A la hauteur de ses promesses, une fresque narcissique à la gloire des exploits quasi-divins de Saint Gourmet : pour preuve, mécréants, Guruji parvient à avoir le visage du fils béat, pour ne pas dire niaiseux, de Carlos, Bud Spencer et Steven Seagal ! MSG se consacre donc à relater les bienfaits innombrables de notre très saint homme, tirant l'humanité de sa misère en mettant fin aux problèmes d'addiction, de prostitution, d'insalubrité de l'espace public et de déficit en produits sanguins (c'est pratique d'avoir une armée de sectateurs fanatisés). Mais tant de bonté fait également sortir de sa tanière la mafia mondiale qui n'a d'autre choix que de lui envoyer comme sicaire un lookalike de Vin Diesel (enfin, le temps qu'il conserve ses lunettes mange-visage), némésis au ridicule digne du Gurmet (pourtant high level), avant d'embrayer sur l'infiltration d'un "suicide bomber" (sans bombe).
Les arguments nanars du film se résument à une liste à la Prévert du cahier des charges (édité par Nanarland Corp) : décors en carton pâte dignes d'une classe de théâtre de primaire ; fonds verts dégueus avec des passages animés en sprite art, hommage à Doom ; costumes oufdingues de mauvais goût non-stop de Guruji avec une passion notable pour les leggings, lui donnant un look au croisement de Raël, de Johnny Hallyday et du rappeur américain blinbling lambda (le tout assaisonné avec beaucoup de LSD) ; fierté jamais démentie à exposer ses dreads de poil d'épaule ; musiques pourravachiers interprétées avec dignité par Guruji et qui vous feront revivre vos pires souvenirs de technodance 90's (avec quelques poussées modernes à la Crazy Frog) ; baston improbable en mode grolard incapable de lever la jambe ; flotte de véhicules improbables et customisées par le grand maitre ; etc.
MSG est un film incutable pour une Nuit Nanarland tant il offre de passages bourrés d'idées tarées que nul n'oserait réaliser même au second degré (je ne me suis pas encore remis de l'attaque au bélier dans la ruelle aux putes). Et je ne parle pas des flots d'avatar qui engloutissent toute nostalgie forumesque.
Pas besoin de scénario, la vie de Guruji est bien suffisante et 3 heures ne paraissent pas de trop pour mettre en lumière sa grandeur d'âme. Et c'est là que le film touche au sublime inédit, aussi fascinant qu'effrayant. Car on parle bien de l'apologie d'un gourou dont la réalité est aussi folle que les délires servies à l'écran, malheureusement en plus sordide (cf son actualité, la condamnation pour viol et peut-être assassinat, les émeutes mortelles au jugement, etc.). Mais je crois que ce qui me sidère le plus, c'est que ce mec ait réussi à conserver son statut de divinité malgré l'image ringardo-beauf qu'il se donne complaisamment ! Décidément, le charisme, ça s'explique pas.
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"On était si pauvres, que quand un cambrioleur s'est introduit chez nous, on l'a dévalisé."
"T'as vu, les œufs sont cuits à l'envers..."
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