RAMBOSPLOITATION PART 2
LE CONTINENT AMÉRICAIN :Commençons notre tour du monde des rip-offs de Rambo par sa chère Amérique dont il voudrait tant qu'elle l'aime autant qu'il l'aime et par un cas un peu particulier, celui de "Ruckus" de Max Kleven (sorti discrètement chez nous sous les très sobres titres "Destructor" et "Le dévastateur") que l'on aurait tendance à prendre pour un plagiat de "Rambo" s'il n'avait été tourné... en 1980, soit deux ans avant la sortie du film de Ted Kotcheff.
Dirk Benedict (Futé dans L'Agence Tous Risques) y incarne Kyle Hanson, un vétéran du Vietnam traumatisé, évadé d'un hôpital psychiatrique et vagabondant sur les routes. Arrivé dans un village bien redneck, il est agressé par les bouseux locaux et pète les plombs, ce qui lui vaut d'être traqué par le shérif (Richard Farnsworth). Il s'échappe sur une moto, s'enfuit dans les bois, met en pratique les techniques de combat apprises dans les forces spéciales, fabrique un arc et des flèches, bricole quelques pièges à cons, se couvre de boue... Les similitudes sont nombreuses et pour le moins troublantes.
Le ton est assez déroutant, passant du grave au léger voire au grand-guignol et le film oscille entre drame, film d'action et comédie burlesque. Notre héros a une amourette avec la belle-fille (Linda Blair) d'un notable de la ville (Ben Johnson), dont le mari est porté disparu au Vietnam. Leur bluette donne lieu à une très kitsch chevauchée romantique à moto au ralenti, les scènes avec les péquenots sont rythmées par une musique country bien lourdingue et le thème de la réintégration sociale des anciens soldats est à peine développé au profit des séquences de poursuites. L'interprétation mutique de Dirk Benedict, dont l'héroïsme et l'invincibilité sont très appuyés, préfigure curieusement celle de Sylvester Stallone et le spectacle, très gentillet, demeure une curiosité.
Ce visuel danois tente de faire passer le film de guerre philippin "Ultimax Force" de Willie Milan (1986) pour une pseudo-suite de la guéguerre de Dirk Benedict. Un film où des ninjas partent délivrer les soldats portés disparus au Vietnam. Tout un programme...
Comme tous les gros succès, Rambo engendra toute une kyrielle d'ersatz. Mais "Rambo" marqua surtout la renaissance d'un genre, celui du film d'action commando, tandis que "Rambo 2" popularisa un culte du corps masculin et des prouesses surhumaines directement hérité des héros culturistes du péplum italien allié à une vision de la guerre très comic book. Toutes les vedettes (ou futures vedettes) du cinéma musclé firent alors leurs propres hits du genre, et le phénomène de mode devint une compétition de celui qui ferait le film le plus revanchard et testostéroné. Des films qui, en bons blockbusters, engendrèrent à leur tour leurs propres rip-offs. Intéressons-nous d'abord aux grosses productions qui formèrent les piliers de la Rambosploitation, avant d'en examiner tous les gravas à petits budgets.
En 1983, sortit "Retour vers l'enfer" (Uncommon Valor), réalisé par Ted Kotcheff, le talentueux metteur en scène de "Rambo", qui fait partie des représentants les plus nobles des films produits à la suite de l'original. Son postulat très librement tiré de faits réels inspirera bon nombre d’œuvres (dont Rambo 2). On y suit les efforts accomplis par le colonel Carl Rhodes (Gene Hackman) pour retrouver son fils porté disparu au Vietnam. Après avoir localisé un camp où des soldats américains seraient détenus par les Vietnamiens, Rhodes recrute d'anciens compagnons d'armes de son fils (parmi lesquels nous avons la joie de retrouver Reb Brown) pour former un commando qui partira délivrer les prisonniers. Doté d'une interprétation solide et d'une mise en scène carrée, "Retour vers l'enfer" est le premier des nombreux films qui posèrent la question des G.I's qui seraient toujours retenus en otages en Asie du sud-est et aborde dans sa première partie le thème du retour difficile des vétérans dans leur patrie. Un bon divertissement.
Sur le même thème, mais de façon ultra-manichéenne, la Cannon lança son Monsieur Muscles, le karatéka Chuck Norris, à l'assaut des Viêts dans "Portés disparus" (Missing in Action) de Joseph Zito, film qui lança la carrière de notre Chuck vénéré en 1984, lui qui était jusque là cantonné aux séries B d'arts martiaux. Chuck y incarne pour la première fois le colonel James Braddock, vétéran du Nam aux testicules hypertrophiées, retournant chez les niaks pour sauver ses frères d'armes détenus dans la jungle. Il profite donc d'une rencontre diplomatique entre les gouvernements américain et vietnamien pour aller exploser du coco et regagner la guerre à lui seul. Le film contient sa dose de bourrinage, une musique entrainante, un ton pessimiste, et malgré quelques longueurs, l'histoire se suit avec plaisir, surtout grâce à Chuck et ses punchlines décérébrées (entendre Chuck beugler
"Prenez ça dans la gueule, enfoirés d'bridés !" pour ponctuer une rafale offre un sentiment de bien-être et de jubilation inégalable).
"This time he's fighting for his life"...
"Portés Disparus 2 - Pourquoi ?" (Missing in Action II, 1985) de Lance Hool, s'apparente à une version trash du "Pont de la rivière Kwaï". Ce deuxième opus devait au départ être le premier et fut tourné en même temps que le film de Joseph Zito, mais les producteurs le jugèrent moins réussi et décidèrent de ne le sortir qu'après sous forme de préquelle, afin, selon eux, de ne pas compromettre le lancement de la franchise. Pourtant plus rythmée que le précédent, cette "suite" raconte de manière brutale la captivité et les sévices de Braddock et ses compagnons aux mains des Vietnamiens et leur évasion/règlement de comptes. Opposant au maximum le sadisme et la fourberie des Viets à l'héroïsme américain, le film aligne les scènes de tortures et de mises à morts un poil outrancières (grand moment où les Viets crament un prisonnier évadé au lance-flammes lorsque celui-ci tente de s'enfuir en traversant le seul pont reliant le camp au monde extérieur, au risque de mettre le feu à leur propre pont) jusqu'à la vengeance explosive de Braddock et son combat de karaté mémorable contre le chef du camp, que le doubleur français affuble d'un impayable accent asiatique à la Michel Leeb. Un déchainement de violence crétine et d'exaltation patriotique (ne manquez pas le passage du
"président très ému") qui font de cet opus une bisserie réjouissante de bourrinage.
Une affiche turque magique.
En 1987, Braddock/Chuck Norris met les pieds où il veut pour la dernière fois au Vietnam dans "Braddock : Portés Disparus 3" (Braddock : Missing in Action III) sous la houlette de son frangin Aaron Norris. Pour ce troisième opus de la saga, notre héros barbu à bandana part chercher le fils qu'il a eu avec une Vietnamienne qu'il croyait morte depuis la chute de Saïgon. Par la même occasion, Chuck se la joue "humanitaire" en sauvant tous les orphelins d'une mission chrétienne et en liquidant avec son monolithisme habituel des légions entières de Viets communistes et violeurs d'enfants (pléonasme). Un spectacle poétique et raffiné comme Chuck en a le secret.
Avec son coté "Amérique revancharde", "vétéran revenu de tout" et "armée à lui tout seul", le personnage que Chuck Norris s'est forgé et qu'il rejoue à l'identique d'un film à l'autre entretient une filiation évidente avec Rambo et il est clair que le personnage de Stallone a eu une forte influence sur la carrière de notre Chuck vénéré. Évoquons brièvement les quatre autres chefs-d’œuvre les plus ramboesques de sa carrière, à savoir "Œil pour œil" (Lone Wolf McQuade, 1983) de Steve Carver, bonne série B dans laquelle l'invincible Texas Ranger J. J. McQuade s'en va délivrer sa fille prise en otage par un cartel de la drogue au Mexique...
... "Invasion USA" (1985) de Joseph Zito, dans lequel l'invincible agent Matt Hunter est tiré de sa retraite au bayou pour stopper une invasion de terroristes communistes sur le sol américain...
... "Delta Force" (1986) de Menahem Golan, où l'invincible Major Scott McCoy est tiré de sa retraite au ranch pour délivrer des Américains pris en otages par des terroristes communistes du Hezbollah (c'est pas hyper-clair) sur le sol libanais...
... et "Delta Force 2" (1990) d'Aaron Norris, où cette fois le Major Scott McCoy reprend du service pour s'en aller délivrer des agents de la DEA pris en otages par un cartel de la drogue dans la jungle colombienne (l'imagination des scénaristes est proprement stupéfiante !). Des classiques du bourrinage en mode "God bless America" qui ne craignent pas d'user de ficelles déjà bien effilochées et sur lesquels on ne s'étendra pas vu qu'ils ont déjà été abondamment traités sur le site et qu'on les connaît par cœur.
En 1985, "Commando" de Mark L. Lester plaça Arnold Schwarzenegger comme concurrent numéro un de Sylvester Stallone pour le titre d'action star la plus iconique de la décennie. Sorti en même temps que "Rambo 2", le film présentait maintes similitudes avec la franchise de Sly : un héros bête de guerre invincible, un ersatz du Colonel Trautman, un assaut final/vengeance précédé d'un montage viril montrant le héros enfiler son accoutrement commando avant de passer à l'attaque (on remplace le bandeau par le maquillage/camouflage)... Mais le film s'affranchit sans peine de ces quelques points communs par une volonté de dépasser tout ce qui avait été fait dans le domaine de l'action testostéronée, avec un ton nettement plus déconneur que dans "Rambo 2". Un film réjouissant qui créa le Schwarzy-style (violence un poil sadique, vannes décontractées et action qui va toujours plus loin dans l'exagération) et qui sera lui aussi beaucoup copié par de nombreuses séries B sans le sou ni imagination.
Quelques films que l'on ne peut pas vraiment classer comme Rambosploitation pur jus mais dont les succès ont permis de renouveler et prolonger le genre.
Attaquons-nous maintenant aux rejetons plus méconnus et désargentés de la Rambosploitation en commençant par "Soldier's Revenge" signé en 1984 par un David Worth qu'on n'a jamais connu aussi inspiré. John Savage y joue un vétéran du Vietnam, ancien aviateur incarcéré après avoir divulgué à la presse les crimes de guerre commis par l'armée américaine. Libéré, il retourne dans son village natal où il est confronté à l'hostilité de ses concitoyens qui l'accusent de trahison. Pour échapper au shérif et à sa milice de ploucs qui lui ont lancé la chasse, notre héros accepte de transporter des armes destinées aux rebelles d'un pays d'Amérique latine en proie à la guerre civile. Si le manque de budget est parfois flagrant, ce petit film d'action n'en est pas moins une réussite, mettant en scène des poursuites rythmées et bien troussées sur une musique dynamique, des personnages à la psychologie développée, et possédant un ton à la fois désabusé et empreint de pacifisme. Le métrage refuse tout bellicisme et tranche radicalement avec l'esprit reaganien va-t-en-guerre alors en vogue.
Cette année-là, sortait également "Sloane" de Daniel A. Rosenthal. Un film d'action mollasson mais curieux à plusieurs niveaux. On y suit dans un premier temps l'enquête du héros, Sloane, pour retrouver son ex-petite amie kidnappée par la mafia à Manille. Censément à la gloire de l'acteur principal Robert Resnik, "Sloane" est hallucinant pour la simple raison que les auteurs sont parvenus à créer le héros le plus antipathique de tous les temps, de façon semble-t-il totalement involontaire. Sloane est un sombre branleur qu'on tente de nous faire passer pour un héros valeureux, et le pauvre Robert Resnik ne semble pas s'apercevoir du caractère insupportable de son personnage.
En dehors de cet aspect plutôt cocasse (mais assez pathétique), la dernière demi-heure verse dans un total n'importe quoi quand arrive la partie Rambo du métrage : après avoir glandé pendant la première heure, Sloane, en tenue commando, part délivrer des otages emprisonnés dans une grotte aux airs de laboratoire de savant fou kitsch, tire sur tout ce qui bouge à la mitrailleuse, avant d'être attaqué par une tribu de nains cannibales ! Tourné aux Philippines dans des conditions catastrophiques et presque plus épiques que le film lui-même, "Sloane" est une œuvre fascinante par le gouffre qui sépare ses intentions (idéaliser son héros et faire de son acteur la nouvelle star du cinéma d'action) du résultat (un héros odieux et bête comme ses pieds) mais son visionnage demeure assez hardcore.
En 1985, David A. Prior réalise une version métaphysique des deux premiers Rambo avec "Kill Zone", et le résultat se révèle étonnamment réussi. Prior y fait preuve d'un talent insoupçonné dans le domaine expérimental, nous faisant vivre son histoire du point de vue d'un traumatisé de guerre se croyant encore au Vietnam et opérant un retour difficile à la réalité.
Le héros, interprété par Fritz Matthews, est en fait un soldat d'élite effectuant une mise à l'épreuve dans un camp d'entrainement secret reconstituant un camp de prisonniers vietnamien, afin de tester la résistance des soldats en cas de capture. Mais le chef du camp fait montre d'un zèle si excessif dans le sadisme que notre héros n'a plus conscience que la guerre est finie et a recours au meurtre pour s'échapper du camp. Traqué dans la foret par des mercenaires, il tuera ses poursuivants les uns après les autres pour survivre. Il peut heureusement compter sur l'aide de son ami Ted Prior, qui le fera revenir au monde réel au cours d'une scène poignante. Présentant de nombreuses similitudes avec son futur "Ultime Combat", le deuxième film de David A. Prior comme réalisateur est sans doute son plus abouti. Bien que tourné directement en vidéo avec de très petits moyens et contenant quelques craquages nanars, le film possède une ambiance pessimiste, des personnages attachants et de belles prestations d'acteurs de Fritz Matthews, Ted Prior et David Campbell, qui joue le commandant du camp.
Pour son deuxième et dernier film comme réalisateur (on lui doit aussi le mirifique "Forces spéciales"), Edward D. Murphy met en scène "Heated Vengeance" (1985) aux Philippines. Richard Hatch y incarne Hoffman, un vétéran qui retourne au Nam pour rechercher sa petite amie. En arrivant sur place, il est kidnappé par la bande à Bingo, un déserteur devenu trafiquant de drogue qui souhaite se venger de Hoffman depuis que notre héros l'a fait arrêter pour le viol d'une villageoise. Réussissant à s'échapper, Richard Hatch fait l'objet d'une chasse à l'homme à la "First Blood"...
"Dog Tags" (diffusé à la télévision française sous le titre "L'or des Viêts"), également tourné aux Philippines en 1985 par Romano Scavolini, est un film assez trash et étrange filmé dans un style expérimental semi-amateur. Contrairement à ce que l'origine de son réalisateur laisserait penser, il ne s'agit pas d'un bis italien mais d'un bis américain inspiré de l'expérience de photographe de guerre au Vietnam de Scavolini lui-même. On y retrouve des têtes bien connues et appréciées ici comme Jim Gaines, Mike Monty, Romano Kristoff et Nick Nicholson.
L'histoire tourne autour d'un groupe de prisonniers de guerre délivrés des geôles vietnamiennes par un ersatz de Braddock. Les prisonniers se voient confier par leur libérateur la mission de retrouver des documents secrets perdus au cours d'un crash d'hélicoptère. Les documents s'avèrent être des lingots d'or et les héros décident de s'approprier le butin...
Toujours en 1985, évoquons "American Ninja" (Nine Deaths of the Ninja), réjouissant fourre-tout nanar mis en boite par un Emmett Alston en grande forme. A l'image de son générique ringardissime, ce film est un hymne vibrant aux 80's reaganiennes. Le scénario est à la fois hyper-simpliste et joyeusement confus : un car transportant des touristes est pris en otage par des narcotrafiquants aux Philippines. Leur chef exige la libération d'un fanatique musulman en échange de la vie des otages. L'oncle Sam envoie alors une équipe de super agents de la lutte anti-terroriste sur les lieux.
Tout cela n'est qu'un prétexte pour enchainer les scènes nanardes : molestage de nains, découpage de pastèques, piétinage de mannequin en mousse, cabotinage de comédiens en roue libre... jusqu'à l'assaut final contre le camp des méchants dans la jungle, dans la grande tradition du nanar guerrier. Tandis que Shô Kosugi nous régale de pirouettes ninjas, Brent Huff assure quant à lui le rôle du Rambo de service. Bandeau dans les cheveux et méga-mitrailleuse entre les mains, il aligne les terroristes par paquets de douze avec un monolithisme parfait, apportant l'indispensable touche de bourrinage décomplexé à une œuvre qui excelle dans tous les registres.
Désirant apporter sa contribution personnelle à la Rambosploitation, David Winters part au Mexique tourner "La Mission" (Mission Kill, 1986), qui triomphe sur le marché de la vidéo et permet à Winters de fonder sa propre société de production, Action International Pictures (AIP) avec ses acolytes David A. Prior et Peter Yuval. Pour venger la mort de son frère d'armes Cameron Mitchell, le mercenaire Robert Ginty se joint aux rebelles d'une dictature communiste des Caraïbes (Fidel, je sais où tu t'caches !). Au programme : explosions de maquettes, stock-shots, approximations scénaristiques, trafiquants d'armes humanitaires, cocos très méchants qui tuent des enfants pour rigoler et font fusiller des prisonniers politiques pour leur petit déjeuner, le tout saupoudré d'une ambiance désabusée et très 80's.
En 1986, Ronald Reagan est toujours président et le cinéma et la télévision exaltent plus que jamais les valeurs de l'impérialisme américain. En plein succès de la série "Dallas", le réalisateur Dwight H. Little tente une synthèse entre le célèbre soap télévisé et la rambosploitation avec "Hostage Dallas" (Getting Even, 1986). Dans ce modeste actioner au postulat délirant, le moustachu Edward Albert incarne Taggar, un PDG texan milliardaire qui est aussi un mercenaire d'élite, employé par la CIA pour dérober un gaz toxique dans une base soviétique d'Afghanistan. L'opération est menée avec succès par Taggar et son commando (composé de ses analystes financiers !), mais de retour aux États-Unis, un autre grand patron texan, concurrent de Taggar, parvient à s'emparer du gaz et menace de le répandre sur la ville de Dallas. La catastrophe pouvant s'étendre à l'échelle planétaire, Taggar a encore du pain sur la planche.
Avec un pitch pareil, "Hostage Dallas" avait de grandes chances de verser dans le gros nanar qui tâche, mais la compétence de son réalisateur et un budget relativement conséquent l'empêchent de sombrer dans la médiocrité, et le film s'avère au final un bon divertissement, oscillant entre téléfilm tout public et séquences gores typiques du cinéma d'exploitation pour illustrer les ravages du gaz mortel. On se délectera tout de même d'une idéologie texane fortement prononcée, avec des punchlines du genre
"Rappelez-vous du Texas !" quand le héros fait sauter la base des Russes au lance-grenade. Dans ce rôle de héros norrissien (avec le doubleur de Chuck Norris en VF), ce bon Edward Albert offre une prestation attachante et décontractée, au côté de Audrey Landers (vedette de "Dallas") et du bad guy Joe Don Baker.
En 1986, Stuart Rosenberg signe sous le pseudo Alan Smithee "Six hommes pour sauver Harry" (Let's Get Harry) dans lequel une bande de plombiers engage un mercenaire (Robert Duvall) pour libérer un de leurs amis (Mark Harmon) otage d'un cartel de drogue en Colombie. Mais le mercenaire se fait tuer et les amis doivent se débrouiller par eux-mêmes. Malgré la "timidité" de son réalisateur, ce film n'a rien de déshonorant et assure un spectacle honnête, montrant les différentes réactions de chaque protagoniste face à la violence.
Produit par Orion Pictures, "Le camp de l'enfer" (Opposing Force, 1986) d'Eric Karson reprend un pitch voisin de celui du "Kill Zone" de David A. Prior. Les membres d'une unité spéciale de l'US Air Force se portent volontaires pour un entrainement d'élite et sont parachutés sur une ile des Philippines. Ils ne s'attendaient pas à une simulation aussi réaliste : canardés à balles réelles, faits prisonniers et torturés dans un camp disciplinaire en pleine jungle, leurs vies sont menacées lorsque le chef du camp va trop loin et viole la femme du groupe. Leur seule chance : prendre les armes pour s'évader. Un bon divertissement doté d'un joli casting : Anthony Zerbe en chef de camp mégalomane et sadique, Richard Roundtree en maton, Lisa Eichhorn ("Yanks", "Cutter's way"...) en héroïne guerrière, le hongkongais George Cheung (explosé par Stallone dans "Rambo 2") et quelques seconds couteaux du bis philippin comme Jim Gaines et David Light.
Coproduction americano-philippine à la gloire de l'acteur/producteur/scénariste/karatéka Ron Marchini, "U.S. Warrior" (The Forgotten Warrior, 1986) des Philippins Charlie Ordonez et Nick Cacas est le premier opus d'une série de quatre films. Une série très particulière, comme nous allons le voir avec les épisodes suivants, qui débute par la lutte de Steve Parrish, un béret vert oublié dans la jungle vietnamienne, pour venger le massacre des villageois qui l'ont recueilli. Son bourrinage caricatural, son budget minuscule et la combo tee-shirt jaune poussin/oreilles décollées de Ron Marchini en font un beau nanar.
La même année, Ron Marchini reprend le rôle de l'invincible Steve Parrish dans "Terrorist Commando" aka "Jungle Wolf" (toujours du duo Charlie Ordonez-Nick Cacas), deuxième volet de la série des Steve Parrish donc, mais aussi premier opus de la série des Jungle Wolf. Si ça vous semble un peu tiré par les cheveux, sachez que ça se complique encore davantage avec les prochains épisodes.
Pour l'heure, nous retrouvons Steve Parrish, rentré au États-Unis avec le fils qu'il a eu de sa défunte épouse vietnamienne, et à qui la CIA demande d'aller en Amérique centrale secourir un ambassadeur qui a été kidnappé par un groupe de guérilleros. Ceux-ci exigent la libération de leur leader emprisonné. Steve Parrish le fait donc évader puis entre en contact avec une belle révolutionnaire qui doit le mener à l'endroit où l'ambassadeur est détenu. Mais la trahison attend notre héros de tous les bords...
"Terrorist Commando" enchaine généreusement courses-poursuites, bagarres, chassés-croisés et fusillades cheaps à la grande satisfaction de son public vidéophage. Coté look, Ron Marchini est sobrement vêtu d'un treillis noir durant la majorité du film (il dispose en contrepartie de toute une panoplie d'accessoires ninjas) avant de ressortir de nulle part son tee-shirt jaune citron de "US Warrior" pour l'assaut final bourrin contre le camp communiste.
La Cannon, répondant toujours présente à l'appel dès qu'il s'agit de mettre des biftons dans de la bourrinade patriotique et militariste, produit "Dans les bras de l'enfer" (P.O.W. : The Escape/Behind Enemy Lines, 1986), réalisé par Gideon Amir. David Carradine y campe un baroudeur pur et dur chargé de libérer des prisonniers de guerre américains au Vietnam. Mais il tombe dans un piège et se retrouve à son tour aux mains des Viêts, ce alors que la guerre touche à sa fin. Certes, le film est manichéen, le scénario est loin de faire dans la dentelle et David Carradine a autant l'air de bailler en attendant son chèque que d'un héros de guerre désabusé, mais "Dans les bras de l'enfer" n'est pas un nanar pour autant. Loin d'être aussi fun qu'un
"Portés disparus 3", cette série B trop sérieuse est globalement assez ennuyeuse, même si certaines scènes sont plutôt bien amenées, telle que la prise de conscience du traitre de service lorsqu'il se regarde dans un miroir.
Toujours sous les hospices des généreux Menahem Golan et Yoram Globus, citons "Freedom Force" (Mercenary Fighters, 1986), une resucée des "Oies Sauvages" tournée en Afrique du sud par Riki Shelach avec pour héros couillu le fabuleux Reb Brown. Reb joue le membre d'un commando de mercenaires engagés par un dictateur africain pour mater une révolte. Il réalise qu'il combat du mauvais côté. La première heure tient plus de la bonne série B, en dehors de Reb Brown qui nanardise tous les plans dans lesquels il apparait avec ses airs de ravi de la crèche au sourire béat (méga respect, ce mec est génial !). Puis, le dernier tiers donne dans le nanar guerrier le plus crétin. On voit notamment Reb devenir le leader des rebelles qu'il massacrait en beuglant à peine cinq minutes plus tôt. Les autres mercenaires sont joués par Peter Fonda (la jaquette se sent obligée de préciser "fils d'Henry Fonda") et James Mitchum (la jaquette précise "fils de Robert MITCHUM").
Dans un esprit très Cannon-approved, l'ultra-militariste "Riposte Immédiate" (Death Before Dishonor, 1986) de Terry J. Leonard exalte l'héroïsme du bourrin sergent Jack Burns (Fred Dryer) secourant son colonel kidnappé par des fanatiques palestiniens au Liban et vengeant ses hommes vilement massacrés par les terroristes. Film d'action relativement bien ficelé, "Riposte Immédiate" n'en est pas moins un des films les plus bellicistes de l'ère Reagan et ne manque pas de faire la joie des nanardeurs par son ambiance militaire bien basse de plafond.
Pour son unique film, William H. Humphrey livre une bien pâle copie de "Rambo" avec "Day of the Survivalist", sorti en Allemagne sous le titre "Master Blaster 2" afin de profiter du succès rencontré cette même année 1986 par "MasterBlaster l'exterminateur", un petit slasher à base de chasse à l'homme dans les bois n'ayant aucun lien avec cette prétendue suite. Soit disant inspiré d'une histoire vraie, ce survival ultra-mou s'avère être une pénible purge filmée sans la moindre énergie avec des acteurs amateurs totalement dépourvus de charisme. On y voit un vétéran du Vietnam traqué à travers la montagne par un commando de survivalistes paramilitaires persuadés de l'imminence d'un holocauste nucléaire. Le visionnage de ce sinistre navet à la photographie triste étant aussi captivant que de regarder pousser l'herbe, on ne saurait trop vous conseiller de l'éviter.
L'année 1987 est inaugurée par l'assez piètre "Tiger Shark", énième sous-Rambo routinier tourné aux Philippines par un Emmett Alston moyennement inspiré. Des top-modèles sont kidnappées par le dictateur d'un pays fictif d'Asie du sud-est (la Soulanésie) qui compte les vendre à un diplomate soviétique en échange d'une cargaison d'armes. Le fiancé de l'une des mannequins, un ex du Vietnam dur à cuire devenu gérant d'une école d'arts martiaux à Hawaï, part dans la jungle avec ses deux sidekicks pour les délivrer. Filmé comme un épisode de mauvaise série télé, ce commando-flick sans originalité a pour héros le karatéka Mike Stone, qui avait perdu le rôle principal de "L'implacable ninja" de Menahem Golan car il jouait trop mal (c'est dire si son charisme crève l'écran). Très dispensable.
Martin Kove, que le grand public a pu voir dans "Rambo 2", a accompli une belle petite carrière comme vedette de DTV. En 1987, le réalisateur Robert Boris lui offre son "Commando" à lui avec "Steele Justice". Dans cet actioner bourrin au sympathique casting de seconds couteaux, Martin joue, avec son habituelle goguenardise, le vétéran du Vietnam John Steele, ex-flic tombé dans l'alcoolisme qui entre en guerre contre la pègre vietnamienne lorsque celle-ci assassine son meilleur ami et sa famille. Arrêté, notre justicier s'évade et met à sac un arsenal militaire pour aller régler son compte au bad guy, un général Viêt qui l'avait trahi durant la guerre, avec la bénédiction du chef de la police, ravi d'avoir une bête de guerre pour faire le boulot à la place des flics (
"On ne recrute pas John Steele... On le lâche, tout simplement !" annonce sobrement la jaquette).
Une affiche roumaine qui se passe de commentaire...
"Night Force" (1987) de Lawrence D. Foldes réunit un beau casting pour une invraisemblable histoire où des guérilleros anarchistes d'Amérique Centrale kidnappent la fille d'un sénateur (Cameron Mitchell) qui
"ne négocie pas avec les terroristes". Face à l'inaction des autorités, ses camarades de fac (parmi lesquels Linda Blair et Chad McQueen) partent la sauver et croisent la route d'un vétéran du Vietnam (Richard Lynch, pour une fois en héros) qui va les aider. Farcie de plans nichons et d'incohérences, cette série Z réserve son lot d'inepties : l'otage est enfermée nue dans une cage gardée par un nain, les anarchistes sont très hiérarchisés, leur chef est un gros barbu qui ne s'exprime qu'en riant grassement et les jeunes étudiants se changent en commandos invincibles contre toute crédibilité.
Réunissant les baraqués Brian Thompson et William Smith ainsi que ses fidèles Sid Haig, Ross Hagen, Robert Quarry, Dawn Wildsmith et Russ Tamblyn dans son désert californien favori, Fred Olen Ray se fait plaisir en réalisant le bourrin "Commando Squad" (1987). Un agent de la DEA y est capturé au Mexique par des trafiquants de drogue. Sa petite amie et coéquipière se rend alors sur place pour le sauver. Cette série B fauchée enchaine les poncifs habituels : poursuites, explosion d'hélicoptère, traque en foret, tortures, assaut final contre le camp fortifié des méchants, baston à mains nues contre le bad guy...
Guère plus fortuné, "Rage to Kill" (1987) de David Winters nous conte les aventures d'un mercenaire qui s'en va délivrer son frère étudiant en fission nucléaire, retenu en otage par de méchants militaires à la suite d'un coup d'état sur une île des Caraïbes.
Le film est tourné en Afrique du sud et le rôle du mercenaire invincible est tenu par ce cher James Ryan, tandis que Cameron Mitchell joue un espion de la CIA et que le rôle du vilain dictateur échoit à ce cabotin d'Oliver Reed, qui passe davantage de temps à copuler avec des blondes à gros seins dans son jacuzzi qu'à diriger ses troupes alors que l'armée rebelle est sur le point de renverser son régime. James Ryan, qui s'est joint aux révolutionnaires, a en effet mis au point un plan génial qui consiste à faire exploser une centrale atomique pour obliger l'ennemi à déposer les armes. Une stratégie qui nanardise beaucoup le final de cet actioner sympathique auquel on peut quand même reprocher quelques longueurs.
Également en manque de matière grise, "Angel of Vengeance" (War Cat, 1987) de Ted V. Mikels a pour héroïne invincible la farouche Tina, écrivaine partie à la campagne rédiger la biographie de son béret vert de paternel. Elle se retrouve kidnappée et violée par une bande de militaires survivalistes commandés par un paranoïaque persuadé qu'il faut se préparer pour la Troisième Guerre mondiale, même s'il ne sait ni où ni quand elle doit avoir lieu. Tina est ensuite
"traquée comme une bête" dans la montagne par les survivalistes, mais bien décidée à en découdre,
"elle défendra sa vie avec la férocité d'un animal sauvage".
Tina est ainsi une experte ès survie qui tue ses poursuivants un à un en utilisant une technique différente à chaque fois : fusil mitrailleur, pistolet, bazooka, grenade, couteau, pièges à con et même brindille seront des armes mortelles qui auront raison des chasseurs d'homme (pardon, de femme) les plus nuls du monde dans une débauche d'explosions de pixels (la Ted V. Mikels' touch), d'effets gores artisanaux et de bourrinage régressif.
Très sympathique nanar peuplé de protagonistes tous plus idiots les uns que les autres et sublimé par un doublage magnifique, "Angel of Vengeance" fut commencé par le médiocre tâcheron Ray Dennis Steckler, puis fut terminé en catastrophe par le directeur de production Ted V. Mikels lorsque Steckler se brouilla avec le studio. Le tournage commando mit grandement à contribution le système D (certaines séquences furent notamment filmées dans le jardin de Ted V. Mikels) d'où un rendu final des plus foutraque.
Sur un postulat très similaire et avec une connerie aussi jusqu'au-boutiste, David A. Prior nous offre le magnifique "Ultime Combat" (Deadly Prey, 1987). Avec son Mike "le meilleur" Danton au torse badigeonné d'huile, machine de guerre insurpassable, jouant à cache-cache dans un sous-bois avec une armée de mercenaires bras-cassés, ce monument de l'action décérébrée plagie ouvertement "First Blood", mixé avec "Les chasses du comte Zaroff". Ce nanar mythique se signale comme le représentant le plus bourrin de la Rambosploitation.
Une sublime affiche ghanéenne.
L'année suivante, David A. Prior aborde le genre de façon originale avec "Night Wars", improbable crossover entre "Retour vers l'enfer" et "Les griffes de la nuit". Deux vétérans hantés dans leur sommeil par les tortures endurées dans un camp communiste se réveillent avec des blessures sur le corps. Ayant réussi à s'évader mais en abandonnant l'un des leurs, ils reçoivent dans leurs songes l'appel au secours de leur frère d'arme toujours porté disparu. Ils décident de retourner au Vietnam le délivrer... dans leur rêve et vont se coucher armés jusqu'aux dents afin d'affronter leur ancien tortionnaire, le Freddy Krueger de service. Un film étrange avec une approche assez inédite du syndrome de stress post-traumatique.
Toujours en 1988, David A. Prior lance son "Escouade de l'enfer" (Hell on the battleground) à l'assaut des vidéoclubs. Le film réussit l'exploit de montrer la guerre du Vietnam SANS Vietnamiens ni de part ni d'autre ! La valeureuse escouade de bérets verts commandée par Fritz Mattews est encerclée par les troupes russes. Ted Prior part seul chercher les renforts au péril de sa vie. Bourrinage patriotique et anachronique dans la campagne californienne au menu, avec William Smith venu cachetonner en officier paternaliste.
Quand il n'y en a plus, il y en a encore : David A. Prior nous offre en 1988 un de ses meilleurs crus avec "Opération Warzone". Ce nanar délirant nous conte les tribulations de soldats des Forces Spéciales à la recherche d'un mystérieux "général" dans la jungle vietnamienne. Le scénario accumule les twists incompréhensibles, chaque personnage s'avérant un agent double, triple ou quadruple, le film bat le record des musiques les plus inappropriées avec ses patrouilles en territoire ennemi sur fond de jingle de jeu télévisé style "La roue de la fortune" et ses combats rythmés par une musique de mariage faite au synthétiseur, les Vietnamiens parlent avec un accent à faire rougir Michel Leeb, les fusillades sont parmi les plus grotesques de la création, les dialogues sont totalement improbables, les Américains gagnent la guerre à la fin et les trois scènes de bureau avec Joe Spinell en technocrate véreux du Pentagone font l'effet d'inserts tant elles semblent artificielles au milieu du reste. Bref, une réjouissante guignolade.
1988 marque aussi le retour de Ron Marchini dans le troisième volet des aventures de Steve Parrish, "A feu battant" (Jungle Wolf II: Return Fire) de Neil Callaghan. Après sa mission suicide en Amérique centrale où nous l'avions quitté abandonné par la CIA et cerné par une armée de cocos, Steve Parrish rentre aux États-Unis pour retrouver son fils. Mais le petit Parrish Junior (qui porte un tricot jaune poussin comme papa) est kidnappé par des mafieux en cheville avec la CIA qui tuent le meilleur ami de Steve au passage. Après avoir enterré son pote dans son jardin comme un lapin domestique, notre héros, aidé d'une belle blonde, s'en va tout faire péter dans le hangar où habitent les méchants. Un opus aussi bourrin que les précédents avec Adam West en traitre du Pentagone.
Grâce à la relative notoriété que lui a apporté son rôle de méchant dans "L'Arme Fatale", Gary Busey est devenu une vedette de la série B et du direct-to-video. Avec "L'Ultime Recours/A l'épreuve des balles" (Bulletproof, 1988), le réalisateur Steve Carver tente justement un mélange entre "L'Arme Fatale", "Invasion USA" et "Rambo 2". Gary Busey y incarne un ex-agent de la CIA devenu un flic casse-cou faisant régner la justice avec son sidekick noir à Los Angeles. Mais comme la CIA est incapable de gérer le vol d'un super-tank révolutionnaire en carton, l'enlèvement de militaires américains et la menace d'une invasion communiste sans l'aide de Gary, notre héros est rappelé par ses supérieurs pour aller au Mexique mettre une branlée aux ennemis de l'Amérique. Les avis sont partagés au sujet du film entre ceux qui n'y voient qu'un actioner lambda et ceux qui voient en lui un beau nanar bas du front, mais reconnaissons que la nanardise du jeu de Gary Busey, les grimaces de Henry Silva en méchant Lybien et la présence de William Smith en officier soviétique roulant les R et portant toujours sa chapka même à 50° à l'ombre, additionnés à un scénario profondément crétin, font de ce film un divertissement idéal pour qui souhaite se détendre le bulbe en ricanant devant son écran.
Co-produit entre les États-Unis et la Yougoslavie communiste, "Opération Paratrooper" (Private War, 1988) du réalisateur californien Frank De Palma (aucun lien de parenté) mélange de façon légèrement absconse sous-Rambo, slasher et resucée du "Maître de guerre" de Clint Eastwood.
Joe Dallessandro, icône gay d'Andy Warhol, se voit curieusement confier le rôle d'un baroudeur d'élite des Forces Spéciales, traumatisé par le Vietnam. Sergent-instructeur sadique menant la vie dure à de jeunes recrues dans un camp d'entrainement en Italie, Joe Dallessandro est écroué par la police militaire à la suite d'un incident avec une des recrues. Réussissant à s'évader, notre baroudeur, un peu psychopathe sur les bords, entame une violente vendetta qui le pousse à traquer des trafiquants d'armes néo-fascistes à l'aide de pièges à cons bricolés dans la foret. Le script est aussi limpide que le proverbe philosophique de Joe :
"Libère le dragon et tu verras que la vie c'est pas de la tarte."Atypique, le premier quart d'heure de "Phantom Soldier" (White Ghost, 1988) de B.J. Davis l'est également. On y découvre un William Katt à l'air ahuri, coiffé d'une improbable mulette frisée sur le dessus et lisse sur la nuque, évoluant en pagne dans la jungle Vietnamienne (c'est tout juste s'il ne pousse pas le cri de Tarzan en rencontrant des Viêt-congs). Passé ce démarrage de folie, le film se calme et vire hélas au sous-Rambo distrayant mais classique, où William Katt, qui s'est rhabillé et a coupé sa mulette, se retrouve traqué par des mercenaires, lesquels sont commandés par un vieil ennemi revenu au Vietnam pour supprimer notre héros. Le film propose alors les clichés habituels : pièges de jungle, fusillades, tortures, assaut d'un camp de prisonniers... Seule la présence de Reb Brown nous offrant un one man show cocasse en agent de la CIA, dont les apparitions s'imbriquent très artificiellement dans le récit, apporte quelques instants d'hilarité ravie au milieu de ces péripéties routinières.
En 1988 encore, City Lights, la compagnie ultra-low-cost fondée par Joseph Mehri et Richard Pepin avant la mythique usine à DTV bourrins PM Entertainement, produit son avatar de la Rambosploitation avec le très fauché "Payback" mis en boite par Addison Randall. Cette série Z nous sert le postulat suivant : un groupe terroriste, la Strike Force, souhaite s'emparer d'armes révolutionnaires mises au point par la CIA. Le Pentagone engage alors un vétéran du Vietnam pour contrer leurs plans.
Ce film d'action a un gros problème : il n'y a strictement aucune scène d'action durant toute la première heure (pas étonnant, le héros passe son temps à glander au lieu d'agir). Heureusement, il dispose de certains arguments qui lui garantissent un petit taux de nanardise, en premier lieu son casting somptueux. Tandis que Deron McBee et Blake Bahner cabotinent en terroristes, l'interprète principal a tout pour nous réjouir. Il s'agit d'un sosie de Sylvester Stallone nommé Roger Rodd, lequel joue fantastiquement mal. Outre cette révélation masculine, on saluera le choix des actrices recrutées pour jouer les bimbos, qui rivalisent toutes de laideur, à commencer par la "jeune première" la plus repoussante et décatie de l'Histoire du cinéma. Quant à l'assaut final, il est d'un bel amateurisme. Au final, un film bavard, souvent ennuyeux, mais assez fascinant.
Cadeau : un petit échantillon du panel de jeu de Roger Rodd, sous-Sly à la filmo hélas minuscule.
Tourné en Namibie sous protectorat sud-africain, "Le Scorpion Rouge" (Red Scorpion, 1988) de Joseph Zito est une œuvre qui a parfaitement assimilé le message de "Rambo 2" (les Rouges, c'est le MAL !) et en livre une version particulièrement exacerbée. Le monolithique Dolph Lundgren y incarne Nikolaï Petrovitch Rachenko, l'élite des spetsnaz que Moscou envoie en Afrique éliminer un leader rebelle anti-communiste. Sur place, le héros soviétique réalise à quel point les communistes sont méchants et découvre les bienfaits de l'impérialisme occidental (Dieu, le rock'n'roll, le chewing-gum, la bière et le cheeseburger). Ce film d'action primaire fut produit par Warner Bros mais la firme refusa de le distribuer suite au tollé provoqué par sa violation du boycott international contre l'Afrique du Sud et par sa participation à la propagande belliqueuse de Pretoria contre l'ANC et l'Angola.
Avec "Dossier White" (Covert Action, 1988), J. Christian Ingvordsen entame une trilogie ayant pour héros le vétéran du Vietnam Frank White, ici aux prises avec un sénateur véreux de Washington l'accusant de meurtre. Une série de flashbacks nous apprend le pot aux roses : en mission pour la CIA en Amérique centrale, White et son commando de mercenaires ont été capturés par des narco-trafiquants. Après l'habituelle séance de torture torse nu, White et son pote Rick Burns parvinrent à s'échapper. Assoiffé de revanche, Rick Burns a décidé d'assassiner un diplomate/trafiquant en visite à Washington. La CIA charge White de l'en empêcher... J. Christian Ingvordsen interprète lui-même le burné Frank White malgré son charisme d'endive et offre aux amateurs les habituels clichés, mais son film se révèle fort bavard, confus et fauché.
Sa suite, "Choc Troop" (Shocktroop, 1989), également écrite, réalisée et interprétée par J. Christian Ingvordsen affiche l'ambition louable d'offrir un grand film d'aventure épique avec un budget microscopique, mais faute d'un rythme soutenu et d'un scénario qui tienne la route, c'est hélas un peu loupé. Le capitaine Frank White et son commando de la Delta Force sont envoyés en Union Soviétique pour détruire un hélicoptère high-tech volé aux Américains. Mais la mission échoue et White est capturé, torturé et déporté au goulag. Trahi par la CIA, White s'évade et passe en Afghanistan où il se joint aux rebelles moudjahidines contre l'Armée Rouge, réduite à deux tanks et un hélicoptère. Ingvordsen est toujours aussi mauvais, mais son directeur photo Steven Kaman s'en sort mieux dans le rôle du très cruel Spetsnaz qui traque sans relâche l'Américain, tandis que Danny Aiello cachetonne en patron de la CIA et le joueur de NFL Lyle Alzado cabotine en général du KGB.
Dans le direct-to-video cheap "The Game" (1989) de Cole S. McKay, un super agent antiterroriste de la CIA affronte une organisation criminelle kidnappant d'innocents citoyens pour en faire les proies de parties de chasse à l'homme. Voulant venger le massacre de sa famille tuée par le syndicat du crime, le commando bourrin John Kane (Craig Alan) est traqué dans la campagne ricaine par les mercenaires et les ninjas obéissant au cartel, dirigé par un mafioso à borsalino, un officier SS, un émir arabe et un samouraï ! Mais malgré un sacré potentiel, le film n'est pas le nanar espéré.
Malgré la bonne prestation de Stephen McHattie (qui semble cela dit un poil s'ennuyer) dans le rôle-titre, "Erik, soldat de fortune" AKA "Un mercenaire pour l'enfer" (One Man Out, 1989) de Michael Kennedy est un film d'action américano-mexicain mou, fauché et routinier. Vétéran du Vietnam et du Salvador, Erik travaille comme mercenaire cynique au service d'un narco-dictateur d'Amérique centrale jusqu'au jour où il se rend compte que son employeur ne respecte pas les droits de l'Homme ! En dépit de la débilité de ce postulat et du ridicule de la mort du méchant, le film prétend nous livrer un message très sérieux sur l'usage de la torture dans le monde, qui
"continuera jusqu'à ce que ceux qui la pratiquent réalisent son horreur". C'est cela, oui... Enfin, nous on voulait du bourrinage, pas une pub maladroite pour Amnesty International...
Le sous-Nick Nolte Asher Brauner, héros du "Trésor de la Déesse Lune", écrit et interprète en 1989 un diptyque à sa gloire tourné en Afrique du Sud. Le premier opus, "Merchants of War" de Peter M. Mckenzie, met en scène une mission commando poussive et routinière. Le mercenaire Asher Brauner retourne en Angola délivrer un de ses frères d'armes capturé par des terroristes islamistes. Ce film terne, mal filmé et monté n'importe comment avance mollement jusqu'à un final méga-bourrin où le héros américain fait exploser la tribune d'une conférence internationale des nations musulmanes au lance-roquettes.
Sortie la même année, sa suite "American Eagle" de Robert J. Smawley est du même acabit. La femme d'Asher Brauner est enlevée par un de ses anciens compagnons d'armes du Vietnam devenu trafiquant en Côte d'Ivoire. Pendant que le héros seul contre tous affronte une armée pour sauver sa dulcinée, le spectateur s'ennuie poliment devant ce scénario mille fois vu. La seule distraction nanarde vient du cabotinage, certes attendu mais néanmoins salutaire, de ce cher Vernon Wells en méchant, contrastant avec l'inexpressivité totale d'Asher Brauner.
S'inspirant à la fois de la saga Indiana Jones et de "Rambo 2", David Winters dirige l'immense Robert Ginty dans le sympathique "Code Name : Vengeance" (1989). Robert y joue un mercenaire sorti de prison par un technocrate véreux pour aller en Afrique secourir la famille d'un chef d'état kidnappée par des terroristes musulmans menés par James Ryan. Un aventurier rigolard (Cameron Mitchell) et une bimbo de la CIA (Shannon Tweed) l'accompagnent dans sa mission.
Ayant délocalisé son lieu de tournage habituel, David A. Prior passe des sous-bois californiens aux sous-bois d'Alabama pour reconstituer les jungles vietnamienne et amazonienne dans "Patrouille dans la jungle" (Jungle Assault, 1989). Inutile de dire qu'essayer de faire passer un jardin publique aux pins clairsemés (visiblement filmé en plein automne en plus) pour la jungle tropicale a de quoi faire sourire. D'autant que le scénario est un catalogue de clichés : un général à la retraite de l'U.S. Army (William "ça cachetonne" Smith) demande à deux de ses anciens soldats (Ted Prior et William Zipp) de sauver sa fille embrigadée dans une organisation terroriste en Amérique du Sud. Tombant dans un piège, l'un des mercenaires est fait prisonnier tandis que l'autre est traqué dans la "jungle" par les terroristes pour l'éternel remake de "First Blood".
D'une misère effarante (il faut voir l'allure de la base communiste !), ce commando-flick patriotique offre une galerie de personnages bas du front, des figurants aux trombines pas possibles et des scènes d'action risibles, dont la plus belle est sans doute celle qui voit William Zipp attraper en sautant un hélicoptère volant au moins à dix mètres au dessus de lui et le méchant vider deux chargeurs à trente centimètres de son front sans l'atteindre. Comme la plupart des œuvres de David A. Prior, "Patrouille dans la Jungle" fait polémique au sein de la communauté des nanardeurs entre ceux qui le classent sans hésiter dans la catégorie des navets chiants et ceux qui estiment qu'il a parfaitement sa place parmi les nanars cheapo-discount bidonnants.
La même année, David A. Prior, décidément abonné aux Rambo du pauvre, embauche Michael Wayne, l'un des fils de John Wayne, pour lui faire jouer le méchant de "Rapid Fire". Dans cette resucée ultra-fauchée de "Invasion USA", Michael incarne, avec force cabotinage et grimaces de constipé, un vilain mercenaire faisant évader un terroriste islamiste grâce à un méga-fusil d'assaut futuriste. Le chef magouilleur de la CIA (Joe Spinell, dans son dernier rôle) oblige alors un ancien commando à reprendre du service pour aller tout faire péter chez les terroristes et par la même occasion, régler un vieux compte avec le méchant mercenaire... Encore une "priorerie" qui est loin de faire l'unanimité au sein de la communauté nanarlandaise. Un seul élément est susceptible de plaire à tout le monde, c'est le réjouissant sidekick du héros, un sosie de ZZ Top appelé Papy, érotomane super-cool passant son temps à picoler des bières en compagnie d'une bande de playmates dans une piscine en forme de phallus et qui meublera le générique de fin en affrontant sans raison un ours dans un bar à routiers une fois la mission accomplie !
Produit, écrit, interprété par et à la gloire de William Zipp (mais si, souvenez-vous, le sidekick qui meurt dans les bras de Mike Danton dans "Ultime Combat" !), "La Légion de l'Aigle" (Order of the Eagle, 1989) de Thomas Baldwyn est une petite resucée poussive de Rambo dont la jaquette aura fait saliver bon nombre d'amateurs de nanars en le faisant passer pour un plagiat de "Cobra" avec en vedette le frère de Sylvester Stallone, Frank. Sauf que Frank n'apparait en réalité que cinq minutes en méchant technocrate dans un bureau. Le véritable héros est William Zipp, qui incarne un vétéran du Vietnam moustachu tiré de sa retraite par de méchants terroristes à la recherche d'une disquette top-secrète disparue au cours d'un crash d'avion dans la foret. Cette production AIP semble vouloir viser un public familial mais échoue à livrer un spectacle un tant soit peu palpitant, la faute à un scénario archi-prévisible et à une réalisation sans âme.
Produit par Roger Corman, "Heroes stand alone" (1989) de Mark Griffiths plagie quant à lui la première partie de "Predator" : un avion de la CIA s'écrase dans la jungle d'un pays d'Amérique centrale au nom à coucher dehors, le San Pedro. L'Oncle Sam envoie alors un commando de mercenaires d'élite récupérer la petite boite noire de l'appareil. Mais des Soviétiques et des guérilleros cubains sont également à la recherche du lieu du crash. Bourrinage pyrotechnique en perspective...
Pendant sa longue traversée du désert cinématographique, Peter Fonda tient la vedette du mou du genou "Fatal Mission" (Enemy, 1989) de George Rowe, film dans lequel il retrouve Jim Mitchum. Agent de la CIA, Peter est envoyé assassiner un leader communiste au Vietnam. Obligé de fuir à travers la jungle, il devra faire équipe bon gré mal gré avec une espionne chinoise jouée par la débutante Tia Carrere. Tourné aux Philippines (avec une apparition éclair de Nick Nicholson en pilote d'hélicoptère), ce film d'action, plombé par une mise en scène somnolente, se révèle assez oubliable.
Plagiat désargenté de "L'Homme de Prague" de Charles Jarrott, "Vengeances" (Ministry of Vengeance, 1989) de Peter Maris met en scène John Schneider dans le rôle d'un pasteur ancien du Vietnam parti au Liban venger sa famille tuée par des terroristes. Le film ne va pas au bout de son concept car on ne verra pas le héros casser du djihadiste habillé en prêtre. On se console avec un beau casting : George Kennedy en révérend, Yaphet Kotto en traitre de la CIA, James Tolkan en ex-supérieur du héros devenu sergent-instructeur d'une section d'élite nous régalant de répliques comme
"Tu t'es gouré d'cible, du con !" ou
"J'ai connu un escargot qui grimpait plus vite que ça !" à l'adresse de ses recrues...
Toujours en 1989, John Garwood réalise un "Violent Zone" assez What The Fuck dont l'intrigue est particulièrement obscure. L'intro raconte une vengeance entre un Marine et un soldat japonais sur une île des Philippines durant la Seconde Guerre mondiale. Quarante ans plus tard, un milliardaire dont le fils est porté disparu au Vietnam recrute une équipe de mercenaires pour aller à sa recherche. Rassemblés sur l'atoll philippin du début, les mercenaires sont la cible d'un ennemi invisible. On suppose qu'il y a un twist mais on n'y comprend que dalle. Tout juste suppute-t-on qu'il s'agit d'une embrouille de la CIA...
Dans la catégorie des nanars de type "shoot'em up", "Rescue Force" (1989) du belge Charles Louis Nizet se pose en champion de la pyrotechnie bordélique. Série Z bourrée de faux raccords et autres scories techniques, abusant du remplissage à un point indécent, le film se résume essentiellement à une démentielle bataille rangée explosive entre un commando de bimbos sexy et de baroudeurs grassouillets et décatis et une organisation de terroristes palestiniens coiffés de torchons à carreaux. Entrainés par une tortionnaire du KGB à la "Ilsa tigresse du goulag", ces terroristes ont kidnappé un ambassadeur américain et sa fille, obligeant la Rescue Force à partir au Moyen-Orient leur mettre la pâtée. Tourné dans le désert du Nevada, ce chef-d'œuvre de bourrinage bénéficie de la participation du colonel Bo Gritz (qui aurait, parait-il, inspiré le personnage de Rambo !) et du majestueux Richard Harrison en bête de guerre à bandana massacrant des rangées de figurants moustachus à la mitrailleuse.
Mais attention ! Voilà que se profile à l'horizon la chute du mur de Berlin qui sonnera le glas de la rambosploitation. Avec la disparition de l'indispensable ennemi communiste, c'est tout un pan de la pop-culture et l'un des genres les plus emblématiques du nanar qui vont s'éteindre. A suivre...