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Alors le vin, c'est classe, mais ça peut être salissant si on le boit couchée Mademoiselle.
HELLGATE
Année : 1989
Pays : U.S.A.
Réalisateur : William A. Levey
Durée : 89 minutes
Genre : Le manque de moyens n’est pas notre seul problème
Catégorie : Horreur
Avec : Ron Palillo, Abigail Wilcott, Carel Trichardt (II), Petrea Curran, Evan J. Klisser
D'après une étude très sérieuse menée par un scientifique de renom dans un pays ultra connu, si l’on prend les plus grandes peurs des gens toutes nationalités confondues dans les nanars on aboutit à un classement général dont les cinq premiers sont les suivants :
1-Les fantômes ou autres déclinaisons : spectres, morts-vivants, revenants, Jeanne Moreau…
2-Les nazis : souvent en uniforme (sinon ça ne se voit pas vraiment, sauf si ils sont blonds aux cheveux courts), la verve violente et gutturale
3-Les bikers : plus souvent appelés « hell’s angels » qui portent des grandes barbes et des lunettes de soleil (mais qui n’écoutent pas tous Zztop pour autant)
4-Les communistes : de rouge vétus et buvant trop de vodka, chantant tous les mardis
Kalin, kakalin, kakalin, kamaya, sinon ça ne fait pas sérieux
5-Bernard-Henri Levy (enfin, son film surtout)
Le hasard fait bien les choses car dans Hellgate, on y retrouve notre numéro 1 et numéro 3 : la combinaison gagnante du jour.
Les chauves-souris arrivant 29ème dans le top, ça n'a pas empeché le réal d'en mettre une en plastique.
Hellgate c’est quoi ? C’est le nom d’un village damné au milieu de nulle part. Là où se passent des choses horribles le soir quand vous vous dites que votre vie est bien morne en ce moment et que rien ne vaut une apparition de fantôme pour vous faire oublier vos tracas quotidiens. Remarquez, avec un nom pareil, on voit mal l’office du tourisme du village « porte de l’Enfer » nous faire la promotion de la foire aux boudins/diots ou bien du dernier bal des pompiers en date. Faut pas se leurrer.
THIS IS NAANAAAAAAAARR.
Pour parler un peu de ma vie (si ça ne vous intéresse pas, sautez 4 lignes), Hellgate c’est en premier lieu un souvenir d’adolescent. Un film loué au hasard d’un vidéo club perdu en plein village rural un après-midi d’ennui profond au mois d’août. Un long métrage où, pendant le visionnage avec des ami(e)s que j’ai perdu de vue depuis, je me suis dit que c’était tellement mauvais que ça en devenait sympathique. Depuis ce jour, j’ai juré de me procurer ce film afin de le montrer aux gens qui mettaient du temps à partir de chez moi le soir. Accessoirement, je me suis dit aussi depuis que je connais nanarland, que j’en ferais bien une chronique un de ces quatre.
c’est très intéressant ce que tu nous racontes, beau blond
Mais ne soyons pas réducteur, Hellgate n’est pas juste le nom d’un village matiné d’une madeleine de Proust : c’est aussi un franc coulis de débilité sur pellicule 35mm.
Pseudo film d’horreur mis en boîte par William A. Levey (ce même William qui, quinze ans plus tôt tourna le fameux Monaco Forever, film oùJean-Claude Van Damme jouait le rôle d’un karatéka gay et dont ce dernier ne veut plus en entendre parler). Se payant le luxe de faire un caméo pendant son film, il aurait dû avant cela vérifier que personne ne voudrait le retrouver pour lui dire à quel point ce dernier était mauvais….non attendez pourquoi « ce dernier » ? Ils sont tout les deux mauvais : le réal ET le film. Point barre. D’ailleurs si vous ne me croyez pas, vous n’avez qu’à jeter un œil aux mauvais cadrages d’hélicoptère qui font que l’on voit les fausses façades de bâtiment ci-dessous.
Vous le voyez le faux décor ?
Levey, dans le rôle de la tête sans les jambes.
Mais soyons pas antipathique. On ne peut incomber une catastrophe qu’à une seule personne : Hellgate ce n’est pas qu’un mauvais réalisateur, c’est aussi un scénario très con.
L’histoire commence alors que des étudiants se racontent des histoires effrayantes autour d’un feu de cheminée. Vient alors dans la discussion l’histoire de l’auto-stoppeuse qui, en 1950 fut enlevée par des bikers et tuée dans sa ville qui se nomme Hellgate... puis ressuscitée par un diamant magique qui lance des rayons. Depuis ce jour son fantôme hante aujourd’hui les routes désertes et sans goudron où les panneaux de signalisation sont encore en bois avec des trucs écrit à la main dessus. Et justement, Michael, qui roule sur une route déserte en pleine nuit pour rejoindre ses potes, tombe sur elle. Lorsqu’il rentre à l’hôtel, lui et ces amis décident d’enquêter et de faire un tour dans cette ville fantôme afin d’élucider ce mystère. Comme un épisode de Scoubidou quoi, mais en moins crédible.
Ouf. C’était pas facile de résumer un tel film parce que si je rentre dans un minimum de détails, je risque de d’écrire une tonne d’incohérences vu que ce film en est bourré. Vous remarquerez en outre qu’en quatre phrases, j’ai du noter une demi-douzaine de clichés du film d’horreur.
Diantre, ce diamant serait-il radioactif ?.
La fameuse défunte… notez que cette photo est sensée être prise dans les années 50.
Le film joue essentiellement sur deux époques : les années 50 (en flash-back) et les années 90. Effort scénaristique s’il en est qui ne porte pas du tout ses fruits puisque que pour le reste c’est n’importe quoi. On nage en plein délire. Par exemple les bikers ressemblent plus à l’amicale des possesseurs de Vespa aimant la grenadine qu’à des hell’s angels anthipatiques. Et les monstres de la ville fantôme semblent issus du club « j’apprends à me maquiller pour halloween » plutôt que celui du "je connais mon metier et je le fais bien"'.
Une des nombreuses incohérences du film...non mais c'est quoi cette corde?
Pourquoi la ville est hantée me direz-vous ? Ben pour les mêmes raisons que la plupart des villages hantés voyons. Le maire de la ville voit sa fille mourir sous ses yeux. Entre temps, quelqu’un trouve dans la mine d’à côté un diamant extraordinaire (qui à dit qu’il fait 10000 carats ?) capable (notamment) de ressusciter les morts avec ses rayons…mais avec des effets secondaires du type violence exacerbée, yeux injectés qui roulent, dents pointues, tendance à vouloir manger de la chair humaine etc... Bref après l’avoir testé sur son poisson rouge (parce que les poissons rouges sont des êtres abjects à la base et qu’ils méritent bien ce châtiment) et assisté au resultat, il décide de l'essayer sur le type à coté de lui qui meurt dans d'affreuses souffrances.
EXCLUSIF ! LA RECETTE DU POISSON PANE DE CHEZ FINDUS !!
Phase 1.
Phase 2.
Phase 3.
Reste plus qu’à le couper en carré.
Le maire se décide alors de se servir du diamant pour ressusciter sa fille (qui n’aura elle aucun effet secondaire à part celui d’avoir l’air cruche, mais ma méchanceté naturel me pousse à penser que ça vient simplement de son jeu d’acteur). Ensuite, il s’éclatera à pourrir tout son village avec cette arme. Evidemment, personne ne mentionne son programme municipal pour les prochaines élections mais je doute que ça soit sur la rénovation du rond-point à coté de la boulangerie ou pour la réduction du prix de la carte scolaire.
Le fameux maire de la ville.
Le même, plus tard…après s’être fait mordu par une tortue-zombie…si si je vous jure.
Le coté dingue de ce film, c’est qu’il représente très bien l’expression « avoir l’ambition de ses moyens et les moyens de ses ambitions ». Tourné exclusivement de nuit (pour profiter des décors d’un western se tournant la journée sans doute à coté) Hellgate accumule une galerie de monstres qui démontre simplement que Levey a dû aussi piquer le maquillage restant et des figurants voisins. Aucun monstre de ne ressemblent, on passe pêle-mêle d’un magicien qui fait des tours gores, à la bonne sœur au look morbide, du squelette dans une voiture à un fantôme dans un cabaret…bref, rien n’a de sens, si ce n’est celui de l’absurde (enfin...celui qui pousse les gens à mettre leurs doigts mouillés dans une prise plutôt que celui qui les pousse à faire des peintures d’horloges qui coulent dans les années 30).
Le type sur le toit de la voiture est sensé être projeté dans la maison ? Et ben en fait il ressortira dans le sens inverse...
Mais ne soyons pas mesquin. On ne peut pas mettre au pilori un mauvais film en ne jugeant que son réalisateur et son scénario. Parcequ’Hellgate, c’est aussi une galerie d’acteurs épouvantables
Et là, je lui ai répondu « t’as vraiment des grosses joues Marcel !! ».
Non mais franchement, c’est pas indécent de faire jouer des gens aussi mal ? je sais que tout le monde mérite de gagner sa vie et de manger à sa faim, mais dans ce cas-là fallait mieux manger des pâtes pendant 3 mois et ne pas tourner de film. Par exemple la revenante passe son temps à faire que deux choses :
1- à revenir
2- à montrer ses seins.
Dis papas, je peux montrer mes seins au monsieur ?.
poum poum pidou.
Tu peux toucher, mon papa m’a dit qu’il était d’accord...
Comble de la débilité profonde d’un jeu d’acteur vide de tous sens, le héros (Michael), lui passe son temps à faire deux choses également :
1-Essayer de se taper la revenante (alors qu’il a une copine le bougre)
2-Balancer la même vanne foireuse à son pote
La direction des acteurs est sans doute ce qu’il y a de pire dans le film, la preuve par cette scène : lorsqu’ils sont dans la ville maudite, les protagonistes sautillent ensemble bras-dessous, bras-dessous en chantonnant un air enfantin. Une scène que l’on croyait pour toujours reléguée aux parodies d’un genre ultra référencé. Il en est rien, Hellgate arrive même a faire du nanar avec un cliché, c’est dire si on va loin dans l'analyse.
”Il ne peut plus rien nous arriver... d’affreux…maintenant
Max Thayer lui doit tout !!!.
Sauf peut-être le jeu d’acteur.
Surtout que certains personnages sont d’une inconsistance consternante. J’en veux pour preuve, le rôle incroyable de Zek le hell’s angels. Zek, c’est mon préféré. Un gars, qui 40 ans après les faits (l’enlèvement de la jeune fille), n’a pas pris une ride, ni un kilo de graisse, juste des cheveux blancs…enfin peroxydés. Zek, on le voit pendant TOUT LE FILM, à travers des interludes, aiguiser des armes blanches et s’équiper afin d’aller aider nos héros dans la ville fantôme.
Au fait, notre héros Michael, c'est lui.
Les cinéphiles auront compris alors, à ce stade du film, que ce personnage va jouer un rôle clef. Il en veut Zek, il va dérouiller le gros méchant et retourner la situation en faveur de la justice, on le sait bien, on a vu ça des dizaines de fois. Or, après moult rebondissements Zek arrive au dernier moment. Ce moment paroxysmique, cet instant crucial où l’on croit que tout est fini pour nos héros, Zek se pointe alors en hurlant sa rage et sa haine armé de son épée et de sa hache…et se fait descendre comme un caca dans la seconde qui suit, sans n’avoir strictement RIEN FAIT DU TOUT (à part crier très fort pour annoncer sa venue). En gros on s’est tapé du remplissage de « et vas-y que j’aiguise mon couteau et ma hache toutes les 10mn pendant le film » pour finalement voir un looser qui se fait balayer en trois secondes par un rayon laser qui ressemble fortement à du grattage sur pellicule.
ZEK, LE PROTECTEUR DE LA VEUVE ET DE L’ORPHELIN EN ACTION !!
Zek se prépare (admirez la pastèque à gauche).
Zek arrive.
BLEUAAAAARRGHH !!.
Boum! Merci Zek, tu passeras prendre ton chèque à la compta.
L’idée de faire court commencant à devenir de plus en plus difficile, je vais donc conclure ici ma chronique. Hellgate est nanar avant tout parce qu’on en voit les ficelles qui sont supposé nous faire croire que nous sommes devant un film d’épouvante. Et malheureusement pour lui ce sont ces mêmes ficelles qui font qu’ Hellgate devient un filmd’horreur qui manie le plan nichon comme Joel Robuchon le saut à la perche et les effets d’effroi comme Wolfgang Nordwig le risotto au pesto de pistache accompagné d’une escalope de foie gras cru. Du nanar virtuose en quelque sorte.
Vous avez rien de mieux à faire que de lire cette chronique ?
NOTE : 4/5
COTE DE RARETE : Trouvable
Après deux éditions VHS (hélas dont l’édition me reste inconnue à cette heure-ci), le DVD est sorti il y a quelques temps, mais en petite quantité. Rassurez-vous, M6 édition l’a ressorti fin octobre dernier.
on a même eu droit à une version laser disc !!!