Mad Foxes - Räder auf feuer - Los violadores - Stingray 2REALISATEUR : Paul Grau
ANNEE : 1981
GENRE : Le Renard fait son trou
CATEGORIE : Vigilantes
PAYS : Germano-Espagnol
CASTING : Jose Gras, Laura Premica, Peter John Saunders
DUREE : 77 minutes
Rarement un nanar aura flatté aussi farouchement et avec la délicatesse d’un tractopelle, les bas instincts
de son public. Mad Foxes, appelé "Los violadores", les violeurs en Espagnol, est un film qui ne laisse personne
indifférent. Tant par sa bêtise scénaristique (car je suis trop poli pour utiliser le mot « connerie » qui pourtant
est un adjectif qui lui irait bien mieux) que par son propos inepte. Ce nanar burné aura marqué les esprits
de bien de spectateurs qui l'ont découvert, hilares, lors de différente manifestations, notamment à l'ultime Nuit
Excentrique au Grand Rex et à la Nuit Hallucinée à Lyon où il a été diffusé. Cette histoire de vengeances multiples
entre un héros solitaire quelques peu insupportable face à une horde de néo-nazis quelques peu nudistes n’aura pas
fini de vous ronger l’âme.
En voici la chronique.
Mad Foxes, c'est de la bombe de film !Suivons donc les péripéties de notre protagoniste plutôt pépère qui se prénomme Hal. Hal, qui mène jusqu’alors
une existence plutôt flegmatique (nous y reviendrons) va vivre une forte descente aux enfers et ceder à l’instinct
de violence qui sommeille en lui. Lors d’une banale sortie en voiture avec sa petite amie qui veut fêter son 18ème
anniversaire, notre héros Hal se fait emmerder au feu rouge par ce qu’il semble être un nazi à moto (je dis "semble"
car tous les nazis dans le film portent un brassard du troisième Reich mais sans la croix gammée dessus, rapport à la loi sur les symboles
d’extrême droite sur les lieux du tournage, en Espagne en l'occurrence). Un nazi à moto donc, qui ne trouve rien de mieux
à faire que de se moquer de lui et de cracher sur la vitre de sa voiture. Hal voit alors très rouge et se met en colère. Car oui, malgré ses
40 ans révolus et son air de sugardaddy gentiment pervers, Hal n’aime pas passer pour une mauviette devant une fille, surtout si
elle a l’âge de compter combien d'heures il lui reste avant d’avoir le droit de voter. Il tue dès lors le motard malpoli dans un
splendide accident de circulation qui nous fait également comprendre l'incompétence relative du monteur du film.
Hal le pédobearBon vous allez me dire que les Nazis à Moto, c’est comme les champignons en automne : dans les
films vous en tuez un et il en repousse une vingtaine dans la demi-heure. A fortiori, oui vous avez effectivement raison.
Mais ce n'est pas ça le problème. Non le souci c’est qu’à partir de ce moment-là, tout va basculer pour Hal et sa vie de vieux dégueulasse.
Vous noterez que le nazi à moto a eu le temps de changer de casqueParceque, je ne sais pas vous mais moi j’ai bien retenu mes cours d’Histoire au lycée. Et je me souviens très bien
qu’il y a deux choses que les Nazis détestent : les Polonais et les gens qui les tuent alors qu’ils exercent ce noble
hobbie qu’est la moto. Mais ça, Hal n’en sait encore rien. Enfin pour les Polonais peut-être, mais à ce moment du film
il est trop occupé à boire du champagne et du whisky avec sa copine qui glousse et qui a sans doute ingurgité assez
d’alcool pour ne plus prêter attention à ce qui l'entoure et encore moins à sa dignité. Grossière
erreur, car dès leur sortie de boite, Hal se fera casser la gueule par la bande de Nazis revanchards et sa copine
se fera violer à même le sol.
Même quand il fume une clope, Hal à l'air insupportableAvant d’aller plus loin dans cette lecture de chronique (que ceux qui ont déjà arrêté de lire pour mater les images
de nudité reviennent, s’il vous plait) il faut avouer que Mad Foxes va assez loin dans la violence. Là où des réalisateurs
auraient filmé celle-ci de façon timorée voire un légèrement prude ou tout simplement avec distinction, Paul Grau lui,
y va franco avec l’objectif et il ne faut attendre de lui aucune compromission ni excuse pour son gout
de l'inconvenance. Ainsi pour exemple, lors de la scène du viol mentionné ci-dessus nous aurons
l’indélicatesse d’apprendre la virginité de la fille de 18 ans par un très joli plan des doigts d'un des violeurs tachés
de sang… avant qu'il lui barbouille le nez avec. Et c’est là que le film en devient encore plus crétin qu'autre chose : quand il
ouvre la porte du sordide nanar, quand il sublime la bêtise crasse qui n'atteint jamais son but si ce n'est que celle de faire
rire à ses dépends. Sur cette palette de violence filmique se mélangent avec imbécilité les situations putassières et une ribambelle
de personnages nigauds consanguins, donnant ainsi une couleur déconcertante. Cette dernière étant barbouillée
avec balourdise et imprécision sur l'écran par l’intermédiaire d'acteurs déplorables qui adorent en faire trop. Surtout déguisés en Nazis.
La gratuité de cette scène est digne des plus grands mécènes Ces derniers valent assurément le coup d’œil : mi biker-mi nudiste ; on est proche d'un prototype de méchant assez
inusité jusqu'alors. Les méchants qui sont là pour faire du mal aux autres mais qui s’en font surtout de la peine à eux-mêmes par leurs
actions ridicules et leurs fringues (quand ils en ont).
Revenons au récit. Pour ceux qui se poseraient la question : Hal s’en sort bien. Après ce qu’il semble être une
introspection de quelques minutes sur les evenements de la veille, il se sert un whisky le lendemain matin et appelle
son pote qui dirige un club de karaté. Après une explication de la situation, il lui demande d'envoyer ses élèves casser du nazi
et ainsi se venger. Vous aurez compris que ce n’est pas Hal qui se vengera de lui-même. Non en fait Hal il préfère donner sa vengeance à d’autre.
Avec Hal, la vengeance n’est pas un plat qui se mange froid, non…c’est plus une raclette qui se partage à plusieurs.
Après une scène de baston digne des plus enthousiastes production de kermesse d'élèves de CM1 d'un village rural sans eau ni électricité
situé dans les plaines froides du Nord-Isère, les nazis verront le chef mourir. L'histoire s'arrête-t-elle là ? Non, car les nazis décideront
de se faire justice eux-même en s’en prenant à la famille et aux amis d’Hal.
Le constat sans appel que Mad Foxes a avec sa violence graphique, il l’a possède aussi avec ses nombreuses scènes
de sexe qui provoqueront chez le spectateur autant d'excitation que la lecture d’un bilan comptable. Notre héros comptera
trois conquêtes pendant le film mais c’est surtout avec l’actrice Laura Premica qu’il aura le plus de scènes de coucherie. Dans
ce qui semble être un cahier des charges qui n’aurait pas déplu à Marc Dorcel nous verrons nos deux personnages
en action dans le bain, dans le lit, dans la nature, sur la plage…Laura se fait ainsi coïter comme jamais pendant que le
spectateur en viendra à cette conclusion sans appel : Hal à beau collectionner les morts brutales autour de lui depuis le
début de l'histoire, ça ne l’empêche absolument pas de baiser comme un adolescent.
Hal baise, Hal copule, Hal s'envoie en l'air, Hal s'en paye une tranche...bref, Hal emballe.Et là, on atteint le point culminant qui donne encore plus de sel à un film qui en avait déjà suffisamment pour
rendre jaloux la Guérande entière : Hal voyez-vous, même avec le maximum de bonne volonté, on a un peu de mal
à le trouver sympa. Puissant et débordant mélange de prétention, de suffisance et de nonchalance, Hal est la
personnification humaine de ce que les Anglo-Saxons prénomment « Douchebag ». Mi connard, mi blaireaux : on
est devant un prototype de héros dont on arrive à espérer qu’une chose toutes les 15 minutes : c’est qu’il se fasse
casser la gueule. Par n'importe qui. Même des Nazis, (c’est dire le niveau de sympathie qu’il représente).
Enchainant les conquêtes sans vraiment se soucier de leur devenir, Hal touche le ciel de l'infatuation lorsqu’on le voit,
dans la demeure de ses riches parents, se la donnant tous les trois plans de caméra avec son visage puant de fierté
et ses lignes de dialogue que Narcisse lui-même, racontant bourré devant ses potes du pub local combien sa vie est
parfaite, n'aura pas renié.
Mad Foxes, nanar difforme mais pour autant parfait me demanderez-vous ? Ben ça aurait pu si la pression incontrôlable du
réalisateur à faire du remplissage (entre scènes de boite de nuit où l’on voit des gens danser mollement et scène de nudisme sur la plage
barcelonaise) n’eut pas été aussi forte. Ce qui, en définitive, soulage un peu nos yeux entre deux scènes
de sexe nauséeuses ou de bastons sanguinolentes. Les plus fins connaisseurs seront aussi sans doute heureux d'entendre que
groupe de Hard-Rock suisse, KroKus, accompagne une partie de la Bande Originale du film.
La notion du remplissage de Paul Grau en trois caps...Bref : violence, sexe, crétinerie, vulgarité, remplissage, voiture de sport…on pourrait relier Mad Foxes avec beaucoup de ces termes
hétéroclites sans pour autant le définir. La vérité se trouve un peu au milieu de tout ça. Entre les désirs d’un nanardeur
de voir un film qui satisfera ses attentes et le curieux sentiment soudain au final, de ne pas en avoir désiré autant que ça.
Car au nom de la Sainte Trinité de la violence, du sexe et du remplissage inepte de pellicule, Mad Foxes nous apparait comme
le prophète d’un genre qui nous étonnera toujours : celui de la bêtise cinématographique qui à force de vouloir en faire trop nous fait trop rire.
STOP, IN THE NAME OF LOVE !NOTE : 4.5/5
En exclu la bande annonce sur le site Allo-ciné :
http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=19556098&cfilm=120029.htmlet quelques affiches/jaquettes :