Titre original : Dans les griffes de la CIA
Titre alternatif : Ninja in the claws of the CIA, Made in ChInA, Kung Fu Emanuelle (ouais, ils ont mis qu’un m), Zen Kwan Do Strikes in Paris, Kung Fu Leung Strikes Emanuelle
Réalisateur : John Liu
Année : 1982
Pays : Hong Kong, Espagne
Genre : Dans les griffes de John Liu (Catégorie : Tatane)
Durée : 75 min
Acteurs principaux : John Liu, Casanova Wong, Roger Paschy, José Maria Blanco, Raquel Evans, Christian Anders
Avant toute chose, je me vois dans l’obligation de préciser un petit détail qui aura néanmoins une importance majeure dans la suite de cette chronique. En effet, si j’ai mis le titre VF de cette œuvre, ma chronique s’appuiera plus sur la version originale que la version française.
Après avoir vu la version anglophone et découvert qu’il existait un doublage français, je m’empressais de courir les sites de vente pour dénicher cette pièce de collection.
Un doublage foireux, des traductions à la va-vite, des retouches incongrues, je me disais que si, déjà, la version originale avait un fort potentiel, la mouture hexagonale devait alors en être décuplée.
Mais je me trompais. S’il y a bien quelques retouches de faites, elles ne rendent pas le nanar encore plus nanar. Au contraire, les dialogues sont même un poil meilleurs, ce qui a été retiré du film enlève un certain degré de bêtise et le doublage n’a absolument rien de scandaleux.
Attention, je n’entend pas par là que les Camemberts ont réussi à faire d’un film idiot un chef d’œuvre. Mais, nanarologiquement parlant, on préfèrera la « version longue » qui regorge d’un peu plus de nawak et qui prête beaucoup plus à sourire.
La précision est maintenant faite. Alors maintenant, chroniquons !
A n’en pas douter, ce film sent bon l’exploitation. Rien qu’à voir sa ribambelle de titres tous plus racoleurs les uns que les autres, on sent bien que les distributeurs savaient qu’ils devaient tout miser sur le titre parce que c’est pas avec le bouche à oreille que le bouzin allait marcher.
Si bien que, malgré ce que les titres tapageurs nous promettent, on ne verra pas vraiment de Ninja dans ce métrage. La dose d’érotisme ne dépassera pas celle d’un « Ninja Terminator » et on ne visitera Paris qu’une bonne dizaine de minute montre en main.
Mais, ne vous inquiétez pas, John Liu, notre expert en Zen Kwan Do, a plus d’une bêtise dans sa poche et va donc nous offrir suffisamment d’aspects audacieux pour satisfaire notre soif de nanaritude.
Car, oui, s’il faudrait remercier un seul et unique bonhomme pour ce métrage, nos louanges s’adresseraient alors à John Liu, acteur taiwanais qui a croisé le fer (ou plutôt les guiboles) dans nombre de films martiaux asiatiques.
Puisque finalement, « Dans les Griffes de la CIA » va être un métrage qui ne sera qu’un vaste spot publicitaire pour un style martial qu’il a inventé et dont il est le maître. Après tout, si Bruce Lee a fait connaître le Jeet Kune Do en tournant quelques métrages, pourquoi n’attirerait t-il pas quelques élèves par ce biais.
Le raisonnement se tient. Sauf que le John va trop vouloir en faire. Acteur principal, réalisateur, producteur, scénariste, chorégraphe des combats et même personnage principal (voui, le personnage qu’incarne John Liu s’appelle John Liu). Le spectateur pourra alors remarquer que l’absence de talent en tant que cinéaste du bonhomme n’a d’égal que son égo surdimensionné. Et ceci… pour notre plus grand plaisir.
Qui mieux que moi et ma gamme complète pour incarner mon propre rôle ?J’ai croisé les guiboles avec les plus grands moi !Moi, j’ai pas besoin d’un katana pour couper une pastèque. Et puis mon jeu d’acteur, regardez plutôt…Là, je suis la suspicion !Et là, je suis le bonheur !Je suis la colère !Et maintenant, je suis la constipation !Dès le départ, le propos est douteux d’un point de vue scénaristique. Il frappe fort d’entrée en nous offrant une incohérence flagrante qui n’échappera à personne.
Ainsi, dans les premières minutes du film, nous pouvons voir des agents de la CIA capturant un docteur travaillant pour le KGB. Ce dit-scientifique a mis au point une sorte de programme mêlant hypnose et arts martiaux pour créer le soldat parfait. Et oui, un type capable de défoncer des mâchoires tout en restant de marbre, grâce à l’hypnose, aux attributs féminins, si ça c’est pas le soldat parfait, bah moi, j’y connais plus rien en espionnage.
Hélas pour la CIA, le chercheur va se faire assassiner aussi sec et l’agence se retrouvera la queue entre les jambes.
OUI MAIS NON ! Super coup de bol. Aux Etats-Zounis, y a justement un maître en arts martiaux qui est capable de déboiter n’importe quel quidam… tout en restant insensibles aux avances féminines ! ! ! Mais c’est que ça tombe bien ça ! Allons le chercher ce fameux John Liu, expert en Zen Kwan Do.
Euh… ouais… d’accord… mais… pourquoi la CIA n’a-t-elle pas pris d’abord contact avec ce type plutôt que d’aller kidnappé un type du KGB en risquant un retour de la Guerre Froide et sans avoir si le monsieur allait sagement co-opérer ?
Hey les mecs ! Ca fait pas un peu cheapos pour des bureaux de la CIA ?On a un petit budget alors on a tout misé sur le charisme des acteurs.Je ne dirai pas l’contraire.Ceci explique donc la classe absolue des deux agents en début de film.Etonnant qu’on apparaisse que deux minutes !Cette bizarrerie dans l’intrigue ne sera pas un fait isolé. A plusieurs reprises dans le métrage, John Liu va nous prouver son incompétence chronique à raconter une histoire qui tienne un tant soit peu debout.
John Liu (le personnage ce coup-ci) va donc être engagé, non sans un odieux chantage, par la CIA pour former une bande de bidasses à se battre et à résister aux paires de nichon. Cette phase prendra un bon bout de temps et nous la détaillerons plus tard. Néanmoins, sans trop que l’on sache pourquoi, John Liu (le personnage) va se dire que merde, la CIA fait des trucs vachement trop zarbes et qu’il ne veut pas participer à ça. Il se barre.
Il va alors tenter de s’enfuir avec une femme agente avec qui il s’est amouraché après l’avoir sauvé d’un viol. A partir de ce point, John Liu qui en sait trop sera traqué sans relâche par la CIA. Et, comme souvent, pour faire monter la colère du héros, sa fiancée succombera sous les attaques de ces salopiauds dans une scène hautement symbolique.
Caroline, nous avons échappé aux griffes de la CIA. Nous allons maintenant pouvoir vivre heureux tous les deux au Mexique.Ressentez la puissance des griffes de la CIA !Tu vois John, c’est là que je me dis que ce n’était peut-être pas une bonne idée d’avoir affiché un si grand drapeau des States sur notre drapeau juste après avoir échappé aux griffes de la CIA.C’est là que le moment nawak arrive. Logiquement, la mort d’une petite-amie devrait suffire à justifier une vengeance, non ? Et bah pour John Liu (le scénariste là), ça ne suffit pas. Juste après la mort de ce personnage, nous allons avoir le droit à une discussion entre le chef des opérations et un agent de la CIA disant : « Maintenant, John Liu est à Paris, il a une femme et un gosse et… »
WO WO WO ! Deux secondes là.
On ne vient même pas de se remettre du décès de la première petite-amie qu’on nous annonce, comme ça, qu’il s’en est fait une nouvelle et qu’il a même un enfant ? Rapide le John. Il ne s’est même pas passé cinq secondes entre le décès de la première et sa nouvelle idylle mise en scène par l’ellipse la plus pourrie de l’histoire du cinéma.
Et puis, vous savez quoi ? Et bah cette incartade à Paris vachement courte va se finir par… le meurtre de la seconde petite-amie.
Cette fois, j’ai bien compris la leçon. Ce coup ci, je vais attendre au moins 20 minutes avant de me remarier.Ouais… là c’est bon hein ? Il est bien vénère le John Liu. Ca devrait suffire pour justifier une vengeance là !
Et bah si je pose la question, vous vous doutez bien que non. Le frère de John Liu (le personnage), incarné aussi par John Liu (l’acteur), va se faire trucider par la CIA non sans que John Liu (l’ingénieur du son) n’agrémente ironiquement cette scène de l’hymne national américain. M’enfin, sachez que la CIA n’a pas fait exprès ce coup ci, ils pensaient buter John Liu (le personnage) mais pas de bol, vu que tous les bridés se ressemblent, ils sont tombés sur le frère. Faites pas cette tronche, ça aurait pu arriver à n’importe qui hein.
Et ce coup-ci, ça va être bon. Il va être suffisamment furax pour aller déboiter de l’agent de la CIA, le John Liu (le personnage).
Oh ça va, ça sent pas trop le traquenard ici.Pour cacher son vil assassinat, la CIA veut faire porter le chapeau aux Ninjas Vénitiens !Et bien, puisque l’on parle de James, le frère de John Liu (le personnage). La transition est toute faite pour parler encore une fois du manque de talent d’écriture de John Liu (le scénariste).
Après l’ellipse parisienne, on voit James Liu en train de rédiger une lettre sommant à son frère de rendre les documents secrets qu’il a volés lors de sa fuite avec sa première petite-amie. Pour bien resituer, nous sommes à dix minutes de la fin du film et on nous balance à la gueule un nouvel élément totalement inconnu. A aucun moment, ni dans la fuite, ni lors de la phase avec la première petite-amie et encore moins à Paris, il n’a été question de documents secrets. La CIA tentait de tuer John Liu (le personnage) bien avant que l’on connaisse cela et nous n’avons absolument aucune idée du contenu même de ces documents.
Et pourtant, cela va être le nouveau point d’orgue de John Liu (le scénariste), maintenant qu’il les a introduit, on va entendre John Liu (le personnage) se targuer d’avoir LES documents secrets en sa possession. Lors de la scène finale, tout le monde se battra pour une mallette contenant les soit-disant documents… alors que ce n’est même pas John Liu (le frère de James Liu) qui l’a amenée.
Bref, les choix du scénariste sont extrêmement douteux et le spectateur aura bien du mal à bien capter tous les éléments de l’intrigue tant ils sont fouillis et désorganisés. On n’a presque l’impression que l’histoire a été écrite sur le moment. Certains personnages semblent importants mais sont vite abandonnés au profit de nouveaux éléments. La scène à Paris semble arriver comme un cheveu sur la soupe et on se demande bien si elle était originellement prévue. Et que dire de ces fameux documents tombant de nulle part et qui deviennent tout à coup l’élément central de l’intrigue ?
Sachez un jour que si vous croisez quelqu’un portant ce genre de masque, ce sera un tueur de la CIA.L’intrigue est encore riche en rebondissement difficilement compréhensibles mais tout bon nanar sait en garder sous le pied et nous allons donc évoquer un nouveau point.
Comme de nombreux titres de ce film l’indiquent, il semble être question de la CIA dans ce métrage. Si la fixation de Godfrey Ho en ce qui concerne Interpol n’est plus à démontrer, John Liu (le politicien) semble en connaître une similaire avec la CIA.
Lorsque vous regarderez ce film, jamais plus vous n’entendrez le mot ‘Si Aïe Hé’ prononcer autant de fois que lors de cette heure et quart. A tout bout de champ, on entendra ce mot et parfois dans des situations des plus incongrues. Quand deux agents tentent de kidnapper un gamin à Paris et que celui-ci se défendra par des coups de pied dans le tibia, l’espion sortira sa carte et beuglera à la mère :
« Calmez le ! Nous sommes de la Si Aïe Hé ! »
Ou encore, quand un avion aura décollé et que le chef de la CIA se rappellera qu’il sait piloter. Il demandera au civil de sauter. Mais pourquoi lui rétorquera le pilote étonné. Son interlocuteur de lui répondre : « Ta gueule. Je suis de la Si Aïe Hé ». Et le civil sautera…
Vous allez être gentil, vous allez nous suivre !Pourquoi il est pas jouasse le gamin ? On est de la CIA ! On a le droit de prendre des gens dans la rue comme ça.Mais la représentation foireuse de la CIA atteint son paroxysme pendant la phase d’entrainement par John Liu (l’expert en Zen Kwan Do) à une troupe de bidasses en folie.
On passera sur le budget famélique qui tente de nous faire croire que les bureaux de la CIA sont aussi grands qu’un placard à balai et que leurs locaux se trouvent dans un coin perdu d’un pays qu’on aura bien du mal à identifier. C’est presque inhérent à la série B.
Bon, John, c’est super sympa de nous avoir rejoint mais on préfère te prévenir que la CIA a connu quelques restrictions budgétaires.Mais tu vas voir, tu vas vite t’habituer au côté rustique de la base.Et puis tant que ça ne nous gêne pas à la formation de nos judokas…Par contre, on nous a retiré les ordis, on communique que par fax mais ça aussi c’est trop cher. On a commencé l’élevage de pigeons.Et j’te conseille pas d’aller voir le doc de la base. J’crois que c’est lui qui aurait plus besoin d’un doc…On aura par contre bien du mal à cerner l’intérêt cinégénique de cette bande de déglingués du cerveau que John Liu (l’instructeur) aura à former.
On pourrait penser que des aspirants recrutés par les cellules de recrutement les plus perfectionnés de la CIA seraient des individus avec une certaine psychologie et des facultés intellectuelles hors-normes. Oui… ça… on pourrait le supposer. Sauf qu’avec John Liu (le réalisateur), on va faire passer les Bidasses façon Charlots pour des maîtres de guerre en comparaison avec cette bande de psychopates.
20 ans plus tard, la CIA ne verra pas venir le détournement le plus connu de l’histoire. Coïncidence ?On nous les présente comme des diplômés des plus grandes écoles et universités. Pourtant, tous les membres de ce détachement aura bien du mal à s’exprimer. Les seuls phonèmes à peu près audibles qu’ils prononceront vont plus ressembler à du « Gneuh Gniiiiih Gnaah » ou du « Beureuh beurah Gaga Bouh ». Par la même, niveau savoir-vivre, ils ne sont pas au mieux. A chaque fois qu’une personne de la gente féminine traversera les locaux de la base d’entrainement, ils s’empresseront de tenter de la violer.
Vous allez pas me dire qu’à côté de ça, les Charlots n’ont pas la méga-classe ?De plus, quand John Liu (le personnage) offrira un lapin à son seul disciple à peu près stable psychologiquement et avec qui il nouera une sorte d’amitié anti-CIA, les autres demeurés trouveront comme unique réponse de poursuivre le lapin et de le tuer à coup de semelle dans la tronche. Ca doit être dans les gênes des agents de la CIA ça. Si ça se trouve, c’est à ça quand on les reconnait. Quand un agent de la CIA croise un lapin, il ne peut s’empêcher de lui défoncer la tronche.
Le traitement hyper tendancieux de la CIA par John Liu (l’engagé) demeure inexpliqué. On peut tout de même deviner chez lui une sorte d’anti-américanisme tant le meurtre au harpon jonché d’un drapeau américain ou l’assassinat sous l’air de l’hymne du pays de l’Oncle Sam sont révélateurs. On peut alors penser que pour amplifier son propos, John Liu (le politicien) a voulu faire de la CIA son symbole d’une Amérique pourrie jusqu’à l’os.
A la CIA, les séances de conditionnement de l’être n’ont absolument rien de kubrique.J’ai donc parlé de l’intrigue alambiquée. De l’égo de John Liu (le cinéaste complet). Du traitement de la CIA. Y a-t-il un truc que j’aurais oublié de mentionner dans ma chronique d’un film de tatane ? Oh… attendez… il doit bien y avoir un détail qui m’échappe. Un point incontournable à tout film de tatane qui se respecte.
Bon sang mais c’est bien sûr, je n’ai pas parlé de la tatane de ce film de tatane !
Force est de constater que ce coup-ci, John Liu (le chorégraphe martiale) fait plutôt du bon boulot. Il a réuni une belle brochette d’acteurs et de figurants qui assurent pas mal quand il s’agit de lever la patte. C’est soigné et rythmé. Les artistes accomplissent de bonnes prouesses techniques et les scènes d’action sont agréables à suivre. A peu de chose près, elles sont parfaites.
A peu de chose près…
On aura beau se moquer mais John Liu assurera pas mal quand il s’agira de défoncer du passant.Casanova Wong, un bon pote de Don Quichotte Liu, Harpagon Chang ou encore Popeck Lee et habitué des productions Shaw Brothers, sera également de la partie.Roger Paschy, karatéka émérite et acteur occasionnel, a les compétences nécessaires pour faire le salaud de service.Et meme Christian Anders, chanteur de variété autrichien, s’amusera à botter artistiquement quelques culs dans les premières minutes du film.Oui, parce qu’il y a quand même deux-trois trucs qui vont nous chagriner au niveau des coups dans la gueule. Vous ai-je parlé de l’égo de John Liu (l’enflure) ? L’un des problèmes de ce film est que l’artiste se la pète encore plus qu’un Alain Delon lors d’une élection de Miss France. Toutes les scènes de combat où il est en action… soit 90% du contingent… le type ne se prendra pas la moindre mandale dans la gueule.
Du début à la fin, il domine ses ennemis… et ses amis. Au début du film, il tient en respect Christian Anders, le recruteur de la CIA. Pendant la phase d’entrainement, il poutre absolument tous ceux qui voudront défier ses aptitudes martiales. Aussi bien ses disciples que ses supposés supérieurs à. Lors de sa fuite au Mexique puis à Paris, aucun assassin ne parviendra à le toucher (mais il aura bien du mal à protéger son prochain).
Si bien que lorsque l’heure de la vengeance sonne enfin, il n’y a absolument aucun suspens au niveau des combats. Tout comme nous avons pu le voir précédemment dans le film, armé de son imparable Zen Kwan Do, il va venir à bout de l’intégralité de ses adversaires sans aucune forme de souci.
Qui est dans les griffes de qui là ?Ceci étant dit, les combats souffrent d’un autre petit défaut. Ils sont en très grand nombre. Cela pourrait paraître extrêmement bénéfique pour le film mais il y en a tellement que John Liu (le réalisateur) a bien du mal à les placer convenablement. En gros, dans un film porno, si les scènes de sexe arrivent souvent un peu n’importe comment et qu’il suffit qu’un client place une réplique sur les miches de la boulangère pour partir sur un quart d’heure de positions récréatives, ce n’est rien comparé à ce que fait John Liu (le réalisateur) dans ce film.
En de nombreuses occasions, des combats s’enclenchent sans que nous y soyons préparés. Par exemple, quand Christian Anders (recruteur de la CIA) se rend chez son contact chinois. Avant de pouvoir sonner à la porte, il va croiser le chemin de deux types qui lui chercheront des noises dans un terrain vague ou des figurants sortiront d’un coin de rue pour venir le poutrer. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? On ne le saura jamais. Quand une femme sortira d’un super-marché, elle se fera agressée et elle les poutrera à coup de high kick dans la gueule avant que John Liu (le samaritain) ne vienne lui prêter main forte. Ceci sera même amplifié lors de la fuite de John Liu (le fugitif) où des agents de la CIA pourront prendre les traits d’un vendeur sur un marché campagnard ou d’un simple passant des rues de Paris.
Il est impossible de compter le nombre de combats du métrage. Elles ont l’avantage de donner un rythme soutenu à un film assez court mais surtout elles seront l’occasion pour le spectateur d’esquisser quelques sourires en voyant des types débouler d’on ne sait où pour se prendre quelques mandales dans la gueule aussi sec.
Je me rappelle, la dernière fois que je suis passé à côté d’un rosier, un type est sorti et…Raah… encore !Cette fois ci, vous pensez que j’ai tout évoqué, que plus rien ne pourrait ajouter une dose de nanar à ce métrage assez gratiné.
Pourtant…. pourtant… John Liu (le génie) gardait une dernière cartouche. Une scène tellement hors de propos qu’elle justifie à elle seule pourquoi certains distributeurs ont tenté d’éditer le film à grand coup de « Emanuelle » (avec un seul M) dans le titre. Car, finalement, même si John Liu (le bourreau des cœurs) a deux petites-amies dans ce film, les scènes d’intimité sont très softs et ne laisse qu’apparaîtreque le dos des femmes impliquées. Et pourtant… pourtant… il va bien nous offrir cette unique et seule scène qui fait passer le film du stade de « bon petit nanar appréciable » à « nanar de compète ».
Comme je l’ai expliqué, les responsables à la CIA ont décidé d’utiliser l’hypnose pour créer des super soldats. John Liu (le civil) n’est pas vraiment au courant de ce fait et ignore totalement que la bande de bidasses ignares sous sa responsabilité sont eux-mêmes contrôlés mentalement par un supérieur hiérarchique planqué pas très loin armé d’un talkie-walkie géant hypnotiseur. Ce qui explique souvent pourquoi les élèves se retournent contre leur maître sans que celui-ci ne pige pourquoi.
Comme tu es né l’année du lapin, je t’offre un lapin. Heureusement que t’es pas né l’année du tigre, HAHAHA ! Que nous sommes heureux heureux tous ensemble !Méfie-toi de lui Wong, hier, il a dit qu’il n’aimait pas les fans de Mireille Mathieu, j’l’ai entendu !T’as dit quoi sur Mireille Mathieu toi ? J’vais te taper !Oublie pas que je suis John Liu quand mêmeLe procédé va alors aller plus loin. Les gros bonzes de la CIA vont se dire qu’il faut tester John Liu (le maître du Zen Kwan Do) pour voir si, réellement, il peut résister à l’attirance féminine. Ainsi, alors que l’expert en arts martiaux s’entrainera dans une quelconque forêt, un supérieur va décider de le tester aussi bien sur ses capacités martiales que sa résistance à la libido. Donc, Un des élèves et une gonzesse ayant l’habitude de se promener en slip dans le camp seront utilisés pour connaître l’étendu du potentiel de John. Alors, pendant que l’homme effectuera un kata tout en restant imperturbable, il sera fera attaqué sans broncher par un de ses élèves tandis que, dans le même instant, la donzelle viendra se frotter au bonhomme… et ira très loin dans sa séduction.
Méditons, dans les bois, pendant qu’la CIA y est pas.Wong, il a dit que tes expressions faciales étaient à chier. Suzan, il voudrait bien te troncher.Mais quelle enflure ! Je vais le taper !Qu’est ce qu’il a dit à propos du tronc ?La scène est affreusement longue et devient vite dérangeante. La jeune femme se frottera inlassablement sur le corps de l’artiste martial si bien que, si jamais vous regardez ce film seul et que quelqu’un vient vous voir à ce moment précis, votre « Ce n’est absolument pas ce que tu crois ! » aura bien du mal à passer.
Ainsi, ce « Dans les griffes de la CIA » s’affirme comme un nanar agréable et bien rythmé. La qualité des combats aide à l’apprécier de bout en bout et le métrage nous fera sourire en de nombreuses occasions. L’opus réserve encore quelques surprises. Certains personnages ou situations n’ont pas été évoqué ici et auront le mérite de conserver leur effet de surprise. Il n’atteint certainement pas la folie frénétique d’un « Furious » ou d’un « Undefeatable » mais ravira sans aucun doute les amateurs du genre.
Oh oui, ce film regorge d’encore bien des mystères.Petit Addendum A Caractère InformatifHistoire de boucler la boucle, je reviens quelques instants sur la VF et je vais parler de ce qui a retiré chez nous, dans l’Hexagone, afin de bien prendre conscience de la différence dans la nanardise des deux versions.
1) La scène du savatage de lapin a été enlevée. Si le lapin apparait bien dans la VF et provoque l’ire de l’élève, les diverses sociétés de défense des animaux n’auront pas à s’offusquer vu qu’on ne verra pas la tronche en sang du rongeur.
2) L’hypnose est extrêmement peu présente dans la VF. Les scènes où Roger Paschy parle dans le gros talkie-walkie sont parfois présentes mais le doublage lui fait dire des choses qui n’ont rien à voir avec de l’hypnose. Si bien qu’on a l’impression que les personnages agissent de leur plein gré et on ne comprend pas le changement dans leur comportement.
3) Les soldats aspirants ne sont pas non plus torturés façon « Orange Mécanique ». On évoque les mauvais traitements mais on ne les voit pas.
4) La mort de James Wong est supprimée. S’il envoie bien une lettre sommant à son frère de rendre les documents secrets qu’on sait pas ce qu’il y a dedans, on ne verra pas la CIA se tromper de cible et trucider le mauvais frère sur fond de l’hymne américain.
5) Le mot CIA (ou « Si Aïe Hé » en VO) est beaucoup moins présent et on utilise « force de l’ordre » ou « représentant de la justice » à la place.
Note : 2.75/5
Cote de rareté : 5-Pièce de collection
Ce n’est vraiment pas évident de trouver la VHS française sur les sites de vente d’occasion et en plus, faut mettre le prix. Sait-on jamais, peut-être un exemplaire vous attend dans une brocante, dépôt-vente ou autres lieux exotiques.