Fortress 2
Catégorie: SF-Ringarde
Genre: L'évadé d'Alcatraz-trophe
Année: 1999
Pays: Etats-Unis/Luxembourg
Durée:1h29
Avec: Christophe Lambert, Pam Grier, Liz May Brice, Anthony C. Hall, Patrick Malahide...
Réalisateur: Geoff Murphy
Au cinéma, c'est connu, tout succès plus ou moins relatif, implique une, voire plusieurs suites. Généralement en dessous de l'original, ces séquelles ont bien souvent un but assez mercantile visant à profiter d'un filon qui a déjà fait ces preuves auprès du public. Toutefois, il y a une autre raison qui peut servir de prétexte à remettre le couvert, même lorsque ça sent le réchauffé, c'est celle de relancer la carrière d'un acteur en perte de vitesse qui, retrouvant les personnages de ces gloires passées, pourra espérer bénéficier d'un second souffle.
Est-ce à cela que pensait Christophe Lambert lorsqu'il enchaîna la même année ce Fortress 2 et Highlander:Endgame, autre saga phare de notre ami et qui fait figure de cas d'école lorsqu'il s'agit de parler de "suicide artistique" ? Peut être, toujours est-il qu'avec ces deux films, auxquels il faut ajouter le cataclysmique Beowulf sortie à la même période, notre cricri d'amour allait s'embourber d'avantage dans les marécages poisseux du sympathiquement mauvais et nous offrir trois magnifiques fiascos.
C'est sept ans après le premier opus que nous retrouvons donc John Brennick qui, toujours menacé par le terrible consortium Men-Tel, vit caché dans les sous-bois aux côtés de sa femme et de son fils.
Une fois de plus, Lambert est contre tous.
Bien vite, d'anciens compagnons d'arme reapparaissent dans la vie de notre héros, lui demandant de sortir de l'ombre afin de mener la révolution contre la dictature. John n'a même pas le temps de refuser cette proposition, que des agents de Men-Tel surgissent à leurs tours pour tenter de kidnapper tout ce beau monde. S'en suivra une course poursuite au terme de laquelle John, après s'être fait prisonnier tout seul dans un tunnel puis en sortir par je ne sais quel miracle, se fera capturer comme une grosse buse par un vulgaire filet de pêche avant d'être achever par un coup de spray mentholé dans la tronche.
Ah ben ça servait d'éliminer un hélico au lance-roquettes, tiens… .
Bref, voilà de nouveau John aux mains de ses ennemis qui vont une fois encore l'enfermer dans un pénitencier de haute sécurité, d'où il cherchera à s'échapper d'autant plus que, comme nous l'apprend la jaquette: "cette fois ci, la prison n'est pas seulement une cage, c'est aussi un enfer".
A ce stade, nous pouvons d'ores et déjà dire que l'auteur de l'accroche y est encore une fois allé un peu trop fort dans l'envolé lyrique et ampoulé, car il faut bien l'admettre, la super forteresse fait bien pale figure. Certes, on est loin de la misère clinquante d'un Space Mutiny ou d'une production Ciné Excel, mais si vous additionnez quelques couloirs, quatre ou cinq pièces à tout casser et des ordinateurs à droite et à gauche pour simuler un coté high-tech, vous tenez un budget décor qui, malgré un cadrage serré du réalisateur et une image très sombre, a bien du mal à donner le change dans le registre de la super production gavée de thune.
Comme il devait rester un peu d'argent dans les caisses, les producteurs ont décidé d'allouer ce qui leurs restaient en crédits aux effets spéciaux. Pour un film prenant place dans un contexte spatial, ils ont d'ailleurs fait preuve de pas mal de modération concernant les plans sensés se dérouler dans le cosmos, apparemment conscients des limites de l'infographie moldave. Cela ne les empêchant pas pour autant de nous refaire le coup de l'explosion dans l'espace, qui en avait déjà fait marré plus d'un dans Armageddon, au détail près que l'effet de flammes ressemble plus à celui de Simon Sez que du blockbuster de Michael Bay, ou encore d'intégrer des électrocutions digne d'un téléfilm des années 80. Histoire d'économiser, on peut aussi ressortir du placard un mannequin en bois, qui bien que furtif, fait toujours son petit effet.
Un joli enchaînement, lancée de mannequin, faux raccord et effets spéciaux pourris.
Des incrustations en mousse.
Cela dit, on se moque mais fallait bien payer les comédiens. Prenez Christophe Lambert par exemple, il n'est pas venu pour rien, même si son jeu d'acteur aurait quand même pu rebuter les investisseurs du film. Bien qu'à certains moments, il semble très concerné et se donne à fond pour rendre crédible son personnage, à d'autres, le naturel reprend le dessus et Christophe fait preuve d'une mono expressivité carabinée, comme dans cette scène le voyant se faire très ouvertement draguer par une charmante demoiselle.
Non, cet homme ne s'est pas vu proposer une blanquette de veau, mais bel et bien une partie de jambes en l'air.
En même temps ça se comprend, Totof, il est pas là pour faire des folies de son corps, faut pas oublier qu'il doit s'échapper à tout prix.
Dans cette optique, tous les moyens sont bons et sa première arme contre l'oppression sera la stratégie. Comme chacun le sait, élaborer des plans complexes est souvent la clé de la réussite sauf si bien sur, vous vous appelez Maurice et que vous souhaitez remplacer Robert par Larry tout en faisant violer Rose, afin que Georges épouse Jenny, là c'est plus délicat. Avec Christophe, cela reste beaucoup plus sobre, ce qui ne l'empêche pas toutefois d'arriver à des cheminements pour le moins tortueux. C'est ainsi que dans le cadre de son évasion, John décidera de pirater le système de vidéo surveillance de toute la base avec une simple télécommande et l'aide de l'un de ces codétenus. Le circuit dérivé en quelques bidouillages, John peut placer sur les moniteurs du complexe une séquence d'image de sa copine prenant une douche afin de distraire les gardes, qui même après plusieurs visionnages de la boucle ne se rendront pas compte de la supercherie. Une astuce qui permet surtout de justifier quelques plans dénudés histoire d'appâter le mâle qui pourrait passer par là.
Hop, hop, hop un caps seulement, point trop n'en faut.
Continuant sur sa lancée, notre héros décide ensuite de placer un implant dans le système nerveux d'un cafard pour voir à travers ces yeux les différents codes d'accès du complexe. Dans un premier temps, Brennick pourra compter sur sa bonne étoile concernant la réussite de sa folle entreprise, puisque la blatte ira tout naturellement là John le souhaite sans qu'il ait besoin de la commander à distance. Hélas, la chance, et surtout les délires du scénariste, ne durent qu'un temps, et l'insecte périra écrasé par une porte. Un détail qui pourrait d'ailleurs ne pas retenir notre attention si le metteur en scène n'avait pas choisi cet instant précis pour définitivement péter un câble en nous infligeant une séquence émotion, avec violon, larmes et tutti quanti, lors du décès de l'insecte. A moins bien sur, qu'il était tout a fait conscient de ses actes et qu'il cherchait à saluer la mémoire de l'un des meilleurs comédiens du film, ça reste possible aussi.
Une astuce lu dans "L'évasion pour les nuls: 100 façon d'échapper à ses tortionnaires".
Peu avare en bravoure, notre héros va devoir également déployer des montagnes d'ingéniosité, de courage et même de sagesse, pour parvenir à ses fins, en volant discrètement une arme à un garde pas très futé ou en survivant au froid intersidéral, par exemple. Le clou de cette détermination à toute épreuve est toutefois atteint lorsqu'il se voit contraint de survivre dans l'espace sans aucune combinaison de survie. Et bien même là, rien n'arrête John Brennick: il relève son col, respire un bon coup et après avoir été projeté en dehors du vaisseau, retient son souffle, nage dans le cosmos et force de l'extérieur un sas d'ouverture, pour rentrer à nouveau dans la navette et cela sans presque aucune blessure, tout juste un petit saignement de nez. Preuve qu'en fait, quoiqu'en dise les grosses pontes de la NASA, voyager dans l'espace ce n'est pas plus dangereux qu'une randonnée en montagne.
Ah, ça vous la coupe!
La philo selon Christophe: vous avez deux heures.
Lambert n'est toutefois pas la seule tête d'affiche et un autre nom célèbre vient également se greffer au générique, en la personne de Pam Grier jouant ici un rôle parmi les plus dispensables de toute l'histoire du septième art. Apparemment présente pour une seule journée de tournage, on sent que l'actrice principale de Jackie Brown, est venue cachetonner sans vergogne, histoire d'apparaître dans quelques scènes et, surtout, de renflouer son compte en banque. Il faudra d'ailleurs attendre la fin du long-métrage pour se rendre compte qu'elle joue bien dans le film, ses premières apparitions se faisant par écrans interposés, ce qui aurait pu nous laisser croire qu'elle n'a pas tourné les séquences où elle figure en même temps que ces petits camarades. Sa rare présence à l'écran ne l'empêchera cependant pas d'asséner à l'un de ces interlocuteurs
une réplique digne d'un Chuck Nooris en grande forme.
Monsieur Tarantino est prié d'aller rechercher madame Grier à l'acceuil.
Le reste du casting est, quand à lui, peu connu du grand public mais toujours frais et dispo lorsqu'il s'agit de donner dans les gros clichés qui tachent. Pour commencer, nous aurons droit au sempiternel black faire-valoir, blagueur et très crispant ainsi qu'à des méchants russes, preuve que certaines choses ne changeront jamais, même dans les régimes les plus totalitaires. Mais ça ne s'arrête pas là et on peut aussi ajouter d'autres poncifs propres aux longs métrages se plaçant dans des univers carcéraux. Ainsi pêle-mêle, on retrouve des gardes stéréotypés, et donnant dans le manichéisme à plein tube, l'un étant gentil et loyal, l'autre méchant et sadique, un demeuré qui se balade partout dans le bâtiment et dont personne ne se méfie, un prisonnier qui en veut personnellement à notre héros sans qu'on sache vraiment pourquoi, et enfin une ordure en guise de directeur de pénitencier. Nous manque plus que la matonne lesbienne et on décrochait la timbale.
Pourquoi t'es si méchant, pense à ton karma.
Puff le karma...encore une connerie d'auto-stoppeur.
Patrick Malahide, cabotine avec discrétion.
Ah ! L'humour russe, toute une culture.
Eh, les mecs ? J'crois qu'on nous observe… attendez, non… ils se foutent de nos gueules !
Visiblement, le costumier a lu Hellboy…
…avant de décéder.
En bref, même si l'ensemble a beau souffrir de nombreuses longueurs, on ne peut rester insensible au jeu de notre Christopher Lambert national, ainsi qu'à un film transpirant la pauvreté mais qui essaye quand même par tous les moyens de se faire passer une superproduction friquée. Si on y ajoute certains dialogues et situations loufoques, dont un twist final stupide au possible, nous obtenons quand même un long-métrage qui provoquera plus d'une fois l'hilarité chez le spectateur. Sans être la référence ultime, Fortress II reste donc très plaisant et vaut qu'on s'y attarde.
Mais si ça ne vous plaît pas, contrairement à John, vous pouvez toujours aller voir ailleurs... .
Quoi ? Encore un nanar ? Non pitié, laissez-moi sortir!
-Pas question! T'en a pris pour perpet'. Allez dépêche-toi: t'as encore Highlander: Rebirth et Beowulf II à tourner.
-Un jour, je m'enfuirais, vous verrez, je referais des bons films.
-Mais ouais, mais ouais, ils disent tous ça… .
Wolfwood 3/5
Merci à Nikita pour son aide logisitique.
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Cote de rareté
2/Trouvable
Un DVD et une VHS édité par Columbia (visuel en début de chronique), peuvent se trouver avec une relative facilité dans de nombreux cash converters et sur pas mal de site de vente en ligne. Il n'est pas exclu non plus que vous puissez le trouver encore pour pas trop cher dans votre grande surface. Un minimum d'abnégation devrait donc suffire, d'autant plus qu'un coffret regroupant les deux épisodes de ce dyptique existe également.