Titre : Black Star and the Golden Bat
Réalisateur : Han Heon-Myong
Année : 1979
Pays : Corée du Sud
Genre : Le Chevalier Noir s’est planté de pyjama (Catégorie : Enfant)
Durée : 60 min
Le monde du cinéma sud-coréen (et plus particulièrement des films d’animation) avant les années 80/90 serait un vaste sujet.
Pendant la Guerre Froide et au lendemain de la séparation actée de la péninsule coréenne, il est difficile d’imaginer qu’économiquement, le Nord s’en sortait mieux que le Sud. Aidée par les Grandes Sœurs chinoises et soviétiques et par le fait que la colonisation japonaise avait laissé pas mal d’usine dans ce coin de la péninsule, la Corée du Nord a connu un léger développement qui prendra finalement assez vite fin avec l’éclatement de l’URSS et le fait de l’incapacité chronique d’un gros connard a géré un pays.
Mais, restons concentré sur le Sud qui, pendant quelques décennies a eu du mal à redresser la pente. Dans les années 50-60-70-80, le niveau de vie en Corée du Sud était moindre et donc, l’art et la culture n’étaient pas forcément la priorité des Généraux et Dictateurs qui se sont succédés. Les films existants étaient donc à très très bas budget et elle était encore loin l’époque des Old Boy et des D-War.
En parallèle, il était formellement interdit de diffuser des images provenant de pays étrangers dans les médias sud-coréens. Un nationalisme exacerbé (xénophobie diront certains) qui s’explique par le fait qu’à chaque fois qu’une nation étrangère a pénétré le pays. Ils ont voulu tout changer. La Chine du Moyen-Âge avait une main mise sur le pays, les Européens ont voulu faire disparaître les religions locales pour imposer le Catholicisme (qui est actuellement au 3ème rang des religions dans le pays), la colonisation japonaise qui a commencé en 1910 a été extrêmement douloureuse et certaines familles en portent encore les séquelles et le duo USA/URSS a séparé la péninsule ouvrant encore un peu plus une plaie qui ne s’était pas encore refermée.
Les Sud-Coréens ont donc voulu protéger leur culture et leur identité par des dizaines de mesures de la sorte. L’ouverture progressive du pays aidant, les médias étrangers ont commencé à entrer dans le pays. Mais sachez tout de même que le premier film japonais à être diffusé en Corée du Sud, c’était en 1992 et c’était pour un Festival. C’est quand même quelque chose d’encore très frais.
Néanmoins, durant les décennies précédant les années 90, les Sud Coréens vont utiliser une méthode bien connue pour permettre à des œuvres « étrangères » de pénétrer le pays. Une méthode que l’on appelle par chez nous : le plagiat de salaupiaud. À la façon des Turcs ou des Italiens, ils vont se mettre à copier les plus grands standards mondiaux dans des films à très petits budgets. Des films avec tellement peu de budgets que, à 90% des cas, ce sera des films d’animation.
Petit aparté, il n’est pas étonnant que Joseph Lai se soit tourné vers la Corée du Sud pour fabriquer ses dessins animés. Lui qui a un sens spécial du respect des droits d’auteurs (son
Le Sauveur de la Terre copie au moins Tron, Albator et Star Wars), c’était pour lui un petit Eldorado dans la nouvelle orientation de son entreprise. Il a juste eu à estampiller ces films 100% coréens pour les vendre dans le pays du Matin Calme.
Bref, ce fut un très court résumé très cavalier de l’Histoire de la péninsule coréenne mais elle me semblait nécessaire pour bien replacer la chronique du film que j’ai choisi, un dessin animé qui plagie un grand standard non coréen donc, et de comprendre un peu comment on a pu en arriver là.
Mais cette période en Corée du Sud représente un véritable Tonneau des Danaïdes tant ils ont été productifs. Hélas, de nos jours, la Corée du Sud renie cette période et ces milliers de VHS n’ont jamais été réédité et sont pour beaucoup introuvables. Il n’y a bien que les Joseph Lai qui semblent un peu plus facile à dénicher. Mais il n’était pas le seul à tomber dans ce vil procédé. Ca pourrait d’ailleurs être un jeu pour une Nuit Excentrique ça, voici une affiche d’un DA coréen, devine qui est plagié ? Si tu trouves, tu repars avec un DVD de Fred Olen Ray \o/
On essaie ?
Allez, on commence :
Alors, alors, vous l’avez celui-ci ?
Mais oui, vous avez bien reconnu le design d’Akira Toriyama. Il s’agit bien de Dragon Ball. Vous repartez avec le DVD d’Evil Toons. Et faîtes pas la gueule !
Et ouais, toujours au rayon Club Dorothée, on est bien sur du Goldorak. Toi là, le type avec la tronche aléatoire, t’as répondu en premier, tu repars avec le DVD de Hollywood Chainsaw Hookers, et je vois à ton sourire que ça te fait plaisir. Bordel, se palucher sur des gonzesses des années 80. T’as pas honte.
Allez, on continue. Si le Japon, de par la proximité, a souvent été plagié. N’oublions tout de même pas les grands standards américains. Car eux aussi ont eu le droit à quelques versions édulcorées. Allez, c’est cadeau, deux affiches pour un même film plagié.
Et oui, t’as gagné toi là ! J’ai entendu, tu as dit E.T.. Ca tombe bien, tu lui ressembles. Mais en moins grand ! Bien joué, tu repars avec le DVD de « Insects » ! Quoi ? C’est toi qui a écrit la chronique ? T’as vraiment rien à faire de ta vie toi. Allez bouge, et va te créer une vie.
Bon allez, revenons à la chronique, excusez-moi pour ce cours d’histoire et cette improvisation, il est temps d’en venir au film que je vais chroniquer.
Comme vous pouvez le voir, le personnage qui sera ici plagié. Ce sera Batman. Mais, ne vous attendez pas au prédateur de la nuit que nous connaissons tous. Ne vous attendez pas à une atmosphère glauque et poisseuse où on visiterait les bas-fonds de Seoul et de sa vile pègre. Ne vous attendez pas à un personnage marqué par un douloureux passé et qui se serait créer un alter-ego pour panser ses blessures mentales.
Non, il n’y aura rien de tout ça. En témoigne sa tenue de pyjama dorée, ce Batman là est une version des plus édulcorée. De plus, au niveau des pouvoirs, car celui-ci en a, on se rapproche plus de son pire ami, le bien-nommé Superman.
En effet, Golden Batman peut voler, il a une ouïe hyper développée, il peut visiter l’espace sans subir de gros problèmes au niveau du manque d’oxygène, on peut lui balancer des blocs de parpaing sur le torse sans que celui-ci ne daigne tituber, on peut le recouvrir de lave, il n’a pas la moindre marque de brulure.
Is it a bird ? Is it a plane ? No, it’s Batman.Oui, allo, Golden Batman, c’est un appel en PCV d’un type avec un téléphone Garfield, vous prenez ou pas ?Et j’peux l’faire avec les doigts de pied si j’veux.il est où Golden Batman ? Bah, il s’lave.De plus, au niveau du comportement, on est également très loin de la Chauve-Souris créé par Bruce Wayne. Ce mec adore se marrer. En témoigne son rire sarcastique quand il entre en scène ou ce même rire à chaque fois qu’il met une mandale à un foutu sbire. Même qu’à un moment, rien que pour la blague, il arrachera le côté droit de la moustache d’un personnage qui sera le croisement entre le Pingouin et Rastapopoulos. Un sacré blagueur ce Golden Batman. Mais n’oublions pas non plus cet instant où Golden Batman arrachera le bras (oui, il arrachera. Je répète. Il arrache le bras) de son adversaire qu’il ponctue par son bon vieux MOUHAHAHAHA qu’on a déjà entendu une bonne demi-douzaine de fois dans le métrage.
- Kessiya ? J’ai un truc que le visage ?Le dernier arrivé s’habille tout en noir ! Gni Hi Hi !Eh toi ! On t’a déjà dit que ta coiffure ressemblait à une raie du cul ! Mouhahaha !Eh toi ! Tu sais c’est quoi deux trous dans un trou ?Ton nez dans mon cul ! Fufufufu !Golden Batman, bientôt dans votre ville !Donc finalement, du plagiat, il n’en reste que le design. Et encore, le design a également été corrigé. En fait, on se demanderait presque pourquoi on a voulu absolument que ce personnage ressemble à Batman. Après tout, on lui aurait foutu un costume de chat, de chien, de dauphin, d’hirondelle ou de Jeanne Moreau, ça aurait très bien pu marcher aussi. Et on aurait eu une œuvre complètement originale. Mais bon, sans le design batmanesque… le métrage se serait-il vendu à l’étranger ? Voilà un tout autre débat.
Quand il s’agit de dégommer du vilain, Golden Batman n’a rien à envier à son homologue américain. Avouons-le, les scènes d’action sont assez fun à regarder.D’ailleurs, je parle de Golden Batman. Mais force est de constater que le héros brille par son absence dans le métrage. C’est sans doute pour cela que pour le titre international, le nom du gros méchant arrive en premier dans le titre.
En fait, ce film racontera l’histoire d’une bande de gamins et de leur chien qui vont, complètement par hasard, trouver la grotte secrète du plus bel enfoiré de l’univers. Une sorte de secte dirigée par un despote qui construit des robots géants type trois fois la taille de Goldorak dans une grotte pas loin d’un village que personne n’avait jamais remarqué alors que l’activité et la taille de celle-ci doit bien avoisiner celles de Seoul.
Ces enfants, oscillant entre les phases d’exploration et les tentatives d’évasion, seront sauvés par Golden Batman à quelques 10 minutes de la fin du film.
Une trame extrêmement légère et simpliste qui ne sera néanmoins pas avare en ellipse inexplicable et mauvais goût visuel.
L’avenir du monde est entre leurs mains (ou papattes, selon le cas)Commençons par les situations inexpliquées.
Tout d’abord, les enfants de ce métrage sont accompagnés d’un chien. Ce chien parle, passe 95% du temps du métrage debout et revêt des gants de boxe sur les pattes avant. Si bien que j’ai longtemps cru que c’était un kangourou. Mais bon, en Corée, y en a quand même de moins en moins.
Il ne lui manque plus que la parole ! Ah bah non, j’suis con, il l’a.Le petit souci est que nous voyons d’autres chiens dans le métrage (qui pissent contre un poteau) mais ceux-ci ni ne parlent ni se sont bipèdes. Pourquoi ce chien là est-il plus intelligent que le reste de la faune ? On ne le saura jamais.
De plus, la bande entière va se faire kidnapper dans la grotte aux méchants. Mais, bien vite, ils s’évaderont grâce au chien. Golden Batman n’était pas enclin à montrer son cul doré, il laisse le cabot faire tout le boulot. La fuite se passe parfaitement bien. Puis, tout à coup, sans que l’on sache pourquoi, ils se font courser. Même pas un : « Hey les petits cons, vous croyez allez où là ? ».
Mais parlons-en, tiens, de ce Golden Batman. Il débarque là, comme ça, en haut d’une colline à 10 minutes de la fin du film. À aucun moment, on ne le voit enquêter sur les exactions de la vilaine secte, à aucun moment, on ne le met au courant du danger que courent les enfants. Bref, il se retrouve là comme ça, comme un cheveu sur la soupe, sans savoir ce qu’il vient faire ici et ce qui l’a mené en cet endroit. Absolument rien n’est expliqué dans ce film où il faut gober tout ce qui nous tombe dessus et ne pas demander d’explications.
Raah mais genres, kesstufoulà Golden Batman ! On était là bien tranquille à torturer du gamin et à conquérir le monde et toi, tu sors d’on sait pas où !Si c’est comme ça, on va dire que moi aussi j’en ai du pouvoir, on va dire que je suis capable de faire repousser ma moustache en moins d’une heure et de pouvoir sauter plus de 15 mètres de haut.Vas-y tu croyais quoi toi !Si les situations sont étranges, les dessins et les animations ne le sont pas moins. Ce n’est peut-être pas aussi terrifiant que certains autres dessin-animés du même pays dans la même période, mais il faut tout de même constater que la Corée du Sud avait un sacré temps de retard à côté de son voisin nippon en terme d’animes.
Ici, on a plus l’impression que le fusil tient plus en équilibre sur sa main plutôt que posé sur son épaule. Bon après, peut-être que certains retiendront qu’un gamin de 10 ans armé d’un fusil, c’est limite.Pour simuler quelqu’un qui se cache dans un buisson, dessine juste des yeux sur le buisson, ça suffit. Tout le monde comprend.Les torticolis, Golden Batman, il les emmerde.Le robot construit secrètement dans la grotte que personne n’a jamais remarqué change quand même pas mal de taille quand vient l’heure pour lui d’affronter Golden Batman.L’animation va d’ailleurs totalement partir en freestyle quand, pour faire sourire un ami à l’hôpital, l’un des enfants va entreprendre une imitation de Paul Préboist qui imite des animaux. Et oui, le comics américain n’a pas été le seul à être vilement plagié… nos comédies pouet-pouet aussi !
Celui ou celle qui devine les quatre animaux imités gagne ma collection complète de DVD.Mais ces petites anicroches ne seraient pas vraiment suffisantes pour faire tomber le dessin animé dans la case nanar. Ce ne sont que quelques petites scènes disséminées par ci par là dans le métrage.
Heureusement, les dessinateurs ont eu la bonne idée d’employer une sorte de fil rouge nanar. Une simple petite animation répétée encore et encore qui va faire basculer le métrage dans le mauvais goût sympathique.
Tout le long du film, de la première à la dernière minute, absolument tous les sentiments des personnages seront mis en scène par des tremblements du personnage concerné. Quand un enfant pleure, il tremble. Quand un sbire a mal, il tremble. Quand une fille fait un mauvais rêve, elle tremble. Quand un personnage ressent de la douleur, il tremble. Quand le maître du monde se marre, il tremble. Une animation copiée encore et encore.
Si bien que le film va nous donner l’impression qu’une véritable épidémie de Parkinson s’est abattue sur toute la Corée du Sud. Et parfois, si ces tremblements peuvent passer et accepter par le spectateur, ils amèneront également un certain lot de bizarrerie et de sentiments difficilement identifiables.
Si on peut comprendre la peur de toute une famille devant l’annonce télévisée de l’arrivée d’un nouvel ennemi du Bien :
Que l’on peut comprendre que le vilain gros vilain a réussi à piéger son pire ennemi lui provoque une certaine dose de satisfaction :
Que les Grosses Têtes commencent ! Ho ho ho ho !On a par contre du mal à comprendre ce qui arrive à ce canapé :
Poltergeist ?Ce que cet enfant ressent à ce moment précis lorsqu’il tente de se mettre la tête dans le cul :
Je crois que le jeune homme essaie de communiquerPire encore, parfois ces animations seront sujets à mauvaises interprétations et auront tendance à activer notre cerveau mal tourné. Par exemple, que fait cet enfant dans son lit ?
Faire ça devant des potes quand même…Ou ce que ce sbire est en train de fabriquer exactement
À gauche… à droite… en haut… en bas…Mais surtout, qu’est’ce qu’est en train de faire ce petit gros à ce pauvre chien !
Mais… mais… mais arrête !
Au final, même si Golden Batman n’a plus grand-chose d’un plagiat et que, quand on le regarde, on n’a pas réellement l’impression que l’univers de DC se soit fait violer. C’est tellement différent et ça n’a pas réellement l’intention d’en reprendre les éléments si ce n’est, vaguement, un costume.
Néanmoins, par un manque de professionnalisme flagrant, le métrage parviendra à nous faire sourire.
Au revoir, Golden Batman !Note : Un très bon 1,5/5
Cote de Rareté :Cela ne va pas être évident. Sorti en VHS en Corée du Sud, il fait partie de ces innombrables DA qui ont quelques peu disparus de la circulation.
Il a un petit statut de culte en Espagne, mais là encore, ce sera de la VHS.
C’est quasiment impossible de la…
Oh mais…
Que vois-je dans le ciel ! Mais… mais… mais… c’est Golden Batman !
Salut les Enfants ! Je voulais juste vous dire que si jamais vous n’en aviez rien à branler des droits d’auteur, surtout pour un film complètement disparu qui esquintait déjà d’autres auteurs, vous pouvez vous rendre ici :
https://www.youtube.com/watch?v=2WTcxywuOMwVous trouverez le reste facilement hein
YOUPIIIIIIIIIIIIIII !!!
Allez Tchüss !