Bonjour. Voici une chronique que j'ai écrite parce que je me sentais inspiré par Hulk Hogan. J'ai eu connaissance de ce film grâce à l'article très drôle du forumeur Thomas pour le Online Chronycles du site citoyen360.fr à qui j'ai emprunté quelques iconos. Ce chroniqueur y donnait une définition très juste du nanar. En tous cas, ce film est selon moi un beau spécimen de DTV foireux qui fait rire.
-_-
FORCE SPECIALE
Titre original : The ultimate weapon
Titre alternatif : Froid comme l'enfer
Réalisateur : Jon Cassar
Année : 1997
Pays : Canada
Genre : Le pire catch attaque (catégorie : Pur et dur)
Durée : 1h50
Acteurs principaux : Hulk Hogan, Carl Marotte, Cynthia Preston, Lynne Adams, Daniel Pilon
En ces temps de crise, prendre sa retraite n'est pas chose aisée. Quand nos dirigeants (vous savez, ceux qu'on ne voit jamais, qui ont plein de sous, ne pensent qu'à leur futur immédiat et qui confient l'application de leurs lois à des subalternes à talonnettes et autres sbires à cravates) ont décidé de rallonger l'age de départ à la quille, le pékin moyen dont la pensée servile est conditionnée par le JT de TF1 ou d'M6 ne s'est pas posé plus de questions que çà, jusqu'au jour ou en rentrant à l'usine il a vu son nom marqué sur le tableau des fins de contrat parce qu'il avait dépassé la cinquantaine. Il se demande alors comment il va cotiser durant les quinze prochaines années, sachant qu'on ne recrute plus les gens qui ont plus de dix cheveux blancs et dont le corps a été abimé par des années de dur labeur. C'est un peu pareil pour les catcheurs.
A ceci près qu'un catcheur mondialement connu comme Hulk Hogan, ça gagne plus d'argent que le pékin moyen. Aussi, quand il envisagea de raccrocher les gants après un combat catastrophique, n'eut-il pas de mal à se recycler dans le cinéma grâce à sa popularité au sein d'un milieu bien bas du front mais influent. Oui mais voilà, catcheur et acteur çà n'est pas la même chose, et notre ami se retrouva embarqué dans des séries Z bien peu prestigieuses et au final pas beaucoup plus rentables que la situation du pékin moyen du premier paragraphe.
Ce "Force spéciale" qui pourrait porter l'accroche "Plus bourrin tu meurs!" s'apparente à un mauvais combat de catch : c'est truqué et ça se voit. Concernant les actionners virils, les périodes de chasse du nanardeur sont surtout partagées entre les 80's reeganiennes anticommunistes et les busheries antiterroristes post 11 septembre, au point qu'on néglige parfois les œuvres du milieu des 90's (sauf bien sur quand Steven Seagal ou Deron McBee jouent dedans). Hulk Hogan va y mettre bon ordre, son "arme ultime" s'apparentant au "Last action hero" de Schwarzy, tout en repompant "Commando". Quand les culturistes inspirent les catcheurs...
Le film a beau durer près de deux heures, il va à 100 à l'heure et ça commence direct avec la séquence générique illustrant un cauchemar de Hulk Hogan (dans le film il s'appelle Ben Cutter mais moi je préfère Hulk Hogan), tout dans un ralenti minable (oui un film peut être rythmé et au ralenti) et les cris de la gamine du héros. Hulk Hogan est un mercenaire sensible à la personnalité délicate, qui ne songe qu'à prendre sa retraite pour pouvoir épouser sa compagne, retaper sa ferme et se rapprocher de sa fille qu'il a abandonné enfant à cause de son job trop dangereux. Eh oui messieurs les dirigeants, vous qui êtes des assistés à vie, vous ne pouvez pas imaginer ce que c'est que joindre les deux bouts quand on a un métier, surtout quand ce métier c'est la guerre. Hulk Hogan, indigne-toi!
Sous ses airs bourrus, se cache un cœur tendre.
Durant une opération en Serbie (oh! la zoulie carrière de sable au milieu d'un terrain vague!) ou son boss moustachu lui a adjoint un coéquipier blagueur hyper énervant (Carl Marrote, qui a l'air de tout sauf d'un commando des forces spéciales) sensé apporter "la petite touche d'humour sans laquelle le spectacle ne serait pas total" annoncée par la jaquette, Hulk Hogan découvre qu'il possède un neurone. Il décide alors de le faire marcher et comprend qu'on lui a menti. La cargaison d'armes qu'il était chargé de mettre à la disposition des bérets bleus de l'ONU était en réalité destinée à l'IRA. Il la fait donc exploser avec son méga lance-patates dans un montage schizophrène particulièrement jouissif.
Des terroristes serbes particulièrement niais capables de se faire avoir par les feintes de bac à sable de Hulk Hogan.
Des trafiquants guère plus futés.
Mais le milliardaire chef du trafic d'armes international (un dirigeant! un dirigeant!) entend bien lui faire payer la destruction de cet arsenal qui lui aurait permis de remplir complétement sa piscine de biftons. Le cruel et puissant salopard a un plan : il fait kidnapper la fille de Hulk Hogan qui travaille dans une boite de striptease (ben tiens), afin d'attirer celui-ci dans un piège...
_"Je vais lui expliquer l'ingéniosité d'ce plan."
_"Gnnééé...bobo!"
Avec ce scénar' en béton armé, Hulk Hogan était parti pour la course aux oscars. Ce d'autant que le réalisateur Jon Cassar (le producteur de la série "Les Kennedy") n'avait à priori rien d'un bisseux. Mais le problème insurmontable pour Hulk Hogan... c'est Hulk Hogan. Comme je ne suis pas un fan de catch, je ne pourrai m'exprimer sur les talents de Hulk Hogan sur le ring. Mais ce dont je suis sur, c'est que ce mec est né pour être un acteur nanar. Ayant coupé et décoloré ses cheveux pour l'occasion, Hulk Hogan (j'adore ce nom, pas vous?) ne peut pas un seul instant être pris au sérieux. Le moustachu dont le torse s'auto-épile et sécrète de l'huile est un ravissement pour le nanardeur. Sans charisme ni aucune crédibilité, sa seule expression est celle de la bêtise. Dès qu' il apparait à l'écran, tentant de jouer en subtilité tout en faisant le beau, ce sont des instants de pure magie.
_"Hein chérie que je joue bien l’âme tourmentée?"
Les autres participants ne sont pas beaucoup mieux lotis. Outre le sidekick crispant et grassouillet déjà évoqué, tous les autres acteurs semblent y croire à fond et sont d'autant plus pitoyables : du grand méchant Daniel Pilon, vétéran d'un paquet de séries télé et qui aurait eu sa place dans Les feux de l'amour, à son bras droit Michael D'Amico qui joue au gros dur, de la fille du héros incarnée par la sculpturale Cynthia Preston à Lynn Adams en copine de Hulk, tous jouent avec un sérieux confondant des personnages archi-stéréotypés. Le seul qui ait l'air un peu lucide sur la daube dans laquelle il apparait c'est Vlasta Vrana, qui donne l'impression de se foutre complètement de son rôle de vieux briscard de l'armée, patron de notre rouquin bodybuildé à moustache.
_"Y t'plait pas mon film?"
_"Y a que des dégénérés à qui çà peut plaire de suivre les aventures d'un moustachu incapable de se trouver un pseudo convaincant. "
_"Ouah l'aut'! C'est même pas vrai d'abord!"
La réalisation est nullissime, et peine à donner la moindre fluidité à des gunfights tout droit sortis d'un affrontement de cour de récré : "J'me suis pris deux balles mais je continue à tirer comme si de rien n'était". Jon Cassar a du se dire qu'il n'en avait rien à battre quand il a vu la montagne de poncifs du script. Tout y est : le guerrier invincible à la renommée légendaire, la jeune recrue qui doit faire ses preuves par un entrainement intensif, la manipulation d'un gros magouilleur sans scrupule, les scènes de ménage entre Hulk et sa moitié, les engueulades avec sa fille, le héros qui arrive juste à temps pour sauver son partenaire dans une situation critique, le siège de la ferme retranchée, la séance de tortures,... de quoi annihiler toute volonté artistique chez le gars chargé de mettre en scène tout çà. Ajoutez-y un héros neuneu qui envoie des vannes toutes les cinq minutes et dont la phrase fétiche est "Celui qui me cherche me trouve!", deux héroïnes blondes dans leur tête qui se séparent alors que le danger rode comme dans un mauvais slasher, des explosions, des plans nichons, des portes massives défoncées d'un coup de pied, un budget ric-rac, une fin débile et vous obtenez ce magnifique éloge de la crétinerie.
Je me demande si on a bien fait de tourner dans ce film...
Moins fascisant mais plus con qu'un Chuck Norris ou qu'un Ron Marchini, "Force spéciale" est un nanar à l'image de son interprète principal : dégoulinant de sueur et de testostérone et dont l'esprit est resté au niveau des parties génitales. Depuis son rôle dans Rocky 3, le sympathique Hulk Hogan n'a malheureusement pas fait beaucoup de films mais je suis certain qu'avec celui-là sur son CV, les portes de Cine excel s'ouvriraient devant lui en lui déroulant le tapis rouge.
Peu de temps après ce tournage, Hulk annonce sa retraite du catch... puis revient sur le devant du ring un an plus tard. Increvable comme Ben Cutter, il continue encore aujourd'hui de lutter et de garder son titre de superstar. Messieurs les pékins moyens, prenez en de la graine. Au boulot, bande de fainéants!
Une famille de blonds cérébraux.
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Cote : 2, trouvable en DVD dans n'importe quel bac à soldes ou cash converter en fouillant un peu. Vous ne tomberez pas forcément dessus à tous les coups, mais si vous écumez ce genre de commerce à petits prix régulièrement, vous ne devriez pas manquer le DVD. Celui-ci propose un menu assez basique, sans choix des langues, avec seulement le film en version française, les chapitres et la bande-annonce française. Ca reste tout de même suffisant pour apprécier cette bourrinnade savoureusement nanarde à la fois très représentative de ce genre de direct-to-vidéo des 90's et sortant du lot par son aspect décérébré too much. Il ne tient à présent qu'à vous de parfaire votre culture cinématographique en compagnie de l'impayable Hulk.
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