pleasence, Rodrigo Obregon et William Berger.

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Vétéran du nanar spatial, Alfonso Brescia nous mitonne un "Cross Mission" (Fuoco incrociato, 1987) de derrière les fagots narrant la lutte d'un agent de la CIA opposé à un vilain dictateur trafiquant de drogue télépathe et son nain magique en Amérique Latine. Ça délire donc pas mal coté scénario et outre la présence du nain Nelson de la Rosa ("Ratman") balançant des éclairs pourraves sur le héros, le film vaut également le détour pour le surjeu de Maurice Poli dans le rôle du généralissime mégalomane.

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En matière de nanar bourrin, "Striker" (1987) d'Enzo G. Castellari en tient une sacrée couche. Tourné en République Dominicaine, ce film d'action crétin au possible (mais assez critique vis-à-vis de l'administration Reagan) nous conte les absurdes exploits guerriers de l'invincible John Slade (le shakespearien Frank Zagarino, dans son premier grand rôle), ancien du Vietnam que les pourris de Washington obligent à aller chercher un journaliste (l'éructant John Phillip Law) prisonnier d'un tortionnaire russe (le cabotin John Steiner) dans une forteresse sandiniste au Nicaragua. Notre machine de guerre y dessoude du communiste et du Contra trafiquant de drogue par paquets de cinquante dans de superbes ralentis. Frank Zagarino reprendra le rôle de John 'Striker' Slade en 1991 dans "Project Eliminator" de H. Kaye Dyal, une série B américaine routinière avec David Carradine.

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Si vous trouviez que Sylvester Stallone dans "Rambo 2" symbolisait le degré ultime du bourrinage patriotique, attendez d'avoir vu Reb Brown dans "Strike Commando" de Bruno Mattei, vous relativiserez ! Ce joyau tourné aux Philippines en 1987 représente l'un des mariages les plus purs entre plagiat éhonté et nanardise phénoménale. La stupidité incroyable de ce chef-d’œuvre en fait une véritable parodie du genre aussi délirante et outrancière qu'un "Hot Shots 2". A tel point qu'on peut légitimement se demander si Bruno Mattei ne l'a pas fait exprès.

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Nous y suivons les péripéties de Mike Ransom (le grandiose Reb Brown), machine de guerre aussi invincible que décérébrée, abandonné dans la jungle du Vietnam par le traitre colonel Radek (Christopher Connelly) et traqué par le bourrin russe Jakoda (le fantastique Alex Vitale). Tout concourt à faire de cette œuvre un grand moment de divertissement ringard : les beuglements de Reb Brown, la bonne humeur ambiante, le pro-américanisme outrancier du propos, la photocopie de scènes entières de "Rambo 2" (ainsi que de "Mad Max au delà du Dôme du Tonnerre"), le coup de boules Mike Ransom/Jakoda, la crétinerie des dialogues, le trip autour de Disneyland, l'insupportable gamin vietnamien ami de Ransom, les explosions de mannequins en mousse... Le film a beau démarrer assez doucement, on termine son visionnage pantelant avec l'irrésistible envie de le revoir.

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Bruno Mattei récidive et fait presque aussi fort avec "Double Target" (Doppio Bersaglio, 1987), conçu à l'origine comme une suite de "Strike Commando". Le vétéran dur à cuire Bob Ross (Miles O'Keeffe) est recruté par la CIA afin d'aller au Vietnam photographier un camp militaire secret contrôlé par les Russes. Par la même occasion, Bob espère retrouver le fils né de sa liaison avec une Vietnamienne.

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Plagiat de "Rambo 2" (le camp secret à photographier, la trahison du technocrate de la CIA joué par Donald Pleasence, le sous-colonel Trautman joué par Mike Monty) et de "Braddock, Portés Disparus III" (la recherche du fils disparu), ce film d'action rythmé, très bourrin et riche en explosions et gunfights se distingue par la pusillanimité de son héros/machine de guerre incarné par un Miles O'Keeffe qui donna du fil à retordre à Bruno Mattei, obligé de le faire doubler pour la moindre cascade et de s'arranger pour confier le maximum de scènes de bravoure au sidekick joué par Ottaviano Dell'Acqua. Et on peut comprendre que le fils de Bob Ross ait honte de son père américain quand on voit le héros prendre la fuite au moindre signe de danger...

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Parfois rebaptisé "Inglorious Bastards 2" dans certaines contrées, "L'enfer des héros" (Eroi dell'inferno, 1987) de Stelvio Massi reprend en effet une intrigue très similaire à celle de "Une poignée de salopards" d'Enzo G. Castellari et un Fred Williamson à l'air endormi y tient un rôle identique au coté cette fois de Miles O'Keeffe. Injustement condamné par la cour martiale pour la mort d'un politicard de Washington (Chuck Connors), le sergent Darkin (Miles O'Keeffe) est envoyé dans une prison militaire. Profitant d'un bombardement ennemi, les prisonniers s'évadent ensemble dans la jungle. Durant leur cavale, Darkin retrouve son supérieur prisonnier dans une cage en bambous qui lui confie avant de mourir la mission de faire sauter un dépôt d'armes viêt. Pas grand chose de mémorable dans ce navet assez pathétique de mollesse dont la moitié des scènes d'action sont filmées dans le noir pour camoufler le fait que Miles n'en fiche pas une (c'est assurément bien plus drôle quand son sidekick se tape tout le boulot).

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Tourné au Brésil avec le soutien de l'armée brésilienne, "The Hard Way" (La via dura/La via della droga, 1987) de Michele Massimo Tarantini offre quant à lui près d'une heure trente de pur bourrinage et d'action non-stop. En Bolivie, le baron de la drogue Pinero (Philip Wagner) impose son règne de terreur grâce à son très méchant bras droit Wesson (Henry Silva) et son armée de mercenaires. La DEA envoie une équipe de super-agents commandés par l'inspecteur John Barrymore alias "Bulldozer" (Miles O'Keefe) afin d'arrêter le vilain. Trahi par une taupe à Washington, le commando ricain va faire un carnage dans les rangs du trafiquant...

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Des milliards de balles tirées, des centaines de sbires truffés de plomb : ce spectacle ultra-rythmé franchit les limites de l'absurde à force d'action décérébrée et de héros invincibles et invulnérables. Et ce grand peureux de Miles O'Keeffe laisse toujours son sidekick se farcir toutes les cascades. A la fois une série B efficace et un nanar réjouissant.

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En 1987, Pierluigi Ciriaci réalise le premier et le plus jouissif de ses quatre Rambo du pauvre avec "Delta Force Commando", dans lequel le lieutenant de la Delta Force Tony Turner (Brett Baxter Clark) part au Nicaragua casser du Sandiniste pour venger la mort de sa femme et récupérer une bombe atomique volée par des terroristes menés par un Mark Gregory inhabituellement cabotin. Fred Williamson et Bo Svenson sont les noms vendeurs de ce nanar d'action rythmé qui bénéficia lui aussi de la coopération de l'armée brésilienne pour un maximum de bourrinage.

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Suivant la recette "on prend les mêmes et on recommence", Fabrizio De Angelis réalise un "Thunder 2 : Le guerrier rebelle" (Thunder II, 1987) dont le canevas est très similaire à celui de "Man Hunt". Thunder le Rambo apache est de retour en ville mais cette fois, sous l'uniforme de policier et se la joue d'abord superflic durant le premier tiers avant d'être faussement accusé de meurtre et de trafic de drogue par le shérif-adjoint corrompu et d'être envoyé purger une peine au pénitencier. Évidemment, notre héros chevelu s'évade et revient faire sauter la ville entière à coups d'arbalète à flèches explosives pour se venger de la crapule galonnée qui a en outre causé la mort du fils de Thunder par pure méchanceté (quel scénariste virtuose, ce Dardano Sacchetti !).

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Cette bisserie à l'ambiance basse de plafond (spéciale dédicace aux loubards libidineux du début qui se font latter par Thunder dans un bar) souffre de quelques longueurs mais comporte également des cascades bien troussées. Même s'il est loin du niveau de son prédécesseur, ce deuxième opus demeure distrayant malgré sa médiocrité intrinsèque évidente. Mark Gregory fait manifestement des efforts pour tirer un peu moins la tronche que dans le premier, Raimund Harmstorf reprend son rôle de crevure intégrale avec une délectation communicative et Bo Svenson ne sort de son bureau de shérif qu'à l'occasion d'une conclusion en mousse contredisant tout ce qui a précédé ainsi que l'existence-même d'une suite, que Fabrizio De Angelis tourne pourtant dans la foulée.

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Refaisant sans cesse le même film avec toujours moins de moyens, Fabrizio De Angelis démontre bien dans "Thunder III" (1988) la déliquescence progressive du cinéma populaire italien : alors que le spectaculaire premier opus sortait en salles et rencontrait un succès mondial, cet ultime volet est un nanar direct-to-video à peine digne d'un téléfilm, en dépit de sa rutilante affiche.

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Une milice de gros ploucs particulièrement gratinés a encore eu la mauvaise idée de martyriser Thunder et ses copains indiens pour passer le temps. Mark Gregory n'a donc plus d'autre alternative que de faire encore plus la gueule que dans tous ses autres films et d'accomplir une vengeance aussi ringarde que molle du genou. Et Fabrizio d'enterrer pour de bon la hache de guerre après cette pitoyable pelloche qui ne vaut que pour ses passages nanars et le sous-jeu ahurissant du grand Marco.

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Photocopie gondolée de Stallone dans "Rambo 2", le comédien Craig Alan est la tête d'affiche de "Commander, le dernier soldat américain" (Commander, 1988) de Paul D. Robinson (Ignazio Dolce pour les intimes). Le réalisateur, ancien assistant d'Antonio Margheriti, met en boite cette série B guerrière prévisible dans la jungle des Philippines, qui n'en finit pas de voir défiler les Rambos ritals.

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Demeuré au Vietnam après la guerre, Craig Alan continue de donner du fil à retordre aux communistes, qui lancent en représailles un raid meurtrier contre le village d'adoption de notre héros, tuant son épouse vietnamienne histoire de le mettre bien en colère. Capturé et torturé au cours d'une séquence étonnamment réaliste (qui laisse peu de doute sur le fait que l'acteur a vraiment du en baver), notre Rambo du pauvre déchainera toute sa fureur vengeresse contre les troupes de l'ignoble colonel Vlassov (joué par le tout aussi ignoble David Light) à grands coups d'arme absolue nanarde et de bazooka.

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Le cinéma bis italien, toujours attentif aux résultats du box-office, n'a pas manqué de constater qu'un nouveau film de guerre est venu redistribuer les cartes de la rambomania : "Platoon" d'Oliver Stone est en effet l'anti-Rambo 2 et avec lui, la vie quotidienne des GI's au Vietnam et la réalité des horreurs de la guerre ont fait leur entrée en force sur les écrans. Il est cependant exclu de remettre totalement en question la recette de la rambosploitation : patriotisme, bourrinage et manichéisme sont toujours les ingrédients essentiels de films comme "Last Platoon" (Angel Hill: l'ultima missione, 1988) coproduction italo-américaine tournée à nouveau aux Philippines par Ignazio Dolce.

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N'en finissant plus de remplir sa fin de carrière de panouilles indignes de son talent, ce bon vieux Donald Pleasence semble en pleine carence de vitamines dans le rôle du colonel paternaliste qui couvre notre tête brulée de héros contre les huiles du quartier général US. Le film en lui-même est plutôt une bonne série B virile dans laquelle Richard Hatch et son commando délivrent l'officier Mike Monti prisonnier des Viets dans une cage en bambous (du jamais vu, quoi).

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L'infatigable Ignazio Dolce refait appel à Richard Hatch afin de casser du figurant philippin/Viêt-cong dans "Mad War" aka "Cols de cuir" (Colli di cuoio, 1988). Les seconds couteaux James Mitchum, Vassili Karis, Robert Marius et Antonio Marsina sont les membres de son commando de brutes épaisses confrontés à un vilain ex-Légionnaire français faisant du trafic d'armes avec les cocos. Encore une série B routinière et oubliable, dont on ne retiendra que quelques morts bien ridicules.

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L'Afghanistan a le vent en poupe depuis "Rambo 3" et Tonino Ricci tourne pour sa part sa propre repompe dans la campagne italienne en convoquant à nouveau son acteur fétiche Conrad Nichols dans "Afghanistan Connection" (I giorni dell'inferno, 1988). L'acteur italien au sourire carnassier et aux beuglements inimitables y joue le chef d'un commando de mercenaires durs à cuire que les magouilleurs de la CIA chargent d'aller délivrer un journaliste et sa fille prisonniers en Afghanistan.

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Les Russkofs et leurs alliés communistes afghans vont encore prendre cher face à notre équipe de gros bourrins qui n'oublieront pas d'emmener dans leurs bagages le sacrosaint jeune sidekick afghan épris de liberté. Quelques carrières et sous-bois font office de Moyen-Orient de pacotille, l'héroïne répète en boucle "Il faut que le monde sache ! Que le monde sache !" sur un ton absurdement sentencieux (car il s'agit d'un film à message, humaniste et militant !) et un hélicoptère de nationalité très approximative sert d'escadrille de la terreur rouge dans ce film de guerre fauché comme les blés.

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Se payant un voyage aux Philippines qui a du manger l'intégralité d'un budget famélique, Tonino Ricci nous déçoit avec le mollasson "Raiders of the Magic Ivory" (I predatori della pietra magica, 1988) dont John Nada nous a déjà parlé dans son dossier sur la indianajonesploitation. Le pitch alléchant mélange pourtant aventures à la Indy, film de ninja et Rambo du très pauvre : tout juste évadés des geôles communistes, deux mercenaires (Jim Mitchum et Christopher Ahrens) sont embauchés par un milliardaire louche afin de retourner au Vietnam dénicher un légendaire artefact. Fusillades poussives contre les Viêts et affrontements patauds contre un culte de craignos monsters s'ensuivent...

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Toujours aux Philippines, Ferdinando Baldi réunit Mark Gregory, Romano Kristoff et Mike Monty dans "Un soldat maudit" (Soldato maledetto/Just a damned soldier, 1988). Au Vietnam, quatre mercenaires machos dérobent un stock d'or à un trafiquant d'armes karatéka allié des communistes et remettent l'or à un Moudjahidine afghan joué par un Chinois avec un torchon sur la tête. En représailles, le trafiquant fait tuer la compagne du chef des mercenaires, "le Fridolin" (Peter Houten), fils d'un dignitaire nazi jadis dénoncé à la justice par le méchant et qui a donc un vieux compte à régler avec ce dernier.

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Cette série B fauchée frôle le nanar à plusieurs reprises avec ses musiques écrites pour le Radioblog, son meurtre à coups de fléchette et sa séquence de fou où les héros torturent une femme au couteau pour la bonne cause, mais malgré une caractérisation des personnages proche du néant absolu, l'amateur savourera plutôt ces péripéties explosives et routinières au premier degré. Mais il est clair que Ferdinando Baldi a fait largement mieux. Certes, avec un script aussi rachitique et invraisemblable, difficile de pondre un chef-d’œuvre. Mais le maestro aurait au moins pu nous torcher un beau nanar...

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Pour son dernier film comme réalisateur, Ferdinando Baldi livre le plus réussi de ses trois sous-Rambo avec "Ten Zan: The Ultimate Mission" (Missione finale, 1988), une curieuse coproduction italo-nord-coréenne. Maqué à Sabrina Siani, le grand Mark Gregory (moins inexistant quand il joue un méchant) est le chef d'une armée de mercenaires kidnappant d'innocentes jeune femmes pour le compte d'un savant nazi fêlé qui inocule à ses victimes un sérum à base d'ADN de daims afin de créer "la race des maitres" et qui dans le même temps engage les mercenaires Frank Zagarino et Romano Kristoff pour mettre fin à ses propres expériences machiavéliques (?!).

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L'action est explosive, les décors de Pyongyang sont bien mis en valeur, Mark Gregory compose un méchant savoureux qui devine qu'une de ses prisonnières est vierge rien qu'en reniflant son odeur avant de la violer, et le tandem Frank Zagarino/Ron Kristoff uni par une amitié très gay fonctionne au poil. A croire que le fait de tourner sous l'étroite surveillance d'un régime totalitaire paranoïaque stimulait le réalisateur transalpin...

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Le routinier "Getting Even" (La vendetta, 1988) de Leandro Lucchetti décalque pour sa part "Rambo 2" et "L'arme fatale" en recyclant un grand nombre de stock-shots de "La race des violents". Un ex-Béret Vert devenu SDF (Harrison Muller Jr.) est recruté par son ancien supérieur devenu flic de choc (Richard Roundtree) afin d'aller au Cambodge traquer un ancien compagnon d'arme, qui l'avait abandonné aux mains des Viêts pendant la guerre, et qui dirige désormais un trafic d'armes.

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Une jaquette alternative se la jouant Miami Vice.


Souvent gage de série B efficace et pêchue, Antonio Margheriti conclut sa trilogie commando et sa collaboration avec le producteur suisse Erwin C. Dietrich par le sympathique "Le triangle de la peur" (Der Commander, 1988) une coproduction germano-italienne tournée aux Philippines. La trame comme le casting sont quasi-identiques à ceux de l'excellent "Nom de code : Oies sauvages".

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Engagés par des pontes véreux de Washington (Donald Pleasence, Lee Van Cleef et Brett Halsey), le Major Colby (Lewis Collins) et son équipe de mercenaires sentant sous les aisselles (Manfred Lehmann, Romano Puppo, John Steiner et Bobby Rhodes) partent en mission dans le Triangle d'or afin de récupérer une disquette dérobée par un baron de la drogue (Protacio Dee) et son ignoble bras droit tortionnaire (Mike Monty). Ça envoie encore de la chique et du mollard même si on note pour une fois une absence totale de maquette (bah alors Antonio ?).

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Antonio Margheriti s'envole l'année suivante pour l'Argentine afin d'y tourner "Indio", un mélange savoureusement opportuniste de "Rambo" et de "La foret d'émeraude" avec en vedette Francesco Quinn, le fils d'Anthony Quinn qui, après des débuts remarqués dans "Platoon", eut bien du mal à se dégager de l'écrasante ombre paternel.

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Un indice édifiant quant à la nature d'ersatz de l’œuvre : le méchant est joué par Brian Dennehy, le vilain shérif Teasle du premier Rambo, qui incarne ici un promoteur sans scrupules faisant massacrer une tribu d'Indiens pour permettre à sa multinationale de déforester avec un maximum de profit. C'est compter sans Indio (Francesco), un ex-Marine revenu dans son village pour apprendre que son père a été écrasé par le bulldozer du méchant. Parti se plaindre aux autorités, Indio est arrêté et malmené par les flics ripoux mais s'évade bien vite pour tenir la dragée haute au promoteur et à son armée de mercenaires. Le promoteur fait alors appel à l'ancien sergent-instructeur du héros (Marvin Hagler) pour le convaincre de se rendre. Le petit discours écolo prétexte fait de ce Rambo amazonien une bisserie sympathiquement kitsch.

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Malgré sa superbe affiche, le médiocre "Cobra Mission 2" (1989) de Camillo Teti s'avère nettement moins exaltant. Après avoir libéré des prisonniers de guerre au Vietnam, un ex-marine officiellement mort (Brett Baxter Clark) est engagé par la CIA pour aller renverser un dictateur centre-américain ennemi des USA. On sourit devant le body-count de figurants dominicains et la séquence dramatique repompée sur "Les canons de Navarone" qui sert à caser un gros plan nichons, mais la mise en scène molle du derche s'avère franchement pénible.

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Le vétéran du Vietnam Mike Ransom (Brent Huff, successeur de Reb Brown) est libéré de prison par la CIA en échange d'une mission (suicide) : retrouver son ancien supérieur le colonel Jenkins (Richard "Mais qu'est-ce que je fous là ?" Harris), porté disparu aux Philippines... Avec "Mission Suicide : Strike Commando 2" (Trappola diabolica, 1989), le génial Bruno Mattei photocopie à nouveau "Rambo 2"... mais pas que. Véritable jeu de piste pour cinéphiles, son film décalque aussi dans le plus grand désordre des scènes entières de "L'arme fatale", "Les aventuriers de l'arche perdue", "A la poursuite du diamant vert", "Predator" et "Apocalypse Now" ! Avec ces détails nanars matteïens qui font toute la différence...

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Quand Bruno Mattei plagie "Rambo 2" ET "Crocodile Dundee", ça donne "Born to Fight" (Nato per combattere, 1989). Brent Huff, nouvelle muse du maestro, est Serpent Sam (sic), un vétéran au look soigneusement photoshopé sur celui du héros australien qui noie le traumatisme des tortures qu'il a enduré au Vietnam dans la consommation de venin de serpent.

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Un jour, le héros est recruté par une journaliste (la grimaçante Mary Stavin) pour aller secourir les soldats américains toujours prisonniers du diabolique tortionnaire soviétique Duan Loc (le pauvre Werner Pochath, en phase terminale de son cancer). Seul contre tous, notre bête de guerre fera de la chair à saucisses des Viêt au cours d'un assaut final surréaliste où s'exprime pleinement le génie nanar de Bruno Mattei.

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Pierluigi Ciriaci donne à son tour dans le rip-off de "Rambo 3" avec "Opération Warbus" aka "Un bus pour la mort" (L'ultimo bus di guerra/Afghanistan: The last war bus, 1989) souvent distribué sous le titre "Warbus 2" bien qu'il n'ait aucun rapport avec le film de Ferdinando Baldi en dehors de la présence d'un bus scolaire dans le script. Pour son dernier rôle à l'écran, Mark Gregory incarne Johnny Hondo, un Béret Vert invincible parachuté en Afghanistan pour retrouver des documents secrets disparus lors de la chute du Shah d'Iran. Deux prisonniers de guerre américains et un jeune Afghan orphelin rêvant du pays de l'oncle Sam (vous le sentez bien là le sidekick/quota ethnique ?) se joignent à Hondo pendant sa mission.

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Cet ultime fait d'armes du monolithique Mark Gregory est partagé entre des longueurs ennuyeuses et de purs morceaux de bravoure nanars. Le réalisme n'est pas vraiment de mise même si les paysages de Yougoslavie font illusion (en tout cas beaucoup plus que l'Afghanistan de pacotille de "Tuer n'est pas jouer" de John Glen) : Mark Gregory fait exploser les hélicoptères russes avec deux balles de fusil à pompe, dégomme du Spetsnaz par paquets de douze dans de beaux ralentis à la Castellari, transforme en une heure un vieux bus d'école rouillé en véritable char d'assaut capable de traverser sans dommages les lignes ennemies et se fait canarder en vain par l'Armée Rouge sans une égratignure. De leur coté, le vétéran John Vernon et la belle yougoslave Savina Gersak essayent vainement de servir à quelque chose dans l'histoire.

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Le Vinyl des réjouissantes BO au synthé Bontempi qu'Elio Polizzi composa pour les sous-Rambo de Pierluigi Ciriaci.


Histoire de rentabiliser son tournage en Yougoslavie, Pierluigi Ciriaci y usine dans la foulée une suite à "Opération Warbus". Dans "Soldier of Fortune" (Soldato di ventura, 1990), Daniel Green succède à Mark Gregory dans le rôle de Johnny Hondo, mercenaire amnésique (un petit air de "Atomic Cyborg") que la CIA envoie à la recherche d'un MIG russe s'étant crashé en Afghanistan. Encombré du sidekick-boulet de rigueur, Johnny Hondo pulvérise l'Armée Rouge armé d'un simple Uzi dans cette série B très routinière qui vire sans prévenir au sous-Indiana Jones au cours d'un dernier quart d'heure nawak. Explorant les montagnes sur lesquelles planent de mystérieuses légendes, nos héros y découvrent un temple perdu renfermant une boule de bowling magique venue de l'espace, convoitée par le méchant Spetsnaz voulant devenir maitre du monde. Savina Gersak prête cette fois-ci ses beaux traits à une Moudjahidine télépathe (!), la mannequin polonaise Danuta Lato exhibe ses gros seins à défaut d'être utile à autre chose dans l'intrigue et Bo Svenson assure le rôle de sous-Colonel Trautman de service vitupérant contre les magouilles du technocrate de la CIA.

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La jaquette a beau en faire des tonnes ("De la dynamite !" "Un final grandiose !"), "Delta Force Commando 2" (Delta Force Commando II: Priority Red One, 1990) de Pierluigi Ciriaci perd son spectateur dans un non-rythme éreintant et un script incompréhensible. D'un côté, les comploteurs de la CIA contraignent un déserteur de la Delta Force (Richard Hatch) à exécuter une de leur agents qui se trouve être l'ex-amante du héros. En parallèle, un capitaine de l'US Air Force (Fred "Je cachetonne dans un bureau" Williamson) tente de démasquer une taupe sévissant dans sa base militaire en Afghanistan. De son coté, la CIA cherche à tuer tout le monde en faisant sauter la planète, ce qui complique encore davantage l'équation scénaristique. De toute façon, le public a déjà jeté l'éponge et roupille.

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Ignazio Dolce boucle son "Philippines Tour" avec "Dernier vol pour l'enfer" (L'ultimo volo all inferno, 1991), série B qui s'avère très routinière. L’œuvre avait pourtant un certain potentiel nanar. Pensez donc ! Reb Brown en tête d'affiche, avec le même doublage, les même beuglements et la même musique que dans "Strike Commando" ! Mais il manque clairement un Mattei à la caméra. Reb y est un agent de la DEA à brushing engagé par la fille de Mike Monty afin d'aller libérer ce dernier qui a été kidnappé par un baron de la drogue du Triangle d'Or. De son coté, Chuck Connors glandouille dans son coin en technocrate de service.

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C'est aussi aux Philippines qu'Antonio Margheriti tourne le plaisant "Indio 2 : The Revolt" (Indio 2 - La rivolta, 1991). Brian Dennehy était le méchant de "Indio"; pour ce second opus, Margheriti a réussi à caster le méchant de "Rambo 2", Charles Napier, pour un caméo de deux minutes en PDG véreux d'une multinationale qui réduit les Indiens en esclavage et déverse de l'Agent Orange sur la foret brésilienne. Francesco Quinn n'ayant pas rempilé pour ce second volet, le réalisateur le fait doubler par un figurant filmé de dos avec une perruque, le temps que notre héros soit assassiné par un mercenaire sud-africain travaillant pour la multinationale. C'est donc Marvin Hagler qui revient venger la mort de son ancienne recrue et mener la révolte en tant que leader indigène remplaçant. Encore une série B bien troussée au discours moins belliqueux que dans la plupart des sous-Rambo.

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Cross-over tardif entre "A la poursuite du diamant vert" et "Rambo 3", "A la recherche du scorpion d'or" (Hunt for the Golden Scorpion/Caccia allo scorpione d'oro, 1991) d'Umberto Lenzi a déjà été évoqué dans le dossier indianajonesploitation. Nous nous contenterons d'ajouter aux remarques de John Nada que cette bisserie extrêmement fauchée recycle un nombre colossal de stock-shots de "The Hard Way" (en gros, dès que ça canarde) pour tenter d'injecter un peu de spectaculaire à un produit ridiculement low cost.

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Parmi les derniers soubresauts du bis italien, "Le dernier match" (L'ultima meta, 1991) de Fabrizio De Angelis marqua les annales du nawak sur pellicule. Après un début un peu mou repompant "Midnight Express", la dernière demi-heure totalement délirante nous montre une équipe de football américain, composée de vétérans du Vietnam, prenant d'assaut une geôle sud-américaine pour libérer la fille de leur capitaine... en tenues de footballeurs, le tout sous les ordres de leur entraineur (Ernest Borgnine) qui se croit en plein Super Bowl ! A voir pour le croire.

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Bis rital très tardif, le franchement pas terrible "War Dogs" (Il Quinto Giorno, 1994) de Stelvio Massi nous ressert le postulat archi-rebattu de l'équipe de mercenaires rassemblée à nouveau pour une dernière mission : secourir les membres d'une expédition scientifique kidnappés par un vilain dictateur d'Amérique Centrale. Suite à une embuscade, le héros dur à cuire et la jolie blonde de service tentent de se frayer un chemin à travers la jungle pour rejoindre l'avion qui doit les rapatrier aux USA. Totalement oubliable, le film résonne comme le chant du cygne de la contribution plus que prolifique du cinéma bis italien à la rambosploitation. Une œuvre déjà complètement anachronique dans une industrie du cinéma, bis comme grand public, pratiquement morte et enterrée à l'époque.

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Réalisé en 1987 par Björn Carlström et Daniel Hübenbecher, un autre "War Dog", suédois celui-là, tente à toute force de se faire passer pour un film 100% Ricain en mettant des marques (Coca Cola, Marlboro, Uncle Ben's...) et des bannières étoilées partout (y compris sur les gâteaux d'anniversaire). On peut supputer que cette excellente série B fauchée distribuée en VHS un peu partout dans le monde ait pu inspirer les auteurs de "Universal Soldier" (les films d'exploitation tiers-mondistes ont beau piocher régulièrement leurs idées chez les blockbusters américains, l'inverse n'est jamais exclue pour autant).

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Un vétéran du Vietnam (le grassouillet Timothy Earle, notre héros) cherche à savoir ce qu'est devenu son frère officiellement mort au combat. Il découvre bientôt que son frangin est devenu membre d'un commando de super-soldats, zombifiés à coups de drogues, effectuant des missions secrètes pour la CIA. Ayant infiltré la base top secrète des War Dogs, notre héros est fait prisonnier et torturé par son ancien supérieur, le très vilain Spacek, chef velu de ce commando de machines à tuer aux looks de Terminators...

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De très bonnes scènes d'action et des plans gores réjouissants (censurés dans le montage français) avec des enfants se faisant exploser l'estomac au ralenti à la mitrailleuse font de ce rambosploitation suédois une jolie curiosité à la BO au synthé très 80's.

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Dans "Animal Protector" (1989) de Mats Helge ("Mission Ninja"), l'impérial David Carradine interprète le très méchant colonel Whitlock, officier américain renégat se livrant à des expériences illégales sur une ile/base militaire. La CIA envoie l'agent John Santino (A. R. Hellquist, sosie de Kurt Russell aux muscles huilés vêtu d'un débardeur ultra-échancré) punir le colonel Whitlock en poussant le mannequin en mousse de David Carradine par la fenêtre. Visant ouvertement l'exportation, ce Rambo suédois fait de grands efforts en matière de bourrinage, d'explosions, de body count, de BO rock 80's et d'acteurs suédois parlant anglais en s'efforçant de prendre un accent yankee pour se vendre comme une production hollywoodienne, mais possède toutefois une "Swedish Touch" très identifiable avec son ciel plombé, ses fjords lugubres et ses plans trashs typiques du cinéma bis local.

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Chant du cygne du prolifique cinéma bis teuton, "Death Stone" (Der Stein des Todes, 1987) de l'Autrichien Franz Josef Gottlieb cherche autant à évoquer Rambo que "Romancing the Stone". Dans ce foutraque actioner germano-sri-lankais, le commando dur-à-cuir Brad Harris, ancien du Vietnam, et le jeune premier Albert Fortell affrontent le dealer karatéka Christian Anders avant de pourfendre le mannequin en mousse du narco-trafiquant Tony Kendall (ancien compère de Brad Harris sur la série sous-jamesbondienne "Kommissar X") pour secourir la playmate Heather Thomas.

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Dernière édition par JACK TILLMAN le 10 Mars 2022 17:31, édité 19 fois au total.

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 28 Jan 2021 11:31 
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RAMBOSPLOITATION : LE CONTINENT EUROPÉEN (suite et fin)

Aux frontières de l'Europe et de l'Asie, "l'Empire du Mal" combattu par Rambo et Ronald Reagan fit de son mieux pour rivaliser avec la production occidentale, mais l'ours russe se révéla un adversaire bien balourd pour les faucons hollywoodiens…

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A l'aube des années 80, alors que l'administration totalitaire instaurée par Léonide Brejnev faisait peser une chape de plomb sur la population russe, que l'Armée Rouge s'était engagée dans une invasion brutale et très impérialiste en Afghanistan et que les relations Est-Ouest se dégradaient dangereusement, le miracle se produisit : la VHS mit fin à la guerre froide et fit s'effondrer le bloc communiste après Rambo-binage !

Plus sérieusement, si la banqueroute de l'économie soviétique et le désastre militaire en Afghanistan ont bien plus joué dans la chute du régime que l'usine à rêve californienne, sa propagande fut aussi mise à mal par les actes de piraterie subversifs de quelques courageux vidéophages des pays sous domination communiste qui permirent à une grande partie de la population de se refiler sous le manteau des copies pirates des grands succès hollywoodiens et notamment de s'émerveiller en cachette devant les exploits guerriers de Sly. Ainsi, la Rambomania toucha aussi de plein fouet les peuples des Républiques Socialistes Soviétiques. Mais face au sabotage capitaliste, l'empire du prolétariat contre-attaqua. Caricaturés à Hollywood, les communistes russes, les vrais, les purs, les convaincus, ripostèrent en produisant leurs propres films anti-américains et anticapitalistes, détournant tous les codes et le manichéisme primaire de l'actioner reaganien… de façon tout aussi débile et caricaturale qu'à l'ouest.

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Un de ces films connut parait-il un engouement suffisant dans sa patrie d'origine pour que des distributeurs occidentaux se risquassent à le sortir à l'ouest du Rideau de Fer. L'heureux élu ayant traversé nos frontières fut "Odinochnoye Plavanye" (1986) de Mikhaïl Toumanichvili. Le film parut en France en VHS sous le titre idiot "Le Soviet : la revanche", vendu sous l'étiquette "Rambo soviétique", de quoi attiser la curiosité du consommateur occidental qui pour sa part ne risquait toutefois pas la prison pour avoir loué la cassette dans un vidéoclub.

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Des pourris de la CIA envoient un vétéran traumatisé du Vietnam, assoiffé de revanche, dans une mission suicide… Cela vous rappelle quelque chose, non ? Sauf qu'ici, le vétéran est un criminel de guerre fanatique responsable du massacre d'un village et les politicards véreux de Washington agissent pour le compte d'industriels sans scrupules spécialisés dans l'armement qui veulent à tout prix éviter que n'ait lieu une conférence de paix entre USA et URSS. Pour cela, ils décident de lancer un missile nucléaire sur un paquebot en faisant porter le chapeau aux Russes, ce qui aurait pour conséquence de "réchauffer" avantageusement le conflit. Mais le vétéran qu'ils pensaient pouvoir manipuler a d'autres projets en tête : prenant le contrôle d'une base top-secrète sur une ile déserte du Pacifique, il veut lancer une attaque nucléaire contre l'Union Soviétique. Seule l'intervention d'un commando d'élite de marins russes mené par l'héroïque major Chatokhine (le moustachu Mikhaïl Nochkine) pourra peut-être sauver l'Humanité d'une Troisième Guerre mondiale…

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Aux antipodes de ses ambitions d'égaler le spectaculaire des superproductions hollywoodiennes, "Le Soviet" est un film fauché et mollasson ressemblant à une production Eurociné. Pas étonnant lorsqu'on sait que cette réponse affichée à "Rambo 2" était tout sauf une commande du Kremlin et connut une production très difficile du fait de l'interdiction par Mikhaïl Gorbatchev, arrivé au pouvoir pendant la mise en chantier du métrage, de produire tout film qui puisse offenser les Américains (qui eux ne se privaient pas de leur coté). Il faudra donc se contenter d'un seul hélicoptère, de plein de stock-shots et d'une petite douzaine d'acteurs pas chers en s'estimant heureux que la censure étatique ait été considérablement assouplie et que la transition démocratique amorcé par la Russie permette au film de sortir en dépit de la désapprobation du Kremlin. Si le film de Mikhaïl Toumanichvili n'atteint franchement pas son objectif de battre les Ricains sur leur terrain, on pourra apprécier par curiosité le manichéisme inversé de ce sous-produit Mosfilm, avec ses Russes nobles et courageux et ses méchants Américains capitalistes buveurs de coca. Signalons cependant la présence d'un Américain dans le camp des gentils : un civil dont la femme a été assassinée par les hommes de la CIA et qui se joint au commando russe. La fin laisse aisément imaginer que le yankee choisira de devenir un transfuge, à présent qu'il a ouvert les yeux sur la barbarie impérialiste…

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Si "Le Soviet" tenait davantage du succédanée de Delta Force mâtiné de sous-James Bond, le film "Karavan smerti" (1991) d'Ivan Solovov peut être considéré quant à lui comme un véritable équivalent soviétique de Rambo 2 et 3. Visiblement produit par des membres de l'aile dure du Parti dans les derniers mois qui précédèrent la chute du régime, "Karavan smerti" est au conflit afghan ce que sont les films les plus reaganiens sur le Vietnam : du pur bourrinage revanchard, belliciste et patriotique dépeignant l'ennemi moudjahidine comme une sinistre clique de bandits grimaçants, cruels et vicieux tout juste bons à tomber par grappes sous les balles du héros russe.

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Persuadé que la guerre contre les Russes n'est pas terminée, un leader afghan ordonne à un chef de gang terroriste de pénétrer au Tadjikistan pour détruire un régiment de gardes frontières soviétique. Patrouillant dans la montagne, le régiment russe est victime de la trahison d'un de ses membres et tombe dans une embuscade. Pour venger son supérieur mort dans ses bras et pour délivrer un de ses compagnons d'arme capturé par les perfides Moudjahidines (qui le torturent pour l'obliger à envoyer un message radio à son quartier général… scène plagiée sur "Rambo 2"), le vétéran moustachu Ivan Maryin, expert de la survie et armée à lui seul, éliminera un par un tous les vilains barbus basanés à l'aide de ruses de sioux, de pièges à cons, de son précieux couteau et de sa grosse mitrailleuse. En chemin, notre guerrier solitaire sauve une archéologue blonde à gros seins vêtue d'un débardeur moulant qui n'hésite pas à faire le coup de feu pour l'aider à venir à bout du fourbe et sadique chef des Moudjahidines.

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Tout en étant bien cheap, "Karavan smerti" offre tout ce que l'on peut attendre d'un Rambosploitation à la mode soviétique et il n'y manque même pas le colonel Trautman de service ni les magouilles et les compromissions odieuses de quelques politiciens technocrates du Politburo, qui soulèvent bien entendu l'indignation dépitée de notre intègre héros bolchévique qui a néanmoins lavé l'humiliation de la défaite en regagnant la guerre à lui seul. Moralité : il était temps qu'un homme fort, un vrai et pur marxiste-léniniste de la vieille école mette un coup de pied dans la fourmilière de toutes ces réformes libérales qui menaient le pays vers la ruine… Staline, reviens, ils sont devenus fous !

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Produit en pleine désintégration de l'URSS, "Red Mob" (Chtoby vyzhit, 1992) de Vsevolod Plotkin est une œuvre de transition pour la Rambosploitation russe entre la guerre froide et l'après-guerre froide. Un vétéran dur à cuire d'Afghanistan devenu survivaliste doit combattre les terroristes qui ont enlevé le fils de son colonel pour l'obliger à convoyer un stock d'armes vers la frontière afghane. Comme tout sous-Rambo qui se respecte, le héros fera in fine exploser l'hélicoptère du vilain au bazooka dans un duel façon western. Très inspiré par "Commando", cet actioner glasnost réellement spectaculaire et rythmé fait plaisir à voir.

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L'état communiste effondré, Rambo continua d'inspirer les gros bras du cinéma commando moscovite gonflés aux hormones propagandistes. Ainsi l'ultra-nationaliste "Black Shark" (Chernaya Akula, 1993) de Vitali Loukine, repompe de "Delta Force 2", "Rambo 3" et la série "Supercopter". En Afghanistan, une unité Spetsnaz est décimée par de méchants moudjahidines trafiquants de drogue et leurs alliés américains. Seul survivant du massacre, le burné commandant Gousarov monte une mission commando secrète en territoire ennemi pour venger ses hommes et délivrer un de ses soldats fait prisonnier. En parallèle, les services secrets russes ont mis au point l'arme absolue : le Ka-50, super-hélicoptère de combat high-tech destiné à éradiquer la menace afghane, au nez et à la barbe des Rangers américains dépassés par la suprématie militaire russe.

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Pub pour le Ka-50 Black Shark de l'Armée Rouge, cet actioner primaire loue les nouvelles valeurs (l'église orthodoxe et l'apprentissage du tir au lance-roquettes pour les enfants de neuf ans) et affirme la Russie comme superpuissance mondiale capable de battre les Ricains les doigts dans le nez et de regagner la guerre en Afghanistan quand ça lui chante, alors que le pays traverse un des plus grands marasmes économiques et politiques de son histoire. Une thérapie par le déni qu'on pourrait comparer au cinéma reaganien en réponse au traumatisme du Vietnam.

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Avec l'idéologie nationaliste et va-t-en-guerre du régime actuel, l'esthétique ramboesque a de beaux jours devant elle en Russie, en témoigne par exemple ce visuel de la mini-série TV "Vmeste Navsegda" et son couteau sous forte influence.


L'actioner télévisuel "Piranha" (Okhota na Piranyu, 2006) est un survival bourrin dont plusieurs séquences louchent sensiblement vers "Rambo", et nous conte l'histoire d'un caïd du trafic d'armes dont le passe-temps favori consiste à organiser des parties de chasse à l'homme dans la foret façon comte Zaroff. Le vilain a en outre dérober une arme bactériologique qu'il compte revendre à des djihadistes. Les services secrets russes dépêchent l'agent Mazur et sa belle coéquipière (qui a la bonne idée de se désaper à tout va) pour détruire les armes qui menacent l'Humanité entière. Nos héros ne tardent pas à se faire capturer et à être traqués à travers la taïga par le maniaque et ses sbires. Mais l'agent Mazur est un commando d'élite, vétéran du goulag, qui va vite inverser les rôles de proie et de chasseur afin de sauver le monde.

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Pour le fun, signalons aussi le sémillant "Den'D", remake russe de "Commando" réalisé en 2008 par Mikhaïl Porechenkov, qui reprend lui-même le rôle tenu par Schwarzy. Un film d'action très con et nanar sur les bords avec un héros bovin à souhait et une mise en scène particulièrement balourde.

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Autre pont eurasiatique, la Turquie permettra de conclure ce chapitre européen. Dans son si délectable mépris du copyright, le bis ottoman n'a bien sûr pas manqué de nous pondre une pelleté d’œuvres prétendant au titre de Turkish Rambo. En 1983, alors que le pays est toujours sous dictature militaire (et ça se sent dans les dialogues), Cetin Inanç, le plus brillant réalisateur de nanar turc, se lance avec très peu de moyens dans le tournage difficile de "Vashi Kan", qui met en scène son acteur fétiche Cüneyt Arkin dans un des plus décomplexés et délirants plagiats de "Rambo" que nous ait offert la Rambosploitation mondiale.

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L'ancien soldat Riza a été injustement emprisonné pour le meurtre d'un de ses compagnons d'arme, fils d'un puissant parrain de la pègre. Lors d'un transfert à l'occasion de la révision de son procès, Riza fausse compagnie à ses gardes et décide de rentrer dans son village. Mais le chef d'un gang de bikers, qui se trouve être le deuxième fils du parrain, lui en interdit l'entrée et torture Riza au couteau. Véritable machine à tuer, Riza s'échappe dans la foret où il mène désormais une guerre personnelle seul contre tous, tandis que son ancien supérieur tente de le retrouver avant les sbires du parrain. Cet excellent nanar est un remake ultra-fauché mais totalement déjanté, très rythmé et divertissant du film de Ted Kotcheff, et entre deux scènes d'action hystériques et ultra-violentes, Cüneyt Arkin entame une idylle forcément tragique avec une jolie Rambette vêtue d'un ensemble pagne/bandeau rouge pétant des plus kitschs.

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"Vashi Kan" est toutefois surpassé par la suite que Cetin Inanç tourne en 1986 : "Korkusuz", où Cüneyt Arkin est remplacé par le culturiste Serdar Kebabçilar. Sur une trame scénaristique nébuleuse à souhait, ce rip-off s'avère un chef-d’œuvre de nanardise au discours délicieusement nationaliste (on convoque même Atatürk en intro !). Suite à l'enlèvement d'un riche homme d'affaires par des terroristes kurdes, l'armée turque infiltre Serdar dans le camp rebelle dirigé par le très méchant Hüseyin Peyda. Après moult péripéties absconses, Serdar finit par tout faire péter à coups de lance-roquettes sur la musique de "Mad Max 2" au cours d'un final hautement hilarant. Ce plagiat outrancier de "Rambo 2" nous offre pêle-mêle un Serdar mutique et poseur à mourir de rire, de la torture de biceps et du lancer de couteau bruité à la bouche, le tout filmé par une pellicule délavée pour une ambiance 100% psychédélique.

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On ne change pas une équipe qui gagne et la même année, celle-ci nous offre "Intikamçi", qui emprunte autant à "Rambo" et à "Commando" qu'à "Mad Max 2". Serdar Kebaçilar, qui a succédé à Cüneyt Arkin en tant que muse du cinéaste Cetin Inanç, y interprète avec son monolithisme de statue en marbre un nouveau héros dur à cuire revenu dans son village afin de venger son père assassiné par le parrain de la mafia local. Ce dernier lance aux trousses de Serdar ses sbires ainsi qu'un mercenaire moustachu que notre héros invincible affrontera au cours d'un assaut final bourrin farci de morts surjouées.

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Toujours en 1986, le cinéma d'exploitation turc coproduit avec l'Italie l'alléchant "Kasirga" de Nejat Gürsoy. L'acteur italien Maurizio Martina y incarne un journaliste intègre enquêtant sur un gang de mafieux spécialisés dans le trafic de drogue et la traite des blanches. Lorsque les gangsters s'en prennent à ses proches, notre reporter se transforme en commando de choc invincible et dessoude tous les vilains façon "Rambo 2" pour délivrer sa famille prise en otage par la turkish mafia.

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L'année 1986 voit aussi apparaitre sur le devant de la scène l'acteur bodybuildé Sönmez Yikilmaz (l'homme au dent d'aluminium dans "En Büyük Yumruk") dans un diptyque dont le premier opus revendique sa filiation jusque dans son titre : "Ramo" aka "Türk Rambosu" (soit le seul film turc dont le titre original signifie vraiment "Turkish Rambo") de Mehmet Alemdar. Remarquablement fauché et mal filmé (même au regard des standards turcs), ce nanar tourné directement en vidéo est une histoire de vengeance paysanne sur laquelle vient se greffer un bon gros plagiat de Rambo dans la dernière partie. Après avoir été torturé attaché entre deux arbres, et avoir assisté au massacre de sa famille par une bande de brigands, Ramo beugle son désir de vengeance torse nu, pantalon de treillis, bandeau dans les cheveux, bretelle de cartouches autour des reins et armé d'un gros AK-47, prêt à affronter une poignée de sbires moustachus dans la campagne enneigée en plein hiver (une séquence au cours de laquelle l'acteur a bien du frôler l'hypothermie !).

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Bien décidé à ravir à Serdar son titre de Stallone ottoman, Sönmez Yikilmaz rempile dans la suite "Silaha Yeminliydim" (1987) de Ugur Duru. Vétéran de la guerre civile chypriote, Ramazan, nom de code : Ramo, reprend du service lorsque le commandant de son ancienne unité de combat est assassiné par des trafiquants d'armes. Au cours de sa guéguerre vengeresse, Ramo noue comme il se doit une liaison avec la fille du méchant milliardaire chef des contrebandiers…

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Plus Rambo que moi, tu meurs !


LE CONTINENT ASIATIQUE

Sur le terrain du plagiat décomplexé, les Turcs furent battus d'une tête par les Indiens. En Inde, Rambo connut son remake en langue telugu dès 1983 avec "Khaidi" de A. Kodandarami Reddy qui fit de Chiranjeevi une méga-star du box-office indien. Le film démarre très fort avec un décalque plan par plan du début de "Rambo" : le très mutique Suryam est arrêté par un inspecteur de police en patrouille qui lui interdit l'entrée de son village. Rudoyé par les flics, Suryam est assailli par des flashbacks de torture et s'évade du commissariat. Blessé, il est recueilli par l'adorable fille du très méchant seigneur du village. Après une bonne heure de syndicale romance durant laquelle le spectateur occidental ronge son frein, le film s'emballe à nouveau lorsque Suryam s'érige en justicier contre les vilains qui ont assassiné sa famille. La photocopieuse repart alors de plus belle en même temps que le rythme du film. Emprisonné, Suryam s'évade à nouveau, est poursuivi à moto puis traqué dans la foret par la police, avant de revenir tout faire sauter en ville pour se venger. Le film contient un bon quota de plagiat nanar, de cabotinage et de bastons psychédéliques et connaitra un immense succès à sa sortie, au point d'avoir droit à deux remakes et à deux suites avec Chiranjeevi qui seront elles aussi des triomphes commerciaux.

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Évoquons rapidement "Khaidi" de K. S. R. Das et "Qaidi" de S. S. Ravichandra, respectivement le remake plan par plan en langue kannada et le remake plan par plan en langue hindi du "Khaidi" telugu, tous deux sortis en 1984 et qui sont donc par conséquent des plagiats indirects de "Rambo". Passé la curiosité amusé de découvrir le plagiat indien du plagiat indien de Rambo, l'intérêt retombe assez rapidement, l'effet de surprise ne jouant plus et seules surnagent les scènes d'action ramboesques à la sauce indienne, toujours savoureuses. On notera tout de même que ces deux films tentent légèrement de se démarquer les uns des autres en plagiant chacun une scène différente de "Rambo" non-plagiée par "l'original". On saluera également le look top moumoute du méchant de la version Bollywood.

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Le Rambo tollywoodien (Chiranjeevi)…

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… le Rambo sandalwoodien (Vishnuvardhan)…

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… et le Rambo bollywoodien (Jeetendra).


Dans la série des adaptations improbables, "Veta" (1986) de Kodanda Rami Reddy A. titille l'exception culturelle littéraire en offrant une relecture revue et très corrigée du "Comte de Monte-Cristo" d'Alexandre Dumas transposant l'action du roman dans l'Inde sous domination britannique et dans laquelle Chiranjeevi incarne un Edmond Dantès sauce Curry aux méthodes de vengeance hautement loufoques. Ce très beau nanar, qui surfe aussi sur toute la vague des films de cannibales gores transalpins au cours d'une séquence psychédélique que n'avait certainement pas anticipé Dumas, se conclut par vingt dernières minutes de pur délire où le maharadja de Monte-Cristo affronte à lui seul toute l'armée britannique habillé en Rambo et fait exploser les mannequins en mousse des Redcoats à l'aide d'un bazooka auto-rechargeable à munitions illimitées. Rip-off totalement bourrin et décomplexé de Rambo mais aussi et surtout plagiat plan par plan du final de "Rush" de Tonino Ricci (!), cette conclusion digne d'une parodie des Inconnus repousse très loin les limites du nawak.

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Maintenant, ça va chier !


Citons également le film d'action tamoul "Sonthakkaran" réalisé en 1989 par Raja, dans lequel l'action star Arjun Sarja interprète un policier envoyé en prison à la suite d'une accusation de viol. A sa libération, notre héros trouve un emploi de veilleur de nuit qui l'amènera à rendre la justice pour défendre d'honnêtes villageois. Le film a sa place ici pour une séquence de chasse à l'homme désopilante plagiant plan par plan le premier Rambo au cours de laquelle Arjun zigouille un à un tous les sbires lancés à sa poursuite dans la foret.

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En 1990, la superproduction hindi "Ghayal" du débutant Rajkumar Santoshi casse la baraque au box-office local et remporte une flopée de récompenses, dont celle de meilleur acteur pour son interprète principal Sunny Deol. Passés trois premiers quarts d'heure éreintants à base d'humour ronge-bulbe et de mélo familial à se fracasser la tête contre les murs, le film démarre véritablement quand son héros musclé, le boxeur Ajay Mehra, cherche à venger son frère assassiné pour avoir refusé de tremper dans les trafics louches d'un puissant homme d'affaires. Victime d'une machination, torturé et emprisonné, Ajay beugle très fort son désir de vengeance.

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Le film tient davantage du polar hard-boiled que du pur rip-off mais se conclut par un assaut commando explosif du héros-armée-à-lui-seul contre le camp fortifié du bad guy qui retient sa copine prisonnière. En conclusion, malgré un démarrage laborieux, "Ghayal" est un film d'action bourrin indéniablement efficace. Sunny Deol alias Ajay Mehra reviendra d'ailleurs en 2016 dans un "Ghayal once again" réalisé par l'acteur lui-même et le premier opus connaitra trois remakes : "Bharathan" (1992) en langue tamoul, "Gamyam" (1998) en langue telugu et "Vishwa" (1999) en langue kannada.

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De nos jours, Rambo continue d'inspirer les blockbusters indiens comme "Commando: A One Man Army" (2013) de Dilip Gosh, premier volet d'une trilogie porté par les prouesses martiales de l'impressionnant Vidyut Jammwal. Suite au crash de son hélicoptère à la frontière chinoise, le commando d'élite Karan est trahi et abandonné par ses supérieurs et torturé par les communistes pour espionnage. Parvenu à s'évader, notre héros mutique en fuite sauve une jolie fille un peu cruche d'un mariage forcé avec AK-74, un vilain gangster sans respect pour les traditions et toujours fourré sur son smartphone.

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Dans "Baaghi 2 - Le rebelle" (2018) de Ahmed Khan, suite de "Baaghi" de Sabbir Khan et remake hindi du thriller telugu "Kshanam", l'action star Tiger Shroff est un super-soldat tête brulée et über-patriote des Forces Spéciales, "une armée à lui seul" selon son colonel, contacté par son ex-petite amie dont la fille a été kidnappée par des trafiquants de drogue. La sacrosainte séance de torture dans le sous-sol d'un commissariat "n'est qu'un échauffement" pour notre héros qui, après une enquête musclée, prend d'assaut le camp fortifié en pleine jungle des méchants au cours d'un final particulièrement outrancier.

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Suite à ce rip-off couronnée de succès, Tiger Shroff reprendra le rôle de Rambo dans un remake hindi officiel actuellement en préproduction. Le projet a d'ailleurs reçu la bénédiction de Sylvester Stallone lui-même, idole de Tiger Shroff.

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Alliant les codes du ciné populaire indien à l'aspect cradingue des séries Z turques, le cinéma bis pakistanais nous légua certains des opus les plus frappés de la Rambosploitation. "Baghi Qaidi" (1986) de Mumtaz Ali Khan en est un exemple réjouissant de nanardise musquée. L'ennemi/chair à canon du jour est la perfide Albion, l'action se situant en 1931 (mais le méchant dispose quand même d'un gros hélicoptère). Torturé dans un camp de prisonniers, le héros à bandana s'évade en kidnappant la fille du commandant britannique et devient la proie d'une traque déjantée se concluant par un coup de boules mémorable.

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La superstar Sultan Rahi reprend le rôle de l'inspecteur Jasoos, qu'il avait interprété dans le film éponyme de 1977, dans le foutraque "Rangeelay Jasoos" (1989) de Iqbal Kashmiri, une coproduction entre le Pakistan et les Philippines. Quand le gangster Michael charge un tueur moustachu à moumoute ultra-cabotin doté d'un bras-prothèse/foreuse en plaqué or d'assassiner la famille de l'inspecteur Jasoos, notre héros se transforme en invincible machine de guerre en colère. Pour se venger, il arrête de se raser, enfile une tenue commando et séquestre la sœur de Michael dans une paillote au milieu de la jungle. La belle ne tarde bien évidemment pas à tomber éperdument amoureuse de notre Rambo ventru… Malgré quelques longueurs, ce métrage compte son lot de passages rigolos : des fusillades psychotiques, une bombe placée à l'intérieur d'un avion qui provoque non pas l'explosion de l'appareil mais le crash de l'avion sur une montagne (c'était le seul stock-shot disponible), une attaque de nains cannibales (la Philippines Touch) et le combat homérique de Sultan Rahi contre le guignolesque tueur au bras bionique.

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Faisant un doigt d'honneur au copyright, Mumtaz Ali Khan livre en 1991 une relecture très libre de l’œuvre de David Morell avec "Rambo" (!) qui sera accueilli par un flop au box-office local. Joué par la star des films en pachto Ajab Gul, Rambo est un jeune paysan pauvre exploité par un méchant gouverneur et ses séides. Lorsque la sœur de notre héros se suicide pour éviter le déshonneur après avoir subi une tentative de viol de la part du fils libidineux du méchant, Rambo demande justice mais est emprisonné et torturé par le gouvernneur et son fiston. Après une évasion à la Monte-Cristo, Rambo devient le vengeur des paysans opprimés. Traqué par l'armée privée du méchant, Rambo enlève la fille de ce dernier (la ravissante Reema) qui, suivant le cahier des charges, tombe amoureuse de son beau kidnappeur.

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Rambo est une vraie machine à tuer qui canarde comme un parkinsonien en grimaçant et sautant sur un trampoline en contreplongée. Mais Rambo est un peu niais et retombe aux mains du méchant, et c'est le cheval de notre héros qui se charge de libérer les prisonniers et de ronger les chaines de Rambo en lui faisant un clin d’œil ! Bien que peu fidèle à l'original, ce Rambo est un joyeux délire dans la bonne moyenne des films d'action made in Lollywood.

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En 1993, M. Sarwar Khayyal réalise un autre avatar bien barré avec "Rambo 303". Aidé de ses fidèles sidekicks, Rambo est un justicier à bandeau et moustache combattant un odieux politicien véreux et ses sbires. Tel est l'argument de ce réjouissant Rambo pakistanais qui mêle bastons bondissantes, looks outrageusement kitschs, idolâtrie du père-fondateur Muhammad Ali Jinnah, moustaches, zooms et assaut final délirant.

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Production vidéo présentant le faux Rambo le plus nanar de la création, "The Last Blood - Mission Lara Lappa", pondu en 2009 par un certain Zafar Sharif, hésite entre la grosse parodie pouêt-pouêt bien lourdingue et des scènes d'action premier degré totalement hallucinantes. Emprisonné et torturé, le vétéran Jaan Rambo s'évade du commissariat et est poursuivi dans la foret par des flics benêts. Encombré d'un sidekick comique insupportable, Jaan Rambo aura à affronter, en plus de la police, un gang terroriste dirigé par un méchant travelo avec des bigoudis dans les cheveux, ainsi qu'une tribu de sauvages cabotins. Improbable et grotesque sosie emperruqué de Sylvester Stallone, Jaan Rambo devra en outre faire face à un redoutable stock-shot d'hélicoptère piqué au vrai "Rambo" !

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S'il a beau être un des pays les plus pauvres au monde, le Bangladesh n'en est pas moins riche d'une industrie ciné rivalisant avec ses grands frères ennemis pakistanais et indien dans le domaine du rip-off nanar (Banglar King Kong, Banglar Superman, Bangla Robocop…), dont "Commander" (1994) de Sahidul Islam Khokon constitue un ersatz joyeusement nationaliste de Rambo. De retour dans son village après avoir cassé du soudard pakistanais pendant la guerre d'indépendance, le vétéran Biplob (joué par la star Ilias Kanchan) est appréhendé car il a les cheveux longs par un officier de police, ex-collabo ayant persécuté du patriote bengali pour l'oppresseur pakistanais. Traqué dans la foret, notre héros est bientôt recruté par son ancien supérieur le colonel Massoud pour aller délivrer des otages enfermés dans une cage en bambous par un gang de guérilleros. Assaut final bien pété du bulbe au programme.

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Je préfère mourir pour une cause…


Plongé dans une guerre longue et meurtrière avec son voisin irakien, l'Iran fut particulièrement prolixe en commando-flicks ultra-belliqueux et vit une flopée de Rambos islamistes trucider du soldat irakien, massacrer du sbire israélien ou encore casser du très méchant Moudjahidine du Peuple sur grand écran.

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En 1992, Mohamed Reza Aalami réalise une série B à l'américaine avec "Af'i" (The Viper). Un groupe de citoyens tentant de passer illégalement la frontière iranienne est capturé pour être enrôlé de force par une armée terroriste appelée Vipère, dirigée par un aspirant-dictateur mégalomane. Mais parmi les prisonniers se trouve Shahin, un agent infiltré des services secrets iraniens chargé d'enquêter sur le trafic de drogue auquel s'adonne Vipère.

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Bandeau dans les cheveux, couteau de survie dans une main, mitraillette dans l'autre, arc et flèches à têtes explosives dans le dos… la star Jamshid Hashempour incarne une bête de guerre invincible sous forte influence et le dernier tiers du film donne à fond dans le plagiat des deux premiers Rambo. On a donc affaire à un actioner bourrin, divertissant et plutôt nanar sur les bords. A noter que le méchant est joué par Iloosh Khoshabe alias Rod Flash, le Vulcain nœud-nœud de "Vulcan Dieu du Feu".

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Nous retrouvons Jamshid Hashempour l'année suivante à l'affiche de "Akharin Khoon" de Manouchehr Mosayeri. Pour délivrer une jeune mariée kidnappée le jour de ses noces par un gang de bikers, deux héros commandos invincibles (Jamshid Hashempour et son collègue Faramarz Gharibian) font le ménage à coups de mitrailleuse et de bazooka au cours d'un carnage final bourrin à souhait.

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Jamshid Hashempour est à nouveau la tête d'affiche de l'anecdotique mais bourrin "Yaran" réalisé en 1994 par Nasser Mehdipour. Un général (Iloosh Koshabe) apprend que son beau-fils (Jamshid Hashempour) est un activiste politique recherché par les services secrets. Le héros hors-la-loi, sa femme et son sidekick sont alors pourchassés par l'armée commandée par l'implacable général pour une traque en foret dans la veine du premier Rambo…

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La paix signée en 1988 ayant laissé le peuple perse profondément traumatisé par une guerre totale de huit ans, le cinéma de propagande des mollahs cultive le sentiment de revanche national vis-à-vis de l'agresseur irakien en célébrant l'héroïsme et la foi islamiste inébranlable des commandos iraniens et stigmatisant la perfidie sans limites d'Irakiens mangeurs d'enfants. Bourrinage avec force beuglements bovins et ralentis chichiteux, méchants Irakiens rigolards qui laissent poliment le héros pleurer la mort de son sidekick sans lui tirer dessus et Perses invincibles dessoudant du béret rouge par grappes de douze même en venant de s'auto-amputer une jambe sans anesthésie (en sautant à cloche-pied tout en défouraillant à la mitrailleuse !) sont au programme de "Haft Gozargah" (1996) de Jamshid Heydari. Après que toute sa famille ait péri dans un bombardement irakien, un boxeur s'engage dans la Delta Force iranienne. Sa mission : s'infiltrer en Irak pour localiser puis détruire une base de missiles top secrète qui menace la nation…

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"The Hard Target" (Hadafe Sakht, 1997) de Houshang Darvish Pour nous cuisine l'indémodable recette des gentils barbus iraniens contre les méchants moustachus irakiens avec des moyens et un scénario hyper-minimalistes : un groupe commando iranien est attaqué par une patrouille de militaires irakiens. Le gringalet du groupe est capturé et torturé par un cruel tortionnaire irakien très cabotin. Les deux héros bodybuildés le délivrent et nos trois valeureux Iraniens s'échappent dans les marais, traqués par le tortionnaire et ses hommes. Le tortionnaire tue le gringalet, ses deux compagnons d'arme beuglent vengeance, descendent les Irakiens par paquets de douze, puis affrontent le méchant tortionnaire/armoire à glace mano a mano. Et avec ça, le réalisateur parvient à meubler près d'une heure trente de métrage ! Malgré son manque patent d'originalité, le film sera tardivement suivi en 2016 par un "The Hard Target 2".

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Remake d'un film de 1983, "Laneye oghab-ha" (1999) de Reza Safai plagie aussi "Rambo 2" et "Portés disparus" avec son commando iranien devant délivrer un colonel détenu dans un camp de prisonniers gardé par des Irakiens sadiques (pléonasme). Fusillades ringardes, morts grotesques, cartons sur les portraits de Saddam "Evil" Hussein et sur les drapeaux irakiens, bref encore de la pantalonnade nationaliste impossible à prendre au sérieux.

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Coté irakien, la dictature produisit également son lot de bourrinades patriotiques en inversant le manichéisme mais en usant exactement des mêmes ficelles que son ennemi. Rambo fait bien entendu partie des modèles à "arabiser" pour les cinéastes dont le travail consiste à glorifier l'armée dans sa guerre contre l'Iran. Le seul Rambo baasiste parvenu à notre connaissance est "Al-hudud al Multahiba" (1986) de Sahib Haddad, qui s'ouvre sur les exploits d'un super-commando de la Delta Force irakienne. Après avoir accompli avec succès l'enlèvement d'un officier iranien et le vol de plans secrets, un lieutenant moustachu et couillu est chargé par son colonel d'une mission de reconnaissance dans la brousse truffée de pièges. Sa mission est vitale pour sauver la nation car les hordes barbares perses s'apprêtent à fondre sur Bagdad. Ce film de propagande nationaliste et pompeux suit le schéma classique du commando-flick ramboesque avant de se terminer par une spectaculaire bataille rangée se clôturant sur le salut unanime (même de la part des mourants) au drapeau irakien flottant triomphalement à la face du monde. On pourra reprocher à cette superproduction médiocre ses flashbacks barbants et longuets mais il fallait bien expliquer la noblesse de l'engagement des soldats, rappeler le bon droit irakien et vénérer le grand leader…

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On reste en pays musulman avec l'Indonésie du sanguinaire dictateur Suharto, qui exporta jusque dans nos rayonnages VHS quelques films de guerre bien virils et ultra-patriotiques durant la décennie 80, tels que "Commando du diable" aka "Daredevil Commandos" (Komando samber nyawa, 1985) produit par Rapi Films et mis en scène par un certain E. G. Bakker.

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"En pleine jungle, l'attaque sauvage d'un groupe de rebelles par les implacables et sanguinaires soldats Hollandais qui, pour se venger d'un bombardement massacrent tout sur leur passage." Malgré la confusion du résumé de l'éditeur Punch Video, vous aurez compris que l'action se situe durant la guerre de décolonisation indonésienne de 1945-1949. Chargé par la résistance d'attaquer une base hollandaise pour faire triompher la révolution, l'ultra-patriote sergent Hasin (Barry Prima) fait tout péter à coups de bazooka au cours d'un assaut final dantesque.

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Autre film de propagande musclé, "Putain d'enfer" aka "Vaincre ou mourir" (Hell Raiders, 1985) de Gope T. Samtani met à nouveau en scène Barry Prima en compagnie de son épouse Eva Arnaz. Pour venger le massacre de tout un village par les cruels soldats hollandais, Barry et ses copains rebelles prennent d'assaut le quartier général de l'occupant et libèrent les prisonniers qui n'ont pas parlé sous la torture grâce à leur amour immodéré de la patrie. Comme le précédent, cette production Rapi Films est une bonne série B solide et dynamique à l'action non-stop. Le nanardeur y puisera toutefois quelques sources de fous rires grâce à un festival de morts surjouées, un doublage souvent à la ramasse, un patriotisme exacerbé et de vilains Hollandais arracheurs d'ongles et tueurs d'enfants joués par des gweilos ahuris.

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En dehors de ces productions guerrières ne faisant que s'inspirer librement de Rambo, les studios Parkit Films nous léguèrent quant à eux une des contrefaçons les plus nanardes du monde avec "The Intruder" (Pembalasan Rambu, 1986) de Jopi Burnama. Le héros s'appelle Rambu (ou Sambo en version française), il est incarné par un monolithique sosie au rabais de Sylvester Stallone et c'est une bête de guerre cartoonesque. Touriste néo-zélandais de passage en Indonésie, le culturiste Peter O'Brian fut remarqué par le producteur pour sa vague ressemblance avec Sly et aussitôt propulsé tête d'affiche alors que Peter n'avait aucune expérience de comédien.

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Une vague trame d'auto-défense ne sert qu'à amener le héros, trahi et torturé par les méchants, à se mettre torse nu, enfiler un bandeau rouge et partir, couteau de survie en pogne, à l'assaut du camp fortifié des gangsters qui ont violé et tué sa fiancée et Rambu d'y faire un carnage avec son énorme mitrailleuse-bazooka.

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Comme indiqué dans la chronique du site, il s'agit de la version "internationale" du film, "Pembalasan Rambu" ayant par ailleurs connu une autre version destinée au marché local et dans laquelle Peter O'Brian était remplacé par l'acteur du cru Eddie Darmo ! A noter qu'un autre nanar d'action produit la même année par Parkit Films, "The Stabilizer" d'Arizal mettant à nouveau en scène Peter O'Brian (cette fois en clone soldé de "Cobra") fut distribué dans certaines contrées sous le titre "Rambu 2", preuve que "The Intruder" connut son petit succès sur le marché vidéo.

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Co-produit entre Taïwan, la Corée du Sud et Hong Kong, l'excellent nanar "Super Ninja" (1983) de Wu Kuo Jen nous offre deux séquences directement pompées sur le premier Rambo : l'évasion du héros Alexander Lou du commissariat où il était torturé et une traque en foret où Alexander, accoutré comme Rambo, piège un à un les flics teigneux lancés à sa poursuite.

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La fameuse firme hongkongaise IFD usina pour sa part quelques "2 en 1" surfant sur la Rambosploitation, notamment la série pro-ricaine à mort American Force, inaugurée en 1988 par "American Force: The Brave Platoon" de Philip Ko. Pour défendre le "monde libre" contre le péril rouge, le commando de l'American Force doit combattre le commandant Vlasnikov du KGB (cette pure trogne de Patrick FrBezar et son accent russe bidon) qui arme des révolutionnaires communistes ultra-caricaturaux dans la jungle des Philippines. Ouh le vilain ! Heureusement, l'American Force (qui, nous apprend-on, a gagné la guerre du Vietnam) est là pour lui botter le cul.

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Patrick FrBezar reprend son rôle de vilain Russkoff dans "American Force 2: The Untouchable Glory" (1988) de Philip Ko où il est cette fois l'ignoble général Karpov dont le plan diabolique consiste à installer une base de missiles russe dans un village philippin ! Pour aider la résistance anticommuniste locale, l'American Force envoie son meilleur agent, un vétéran du Vietnam joué par le karatéka globe-trotteur Pierre Kirby.

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Comme pour le précédent, le poussif film philippin servant de base au tripatouillage ne présente aucun intérêt (en dehors de la présence de Mike Cohen dans un rôle de Parrain similaire à celui de "Laser Force") mais les inserts occidentaux sont proprement hilarants. Faut dire que des officiers russes du KGB qui s'appellent Hugo ou Corey et boivent du coca en écoutant du rock'n'roll ça fait pas très sérieux.

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Après un "American Force 3: High Sky Mission" se déroulant pendant la guerre du Pacifique, "American Force 4: Soldier Terminators" (1988) de Lee Chiu fait à nouveau se télescoper un banal naveton de guerre philippin avec les escarmouches rigolotes de trois gweilos de l'American Force jouant à la guéguerre dans une jungle/sous-bois de feuillus avec un redoutable gang de terroristes communistes adeptes des morts surjouées.

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Un film d'aventure thaï avec Sorapong Chatree sert de base à "American Force 5: Mission Dynamo" (1989) de Lee Chiu. Vietnam : venus prêter main forte aux Sud-vietnamiens du film d'à coté, deux gweilos de l'American Force (Gregory Charles Rivers et l'impayable Jonathan Isgar alias Catman) décident de déserter. Mais nos héros sont faits prisonniers par le vilain Torotsky et ses terroristes. Heureusement, Mike Abbott et ses boys viennent à leur rescousse.

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Faisant à nouveau main basse sur une série B guerrière thaïlandaise, IFD conclut sa saga avec "American Force 6: Soldier Champion" (1989) de Paul Wong. Cette fois, les gweilos de l'American Force (menés par Jonathan Isgar) s'évadent des geôles d'une dictature communiste en compagnie d'une gweilette du quartier féminin de la prison. Mais un mouton s'est glissé dans le groupe de fugitifs pour mener le méchant jusqu'au QG de la résistance (qui heureusement ne se trouve pas dans le même film).

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Comme IFD, son studio jumeau/rival Filmark ne manqua pas de surfer sur la mode Rambo avec des 2 en 1 ahurissants d'amateurisme. "Fatal Command" (1986), signé du pseudo bidon Victor Sears, viole ainsi un film d'action philippin minable (à nouveau avec Mike Cohen) et y ajoute douze minutes hilarantes de plagiat de Rambo 2 où un commando solitaire surmusclé travaillant pour la CIA est traqué dans la jungle du Cambodge par le KGB. Le héros/machine de guerre américain (qui a un faux air de Nick Nolte) est monolithique à souhait, le méchant Spetsnaz surjoue à fond et les escarmouches miteuses dans un sous-bois hongkongais offrent un spectacle d'un ridicule stupéfiant.

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Le lookalike de Nick Nolte réapparait en 1987 dans une autre production Filmark, "Super Platoon", signé Chris Hannah. Cette fois, c'est un très médiocre film de guerre thaïlandais à l'ambiance assez lugubre qui est caviardé de séquences tournées à la va-vite dans un jardin publique de Hong Kong censé représenter la jungle du Vietnam. Le métrage thaïlandais mettant en scène un commando dirigé par la star Sorapong Chatree parti sauver des Américains faits prisonniers par les communistes, la partie pseudo-occidentale envoie donc une poignée de gweilos en treillis "épauler la section" thaïlandaise à distance. A la suite d'une embuscade, le Rambo occidental tombe aux mains de l'ennemi et est torturé de façon assez trash par les méchants cocos. Seules les scènes grotesques de la partie chinoise surnagent dans ce navet d'une prodigieuse nullité.

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"Mad Moves" (1987) de Tim Ashby (encore un pseudo bidon) vampirise quant à lui un métrage Thaïlandais assez curieux, "Werewolf" de Sommai Khamsorn, nous contant l'histoire d'un ancien soldat (Sorapong Chatree) se transformant la nuit en loup-garou craignos pour combattre des gangsters. Y sont ajoutées une poignée de saynètes dans lesquelles deux mercenaires de la CIA affrontent un gang composé de deux gangsters (Paul John Stanners et le Chinois Chiang Tao) pour soi-disant venger la famille du héros du film thaïlandais dont le héros gweilo serait un ancien frère d'arme.

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Un sous-Delta Force philippin mou est la cible des assauts de Godfrey Ho dans "Top Mission" (1987) où notre ami Alphonse Beni est un agent de la CIA ninja chargé par son colonel de neutraliser un ancien frère d'arme devenu le leader d'une organisation terroriste faisant chanter le Pentagone au moyen d'une prise d'otages. Risible à souhait, "Top Mission" se conclue par un assaut final clownesque où Alphonse, déguisé en Rambo, mitraille du sbire en beuglant avant d'exploser le méchant à la grenade.

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Le délirant "Spécial Commando" (The Undercovers, 1988) du yes-man anonyme Larry Huton charcute pour sa part un sous-James Bond thaïlandais déjà passablement gratiné appelé "Sao 5" auquel il ajoute une intrigue grotesque supposée se la jouer "à la Rambo". Filmés dans un appartement et un sous-bois avec une poignée d’interprètes ahuris, ces inserts sans queue ni tête mettent aux prises un commando de gweilos emmené par un rouquin au regard halluciné censé être le chef de la CIA face à deux terroristes (joués par Paul John Stanners et Brent Gilbert) dont l'organisation menace le monde libre au moyen d'un missile atomique en carton bouilli dans le film d'à coté. Cet excellent nanar drôle et distrayant ne souffre pour une fois pas des habituels passages à vide éreintants propres à la plupart des 2 en 1.

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Probablement réalisé durant la même session de tournage, "Mission d'enfer" (Act of Gangs, 1988) de "Voctor Sears" (sic) nous conte la cavale d'un groupe de bagnards traqués par des militaires dans la jungle. Tandis que les évadés du film thaïlandais "9 Evildoers" assassinent la famille du policier Sorapong Chatree, prennent des otages et recherchent un trésor, le gweilo Paul John Stanners est pourchassé par une troupe de Rambos et nous offre des gunfights d'une grande drôlerie. Hélas, si le doublage français d'une constante nanardise et les twists, fusillades et comportements absurdes des protagonistes du métrage thaï décrochent souvent quelques rires, le manque de rythme de l'ensemble a de quoi ennuyer sévère les spectateurs les moins endurants.

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Vampirisant le film de guerre thaïlandais "Seua Poo Paan", un piteux commando-flick de 1983 avec en vedette le sempiternel Sorapong Chatree affrontant un ventripotent général communiste aussi maléfique que cabotin, "The Spy Inferno" (1988) de "Bruce Lambert" y greffe quelques saynètes amusantes de nullité dans lesquelles deux Américains renégats dérobent des document secrets à l'armée thaïlandaise afin de les livrer à la guérilla communiste. Heureusement pour le monde libre, Washington envoie sur place l'agent spécial n°13, un gweilo à moustache et coupe mulet qui va à lui seul sauver la Thaïlande du péril rouge tapis dans les sous-bois hongkongais.

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"Battle for the Treasure" (aka Stone Blood, 1988) de "Burt Petersen" la joue particulièrement pingre sur les inserts occidentaux, lesquels ont de toute évidence été shootés le même jour que ceux de "The Spy Inferno" et se résument à deux gweilos fringués en Rambo d'opérette se faisant canarder devant un buisson, puis le gweilo survivant observe ce qui se passe dans le métrage d'en face en communiquant par talkie-walkie avec les gentils avant de mourir de façon grotesque d'une rafale tirée dans le film d'à coté. Constituant 95% de l'oeuvre, l'actioner thaïlandais "Tap-tim tohn" tourne autour d'une chasse au rubis sacré au Cambodge avec encore une fois Sorapong Chatree affrontant un vilain général communiste.

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Bien qu'il offre le classique mélange d'un vieux polar chinois et de pirouettes ninjas loufoques, les premières minutes de "Ninja made in USA… Delta Squad" (Ninja Phantom Heroes, 1988) de "Bruce Lambert" sont un décalque plan par plan du début de "Rambo 2" : dans une carrière où s'affairent des taulards, un colonel vient recruter l'un des détenus, un ancien soldat qu'il a commandé au Vietnam, et lui propose la liberté en échange d'une mission secrète en Asie du sud-est pour le compte de technocrates véreux de la CIA. Pas de portés disparus à délivrer mais un ancien compagnon d'arme devenu trafiquant-ninja que le héros devra arrêter avec l'aide de sa contact locale.

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"Hard Justice" (1989) de "Ralph Fillmore" offre tout ce que vend son affiche outrancière : un ersatz de Rambo canardant à toute berzingue, un taxi percutant un avion, un chauve armé d'un fusil à pompe et un chef indien emplumé. Coté thaïlandais, le héros traqué par la mafia dans la cambrousse est hébergé par un sous-Sitting Bull dans son tipi (la scène est censée se dérouler aux States à l'époque contemporaine) et coté hongkongais, un Rambo blond fait des galipettes au ralenti sous les rafales de gangsters voulant mettre la main sur une précieuse relique, le Buddha d'or, tandis qu'un plongeur en maillot de bain faisant de l'apnée sous le sable d'une plage avec sa mitraillette est terrassé, au ralenti également, par une explosion de bombinette à fumée mauve fuchsia. Du grand art.

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En dehors des margoulineries de Joseph Lai et Tomas Tang, d'autres productions HK plus fortunées marchèrent sur les traces du succès de "Rambo 2". Réalisé et interprété par Sammo Kam-Bo Hung, "Condors Commando" (Eastern Condors/Dung fong tuk ying, 1987) situe son action en 1976. L'U.S. Army recrute des taulards pour aller au Vietnam faire sauter un arsenal afin qu'il ne tombe pas aux mains des communistes. Guidé par des résistantes cambodgiennes, le commando est fait prisonnier par les Viêts qui obligent nos héros à jouer à la roulette russe (déjà vu quelque part mais où ?). "Condors Commando" est une sympathique série B mêlant humour, combats d'arts martiaux et gunfights à un rythme effréné.

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Coproduction américano-hongkongaise totalement déjantée, "Karate Tiger 2" (No Retreat No Surrender 2: Raging Thunder, 1989) est un réjouissant cocktail nanar certifié "0% de matières grises" qui offre une parodie pas toujours involontaire de Rambo.

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Sans lien avec le premier "Karate Tiger", ce film d'action mis en scène par l'énergique Corey Yuen nous conte les aventures d'un jeune artiste martial américain (Loren Avedon) dont la fiancée a été enlevée en Thaïlande par de méchants communistes. Notre héros part donc dans la jungle du Vietnam accompagné d'un pote baroudeur (le génialissime Max Thayer) et d'une pilote d'hélicoptère (Cynthia Rothrock) pour délivrer sa copine des mains de l'infâme colonel russe Youri (le roi du cabotinage Matthias Hues).

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Du coté de la République Populaire de Chine, "Code Name Flash" (Shan dian xing dong, 1987) de Chi-Keung Leung, Lei Shih et Yan Zhu prend pour décor la guerre sino-vietnamienne de 1984. En mission commando dans la jungle ennemie, une team de Chinois héroïques mitraille en beuglant des rangées de Viêts aussi sournois que nuls en baston dans ce film de propagande communiste coproduit avec Hong Kong, qui circula en occident nanti d'un doublage anglais de mongolien.

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La Corée du sud produisit aussi son décalque nanar de Rambo grâce au prolifique Shim Hyung-Rae. S'étant lancé, avec la série de son héros gogol Yonggu (incarné par le réalisateur lui-même), dans la parodie de tous les genres cinématographiques imaginables (Godzilla, Dracula, Rocky…), il était naturel qu'il nous ponde en 1990 un "Yonggu Rambo" totalement nawak. Les parodies de Shim Hyung-Rae ont ceci de particulier qu'après une première partie à base d'humour très pipi-caca, le réalisateur se lance en général dans un spectacle au premier degré déstabilisant.

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Ainsi, après que le grassouillet et débile Yonggu, pitre scato enrôlé dans l'armée sud-coréenne, nous ait infligé une première demi-heure en mode "Bidasse en folie", le reste du film aura de quoi surprendre par son changement de ton radical. Alors que notre comique pétomane et son escouade patrouillent dans la jungle du Vietnam, les Viêt-Cong égorgent les compagnons de Yonggu dans leur sommeil de façon très crue et brutale. Et notre anti-héros gaffeur et lourdingue se transforme tout à coup en machine à tuer invincible massacrant des rangées entières de Viêts dans des séquences d'action hallucinantes où Stallone serait remplacé par un nabot édenté et ventru qui aurait le même statut de surhomme gagnant la guerre à lui seul. Le clou du spectacle nous est offert par le combat épique de Yonggu Rambo contre l'arme secrète des communistes, un Predator volant joué par un intermittent court sur pattes dans un costume en carton bouilli !

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Bandeau dans les cheveux, joli minois et bazooka… C'est du Japon qu'arrive la concrétisation des fantasmes de bien des fans : en 1994 apparait sur les écrans une authentique "Lady Rambo" aka "Onna Rambo" aka "Lady Ramboh - Kill you! In my justice". Dû au peu prolifique Ippei Suzuki, ce rip-off féminin met en scène la très belle Mio Takaki, le Capitaine Megumi Iruma de la série "Ultraman Tiga". "Lady Rambo, c'est comme Rambo mais en plus fauché et avec du cul !" semble nous dire le trailer qui précède le film.

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L'agent Miki, alias Lady Rambo, massacre des trafiquants de drogue pendant une fête d'anniversaire. Furieux, le leader du cartel ordonne en représailles de kidnapper et tuer la sœur de Lady Rambo. Alors, Lady Rambo s'en va-t'en guerre dans la jungle des Philippines pour accomplir une vengeance explosive au fusil d'assaut. Mais le Parrain a de son coté engagé une mercenaire d'élite pour affronter Lady Rambo…

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Dernière édition par JACK TILLMAN le 02 Juil 2022 21:04, édité 23 fois au total.

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 28 Jan 2021 20:03 
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Bravo pour tout ce travail super bien documenté.
Et tous ces visuels qui font rêver... Merci.

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Je suis une souris qui se cache des faucons dans la maison d'un corbeau.


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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 28 Jan 2021 20:35 
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Merci beaucoup du retour, Cyborg ! :D

Je tiens à remercier du fond du cœur John Nada et Kobal pour certains visuels ainsi que pour m'avoir très gentiment filé "African Force" et "Lady Ramboh".

Je vais désormais m'atteler à la partie Thaïlande + Philippines. J'ai au passage édité les autres parties du dossier déjà postées auparavant (pages 11, 12 et 14) en ajoutant pas mal de nouvelles jaquettes. :wink:

PS : si quelqu'un connait des Rambo océaniens, je suis preneur de toute info. :wink:

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 16 Avr 2021 7:54 
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En tout cas Jack Tillman un boulot vraiment impressionnant ! Ca en fait des films à visionner !

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 16 Avr 2021 10:05 
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Un point qu'il faudrait ajouter à la définition de série B, c'est que la technique du "double programme" a fait des émules chez les éditeurs de DVD à bas prix. En effet, bon nombre d'entre-eux distribuent souvent leurs films par packs pouvant aller de 2 à potentiellement l'infini, tous plus ou moins liés par une même thématique, l'argument commercial étant davantage centré sur le nombre de films présents dans ce pack et ce qu'ils ont en commun (le genre la plupart du temps) que sur la réputation des films concernés ou des personnes impliquées dedans (exception faite des cas où ce point commun est justement un acteur connu dont on tentera de redistribuer les casseroles).

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 30 Avr 2021 13:13 
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RICO a écrit:
En tout cas Jack Tillman un boulot vraiment impressionnant ! Ca en fait des films à visionner !

Merci ! :D

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 10 Fév 2022 9:58 
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VHSselliser

Se dit d'un élément qui dégrade la qualité de l'image au point de faire passer pour du VHSrip des films pourtant pas édités sur ce support.
Les matte paintings flous baveux qui vous VHSsellise n’importe quelle remasterisation du film (Rico et Kobal)

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 10 Avr 2022 10:18 
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Titre alternatif

Titre secondaire d'une oeuvre, le titre "principal" étant généralement arbitrairement considéré comme tel. Il est courant dans le cinéma d'exploitation de donner un nombre élevé de titres alternatifs à une oeuvre. La motivation étant généralement, dans ce cas de figure, de faire croire à l'acheteur qu'on lui vend plusieurs oeuvres alors que c'est un seul et même film édité sous plusieurs titres ou apposer un titre plus racoleur -donc théoriquement plus vendeur- que celui d'origine.

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 24 Juin 2022 12:27 
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Frankensteinploitation

Films utilisant l'imagerie du monstre de Frankenstein (qui ne s'appelle pas Frankenstein, mais lesdits films font souvent la confusion), réutilisant la thématique du savant fou fabriquant de toutes pièces un craignos monster ressemlblant plus ou moins à la créature éponyme dans un laboratoire généralement miséreux pour des objectifs divers tels que percer le secret de l'immortalité (Frankenstein conquiert le monde), semer la terreur (Dracula contre Frankenstein) ou des motivations lubrique (Lust for Frankenstein).

Le sens du marketing peut également pousser à incorporer "Frankenstein" dans le titre alors qu'aucune créature pouvant lui ressembler de près ou de loin n'apparaît dans le film (Frankenstein Meets The Space Monster).

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 Sujet du message: Re: GLOSSAIRE NANAR
MessagePublié: 02 Juil 2022 21:27 
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Apprenti Nanardeur

Inscrit le: 09 Oct 2006 22:47
Messages: 102
Bonjour.
Je propose "bizutage nanar", avec les poncifs habituels : tartes à la crème, maquillage au bleu de méthylène, tonte ou rasage de la tête...

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Fumer tue.


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