Pour me mettre dans l'ambiance avant d'aller voir ce film, je suis allé à la médiathèque François Truffaut, qui se trouve aux Halles, à Paris, et où on peut trouver le hors-série Starfix consacré à Gwendoline. Il est en libre accès et empruntable. D'ailleurs j'en profite pour dire que l'abonnement aux médiathèques de Paris est gratuit, donc allez-y, empruntez ce hors série, pour créer l'étonnement des bibliothécaires face à cette étrange statistique de prêt.
Bref, autant dire qu'après avoir lu les 64 pages de dossier de presse... euh pardon d'investigation très sérieuse, j'étais chauffé à bloc. Un grand film d'aventure, du bondage, des décors de Schuitten, et Zabou en string de cuir, la classe.
Bon, y a bien tout ça dans le film, mais c'est tout de même bien kitchou. Pour l'aventure, on pense beaucoup aux pubs pour les clopes qu'on pouvait trouver dans les magazines de l'époque : le mec en jean mal rasé, dans le désert, avec cette lumière si particulière aux années 80. Une chine plus vraie que nature reconstituée en studio, ce qu'on ne voit PAS DU TOUT. Et évidemment, tout le monde sait que les sbires chinois sont des Bruce fake. Pas compris le coup de Gwendoline qui voyage en clandestin dans une caisse : c'est pas censée être une aristocrate ? Et comment elle a réussi à survivre pendant la traversée ?
Pour le scénario, y a pas grand chose à dire : la bande-dessinée parle d'une meuf un peu gourde qui se fait tout le temps kidnapper, prétexte à être montrée dans des positions plus ou moins suggestives, plus ou moins nue, très attachée, et est sauvée par une fille mystérieuse appelée U89 (qui deviendra le nom de code de Zabou une fois chez les amazones). Donc, là, Gwendoline est une cruche, qui se retrouve constamment prisonnière, et qui est prétexte à des plans nichons au fur et à mesure que le film avance. On notera la finesse avec laquelle ceux-ci sont amenés : oh, on est tombée dans l'eau, faut qu'on sèche notre linge. Ou Willard qui dit : "les filles il pleut, faut vite que vous enleviez votre chemise !".
La tonalité du film est très étrange : d'un côté on a un film d'aventure très simple (voire bête), presque destiné aux enfants (la scène où les héros sont poursuivis par les cannibales, façon Tom et Jerry, avec un décor et les gens qui passent par tous les coins du décor), d'un autre on a des scènes un peu gores (les oreilles arrachées), et du cul pas vraiment cul (la seule scène où elle fait l'amour, elle a une énorme cape qui cache tout et d'ailleurs Bernadette Lafont s'en plaint), qui placent le film dans le divertissement pour adulte.
La fin du film, avec les amazones, est complètement en décalage avec tout le reste : l'univers SM est classe sur le papier (les dessins de préparation sont bien, on parle quand même d'un des créateurs des cités imaginaires), mais ça sent fort le polystyrène à l'écran. On a l'impression que tout risque de s'écrouler d'un moment à un autre. D'ailleurs quand l'une des amazones est transpercée par un pic, le truc bouge, comme s'il était en plastique.
Un autre aspect intéressant du film est l'incapacité de Jackin à tourner une scène d'action. Indiana Jones avait repris les mécanismes du Serial pour les moderniser. Jackin reprend le délire, tel quel, avec une mise en scène super statique, ou juste nulle (la scène des pony girls, pas franchement bien foutue).
Grosse performance pour le scientifique et ses "Superbe vous êtes superbe", encore une rupture de ton incompréhensible.
Dernier point : la musique de Pierre Bachelet est infernale : dans le numéro de Starfix, il explique qu'il aime bien utiliser ses compositions personnelles quand il fait des B.O. Moi je dis : quand Aphex Twin utilise des compositions à lui pour se débarrasser de commandes de remix qu'on lui fait, ok. Mais quand Bachelet enchaîne douze mille variations sur l'an 2001 (d'ailleurs j'ai toujours détesté ce morceau, vu que j'ai eu 20 en l'an 2001), et balance la musique du jambon herta pour la scène de la brindille (je pense que c'était ça le lien mort répertorié sur le forum), c'est juste pas possible.
Bref, si j'ai osé être un peu critique sur la chronique de Zord, lors de sa parution, je me rends compte après avoir vu le film de la grande précision avec laquelle elle décrit le film.
Merci donc Zord, et merci Just, pour ce grand moment d'aventure, de crocodile en carton, et de plans nichons de Zabou.