GRANNY
Réalisé par Boris Pavlovski
Avec : Sasha Popovic, TOMI, Katie Dugan, T.J. Bigbee, John Stoops, Annemieke Van Der Meer… bref que des pointures.
Catégorie : slasher raté
Genre : Le diable s'habille en Damart
"C'est quoi Granny ?"
Longtemps encore, cette question innocente de l'ami Wallflowers, en visite à la maison, résonnera dans mes oreilles… Granny; apparemment ça avait l'air d'un slasher bas de gamme, rien de très risqué pour nos estomacs solides. Un DVD de ma chère et tendre, que je n'avais jamais remarqué, prenant la poussière tout au bas de la pile. Rien de très risqué… nous avions bien remarqué la jaquette indicible, le prix de 1,5 € apposé à l'intérieur du boitier, mais il a quand même fallu qu'on insère ce disque du diable dans le lecteur.
Et là sous nos yeux ébahis et humides d'émotion, se sont étalées dans un bruit flasque, 77 minutes de nanar d'horreur du plus beau rouge !
Le lendemain, après avoir passé une nuit fiévreuse à ressasser ce film choc, Camarade Maussade nous a gratifié d'un "Ah ! Vous avez regardé Granny ? C'est du lourd hein ?". Du lourd, c'est le moins qu'on puisse dire…
Un titre tout en sobriété...
"Des filles, de l'alcool, de la musique, une grande maison vide… Tout semble avoir été prévu par Tom et ses amis pour organiser la fête de l'année. Tout sauf une invitée surprise, une grand mère armée d'une hache et d'un appétit féroce de meurtre… Dans l'esprit de Urban Legend, Scream, Souviens toi … l'été dernier, Granny vous invite à une fête sanglante."
Oui…
… une grand mère…
… avec une hache...
… arrrh, mon esprit s'égare encore, revenons à nos moutons !
Tom, lookalike troublant d'Eminem, qui a aussi commis la musique du film : SOIS MAUDIT !
De gauche à droite : Jason le petit comique, Michelle la sainte-nitouche, Natalie
la grosse chaudasse, et Peter l'homme trop bien sapé.
Tous commence par un air d'orgue Bontempi qui vous vrille les tympans, et ne vous lache plus jusqu'au bout du générique final. La musique omniprésente de TOMI (qui joue également le rôle de Tom) contribue grandement au côté éprouvant du film. Ce synthé imitant l'orgue finirait presque par vous faire regretter la musique de
L'Homme Puma, c'est vous dire !
Tom et ses amis sont un gros chouette tas de chic copains, de vrais ouf malades, qui n'hésitent pas une seconde à organiser des teufs de guedins dans une maison vide, pour accueillir leur nouvelle meilleure amie du monde : Michelle. Fraichement arrivée à Chicago, elle est bien aise d'avoir trouvé une telle bande de potes ! Autant vous l'annoncer directement, ils sont tous mauvais comme des cochons, doublés n'importe comment, et affublés de comportements et de personnalités totalement idiots. Pour preuve, ils jouent à se faire peur comme des enfants d'une dizaine d'années, en se racontant des histoires terrifiantes sur le meurtre de la grand mère d'un d'entre eux, tout en se faisant passer des bouts de viande de main en main les yeux fermés… édifiant !
Des éclairages audacieux.
"- Et après on sort les tablettes ouija !
- Ouéééééééé ! "
Ils se complaisent également à commettre des discussions interminables sur le sexe, leurs fantasmes, les différences homme/femme, le sexe, leurs peurs panique (judicieusement traduites par "paranoïa", pour notre plus grand bonheur… ça en dit long sur le travail effectué pour la VF !), la taille des seins, le sexe, ainsi que leurs dernières expériences sexuelles. Ces scène d'exposition des personnages nous donnent une bonne demi-heure de pas grand chose, si ce n'est un tombereau de platitudes, de surjeu, de regards mornes, de doublages à côté de la plaque et de garde-robes à la provenance douteuse, certainement d'une pièce d'un Jérôme Deschamp local. D'ailleurs, sur ce dernier point, le film a été commit en 1999, mais le look des protagoniste semble parfois tout droit sorti d'un épisode de Parker Lewis. Une fois ces "tarantinades" du pauvre passées, il est grand temps de passer aux choses sérieuses ! Tom, en grand maître de cérémonie a une idée de génie : il envoie tout le groupe faire un tour dehors pendant une heure, histoire de préparer une mise en scène terrifiante pour leur retour. Il les regarde donc s'éloigner, et de la fenêtre les bénit d'un signe de croix qui en dit long. On s'en lèche les babines…
La super méga-teuf de la mort à huit dans le salon.
Nos crétins s'en reviennent donc une heure plus tard, et là stupeur, un mot sur la porte leur annonce que Tom a du partir précipitamment et qu'il leur expliquera plus tard… Ha haaaa ! Cela ferait-il partie de sa mise en scène ? Quoi qu'il en soit, le groupe s'installe à l'intérieur, et attend tranquillement le signal du début du jeu, quand des pleurs se font entendre à la cave ! Jason n'écoutant que son courage (ainsi que son envie de bières) commet l'erreur que font tous les personnages de slashers, il se sépare du groupe pour aller voir de quoi il en retourne.
Vous êtes certainement comme nous au moment du visionage du film : vous la voulez vôtre grand-mère tueuse ? Et bien vous allez l'avoir, et croyez-moi, vous ne serez pas déçus ! Dans la cave il tombe sur un type déguisé en mémé de carnaval, chemise de nuit d'un bleu "layette" , masque en plastoque et cheveux de poupée d'un blanc immaculé. C'est bien simple, même le monstre-nazi de
Devil Story à côté, il fait autant peur que Leather-Face !
Comme de juste, notre nouvelle star des boggeymen saisit une hache, et trucide l'infortuné Jason d'un coup en pleine tête filmé en ombre chinoise sur le mur, qui se retrouve aspergé de ketch… de sang ! AFFREUX !
"- Granny ? Mais qu'est-ce que tu fais là ?
- PAF !"
A partir de là, tous les clichés du film de "méchant-masqué-qui-massacre-des-teenagers" s'enchainent, dans une symphonie d'effets spéciaux ratés, de cache-misère grossiers, de morts idiotes et de courses poursuites à deux à l'heure dans les escaliers de la maison. Aaaaah la maison ! Il est temps d'aborder ce chapitre… chef d'oeuvre d'une architecture digne d'Eischer, ses escaliers montent en bas, et descendent à l'étage. Une vraie maison démoniaque, dont les portes se ferment toute seules, et où la mémé tueuse apparait là ou on l'attend le moins pour faire de nouvelles victimes. D'éminents exégètes du film, tels que C. Beyond, ou encore le fameux cinéphile lyonnais O. Zymandias l'ont de nombreuses fois citée en exemple du symbole de la perte de repère de la jeunesse actuelle, ou encore de la voracité d'une société inhumaine qui égare les âmes censées être nobles dans un dédale consumériste de désirs inassouvis. Bon il se peut aussi que le réalisateur se moque totalement de la cohérence de l'unité de lieu dans son oeuvre, néanmoins, la question reste posée.
Tom, enfin de retour de son escapade urgente - il était allé chercher des bières à la supérette du coin - découvre la situation, et décide de prendre les choses en main. La vieille n'a qu'à bien se tenir, il monte lui régler son compte avec Peter, l'homme à l'atroce pantalon. Bien mal leur en aura pris : le premier en sera quitte pour une bonne bastonnade à coup de batte de base-ball qui fait un bruit de fouet, tandis que le second quitte le film, balancé par la fenêtre tel un vulgaire mannequin en mousse.
Vraiment TOUS les clichés...
Les meurtres sauvages se succèdent donc, et ne se ressemblent pas, si ce n'est par leur côté ridicule. Même la police, prévenue par téléphone semble impuissante à éviter un destin funeste à nos gentils jeunes cabotins. Ils se séparent donc les uns après les autres pour inévitablement tomber dans les griffes de l'omnipotente Granny. Qui d'être énucléé à coup d'aiguilles à tricoter ? Qui de finir étouffé dans un sac plastique ? Je préfère ne pas tout vous dévoiler ici, excepté le fait que la dernière debout, la douce Michelle aux yeux de vache (oui d'accord, au regard bovin, je corrige) est gratifiée sans conteste de la mort la plus nanarde du métrage : elle semble en effet terrassée par une fluxion de poitrine, le réalisateur semblant soudain se rendre compte que les 1 h 17 de pellicule étaient bientôt écoulée. Il ne nous gratifie pas moins d'un splendide twist final qui ravira les amateurs du genre… non j'déconne c'est tout pourri et cousu de fil blanc ! Alors pour se faire pardonner, il nous assène un DEUXIEME twist, histoire de bien marquer notre cerveau pantelant du fer chauffé au rouge de son génie visionnaire. J'ai l'air d'en faire trop ? Bon d'accord, je l'avoue, le final n'est pas aussi grandiose que ça… Ok, ok ! C'est tout pourri aussi, vous êtes contents là ?
Mami Nova dans ses œuvres.
Fauché comme les blés, doté d'un casting lamentable, d'un budget qu'on devine vite misérable, GRANNY n'est certes pas un diamant brut du slasher, tel le légendaire
Devil Story, mais il fait partie des sympathiques nanars qu'on ne soupçonnait même pas posséder, et qui sauvent une fin de soirée somnolente, la transformant en une expérience qu'on s'empresse de faire partager au plus grand nombre.
Granny ?
Note : 2/5
Cote de rareté : 2/ trouvable
Bon voilà, il manque encore l'addendum indispensable de ma Camarade, découvreuse officielle du film, pour que la chronique soit complète.