Le mot du jour:
France :
République situé à l’Ouest de l’Europe. Population 60 millions d’habitants. Religion dominante : l’alcoolisme. Exportations principales : La prétention, la cuisine, les droits de l’homme, les missiles de croisière. Producteur modéré de nanar mais fait de gros efforts ces dernières années pour rattraper son retard.
La France est le pays qui a inventé le cinéma (puisqu’Edison n’a jamais existé). 2 noms évoquent immédiatement la naissance du cinéma français. Les Frères Lumières qui inventèrent le projecteur et réalisèrent de nombreux films très sérieux sur des gens sortant d’usines ou sur des trains rentrant dans des gares et Georges Méliès qui inventa le concept d’effet spécial et le film de Science Fiction. Méliès mourut dans la misère et l'un des frères Lumière patronna la LVF sous Vichy. Le message est clair, en France, le cinéma c’est pas fait pour rigoler. C’est fait pour dire des trucs très sérieux sur des sujets sans intérêts et surtout ne pas critiquer les pouvoirs en place.
D’où un mépris longtemps affiché pour tout cinéma dit populaire renvoyé au rang de production vulgaire pour les masses. Toutefois, il convient aussi de se rappeler que le premier film tourné par les frères Lumière fut un gag navrant à base de tuyau d’arrosage bouché. Cela entraîna une étrange schizophrénie du cinéma français qui oscilla longtemps entre film intello prise de tête et comédie bas de plafond. Le premier faisant chic mais se ramassant au box office, le deuxième rapportant pleins de sous mais foutant la honte à tout le monde.
Tout le cinéma dit de genre vivota assez mal entre ces deux extrêmes, les producteurs partant du principe que non décidément, la science fiction, l’héroïc fantasy, le western, le fantastique… laissez ça aux américains, c’est pas pour nous. Seul genre véritablement indigène qui réussit à sortir son épingle du jeu, la cape et l’épée grâce à des Jean Marais et des Gérard Philippe (et sur la fin Gérard Barray mais qui s’en souvient encore). Jusqu’aux années 60, il y eut bien quelques tentatives de films d’espionnage ou d’aventure mais la faiblesse de leur budget et hélas la fréquente nullité du résultat les condamnèrent vite à la disparition. Seul Marius Lesoeur, l’halluciné patron de la société Eurociné, s’entêta à produire des films de zombis ou d’amazones jusqu’aux années 80.
D’où une relative faiblesse en nanardise. Les films d’auteur quand ils sont mauvais se contentant juste d’être chiants, évitant souvent de passer au stade kitch et sympa et donc par la nanardisation. C’est pourquoi, les productions comiques prirent le relais et le nanar français devint assez vite synonyme de comique lourdingue.
Héritiers du vaudeville de boulevard, tout un tas de petits réalisateurs médiocres se jetèrent sur le film qui fait rire avec plus ou moins de succès et de talent en exploitant tous les ressorts des gags les plus éculés (quiproquos, amants dans le placard, folles tordues, flics ridicules). Chaque période vit se multiplier des niches comiques spécifiques qui connurent leur apogée dans les années 70 et qu’il conviendra de détailler dans des études ultérieures qui disséquera les différentes formes du comique franchouillard : le comique troupier puis de bidasses, basé sur la vie de caserne, quasiment inchangé depuis le début du siècle (le nom des Charlots nous vient à l’esprit), le comique de dragueur qui connu son sommet avec le personnage d’Aldo Maccione et les fantaisies tropézienne de Max Pecas, le comique juif pied noir (qui succède au comique marseillais très années 30) dont le fond du fond est atteint par Philippe Clair, le comique d’ados au lycée (même quand ces ados sont joués par des trentenaires) etc…
Le genre est loin d’être mort puisque les films comiques pas drôles continuent à proliférer sur les écrans (vous les reconnaîtrez facilement, affiche à fond blanc, lettrage rouge, c’est le code comédie pour l’affichage en France). Les thèmes ont légèrement été actualisés mais pas le fond : Films de comiques télé, comique gay, comique des cités, comique bobo, les recettes changent à peine (comparez « Pedale Dure » d’Aghion et « T’es folle ou quoi » de Michel Gerard avec Aldo Maccione ou encore un film des Charlots et un film des Robins des Bois et vous devriez être convaincu).
Autre bizarrerie française, le culte de la personnalité des réalisateurs nommés désormais auteurs est monté à la tête de quelques cinéastes francs tireurs qui font leurs films dans leur coin dans le plus total mépris des conventions classiques du cinéma. Pour un Jean Pierre Mocky, un Alain Jessua ou un Yves Boisset comptez aussi un Jean Marie Pallardy, un Jean Rollin ou un Sergio Gobbi qui tournent des films de dingues dans des conditions quasi amateur mais avec la certitude de révolutionner le cinéma. Ces films étranges et souvent confidentiels ont leurs amateurs mais les bonnes intentions ne suffisent pas toujours et ces louables efforts sont souvent rattrapés par le ridicule…
Ces dernières années un double phénomène a redonné un sérieux coup de fouet à la production nanarde française faisant de Paris l’une des nouvelles capitales du cinéma ringard. Tout d’abord l’arrivée sur le marché du bulldozer Luc Besson. Les bessonneries (terme qui sera aussi défini) productions clinquantes et navrantes fortement marquées par l’héritage bien français de l’humour gras lifté à coup de hip hop et de jeunes de banlieue, font un carton tout en hallucinant tout spectateur équipé d’un cerveau.
Dans la foulée, les producteurs plus traditionnels finirent par comprendre que si les américains cartonnent au box office et que si personne dans le monde ne va voir nos films c’est qu’il y a sûrement un problème. Ils donnent enfin de l’argent pour produire des films fantastiques ou d’aventures.
Manque de bol, incompétents comme peuvent l’être les producteurs français nourris au lait de l’assistanat étatique et télévisuel, ils confierent aux premiers venus des gros moyens, pour peu qu’ils sortent d’une FEMIS quelconque ou qu’il ait fait un peu d’esbroufe en tournant un joli clip ou une belle pub. Gavés d’effets spéciaux (ce qui évite d’avoir à payer un scénariste), écrasés par des castings de vedettes qui se demandent ce qu’elles font là (une fois sur 2, il y a Depardieu ou Eric et Ramzy), tournés par des débutants dépassés par les exigences de leurs financiers, ces nouveaux films de genre se révèlent trop souvent être des ratages qui prennent instantanément un tour risible. 2 cas : soit le réalisateur laissé sans contrôle pête un fusible et fait n’importe quoi (Blueberry, Atomic Circus, Vidocq…), soit englouti par l’inanité du projet et/ou les exigences d’édulcoration des chaînes qui cofinancent, il livre une naserie (Belphegor, Bloody Mallory, les Daltons… ). Evidemment la carrière de certains de ces nouveaux yes man ne dépassera pas 1 film, même s’ils ne sont pas toujours entièrement responsables du désastre final.
Bref, si le cinéma français n’a pas toujours été à la hauteur de sa mission dans le production nanarde par le passé, il a su redresser la barre en générant quelques uns des films les plus jouissivement honteux de ses six dernières années. Dans vingt ans on en reparlera avec émotion comme d’un âge d’or du nanar, moi je vous le dis…