Philippines : République démocratique de l'Asie du Sud-Est composée d'un archipel de plus de sept mille îles. 65 millions d'habitants. Capitale: Manille. L'autre pays du nanar.
L'industrie nanarde.
Les Philippines comptèrent parmi les chefs de file de la production et de l'exportation du nanar dans les années 80, bénéficiant de l'apport technique du cinéma hongkongais (pour ce qui concernait la fourniture du matériel et les travaux de laboratoire notamment) et du soutien logistique et financier des Etats-Unis (notamment des producteurs et éditeurs Roger Corman, et Golan/Globus), voire de pays plus exotiques comme le Malaysia et son producteur Sunny Lim, patron de Sunny Films et bailleur de fonds de la Silver Star Films. Le marché de la série B occidentale, ressuscité par l'explosion de la vidéo, se tourna un temps, pour des raisons évidentes de coût de production, vers cet archipel qui avait l'insigne avantage de posséder au niveau local, un cinéma très actif (et les techniciens qui vont avec), développé depuis la fin des années 40, en grande partie pour des raisons politiques. Le cinéma philippin possède même une "cérémonie des César" bien à lui, qui s'appelle "la cérémonie des FAMAS" (ça ne s'invente pas !), mais qui ne récompense généralement pas les bourrinades de Max Thayer, lesquelles sont destinées avant tout à nos pauvres magnétoscopes caucasiens. Dans les années 80, certaines sociétés de productions prospérèrent avant que l'engorgement du marché de la vidéo due à la surproduction de bousasses tendance Sous-Chuck Norris et surtout la demande des diffuseurs télé pour des produits plus présentables, plus ricains et moins "bizarres" que "Slash le découpeur" ou "Commando massacre", ne viennent ruiner la bonne santé du nanar philippin. Silver Star Films, du nom d'une décoration américaine des anciens du Vietnam (ça en dit long !), reste la société de production nanarde des Philippines la plus connue dans la nanarosphère. Citons encore RonMar pictures, le label de l'acteur Ron Marchini, qui démarra depuis les Philippines, et ajoutons que de nombreux cinéastes bis européens vinrent y tourner des films d'exploitation à peu de frais (Deodato et Lenzi par exemple) . Il reste de cette période des centaines de milliers de VHS aux visuels provocants et bien souvent truqués (l'américanisation du produit est passé par là), à la distribution hésitante, aux accroches racoleuses, aux résumés immodestes et faux, attendant patiemment d'être tirées des Cash Converters
Les acteurs nanars, les réalisateurs nanars.
L'émergence des Philippines comme nouveau centre de la série Z et du nanar, tout comme celle de Hong Kong auparavant, contribua à la déconfiture d'un Bis européen déjà bien mal en point. Aussi, il n'est guère étonnant de retrouver au générique de ces films quelques acteurs caucasiens qui, réduits au chômage sur le vieux continent, se sont laissés tenter par le mirage Philippin. On citera volontiers Richard Harrison (un américain autrefois actif en Italie), sans doute le plus emblématique, mais également d'autres exilés du bis européen, Mike Monty et Gordon Mitchell en tête, ou bien encore des comédiens d'Hollywood en pleine panouille, tels Max Thayer, Linda Blair, le tout mou Chris Mitchum, le débutant Robert Patrick et même cette vieille gouape de David Carradine. L'essor du nanar philippin permit, au surplus, de mettre en lumière quelques tronches d'origines indigènes ou incertaines mais néanmoins inoubliables, comme Ron Kristoff , Mike Cohen, James Gaines, Bruce Baron, le nain boxeur Weng Weng ou Nick Nicholson. Les réalisateurs, généralement transfuges de la cinématographie locale se nomment quant à eux Teddy Page, Jett C Espiritu, César Gallardo et son fils Jun Gallardo (alias John Gale), Charlie Ordonez, Bobby Suarez, Nick Cacas, Eddie Nicart, Danilo "Jun" Cabreira (alias J C Miller), sans oublier bien sûr, le seul qui fut frappé de notoriété : Cirio H Santiago, grand faiseur de post-apocalyptique fauché, accointé avec Roger Corman, l'un des papes du bis américain.
Les nanars.
Dans la pure tradition du bis et du Z, le film d'exploitation philippin s'est spécialisé en "sous" voire en "sous-sous", se contentant de décliner les thèmes et les scénarii à la mode en versions tâcheronées, avec une nette appétence pour les films où tout le monde tire dans la gueule des figurants mal habillés du début à la fin.
La jungle omniprésente s'avère commode pour tourner en décors naturels des sous-Indiana Jones, sous-Predator et tout autre film de baroudeur exotique, avec une assez grande préférence pour les sous-Portés disparus / sous-Rambo 2 où il est question d'envoyer une mission commando récupérer un ricain prisonnier des viet's philippins dans une cage en bambou. Ex : Ultime mission, Opération Cambodge, Vengeance Squad.
Les autres grands thèmes porteurs du cinéma de genre sont ainsi passés au grill : l'actioner burné, tendance "seul contre les méchants" (Laser force), le film de terroriste (Top mission), le film d'autodéfense (Eliminator) et bien sûr le post-apocalyptique (Apocalypse Warriors, Les roues de feu).
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