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POLICE DES MOEURS
Les filles de Saint-Tropez
aka Saint-Tropez Vice
Réalisateur : Jean Rougeron
Année : 1987
Pays : France
Genre : Le proxénète de Saint-Tropez (catégorie : Crimes et Délits)
Acteurs principaux : Wanda Mendres, Yves Jouffroy, Laure Sabardin, Henri Poirier
Vous connaissez tous plus ou moins ces bouquins. Depuis maintenant 40 ans, Gérard de Villiers écrit et édite avec plus ou moins de succès la collection des fameux "S.A.S." narrant les aventures du Prince Malko. Ces romans policiers aux intrigues aussi foireuses qu'un scénario de Jean-Marie Pallardy matinées d'une touche érotique ont fait des émules avec les collections "Brigade Mondaine" de Michel Brice, "L' Exécuteur" de Don Pendleton et "Police des Moeurs" de Pierre Lucas. Forts de leur succès dans les années 80, des producteurs sûrs de leur coup se lancent dans l'adaptation cinématographique. C'est ainsi qu'en 1982 sort dans les salles "S.A.S à San Salvador" de Raoul Coutard avec à l'affiche Miles O'Keeffe dans le rôle de Malko.
Cinq ans plus tard, afin de relancer la collection des "Police des Moeurs" le producteur Victor Béniard (qui a pour faits d'armes "Mon curé chez les nudistes", "Mon curé chez les Thaïlandaises", "Les bidasses aux grandes manoeuvres"...) décide de lancer un film éponyme. Ainsi à l'instar des "S.A.S", "Police des moeurs" est donc adapté au grand écran, et ce à partir du roman de Pierre Lucas "Les filles de Barbe Bleue". Le film ne bénéficie pas de la même notoriété ni du même budget que son prédécesseur. Point de Miles O'Keeffe, mais un casting uniquement composé de néophytes et de seconds rôles de films de seconde zone. Conscient d'être mauvais réalisateur depuis "L' Exécutrice", Michel Caputo se cantonne ici au scénario. Faute de réalisateur compétent pour "Police des Moeurs", la mise en scène est attribuée à Jean Rougeron, un photographe (spécialisé dans le mannequinât cela va sans dire). Au niveau des acteurs, c'est à peine mieux puisque sur la quinzaine de protagonistes du film, "Police des Moeurs" représente pour la moitié d'entre eux leur unique film ! Et pour cause le réalisateur étant à la base photographe, il a légitimement fait appel à plusieurs de ses modèles pour tourner dans le film.
Wanda Mendres, l'héroïne, inconnue au bataillon
Le quota plan nichons du cahier des charges étant très élevé dans ce type de policier de bas étage, une présence féminine forte s'impose. Pour le reste les "gros calibres" ont pour nom :
- Yves Jouffroy, un des potes de Franck Dubosc dans "A nous les garçons", ancien mannequin et chanteur adulé chez bide-et-musique.com.
- Henri Poirier, vu dans "Les prédateurs de la nuit".
- Laure Sabardin, également vue dans "Les prédateurs de la nuit" puis dans la sitcom "Les filles d'à côté" dans le rôle de Madame Pichardeau.
- Dominique Hulin, le "sbire" de Maria Pacôme dans "Les sous doués passent le bac".
- Pierre Londiche, le gardien du cimetière qui joue mal dans "Le couteau sous la gorge".
- Renate Langer, qui fait peut-être partie de ce qui se fait de pire en matière d'actrice allemande.
Ces acteurs représentent le haut du panier question casting, pour les autres, on se passera des détails...ah si, il y a un look-alike d'Alphonse Béni !
Et merde, même pas de ninja à l'horizon...
Il est à noter qu'aucun de ces acteurs n'a réellement eu d'expérience en matière de film érotique, et pourtant, on va en retrouver dans de bien drôles de postures...
Comment l'addition photographe novice à la réalisation + scénariste en mousse + fausses actrices + acteurs de seconde zone + adaptation de roman édité par Gérard de Villiers peut-elle aboutir à un résultat positif ? Bah oui, c'est impossible !
Un ouvrage de "Police des Moeurs" n'est pas un banal roman à l'eau de rose dans l'esprit de Barbara Cartland. C'est avant tout un roman policier, 100% français... dont l'histoire tourne plus ou moins autour du sexe. Dans cette adaptation, on serait dans le "plus". Et pour cause notre police des moeurs traque un gang spécialisé dans le proxénétisme. L'histoire a l'air simple en surface, mais à y regarder de plus près, on se demande ce qui a pu tourner dans la tête de Michel Caputo tant on aurait l'impression que le scénario s'adresse plus à des Bac +8 qu'à des anciens habitués des secondes parties de soirée de M6 du dimanche soir.
Le pire est que le scénario a été simplifié par rapport au roman qui se déroule au Venezuela. Ici, on se contentera de la France. Pour faire simple, l'intrigue est la suivante :
La Horsch est un puissant réseau international de prostitution. Cette organisation allemande a son siège à Lisbonne. Sur place les affaires vont mal, leur collaborateur Hugo veut quitter le groupe, mais Léo son supérieur, l'en dissuade. Mais comme Léo ne cesse de voler de l'argent à la Horsch (ce qui provoque en partie l'anémie financière de l'organisation), il est tué par Arthaud, la bras droit de Sparren, lui même le bras droit de Von Aren, le patron de la Horsch.
Dans ce genre de milieu, on meurt dignement !
Von Aren cherche de nouvelles terres pour trouver des proies, le Portugal n'étant plus prospère. Sparren pense que la Côte d'Azur est le terrain idéal pour faire affaires. De plus le richissime émir Abu Al Raz, est prêt à payer la Horsch pour s'offrir Séverine, la proie parfaite. Le patron envoie donc en France Sparren et Arthaud pour la retrouver afin que celle-ci rejoigne le groupe afin qui la revendra à l'émir. Sur place Tony, le rabatteur, est chargé de séduire Séverine.
Mais comment résister à son charme ?
Ce n'est pas très compliqué puisqu'il connaît bien Alexandra, la meilleure amie de Séverine. Pour la séduire Tony propose à Séverine de devenir mannequin, chose qu'elle accepte. Je vous laisse au passage admirer la façon dont ce bel éphebe, en à peine une nuit, remballe l'affaire, c'est à montrer dans toutes les écoles !
Vous remarquez que l'image diffusée sur la télévision ne correspond pas du tout au champ du caméscope (de toute façon il est éteint !)
Après une nuit torride, vraiment torride, notre héroïne est donc engagée par la maison de couture de Mathias Gurtner, ancien nazi homosexuel (comme quoi !).
Dans le même temps, la police des moeurs, contactée par le tuteur de Séverine, s'active pour retrouver la jeune fille. Alexandra, également inquiète, contacte la police.
Avec des moyens pareils, c'est évident : la police les aura !
Malheureusement, les hommes de la Horsch sont au courant et la tuent. Interviennent alors le commissaire Griffon, les inspecteurs Leclerc et Savary, le Docteur Sylvestre, Blondie, Teresa, Amine... je pense qu'à ce niveau là, un petit schéma s'impose, pour présenter les protagonistes et l'intrigue.
On note tout de suite un déséquilibre manifeste entre les gentils et les méchants. Jean Rougeron ne se prive pas pour le démontrer. Ainsi d'un côté nous avons des gentils, drôles, un peu naïfs, amoureux... et de l'autre côté des méchants peu scrupuleux, violents, à la sexualité très ambiguë, assoiffés par l'argent et les voitures de luxe. Et bien sûr afin d'attiser la haine des gentils, une fois n'est pas coutume, les méchants sont allemands. Imaginez la police des moeurs traquer un gang de norvégiens, ça n'aurait pas la même saveur !
Pour en revenir à l'histoire, peu après son défilé, Séverine est refilée au Docteur Jean-Luc Sylvestre, qui gère une sorte de maison close à Saint-Tropez. Véritable pervers, il partage sa demeure avec sa femme Blondie, sa domestique Theresa, son sbire Amine et une bonne douzaine de filles récupérées par la Horsch. C'est à ce moment là que Séverine se rend compte du cauchemar...
On se demande donc comment la police des moeurs peut arrêter un groupe aussi puissant... En fait il ne l'arrête pas. Son unique but est de récupérer Séverine, pas de mettre fin au proxénétisme ! De ce fait sur tous les méchants, un seul sera coffré.
Sauras-tu distinguer les gentils des méchants ?
Fait prévisible résultant de l'adaptation d'un roman édité par Gérard de Villiers : la profusion de plans nichons. A ce stade là, on peut parler de scènes érotiques. Insérées par n'importe quel grotesque subterfuge tout au long du film, on en dénombre pas moins de douze, alors que le film se prétend avant tout du genre policier. On aimerait y croire au vu de la complexité de l'intrigue. Niveau budget, ce n'est pas un mal, une scène d'amour est plus facile à boucler qu'une scène de combat, d'autant que vu les combats...
Tout est prétexte pour caser des plans nichons : "Cette partie fût vraiment éprouvante, allez hop ! Toutes à la douche !"
Je suis pressée d'aller à la douche, comme dirait l'autre : "Viiiiite ! C'est urgent !"
Bonjour chérie, ne te dérange pas pour moi !
Coucou Monsieur Pécas !
En réalité elle souffre. Son bourreau : le look-alike d'Alphonse Béni
Ce n'est pas en tapant avec tes petits poings que tu t'en sortiras !
Ce n'est pas flagrant, mais il vient de décéder...
Encore un coup de Pierre Tremblay !
- Salut ! Je peux venir ?
- Bah c'est à dire que...
Encore plus pitoyable : le plan nichons involontaire. Sous l'effet du vent, et faute de sous-vêtement, L'inspecteur Sophie Leclerc laisse gentiment apparaître sa poitrine. Pas le temps de refaire la prise !
Je crois que l'on va en rester là...
A l'instar des productions des pays du tiers monde, les scènes de combat comme les scènes d'action d'une manière générale sont totalement simulées, et de surcroît passées au ralenti, histoire "que ça le fasse" ! Dominique Hulin, ex-tortionaire de Daniel Auteuil dans "Les sous-doués passent le bac" est là pour ça. Problème : il ne sait pas non plus se battre, et n'est ni plus ni moins qu 'un "boeuf" qui ne se contrôle que difficilement.
DOMINIQUE HULIN, UN ÊTRE ABJECTE !
Frapper une fille (nue) avec une serviette mouillée, je vous salue bien bas M.Hulin !
Et balancer son corps dans la piscine sous forme de poupée gonflable. Bravo !
C'est en visionnant ces scènes que l'on se rend compte qu'il ne sait non plus pas se battre, il est juste costaud !
Si tout est aussi "cheap", dans quoi a été investi l'argent du film me direz-vous ? Excellente question. Selon moi, la culture azuréenne des années 80 était dans l'apparence : montres, bijoux, voitures de luxe, yachts, costumes... Tout y est ! Après tout à quoi serviraient des effets spéciaux, une personne qui prend une balle dans le ventre doit-elle forcément saigner ? Non, bien sûr, ce serait trop violent !
Crise d'asthme ?
Indigestion ?
Les cachets dans le café, ça reste plus simple à faire.
Hmm, très bon ce café !
Hmm, pas mieux !
Même pas le temps de le finir en plus !
Cette prédominance du "paraître" sur l'"être" donne lieu à des acteurs absolument ringards, passant leur temps à exhiber leurs attributs onéreux à la caméra. Mention spéciale à Yves Jouffroy, l'inspecteur Lionel Savary, en Sony Crockett du pauvre. Ce plagiat de Miami Vice n'a rien d'étonnant lorsque l'on sait qu'à l'étranger "Police des Moeurs" est connu sou le nom de "Saint-Tropez Vice". Il y a tellement de moyens mis en oeuvre matériellement qu'un même personnage est parfois amené à conduire plusieurs voitures différentes tout au long du film sans que cela ne choque personne (de toutes façons Ferrari, Lamborghini tout ça c'est pareil !).
De Tomaso...
Porsche...
Lamborghini... (apparement sans l'option vitres électriques !). D'ailleurs on peut à un moment lire sur la vitre arrière : Garage de Cannes !
Bon, je ne vais pas refaire la catalgue de "l'Argus", je vous épargne les voitures dites populaires à Saint-Tropez comme les Mercedes et autres Range Rover par exemple.
Le luxe ne s'arrête pas à la voiture, fort heureusement :
Et oui ! Le temps, c'est de l'argent !
Le nanar français des années 80 est réputé pour son humour. "Police des Moeurs" n'est pas en reste et recèle de petites phrases certes indignes des tirades d'un Aldo Maccione, même fatigué. Exemple avec l'inspecteur Savary à sa collègue Sophie Leclerc : " J'ai un scénario pour nous deux : je fais le dentifrice et tu fais la brosse à dents"; où encore le sadique Docteur Sylvestre à ses pensionnaires : "Je veux que vous sortiez d'ici avec autant de caractère qu'une tablette de chewing-gum". Je rappelle que le scénario est signé Michel Caputo, alors un peu d'indulgence s'il vous plaît !
Unique gag visuel (enfin... gag visuel volontaire) du film
Atmosphère malsaine, acteurs totalement hors sujet, multiplication de scènes érotiques (pouvant peut-être aller jusqu'à dégoûter le spectateur ! Si si !), je me demande s'il est bon d'adapter tout et n'importe quoi au cinéma. Je réponds oui, dans la mesure où cela constitue un curieux moment de nanardise, mais pour la personne qui oserait classer cette chose comme un film culte...
C'est à ce moment là que j'adresse un message solennel à toi, ami lecteur assidu des "S.A.S", "Police des Moeurs", et autres "Brigade Mondaine" : Comment fais-tu pour suivre des aventures aussi nazes depuis tant d'années ? Quel peut être ton plaisir à lire des cochonneries pareilles ? As-tu pensé au suicide ?
C'est par ladapation cinématographique que l'on voit le contexte irréel et rétrograde de l'univers de Gérard de Villiers. Finalement, on se dit qu'autant en rester au roman, sans les images c'est finalement pas plus mal !
Pour terminer, disons que "Police des Moeurs" s'inscrit dans la tradition du polar nanar français des années 80 qui peut se définir comme étant 50% racoleur / 50% violent. Ici, on serait plutôt dans une proportion 75/25 au risque de vérifier l'adage : "Trop de plans nichons tue le plan nichons". Ceci dit il s'avère bien inférieur à "S.A.S. à San Salvador", faute d'acteurs charismatiques. Outre Dominique Hulin,et dans une moindre mesure, Yves Jouffroy, uniques protagonistes du film à continuer les tournages, les performances des acteurs sont bien fades. Et je m'abstiens d'évoquer le cas du premier rôle, Wanda Mendres, "actrice" le temps d'un film. Le coup est cependant sauvé grâce à un scénario implacable et à cet univers azuréen qui fait rêver...
Côte de rareté 2/ Trouvable
Fravidis, qui n'en est pas à son premier coup en matière de nanars a édité "Police des Moeurs" début 2005 en DVD. La VHS existe aussi, mais vous connaissez la chanson : elle est difficile à dénicher, mais existe en deux versions, l'une de RCV et l'autre de Tristar.
Par ailleurs, le film est diffusé plus ou moins régulièrement sur différentes chaînes du satellite.
Note : 2
Shimano