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 Sujet du message: Bio Jorge Rivero : Acteur Nanar !
MessagePublié: 01 Avr 2004 13:45 
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Nanarland lui doit beaucoup
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Edit folet Jorge Rivero @ (John Nada)

Après mes chroniques de Santo et le Trésor de Dracula, La Nuit des 1000 Chats et la bio réalisateurs de la dynastie Cardona, je poursuis mon exploration du nanar mexicain avec une bio acteur assez pointue qui devrait ouvrir toutes grandes les portes de Nanarland a un acteur qui n’est pas le dernier à y mériter sa place…

Biographie Acteur Nanar : Jorge Rivero !

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Né Jorge Pous Ribe à Mexico le 15 Juin 1938, l’acteur mexicain d’origine espagnole Jorge Rivero a grandi dans un ranch où, à la faveur d’un développement au grand air, il s’est très vite découvert de grandes aptitudes physiques, s’illustrant brillamment dans de nombreuses disciplines sportives – l’athlétisme, la natation et le jai-alai notamment (comment, vous ne savez pas ce que sait que le jai-alai ?! Mais enfin voyons, c’est, euh… mince, où est passé mon dico… ah oui, voilà : c’est l’équivalent américain de la pelote basque !) – et développant une carrure avantageuse qui venait compléter à merveille une charmante physionomie. Elève studieux, Jorge décroche un diplôme d’ingénieur en chimie en 1960 mais décide bientôt de tout abandonner pour se lancer dans le cinéma. Modeste, il déclarera à ce sujet : « J’ai tout oublié dès que j’ai quitté l’école » !

Il obtient son premier rôle en 1963 dans ce qui demeure comme le précurseur du giallo, La Fille Qui en Savait Trop (La Ragazza Che Sapeva Troppo) de Mario Bava, avec par ailleurs John Saxon et Letícia Román dans les rôles principaux, puis embraye sur El Asesino Invisible (1964) de René Cardona dans lequel il tient le rôle-titre, seulement crédité en tant que El Enmascarado de Oro. Décrochant un contrat avec la Cima, Rivero va dès lors enchaîner les films de luchadors, films de catcheurs mexicains que René Cardona réalise ou co-réalise avec son fils René Cardona Jr la plupart du temps. Prenant sans doute conscience de l’ironie absurde de ce premier rôle au Mexique pour lequel Rivero, sexe-symbole en devenir, devait garder son beau visage dissimulé sous un masque tout au long du film, les producteurs lui proposent bientôt des rôles plus variés, qui mettent toujours en valeur sa plastique impeccable mais cette fois à visage découvert.

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Operación 67 (1966) de René Cardona Père & Fils, un des nombreux films mettant en scène le personnage de Santo, à l’origine catcheur intraitable vénéré comme un demi-dieu par les Mexicains devenu super-héros nanar au cinéma. Dans cet opus, Rivero a l’honneur d’affronter El Enmascarado de Plata en personne.

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Dans Operación 67 toujours, Rivero en train d’essayer de persuader Elizabeth Campbell de venir chez lui admirer sa collection d’estampes japonaises…

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El Tesoro de Moctezuma (1966), un autre Santo, lui aussi réalisé conjointement par Cardona Sr & Cardona Jr. On peut voir Rivero en haut à gauche, les gambettes moulées dans un collant couleur vinasse.


De façon peu étonnante, la notoriété de l’acteur explose et en l’espace de quelques années Rivero le beau gosse devient une véritable star du box-office mexicain. « On n’est tout simplement pas préparé à ce genre de chose, ça vous prend par surprise. Je n’aurai jamais imaginé… Et les femmes ! Ouahou !! Je me disais : tout ça pour moi ? Quand je suis rentré à Mexico elles me couraient après... » Sans avoir toujours besoin d’en faire des tonnes, le jeune Rivero se distingue sans peine de ses aînés par sa fougue et son panache. Quand il croise des stars de l’âge d’or du cinoche mexicain – pour la plupart des chiffes molles vieillissantes qu’il faut doubler dès qu’il s’agit de faire un roulé-boulé ou de monter à cheval – il a d’ailleurs du mal à cacher sa déception. « Ils avaient de ces ventres. Je veux dire… de gros ventres ! J’étais parmi les premières têtes d’affiche mexicaines à assurer la plupart de mes cascades. »

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Jorge Rivero (crédité George Rivers pour l’occasion) et Candy Wilson, en free-style total dans le jardin d’Eden de The Sin of Adam and Eve (1968)

Grâce à une loi qui stipule qu’une compagnie étrangère venant tourner au Mexique doit respecter la présence d’un certain quota de main-d’œuvre locale dans son équipe, acteurs compris, Jorge Rivero fait ses premières apparitions dans des productions hollywoodiennes avec les westerns Soldier blue (1970) et surtout Rio Lobo (1970), un classique réalisé par Howard Hawks dans lequel il décroche le second rôle, la tête d’affiche n’étant autre que… John Wayne ! Une performance d’autant plus remarquable qu’à l’époque Jorge ne parle pas un mot d’anglais, apprenant son texte phonétiquement avec l’aide d’un professeur et balançant ses répliques le jour de l’audition sans vraiment comprendre ce qu’il dit ! Par la suite, Rivero l’ambitieux va s’efforcer de faire son trou à Hollywood, prêt à privilégier les seconds ou troisièmes rôles de productions US aux premiers rôles proposés au Mexique dont le cinéma est en plein déclin, mais sans succès. Disons qu’en fait, pour parler franchement, il s’agit moins de « seconds ou troisièmes rôles » à proprement parler que de petites apparitions ponctuelles ici, là, partout où il peut, et où pour quelques répliques échangées avec Charlton Eston dans The Last Hard Men (1976) on le retrouve par exemple cantonné la même année en Chicano de service dans A Matter of Honor (1976), un téléfilm de la série Columbo avec son meuble-vedette Peter Falk qui ne peut que reléguer Rivero et son personnage de Carlos aux oubliettes. En fait il ne jouera qu’occasionnellement aux E.U. où, sans nécessairement être cantonné dans les rôles de Latino, il interprètera souvent des personnages « ethniquement typés » comme celui de l’indien Spotted Wolf [loup tacheté] dans Soldier Blue (1970) ou Broken Thumb [pouce cassé] dans Centennial (1978), une mini-série western très populaire qui faisait surtout la part belle à des acteurs Blancs comme Timothy Dalton, Robert Conrad ou Richard Chamberlain.

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Caramb… euh, Hugh !

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Jorge tendrement caressé par Fanny Cano dans Las Cautivas (1971)

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Jorge offre son épaule confortable à Isela Vega dans Basuras Humanas (1972)

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Encore l’univers du western pour les besoins de la mini-série télé El Mexicano (1977), réalisée par René « je suis partout » Cardona

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Jorge prend des pauses de maître-nageur dans Angel Negro (1977)


Du coup, durant cette période, c’est finalement en Europe que l’on voit le plus Rivero, celui-ci se rabattant volontiers sur les propositions de rôles venant d’Espagne et d’Italie. On le retrouve ainsi dès 1974 dans Eroticofollia, une coproduction italo-hispano-mexicaine réalisée par Mario Siciliano où Jorge joue le rôle de Peter Crane, un playboy américain de passage à Rome télépathiquement poussé à commettre des meurtres par un obscur culte sataniste. Une oeuvrette semi-culte réputée pour ses scènes d’orgies et son esprit profondément décadent ! En Espagne, la mort du dictateur Franco ouvre la voie à toutes sortes de libéralités nouvelles qui se traduisent notamment par une grosse période de sexploitation au cinéma. C’est dans ce contexte qu’on retrouve notre latin lover de Jorge dans le plus simple appareil pour les besoins du film érotique La Playa Vacía (1976) de Roberto Gavaldón, en plein ménage à trois avec Pilar Velasquez et Amparo Rivelles. Lucide, l’acteur ne s’offusque pas de ces emplois de quasi-gigolo, bien conscient qu’il ne doit la plupart de ses rôles qu’à sa plastique avantageuse. « Les réalisateurs me demandaient toujours d’enlever ma chemise » racontera t-il. D’après certaines sources, Rivero aurait également interprété à trois reprises le personnage de Sartana dans des spaghetti-westerns produits par la Cineccitá mais je n’ai absolument rien pu trouvé là-dessus… A cette époque, un producteur du célèbre studio romain lui aurait d’ailleurs dit : « Je te garantis que si tu restes en Italie, tu ne manqueras jamais de boulot ! ».

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Dans La Playa Vacía (1976), Jorge Rivero essaye de faire comprendre à Amparo Rivelles que oui il l’aime mais que bon…

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Manaos (1978) a.k.a. Slaves from Prison Camp Manaos


A la fin des années 70, Jorge Rivero divorce d’avec son épouse Irene Hammer, une ancienne étudiante allemande avec laquelle il a eu deux fils (Jorge & Roberto si vous tenez vraiment à tout savoir), puis se remarie dans les années 80 avec la scénariste Betty Moran, interprète d’un jour aux côtés de son mari dans Counterforce (1987). Installé depuis plusieurs années dans le sud de la Californie, Jorge « le tombeur de ces dames » Rivero n’apparaît plus qu’occasionnellement dans le paysage audio-visuel mexicain à travers quelques films et soap operas, continuant à orienter sa carrière vers des productions internationales de second plan (formulation sobre, vous en conviendrez) à l’occasion desquelles il se voit souvent rebaptisé « George Rivero », voire « George Rivers » quand on souhaite totalement angliciser son patronyme.

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Jorge Rivero en plein marivaudage avec Amparo Muñoz dans El Tahúr (1980)

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Rivero nanti d’une moustache tout simplement inadmissible dans la comédie-western Las Mujeres de Jeremías (1980)

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Le crâne bien au chaud sous une épaisse moumoute, Jorge est Mace, guerrier bourru et ami des animaux dans le Conquest (1982) de Lucio Fulci.

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La Máquina de Matar (1984)

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Dos Camioneros con Suerte (1989), une potacherie exagérément cocasse comme en fournit encore ponctuellement le Mexique... Jugez plutôt : Jorge Rivero et Alfonso Zayas y campent un duo de camionneurs qui, suite à un quiproquo forcément rocambolesque, sont confondus avec des agents secrets ayant pour mission le démantèlement d’un réseau de contrebandiers. Pour les aider à mener à bien cette tache, les deux larrons se voient remettre de l’argent et quelques armes très spéciales, dont un parfum les rendant irrésistibles pour la gente féminine. Ca annonce du fin tout ça !


Si Rivero reste actif dans les années 90, la qualité des films dans lesquels il est impliqué entre deux telenovelas ne va pas vraiment en s’améliorant. Je me souviens l’avoir notamment retrouvé sur la jaquette d’un film de kickboxing – s’agissait-il de Fist Fighter (1989) ou de Death Match (1994) ? – aux côtés du géant Matthias Hues, le Mr Muscle allemand abonné aux rôles de méchant qui réclame à grands cris gutturaux sa fiche sur Nanarland. Après celle de Ice (1994), où Jorge voit sa présence à l’écran totalement occultée par la sulfureuse Traci Lords, la participation de l’acteur la plus marquante de la décennie – négativement parlant – semble être ce Werewolf (1996) dont un utilisateur d’IMDB affirme que pour lui, ce film a détrôné Hurlements 2 du titre de plus mauvais film de loups-garous ! Werewolf doit effectivement être une bonne bouse puisqu’il a été repris par les histrions de la série Mystery Science Theater 3000 (MST3K pour les initiés) qui ont en fait leur 904ème épisode.

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Aujourd’hui, Jorge partage son temps entre sa demeure des collines de Hollywood et son ranch de Mexico. Même s’il se montre beaucoup moins présent à l’écran que par le passé, on le dit toujours actif dans le monde du cinéma, essentiellement en tant que producteur, une sorte de vocation qui lui aurait été révélée sur le tard. Une légère pointe de nostalgie vient voiler le regard de Rivero quand on évoque sa carrière, particulièrement la période où il fût au sommet. « J’ai toujours essayé de coucher avec l’actrice principale » raconte t-il. « Parfois j’y arrivais, parfois non, mais j’ai toujours essayé. »
Plaisanterie mise à part, reconnaissons que le briscard est et restera connu de-ci de-là pour avoir roulé sa bosse dans plus de 150 films, touchant à une impressionnante multitude de genres et croisant sur son chemin une pléiade d’acteurs devenus comme lui des figures emblématiques d’un cinéma de genre trop souvent méprisé par le plus grand nombre, une foule bigarrée composée entre autres de l’authentique Santo el Enmascarado de Plata, Donald Pleasence, Christopher Mitchum, James Coburn, Lee Van Cleef, Hugo Stiglitz, Sabrina Siani, John Ireland, Max Von Sydow, Fabio Testi, Robert Forster, Chuck Connors, Isaac Hayes, Richard Roundtree, Henry Silva ou Matthias Hues. Un sacré itinéraire quand même !

John Nada

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Filmographie :

Comme elle est assez dense, je vous renvois à celle proposée par IMDB, même si celle-ci reste assez incomplète puisqu’il y manque toujours son premier film, La Fille Qui en Savait Trop*, et qu’il n’est pas fait mention des activités de producteur du monsieur !

Lien

*Quoique concernant le film de Mario Bava, j’avoue avoir un doute : d’une part le casting du film proposé par IMDB à l’air très complet, d’autre part même en revoyant le DVD pour en faire une capture d’écran je n’ai pu y repérer Rivero. S’il joue bien dedans il doit vraiment avoir un tout petit rôle !

Pour ceux qui maîtrisent l’anglais, je glisse le lien vers un article intéressant qui permet de mieux comprendre l’impact qu’a pu avoir Jorge Rivero sur la culture populaire mexicaine, tandis que pour les hispanophones il y a surtout cette interview de l’acteur.

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Dernière édition par John Nada le 05 Avr 2004 13:57, édité 3 fois au total.

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MessagePublié: 01 Avr 2004 17:33 
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Bordel, je l'avais même pas reconnu dans Werewolf.

Bravo monsieur Nada!

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Ce qui est drôle, c'est que ça manque vraiment du sel!!
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MessagePublié: 02 Avr 2004 12:30 
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A part bravo, je vois pas ce qu'on peut dire d'autre

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MessagePublié: 02 Avr 2004 19:08 
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Nanarland lui doit beaucoup
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Inscrit le: 01 Oct 2003 15:13
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chenomathoscope a écrit:
Bordel, je l'avais même pas reconnu dans Werewolf.

Bravo monsieur Nada!


Et ben figure toi que c'est ta jaquette de Killing Machine qui m'a decide a faire cette bio ! Je l'avais vu dans Conquest en Italie, puis appris qu'il avait debute avec des Santo au Mexique avant de le voir sur la jaquette d'un film de kickboxing 90's aux EU avec Matthias Hues, du coup je commencais a me dire 'mazette, mais lui il a ete dans tous les bons coups !' Quand je l'ai encore vu sur ta jaquette je me suis dit OK, lui je le fiche chez nous ! Ca a ete assez long a compiler mais je suis content de moi :-D

Au fait ca vaut quoi alors Werewolf, plutot nanar ou plutot navet ?

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