Titre : Kickboxer from Hell
Titre alternatif : Zodiac America 3 : Kickboxer from Hell
Réalisateur : Godfrey Ho
Année : 1990
Pays : Hong Kong
Genre : Saint Seiya : le cycle d'Hades II (Catégorie : Tatane)
Durée : 90 minutes
Acteurs principaux : Mark Houghton, Sooni Shroof, Wayne Archer, Steve Brettingham, Roger Bingham
Dans cette période où Godfrey Ho s’est grandement intéressé au Kickboxing, nous allons présenter ici l’épisode qui doit bien être le plus barré de tous.
Parfois, quand je lis des articles ou des critiques (souvent de « fans » et non des experts), je peux voir ça et là qu’on accuse le réalisateur hongkongais de prendre quelques substances illicites. Ceci expliquerait ce talent pour nous sortir des histoires de plus en plus hallucinées sans que cela ne le dérange plus que ça.
Bah moi, après avoir vu
Kickboxer from Hell, il me paraît évident que le type n’est pas un drogué. Parce que… bon… qu’on dise que sans air, les oiseaux ne pourraient pas voler lorsque l’on est sous les effets de la drogue, je trouve ça normal. Qu’on se mette à courir après des éléphants roses et à croire que l’on plane avec des Ptérodactyles quand on est sous les effets de quelques substances illicites, je peux aussi l’imaginer. Par contre, écrire, réaliser puis distribuer
Kickboxer from Hell… même sous les effets des pires drogues… bah ça… je n’arrive même pas à imaginer que ce soit possible. Même Van Damme au top de sa dépendance, même Doc Gynéco après son millième pète dans la journée, même Lance Armstrong après son 7ème Tour de France victorieux auraient pu voir que
Kickboxer from Hell est encore plus débile que le plus débile des bad trip.
Non… Godfrey Ho n’a rien d’un drogué. Certes, il a sûrement été fortement inspiré par l’appât du gain mais même l’amour du pognon facile ne me semble pas expliquer cette aptitude inné a tourné de tels inepties.
Godfrey Ho est une immense énigme que
Kickboxer from Hell creuse encore plus. Et ce film… je m’en vais vous le narrer. Ah tiens, d’ailleurs, le générique commence, regardons un peu.
Zodiac America 3 ? Zodiac America 3 ? Mais il entend quoi exactement en associant les mots « Zodiac » et « America » ? Et puis ce 3 là ? D’où qu’il vient ? Vous avez vu le 1 et le 2 vous ? Bon au moins, dans le titre, y a « Kickboxer from Hell ». Ca au moins, je comprends. Et si y a vraiment du Kickboxeur qui vient de l’Enfer, moi, j’suis preneur.
Bon alors, allons un peu plus loin dans le générique. Tiens, y a une jeune femme en détresse. Elle s’enfuit. Elle a peur. Elle crie.
Bah vous savez quoi ? Bah moi, j’parie qu’elle est poursuivi par un Kickboxeur de l’Enfer. De toute façon, j’pense pas qu’elle soit poursuivie par un zodiaque américain. On est dans une forêt et les zodiaques, c’est plutôt sur l’eau. Du coup, je mise sur un Kickboxeur de l’Enfer. Ah attendez, on voit le poursuivant. Ah et ils sont plusieurs. Euh mais… attendez… kécécékessa ?
Mais kécécé ?
Mais kécécékecetruc ?
Alors… est ce que quelqu’un pourrait m’expliquer pourquoi y a des types maquillés comme dans
Braveheart et portant un sac à patates en guise de pull dans mon film ?
Oui, bon, d’accord. On est dans un Godfrey Ho. Et niveau costume, en témoigne sa période Ninja, on n’est pas toujours hyper fashion. Mais bon… au moins… si on n’a un peu le sens de l’imagination, les Ninjas, ils ressemblaient à des Ninjas. Des Ninjas sous acide certes. Mais des Ninjas quand même.
Mais là… c’est quoi ces trucs là ? C’est quand même pas des Démons de l’Enfer ça ? Des échappés de l’asile tout au plus. Mais des créatures de l’Enfer… qui plus est adeptes du Kickboxing. J’ai du mal à y croire.
Ah attendez ! Y a un blondinet qui apparait. Là, je parie qu’on est dans la partie « America » du titre.
Vu sa couleur de cheveu, c’est sûrement un Chevalier au service d’Athena. Ceci expliquerait la partie « Zodiac » du titre. Mais attention, il défend la demoiselle (mais j’crois pas que ce soit Athena) et croise les guiboles avec les… les… les trucs là.
Le blondinet gagne ! J’suis sûr c’est le héros ! Attendez, le truc qui s’est fait poutrer veut dire quelque chose ! Il empêche même ses acolytes d’attaquer ! Kécekidi ?
« Leave him for Lucifer ! »
»Laissez le pour Lucifer ! »Oh sacré bordel de nom de Dieu de fils de pute. Ces machins là ! C’est vraiment les Kickboxeurs de l’Enfer à la solde de Lucifer. Ah bah merde, en Enfer, on se maquille et on bouffe plein de patates ! Wahou ! Comment il est engagé le film !
C’est quand même plus ce que c’était l’Enfer.Et donc, une fois cette introduction lancée, on va passer à l’histoire suivante. Car, comme vous vous en doutez,
Kickboxer from Hell (alors qu’ils sont plusieurs) est un 2-en-1 comme Godfrey sait nous offrir.
Le film asiatique qu’il va violer sans vergogne sera donc un film d’horreur japonais. Un truc assez classique dans son déroulement. Une femme emménage avec son mari qu’elle a tout juste épousé. A partir de là, de drôles d’événements vont se dérouler pour cette pauvre dulcinée. De petites mésaventures qui vont crescendo au fur et à mesure que le métrage avance.
La structure est somme toute classique et on retrouve les éléments représentatifs du film de maison hanté. Ainsi, le mari, faisant preuve d’une confiance énorme en sa femme lui dire qu’elle était en train de rêver quand elle entendra dans la nuit une horloge qui ne fonctionne plus depuis des années. Il affirmera que la femme translucide qui se trouve à côté de son épouse sur une photo récemment prise n’est dû qu’à l’incompétence du photographe et que, sérieux, faut qu’elle arrête avec ses histoires saugrenues. Il ira même jusqu’à l’emmener chez un docteur et de l’internet quelques jours parce que… bon… le mariage a été une étape si importante dans sa vie qu’elle en a des hallucinations.
Bref, le bon vieux rôle du mari totalement incrédule du bon vieux film d’épouvante qui ne bronchera pas quand il se fera agresser lui-même par le fantôme et qui ne trouvera absolument pas bizarre que sa maitresse (parce qu’il a une maitresse) se fasse éjecter par la fenêtre alors qu’elle est complètement nue. Un suicide qu’il dira.
Si vous entendez le générique de Magnum dans votre tête, c’est normal.Dites, vous pensez pas que le réalisateur devrait suivre un stage photoshop avant de sortir le film ?N’oublions tout de même le personnage central de cette intrigue. La mariée. Qui ne demandait rien à personne et qui, après avoir déménage de chez elle où elle coulait des jours paisibles va se retrouver harceler par une saloperie d’esprit vengeur.
Ma mère m’avait bien dit de ne pas me marier avec lui et qu’il me causerait tout plein d’ennui.Godfrey Ho a beau avoir trouvé des Kickboxeurs américains (et zodiaques !), le duel entre la mariée et la robe restera LA baston du film.Y a aussi ce personnage de la petite vieille. La servante de la maison. Elle est là depuis pas mal de temps. Elle est témoin de tous les trucs hyper zarbes qui se passent dans la maison. On sait qu’elle sait tout plein de chose. Mais elle ne dit jamais rien. Ca, c’est sans doute dû au fait que si elle parlait hyper tôt et qu’on libérait l’âme en peine du fantôme… bah y aurait plus de film. Alors elle ferme sa gueule et elle attend que les trois-quarts du film soient passés avant de causer.
Mais pourquoi quà gueule encore au milieu de la nuit celle là ! Ma mère m’avait bien dit qu’elle me causerait que des emmerdes !- J’ai encore été attaqué, je te dis que y a un esprit qui en a après moi.
- Raah merde, en plus elle est teubée, j’aurai du épouser sa sœur !Vous êtes bien conscients que je bosse ici depuis 50 ans et que si vous me demandez ce qui s’est passé, je suis en mesure de répondre ?Y a le rôle de celui qui s’y connait vachement en fantôme. Qui sait qu’ils existent et qui chient à la gueule de tous ceux qui n’y croient pas. Le genre de type qui dit : « Ne vous inquiétez pas, je vais chasser cet esprit malveillant » et qui, 5 minutes plus tard, va te dire : « Oh putain, celui-ci est super puissant. Je crois que je ne peux rien faire. La solution viendra de vous. »
Bon, à la rigueur, lui, il est pas trop mal parce qu’il s’habille comme Dracula dans ses séances de spiritisme.
Une conversation dont Godfrey Ho a le secret.Afin de réveiller les esprits, il est important que vous répétiez tous avec moi la formule magique. Allez, tous après moi.Céla céla céla Salsa Du Démon ! Tubudu tubudu Tubudu tut tut ! Salsa du Démon !Enfin, bien entendu, nous avons le fantôme. L’âme égarée qui ne veut pas encore rejoindre le royaume des Cieux parce qu’elle a encore 2-3 trucs à faire et que ça le rend pas jouasse.
Ici, le fantôme aura les traits d’une femme qui tantôt prendra un bain, tantôt dirigera une robe de mariée par télékinésie pour attaquer la maitresse de maison ou qui, parfois, mangera de la pastèque. Bah ouais… c’est un film de Godfrey Ho quand même.
- Hey Godfrey, j’ai trouvé un vieux film d’horreur asiatique où un fantôme bouffe une pastèque à un moment, ça t’intéresse ?
- UNE PASTEQUE ? JE DOIS ABSOLUMENT VIOLER CE FILM !Bizarre, cette pomme de douche.Bon, je me moque, je me moque. Mais, encore une fois, la partie asiatique ne sera pas le principal intérêt nanar du film. Y a bien quelques défauts par ci par là mais y aura pas de quoi de taper le cul par terre.
Le seul gros aspect nanar que l’on pourrait tirer de cette partie, c’est que ça n’a absolument aucun rapport avec la purée. La partie occidentale et la partie asiatique ne sont absolument pas en adéquation et ce coup ci, Godfrey n’essaie que très peu de les relier. On prétexte bien que la nouvelle mariée de la partie nippone et la damoiselle en détresse de la partie occidentale sont deux anciennes nonnes qui ont cassé les couilles démoniaques à Lucifer. Mais ça ne colle pas vraiment. En quoi un esprit ne voulant pas rejoindre le monde des Morts avant de n’avoir accomplit sa vengeance peut-il être connecté avec des clodos maquillés dans une forêt ?
Là, vous allez peut-être penser que ce n’est pas un mal. Toutes ces histoires de trafic de drogue international et d’Interpol dans les films de Ninja, ça ne donne que du ridicule et que si, pour une fois, il peut éviter, ce n’est pas un mal.
Détrompez-vous. C’est extrêmement étrange de regarder deux histoires qui ne sont absolument pas liés. Qui plus est, les deux genres ne s’accordent pas du tout. Pour comparer encore une fois avec les films de Ninja, aussi bien la partie occidentale qu’asiatique reste dans la tatanerie. Nous avons d’un côté des Ninjas blonds aux yeux bleus qui se foutent sur la gueule à coup de katana qui font place alors à du bridés en jean qui se démontent la gueule à coup de mandales. Seul un film de tatane peut s’accorder avec un film de tatane. C’est une règle inébranlable du cinéma.
Là, on alterne entre le film de Kickboxing et le film d’épouvante. D’un côté, nous avons une nonne qui supplie un champion américain de Kickboxing à l’aider à lutter contre les sbires de Lucifer et de l’autre, une bonne vieille histoire de maison hantée.
Est ce que dans
Amityville, on a des scènes où Van Damme vient poutrer des hommes en papier bulle ? Est-ce que dans
L’Exorciste, on peut voir Steven Seagal mettre sa mère à des Hommes-Singes ? Est-ce que dans
Poltergeist, le tourment de la jeune fille est ponctuée par une Cynthia Rothrock qui viendrait poutrer une horde de Gary Daniels en kilt ? Et bah non, y a rien de tout ça. Et c’est vachement mieux comme ça.
Alors moi je dis qu’un type qui prend un film d’épouvante et qui balance ça et là des scènes où un blondinet dégomme des sacs à patates ambulants, c’est de la pure bêtise et que y a de quoi se payer une bonne tranche de rigolade.
Celui-là a passé sa date de péremption.Baal a piqué tout le maquillage et Lucifer a dit qu’il voulait pas en racheter. Alors je boude.Mais parlons un peu plus en détail de ces acteurs ayant perdus toute dignité en acceptant de revêtir un sac de pomme de terre en guise de costume. On va même élargir à tout le contingent occidental.
Cette bande de vacanciers à qui Godfrey Ho a refilé 6 dollars hongkongais pour jouer dans son film va nous offrir un véritable festival de sur-jeu encore jamais égalé dans le monde du 2-en-1 oriental.
Parce que la période ninja est bel et bien terminé et que les Richard Harrison, Paulo Tocha ou autres Bruce Baron ont bien compris que le Godfrey se payait leur gueule et que c’est pas avec lui qu’ils allaient lancer (ou relancer leur carrière).
Donc, là, Godfrey, il a tapé dans le pire container à gweilos du port asiatique. Y avait plus qu’eux. Tous les autres se sont barrés. Arnaques à répétitions, mauvais films, marché de la vidéo en berne,… tout plein de raisons (non-exhaustive) qui explique que les occidentaux se sont barrés de cet Eldorado du cinéma d’exploitation.
Du coup, il a pris ce qu’il restait. Et c’est franchement pas folichon. A ce stade là, on ne peu plus parler d’acteurs. Un gamin de CP à la fête de fin d’année de son école ferait largement mieux que… ça. Ils sont nuls et absolument toutes les situations qu’ils auront à jouer seront un florilège de jeu foireux.
Des répliques absolument affligeantes, des mimiques exagérées, des chorégraphies martiales inexistantes, un cabotinage monstrueux d’absolument tous les protagonistes,… la totalité du casting mériterait un Grazzy Award d’honneur pour leur prestation de… 15 minutes.
J’aimerais tellement vous balancer des exemples. Mais ils apparaissent tellement peu souvent dans le film que la moindre petite anecdote gâcherait au moins 1/3 du plaisir que vous pourriez avoir en le regardant vierge de toute information.
Car je n’hésite pas à le clamer haut et fort. IL FOOOOOO que vous le voyiez. Ce doit bien être le seul film de la période Kickboxing de Godfrey qui puisse rivaliser avec ses meilleurs épisodes ninja. Parce que… oui… d’accord… dans les films de Ninja, y a des Ninjas en pyjama. Mais merde, ils n’ont pas de démons de l’enfer habillé par le primeur du coin et Lucifer. Oh puis allez, je vous balance une caps de Lucifer. Je ne peux pas arrêter cette chronique sans vous montrer le Démon des Démons dans son antre infernal où même Jésus, Buddha, Shiva, Mahomet, Moïse,… hésiteraient à entrer tant ça pue le Mal à l’intérieur.
Attention, vous êtes prêt à voir le Mal à l’état pur dans son domaine satanique ?
Oui ! Oui ! Oui ! Je suis Belzebuth !Note : 3.5/5
C’est fou comme 15 petites minutes peuvent rendre un film complètement débiles.
Cote de rareté : 4/Exotique
Ce n’est pas sorti en France (et c’est tant mieux car le doublage viendra gâcher tout un travail parfait dans l'interprétation et les films de la période kickboxing sont moins faciles à trouver que les films de Ninja (qui ne sont pas forcément hyper trouvables non plus)
Mais you need de voir ça !
Petit bonus :Lien vidéo 1 :
http://youtu.be/9tKC3m8ZabYLien vidéo 2 :
http://youtu.be/axcoa7b63k8Sachez que toutes les scènes « occidentales » du métrage sont disponibles sur youtube. Histoire de quand même un peu appuyé mes dires, j’en fais tourner une. Je ne peux pas dire que ce soit la plus nanarde tant elles le sont toutes. Les autres sont facilement trouvables.
A vous de voir si vous voulez voir le film en entier ou vous contentez de la partie occidentale.
Post Scriptum : Je parle d’un film d’horreur japonais pour la partie asiatique. Seulement, si vous regardez bien l’arrière-plan de la photo de mariage, on peut y voir l’alphabet coréen.
Toutes les recherches que j’ai faites sur ce film me parlent d’un « old japanese horror movie ». Je ne sais pas si les spectateurs anglo-saxons se sont gourés sur l’origine du film ou si ce couple a fait son mariage en Corée. Ne connaissant pas les acteurs concernés, j’ai opté pour le terme « japonais » mais ça mériterait peut-être de se pencher sur la question.