Bonjour. Voici mon avis sur un nanar que j'ai découvert cette nuit. Je vous souhaite une bonne lecture.
-_-
CONAN LE CONQUÉRANT
Titre original : Conan
Titres alternatifs : Conan the Adventurer
Réalisateur : Gérard Hameline
Année : 1997
Pays : États-Unis/Allemagne
Genre : Le recalé du Walhalla (Catégorie : Heroic Fantasy)
Durée : 1h30
Acteurs principaux : Ralf Moeller, Danny Woodburn, Robert Mcray, Andrew Craig, Jeremy Kemp, Andrew Divoff, Edward Albert, Vernon Wells, Mickey Rooney, Aly Dunne
Si vous parcourez le site, vous remarquerez qu'à Nanarland, on aime bien les Messieurs Muscles. Culturistes, footballeurs ou catcheurs, on est preneurs, du moment qu'il y a de l'huile sur les abdos et une prétention niaise de la part du comédien improvisé, c'est du tout bon. Si certaines montagnes de muscles savent jouer la comédie (Arnold Schwarzenegger, Sylvester Stallone quand il est motivé, voire même Van Damme dans ses derniers films, qui l'eut cru !), il faut bien dire que c'est loin d'être le cas de tous, et avoir des biceps aussi gros que les cuisses ne suffit pas à rendre charismatique. Les auteurs de ce,... cette chose que nous allons examiner aujourd'hui auraient du y réfléchir à deux fois avant de confier le rôle de Conan en personne à Ralf Moeller.
Du charisme en barre (poil au barbare) !Pourtant, ça aurait logiquement du marcher, puisque les producteurs ont bien fait gaffe de recruter un ex-Mr Univers teuton, histoire d'avoir un nouveau Schwarzy pour pas cher. Oui mais voilà, si les biscoteaux sont au rendez-vous, le charisme et le jeu d'acteur sont cruellement absents et il faut bien reconnaitre que Ralf possède une tronche assez collector. Inexpressif au delà de l'infini, le regard vitreux complètement vide, la démarche balourde, beuglant et grimaçant comme un forcené à chacun de ses coups d'épée dans les scènes de bagarre, vêtu d'un slip en fausse fourrure du pire effet, voilà un Conan à peine digne d'un ersatz italien des années 80. A l'instar d'un Hulk Hogan ou d'un Reb Brown, Ralf n'est pas trop mauvais acteur lorsqu'il s'agit de second rôle et qu'il est bien dirigé (
"Gladiator", "Pathfinder") ou même dans des rôles plus importants (
"Far Cry") mais devant ici porter tout le film sur ses larges épaules avec une direction d'acteurs inexistante, sa prestation est un ravissement permanent pour le nanardeur.
THE RALF MOELLER SHOWGnééé !MEUH !MEEEEUUUUUHH !Ralf est fier de son épée en plastic.Gnniii ! Gnniiiééééé !YAAAAAAAAH !!!BEEEEUUUAAAAAAARGHH !!! ("Mission... accomplie !")Après
"Conan le Barbare", le chef-d’œuvre de John Milius, qui parvenait par son talent hors-normes à transformer un projet qui aurait eu de grandes chances de n'être qu'une série B en opéra wagnérien d'une beauté et d'une puissance épique somptueuses, le héros de Robert Howard a été bien malmené par Hollywood. Le deuxième opus,
"Conan le destructeur", pourtant dû à l'immense Richard Fleisher, virait en effet à la pure bande-dessinée, le réalisateur s'orientant volontairement vers le
comic book. Richard, qui trouvait le premier film "prétentieux" et considérait l'
heroic fantasy comme un genre plus léger voire futile, s'inspire plus des Marvel Comics que des écrits de Howard là où la version de Milius évoquait davantage les superbes peintures de Frazetta, ce qui a pour effet hélas d'infantiliser le genre (bien que Richard Fleisher ait estimé avoir fait un meilleur travail que Milius !). Infantilisation qui alla en s'aggravant à mesure que les producteurs étaient de plus en plus persuadés que prendre un gros bourrin qui casse la tronche à des monstres en beuglant suffirait à satisfaire les fans de
sword and sorcery. Le fond du fond est atteint par la série TV dont l'épisode pilote nous intéresse ici. Dans les années 90, les séries foireuses adaptées de grandes figures mythologiques ou littéraires ne se comptaient plus (exemple : la série
"Hercule" avec Kevin Sorbo) et celle qui nous occupe ici en constitue sans doute l'un des pires avatars. D'ailleurs, l'ampleur de la catastrophe est telle que la série ne dépassa jamais la première saison.
Conan et son sidekick nain qui a la même voix que Bugs Bunny ont chipé Excalibur à Alexandre Astier.Carlos le barbare.Bud Spencer n'a pas beaucoup changé, par contre Terrence Hill a fait de la muscu et a décidé d'imiter la coupe Vincent Lagaff.Bud se rendant à une soirée costumée.Si avec ce plan, vous n'êtes pas convaincu de la nanardise de ce film, vous êtes un cas désespéré.Nous avons vu que le choix de l'acteur du rôle titre laissait quelque peu à désirer. Dites-vous bien que TOUT LE RESTE est du même tonneau ! Ce film est une horreur, une authentique abomination qui ne peut être appréciée que par des pervers comme nous. Tout y est tellement à chier que je ne sais par où commencer. Résumons d'abord l'histoire, qui nous est présentée sur un ton prétentieux et solennel par un narrateur qui n'a pas du tout la voix de l'emploi : le méchant sorcier Hissah Zul, roi des Cimmériens, souhaite empêcher la prophétie qui prédit la venue d'un puissant guerrier du nord qui mettra à bas son règne de terreur et prendra sa place sur le trône. Il envoie alors ses légions à la recherche de Conan (car vous aurez aisément deviné qu'il s'agit de lui) et grâce à la sorcellerie notre héros et la villageoise dont il est épris sont capturés. Conan est envoyé combattre les gladiateurs dans l'arène tandis que la chérie de son cœur est retenue prisonnière par un sorcier aux ordre de Hissah Zul, personnage que par commodité nous appellerons Le Fourbe. Parvenant à s'évader en provoquant une révolte, notre Cimmérien devra conquérir une émeraude magique pour délivrer celle qu'il aime. Voilà donc un pitch qui, bien que reprenant certains personnages et passages des écrits de Howard, ne fait que condenser à peu près tous les clichés du genre, sans que rien n'apporte à ces péripéties téléphonées le moindre souffle épique.
Hissah Zul, dont l'interprète cabotine à fond les ballons, et est parfois pris sans raison de tremblotements faciaux de vieillard sénile.Notre sorcier n'en branle pas une de tout le film et passe son temps à taper la discute avec un crane hideux qui lui sert de conseiller.Le chef de l'armée du méchant (le second couteau Andrew Divoff).Le même avec son casque des "Monty Python : Sacré Graal".FESTIVAL LE FOURBE :La mort du Fourbe :La blonde héroïne, une paysanne au physique d'ex-top model et au jeu grimaçant.Tout ce qu'on recherche lorsque l'on regarde un nanar de
sword and sorcery se trouve rassemblé dans cette grotesque pantalonnade. Vous vous attendiez à un minimum de professionnalisme de la part d'une production télévisuelle ? Vous aurez un jeu de rôle grandeur nature à l'interprétation de patronage dont chaque image atteste du budget famélique. Tout le film se déroule soit dans un sous-bois, soit dans des décors en carton du plus pitoyable et artificiel effet. La misère est ici absolue et les effets spéciaux sont tous à pleurer de rire. Entre images de synthèse ultra-rudimentaires et mal intégrées, et craignos monsters en marionnettes miteuses ou en CGI foireux, on peine à croire que les auteurs aient espéré vendre un produit aussi cheap à la chaine du câble la moins regardante (ce qui a quand même été le cas, ô miracle).
Un décor de reconstitution de monument en 3D pour visite touristique."C'est magnifique !" (dixit Conan)Une momie old school bien poussiéreuse.Des FX nanars new generation.L’araignée géante de "Ator" s'est faite faire un lifting sous paint.Tout le casting joue à coté de ses pompes, entre les guest-stars qui cabotinent toutes à mort pour transcender leurs rôles stéréotypés, l'amateurisme des acteurs principaux et les figurants qui s'agitent dans tous les sens lors des scènes de batailles plombées par une réalisation nullissime, qui abuse des effets débiles et des ralentis racoleurs, et par une musique pompière faite au synthé. Affublés de costumes de carnaval, les comédiens débitent, sans grande conviction ou en en faisant des caisses, des dialogues qui sont autant de répliques à l'emporte pièce.
Exemple, lors de la scène sentimentale à deux centimes entre notre barbare demeuré et sa copine :
(copine de Conan)
_ Pour quelqu'un d'aussi fort, tu as des gestes d'une grande tendresse !(Conan)
_ Et toi tu es comme du fer enveloppé dans de la soie, par Crom !Ou la réplique finale de Conan :
Par Crom ! Tous unis, nous aiderons les opprimés !Conan le conquérant c'est un casting en or 14 carats :
Vernon Wells, qui joue le maitre des gladiateurs, nous offre une performance goguenarde comme lui seul en a le secret.Un couteau dans une gorge d'enfant, ça s'enfonce comme dans du beurre.Ou comment conserver sa couronne de champion du monde de cabotinage artistique même après vingt ans de carrière.Edward Albert joue le couard du village, assénant les répliques du genre "Hissah Zul nous a toujours traité avec indulgence, ne nous révoltons pas, sinon nous allons tous mourir !", avant de devenir soudain et inexplicablement un courageux révolutionnaire défenseur des libertés encourageant ses camarades à renverser l'oppresseur.Edward en mode "ouéééé ! allons-y ! Promizoulin ! finissons-en !"La production, qui ne se refuse décidément rien, a réussi à s'offrir pour le rôle de Crom la participation de Richard Burton himself, qui fait ici un cameo treize ans après sa mort par le biais d'un stock-shot d'outre-tombe !Une image embarrassante pour les acteurs impliqués.Produit estomaquant de ringardise et de nullité, d'une débilité réjouissante, pathétique d'un bout à l'autre mais profondément exaltant de mauvais gout,
"Conan le conquérant" est d'autant plus consternant qu'il se réclame des écrits fondateurs d'un genre dont il représente le fond de la poubelle. Spectacle des plus sympathiquement raté, le résultat ressemble à une parodie ou à un florilège illustré de tout ce qu'il ne faut pas faire lorsqu'on a la moindre prétention à proposer des aventures un tant soit peu épiques. Méchants sournois et rigolards, héros aux muscles huilés, monstres grotesques, cabotinage et carton-pâte à tous les étages, mise en scène pédestre (c'est filmé avec les pieds, quoi),... un bonheur à savourer sans hésitation. Le Z télévisuel nous aura quand même offert de bonnes tranches de rigolade, par Crom !
Nickel Crom !Note : 2,5/5
Iconographie :
http://www.cinemapassion.comCote : 1, courant. Cet épisode pilote (titré "The Heart of the Elephant" lors de sa diffusion à la télévision américaine) nous est vendu comme la suite officielle des Conan avec Schwarzie dans une édition DVD zone 2 au contenu basique mais proposant la VF d'époque (vous pourrez notamment profiter du doublage de Ralf Moeller, qui se montre à la hauteur de la performance de l'original).
La jaquette du DVD français qui survend légèrement le produit.
Le lien vers le topic que La créature du lac gris consacra à la série (et à qui j'ai emprunté deux caps) :
viewtopic.php?f=1&t=20529