Bonjour. Nouvelle petite chro concoctée avec amour. Bonne lecture.
PS : dites-moi si les caps sont assez grandes, sinon j'en referai d'autres.
-_-
SEARCHERS OF THE VOODOO MOUNTAIN
Titre original : Warriors of the Apocalypse
Titres alternatifs : Searchers of the Voodoo Mountain, Time Raiders
Réalisateur : Bobby A. Suarez
Année : 1985
Pays : Philippines
Genre : Post-apo-pourri (Catégorie :
Aventures)
Durée : 1h36
Acteurs principaux :
Mike Cohen,
Don Gordon Bell, Michael James, Robert Marius, Ken Metcalfe, Deborah Moore, David Light, David Brass, Steve Rodgers, Franco Guerrero, Willy Williams, Christine Landson
Tiens, un post-apocalyptique ! Ah non, un film d'aventure exotique... A moins que ce soit un film sur le vaudou ?
C'est tout ça à la fois, et bien plus encore. Car si cette production philippine porte trois titres très différents, c'est qu'à l'instar des "Nouveaux Conquérants" ou des "Prédateurs du futur", il s'agit d'un cross-over de type "fourre tout" réunissant une multitude d'éléments hétéroclites. On surfe ici avec bonheur sur les succès de "Mad Max", "Conan le barbare", "Star Wars" et "Indiana Jones", pour un résultat évoquant assez une vieille BD de gare du genre "Warlord" ou "Mandrake", réchauffée à la sauce post-nuke cheapo-retro-punk 80's, pimentée d'un zeste de plans nibards et servie par nos vieux potes du bis philippin. Un mélange qui s'avère très digeste et savoureux pour les papilles du fin gourmet nanarophile.
En entrée, nous avons droit au bon vieux stock-shot de champignon nucléaire commenté par une voix-off sentencieuse et tragique qui nous annonce que quelques 150 ans après la bombe, des groupes de nomades qui constituent les restes de l'humanité parcourent la terre, devenue un désert suite aux retombées radioactives, à la recherche de nourriture et d'eau. C'est l'un de ces groupes de survivants dont nous allons suivre les aventures. Ce groupe est commandé par Michael James, acteur ressemblant à s'y méprendre à Jean Dujardin imitant Sean Connery, vu dans quelques namploitation philippins aux titres qui tuent comme
"Ultime Mission", "Commando Invasion" et "Omega Commando". Il joue ici le pur héros "Mel Gibsonien" au plastron de cuir, un conquérant de l'apocalypse désabusé et couillu, un mec "différent des autres", au mutisme tellement charismatique (ou au monolithisme tellement inexpressif, diront certaines mauvaises langues). Il est même "insensible à la peur et à la douleur". Non ce n'est pas un super-pouvoir hérité des gerbes atomiques, c'est juste qu'il est méga-viril.
Il est grand, il est beau, il sent bon le sable chaud (chauffé à la bombe H, s'il vous plait !)...
L'indispensable forte-tête du groupe, c'est Robert Marius, un autre habitué des rôles de baroudeur commando, que vous aurez le plaisir de retrouver dans quantité de bis tournés dans l'archipel ("War without end",
"Vengeance Squad",
"Alien la Créature des Abysses", "Cop Game" de Bruno Mattei). Acteur sympathique, vague (j'ai dit vague) lookalike de Brad Pitt, jouant volontiers les durs et exorbitant les yeux derrière ses lunettes à verres amovibles, son personnage est ici un accro de la gâchette qui conteste l'autorité du chef sans pour autant être le traître de service, c'est juste le colérique de la bande, dont le rôle est de pimenter un peu les scènes de dialogues par quelques coups de gueule bien sentis.
Après l'apocalypse, les Village People deviendront les maîtres !
Le doyen de la troupe, surnommé Doc en raison de ses compétences médicales, est incarné par le vétéran revenu de tout
Mike Cohen alias
Le Parrain. C'est sans doute le meilleur acteur du film, Mike assurant à merveille son rôle de vieux-sage-qui-en-connait-un-rayon-sur-le-monde-d'avant-la-bombe-parce-qu'il-a-soif-de-connaissances-et-qu'il-en-a-vu-dans-sa-chienne-de-vie. L'encyclopédie de la bande, quoi. Mike semble très à l'aise dans ce registre et livre une interprétation très convaincante.
En fin de colonne, nous retrouvons les seconds couteaux du bis manillais David Brass (l'otage de Jacoda qui demande
"Bousille-leur la gueule à tous ces salauds !" à Mike Ransom dans
"Strike Commando"), l'inévitable David Light et sa belle trogne de vicelard, ici fringué en drag-queen et pour une fois pas dans un rôle de méchant, et Steve Rodgers, affublé d'un bonnet de schtroumph du futur. Enfin, histoire de me la péter "physionomiste du bis" jusqu'au bout et de faire passer à la postérité un honnête figurant dont le bon gout vestimentaire n'avait pas encore été reconnu, signalons la brève présence d'un septième baroudeur joué par Arturo Estrada, qui jouait le sergent instructeur sévère-mais-juste de
Bruce Baron et son commando dans
"Les Massacreurs" (ça vous épate que je sache tout ça, hein ? Hein ?... Comment ça, non ?). Ce personnage se fait occire à la première escarmouche contre un gros barbu qui promène son domestique porte-parasol à travers le désert et maltraite ses deux esclaves pour passer le temps _ car les occupations sont rares dans une carrière de sable ne comptant qu'un pneu et une vieille toile de tente pour tout mobilier.
Ces comiques sont l'avenir de l'humanité !
Vous avez pu constater en voyant les caps les looks tout bonnement top classes de nos rescapés de l'holocauste nucléaire. Outre que tous auraient pu jouer dans
"Les Rats de Manhattan", on remarque que la dernière mode post-apocalyptique privilégie les épaulettes surdimensionnées, de préférence cousues à partir de pièces de matelas et de gilets pneumatiques. Est-ce en prévision du déluge ou par simple nostalgie de l'eau en cette période de sécheresse radioactive ? On note également que malgré la disparition de la couche d'ozone et le soleil qui cogne, la plupart des protagonistes traversent le désert sans couvre-chef. Gaffe aux insolations les mecs !
Ces bouées en plein désert me fascinent. Y aurait-il une symbolique cachée dans tout ça ?
Passons au plat de résistance, puisqu'au bout de vingt minutes d'errance et de gunfight à coups de pistolets futuristes aux bruitages rigolos dans des paysages arides et désolés, qui feraient passer les post-nuke de
Cirio H. Santiago pour des blockbusters, nous changeons de cadre et pénétrons dans la jungle mystérieuse. Car notre troupe d'aventuriers futuristes va rencontrer un être extraordinaire et énigmatique qui va les guider jusqu'à la légendaire Montagne de la Vie. Ce personnage est joué par Franco (dit "Chito") Guerrero, un acteur philippin abonné aux rôles d'officier Viêt-cong et autres bad guy patibulaire, qui a la particularité de tirer la tronche dans tous les films dans lesquels il apparait. Pour ne pas décevoir ses fans, il met donc ici un point d'honneur à faire la gueule durant tout le métrage. Faut dire aussi que le costumier ne l'a pas gâté en l'affublant d'un bandeau absurdement démesuré...
T'as le look, Chito !
Ensuite, entre quelques pièges de jungle et une querelle entre baroudeurs, nos amis vont faire des rencontres hautes en couleurs. Des sauvages peinturlurés tendance "bouga bouga", des nains immortels qui parlent comme les Ewoks du "Retour du Jedi", des Amazones délurées en chaleur vêtues de bikinis de fourrure et une reine à gros seins qui ne peut pas vieillir. Ils devront aussi se défier des manigances d'un méchant prêtre vaudou, lequel mettra en œuvre ses pouvoirs démoniaques car il est jaloux du héros qui a bien évidemment tapé dans l’œil de la reine immortelle. Le film nous propose une variation sur le thème de l'amour impossible entre un simple mortel et une reine sur laquelle le temps n'a pas prise, popularisé en son temps par le romancier britannique Henry Rider Haggard, sauf que nos amis philippins ont décidé de pimenter la chose avec un élément imparable d'originalité : des scènes de fesses. Nos héros se retrouvent ainsi au paradis des plans nichons, les Amazones s'empressant de les entraîner dans des orgies lascives qui demeurent cela dit très softs et bon enfant. Des gunfights réguliers assurent quant à eux le quota action du film avec leurs effets pyrotechniques pétaradants et ces éternels bruitages de pisto-laser faits au synthé.
Comme eux, dites oui à la nouvelle crème anti-âge de Diadermine et accédez ainsi à la jeunesse éternelle.
La guerre des sexes est déclarée...
Peut-être pas en fait...
Le vilain Grand Prêtre comploteur est joué par Ken Metcalfe, que l'on a également pu voir en nazi conducteur de dragon-robot en carton dans
"Dynamite Boy".
Des amazones nymphomanes sur les bords, et au milieu aussi.
Passons enfin au dessert, qui est réellement l'élément nanar majeur du film. Nos héros ont pu gouter aux charmes qu'offrait la cité perdue mais celle-ci dévoile bientôt l'envers de son décor, car sous le temple sacré en carton-pâte, nous découvrons comme dans un bon vieux serial que le grand prêtre exploite honteusement un peuple de mutants troglodytes (bon, en fait, ils ne sont que cinq ou six) afin de puiser une source d'énergie à concentration proto-moléculaire toxico-magnétique de machin-chose. Ces zombies à capuches cradingues et au maquillage grumeleux tout droit sortis de
"Zombi 4 : After Death" vont bien entendu se révolter contre l'oppresseur, idée vachement originale qui ne sera en fait pas plus déterminante que ça dans la chute de l'empire maléfique car cette mutinerie de la classe ouvrière arrive au final comme un cheveu sur la soupe. Car au même moment, une lutte fantastique oppose la reine anti-âge au prêtre diabolique. Ce duel se révèle un sommet de kitsch et de ringardise psychédélique car nos deux clowns en costumes de carnaval se battent à coups d'éclairs fluos qui leur sortent des yeux avec un bruitage hilarant à base de "tchiiiouuu ! tchiiiouuu !", avant que le trône de la reine ne révèle ces secrets... "high-tech". Je ne spoilerai pas l'ultime incohérence absolument pas justifiée du scénario et me contenterai de vous donner un indice : un personnage sensément immortel meurt sans qu'on comprenne trop pourquoi...
Attention : effets spéciaux futuristes aux couleurs flashies aveuglantes (risque élevé de cécité) !Comme en discothèque !
J'ai volontairement suivi un récit plus ou moins chronologique du film car "Searchers of the Voodoo Mountain" se découpe ostensiblement en trois temps/trois genres distincts : d'abord le post-apo miteux, puis la "junglerie" à l'exotisme bon marché et le final totalement "portenawak" qui recycle avec bonne humeur quelques poncifs au charme désuet du cinéma sci-fi des 50's. Et aussi parce que ça me semblait être le moyen le plus simple de vous mettre en appétit pour savourer ce ragout philippin bouffant à tous les râteliers dans un total enthousiasme s'avérant très communicatif. Le délire ou la ringardise de certaines scènes ne sauraient toutefois masquer le fait que le film se révèle tout autant une bonne série B qu'un nanar bidonnant et qu'on peut tout à fait suivre ces péripéties naïves au premier degré. La réalisation est sans génie particulier mais parvient tout de même à insuffler du rythme, une bonne humeur et un sentiment de joyeux bazar à l'ensemble, et comme souvent dans le bis besogneux des Philippines, la beauté des décors très soignés ferait facilement oublier le budget famélique de la production. Intrigues, action, rebondissements téléphonés, suspense délicieusement prévisible, dépaysement, imagination, Bobby A. Suarez met en image les fantasmes les plus délirants de l'enfant qui sommeille en tout nanardeur dans cette bande dessinée filmée généreuse et réjouissante.
Note : 2,75/5
Icono :
http://www.post-apocalypse.co.uk et
http://www.merryfrolics.wordpress.comCote : 6, introuvable. Il n'existe à ma connaissance aucune édition DVD. Le film est sorti en VHS anglophone sous les titres "Searchers of the Voodoo Mountain" et "Warriors of the Apocalypse". Il semble également avoir connu le titre alternatif "Time Raiders".