Edit folet Terminus -@- (
Rico)
Terminus un film de Pierre William Glenn avec Johnny Hallyday, Jurgen Prochnow et Karen Allen (France-Allemagne, 1986, 1h50)
Genre: Tout le monde descend parce qu'il a honte (post apocalyptique)
Arf une nouvelle version choc américaine, ils sont vraiment gonflés
Vous avez aimé « Diesel » ?
(Non franchement vous avez VRAIMENT aimé « Diesel » ?)
Et bien dans la vague post apocalyptique bleu-blanc-rouge voici l’ineffable « Terminus » avec Johnny Hallyday.
Certes notre rockeur national n’avait pas attendu ce film pour se ridiculiser au cinéma. Dès les années 60 il avait participé à quelques chefs d’œuvres du cinéma yé-yé tels que « D’où viens-tu Johnny », « A tout casser » ou le ringardissime « Cherchez l’idole » de Michel Boisrond (sur un scénario de Richard Balducci, excusez du peu) avec des pointures comme Franck Fernandel et Dany Saval. On le croise même dans un western spaghetti de Sergio Corbucci « le spécialiste ». Quiconque l'a vu dans « David Lansky » son « Inspecteur Harry » du pauvre sait à quel point notre Johnny peut être mauvais acteur, mais bon c’est bien connu, on ne refuse rien à la star même quand elle a le nez dans la dope.
Or donc, en ces années là, notre rockeur hexagonal était en plein trip Mad Max : Vêtu d’une peau de bête, il déboulait sur scène en 82 dans une atmosphère de fin du monde au milieu de figurants se tapant de dessus à coup de hache.
Le concert Mad max de 82...
Cherchant une crédibilité au cinéma, il tourne avec Godard et Costa Gavras mais surtout rêve d’un film d’action qui le propulserait star du genre. Il va débaucher le français Pierre William Glenn, caméraman compétent mais réalisateur débutant, trouver un financement allemand et produire son Mad Max à lui : « Terminus ».
Dans une Europe retournée au chaos suite à des guerres civiles, un énorme camion « Monstre » transportant secrètement des fœtus clonés pour le compte d’un milliardaire décadent, essaye d’échapper à ses poursuivants les « gris » dans une espèce de jeu pervers. S’il n’y a pas eu de grande catastrophe, on est ici très clairement dans un univers à la Mad Max avec milices fascisantes, courses de véhicules customisés et atmosphère déliquescente. Johnny et une petite fille se retrouvent devoir piloter le camion géant et à échapper à des hordes de poursuivants.
Les images de la jaquette, j'adore particulièrement Karen Allen faisant du karaté
Dans le genre blockbuster raté, voilà un monument qui se pose là. Les cheveux décolorés à l’eau de javel, Johnny joue « le manchot », l’anti héros le plus mollasson de l’Histoire. C’est bien simple il ne fait rigoureusement rien pendant tout le film !! Traînant un regard carrément absent pendant tout le métrage, il se contente d’être là rien de plus. Croulant sous les déguisements ringards, le pauvre Jurgen Prochnow joue trois rôles : Monsieur, le milliardaire décadent (doublé en français par Howard Vernon), le docteur : un savant fou qui tripatouille dans le clonage et est accompagné d’un gamin surdoué, et enfin un tueur psychotique frère du docteur précité qui traque Johnny dans son camion pseudo invisible. Karen Allen (les aventuriers de l’arche perdue) à beau être en gros sur l’affiche, son rôle est sacrifié en moins de dix minutes.
Mon pauvre Jurgen... une esthétique classe et de bon ton: bref on se croirait chez michou
En bon film français le film se pare de toutes les tares habituelles du cinéma héxagonal : une prétention parfaitement pompeuse qui se traduit par des dialogues philosophico-pouet pouet sur la vie, la mort le destin etc… La voiture du docteur a même « P.K. Dick » comme plaque d’immatriculation…
De même, malgré le pognon investi à l’écran et le travail des nombreux cascadeurs les scènes de cascades sont toutes effroyablement mal filmées et mal montées et ne provoquent au final qu’un ennui poli. Autre défaut du film : les rôles les plus importants sont tenus par des gosses (dont la propre fille du réalisateur) parfaitement horripilants en singes savants qui débitent leurs textes en essayant d’avoir l’air naturel. Le plus ringard restant l’esthétique science fictionnelle pourtant supervisée par Enki Bilal : si les véhicules ont de l’allure, on ne peut pas vraiment dire la même chose des costumes et des maquillages outranciers des figurants (j’ai mis des photos ça fait un peu soirée drag queen…).
Honte de rien, ils n'ont honte de rien... Cadeau supplémentaire, l'interieur de mon salon se reflétant sur ma télé...
Bref autant dire que comme Diesel ce n’est pas un très grand nanar en tant que tel, mais que c’est surtout par son casting, sa prétention et son statut de Mad Max franchouillard qu’il gagne son droit de cité ici. Beaucoup de pognon semble avoir été investi dans ce ratage, les cascades et explosions mal filmées ne manquent pas, les décors frimes et les figurants maquillés comme des voitures volées non plus. Le résultat est simplement ridicule et d’un mauvais goût très sur…
Ouh les vilains barbares qui veulent embeter Karen Allen ! attention les gars, elle va faire du karaté
Le film fit beaucoup rire à sa sortie… enfin la poignée d’inconscients heureusement peu nombreux qui ont été voir ce naufrage au cinéma. Évidemment ça peut faire marrer sur le moment mais il faut aussi se rappeler que ce genre de naveton a flingué pendant près de quinze ans toute tentative de faire des films de SF en France, persuadant les producteurs que décidemment non, le film de genre c’était pas fait pour nous.
L'ordinateur central de "Monstre"... sans commentaire
Le film est désormais enterré tout au fond de la filmographie de Johnny qui ne s’en vante plus guère, préférant plutôt mettre l’accent sur ses films avec Godard ou Lecomte comme l’Homme du train qui lui a valu à plus de soixante ans le prix Jean Gabin du meilleur espoir au cinéma (Avant, l’année suivante que sa fille Laura Smet l’obtienne à son tour, quand on vous dit que le cinéma est une grande famille).
"J'oublierais ton nom... dans ma filmographie...."
A quand une édition DVD de prestige avec commentaire audio de la star ? Allez un bon geste !
Note : 1/5 (et c’est bien payé)