Le Cadeau du Diable / Magdalena la Sexorcisée (Magdalena, vom Teufel besessen), Allemagne 1974
Genre : Horreur
Durée : 1h25
De : Walter Boos
Avec : Dagmar Hedrich, Werner Bruhns, Michael Hinz
La jaquette avec ses innombrables accroches met déjà l’eau à la bouche. L’éditeur Colombus est aussi une preuve de bon goût (surtout avec une police de caractère pareille). Ce « Cadeau du Diable » est donc attendu de pied ferme.
La flying jaquette cache en fait le film sorti en France sous le titre de « Magdalena la Sexorcisée », datant de 1974 et réalisé par Walter Boos (allez voir sur IMDB les titres de ses autres réalisations si vous voulez vous marrez un coup). On oublie en effet trop souvent que les 70’s ont connu en plus des vagues Blaxploitation et Nazixploitation les Sexploitations. Quand on sait que « L’Exorciste » est passé par là un an avant, on voit tout de suite où les Allemands ont voulu en venir avec ce truc.
Pas la peine de faire durer le suspens, on est en présence d’un nanar de très bonne facture. Evidemment, vous vous doutez bien qu’un film de ce calibre de se trouve pas sous les sabots d’un cheval. Trop hardcore pour le Cash Converters de base, il est relégué à une enseigne encore plus miteuse. Vous ne me croyez pas ? Regardez où je l’ai pêché :
Après la vague des faux Bruce Lee, une nouvelle arnaque a pignon sur rue. Le nom a été partiellement caché « afin de protéger les coupables »
Le vieux Joseph Winter est retrouvé crucifié le jour du Mercredi des Cendres. Réputé solitaire, la police ne sait trop vers qui se tourner pour trouver des pistes pouvant expliquer ce geste horrible. La seule famille du vieux se résume à sa petite fille qui vit dans un pensionnat et qui lui rend visite de temps en temps.
Un générique qui donne tout de suite le change (et vous devriez entendre la petite musique bucolique d’accompagnement)
Jean-Pierre Raffarin en pleine séance d’autopsie
C’est vrai ça, pourquoi ne pas nous intéresser à cette petite jeune fille, Madeleine. Autant avant la mort de son grand père, elle était plutôt sympa à écouter des 78 tours avec ses amies, mais depuis que le vieux a passé l’arme à gauche, elle n’a plus trop l’air dans son assiette.
70’s POWWWWWWWAAAAAAAAAA (la possédée est au milieu)
Les premiers symptômes proviennent lors d’une soirée organisée à l’internat. Madeleine semble avoir une crise d’épilepsie. Ah non puisque le Père Karras me souffle à l’instant même qu’il s’agit plutôt d’une possession. Ce passage, il faut vraiment le voir pour le croire. Madeleine se roule par terre et bave depuis 30 secondes face caméra lorsque l’une des directrice balance : « Un petit peu de repos lui fera du bien ». Elle ouvre alors une porte/Plan de coupe/Un petit chien type « The Mask » filmé en très gros plan grogne (on ne sait rien de cet animal)/Plan de coupe/La directrice referme la porte paniquée en disant : « C’est à croire que tout le monde devient fou ». Cet enchaînement de plans hypercut donne l’impression que Michael Bay s’est invité 10 secondes au milieu de cette réalisation très « Derrick ». Autant dire que la tension qui se dégage de la scène ferait passer « Carrie » pour « Shark Attack 3 ».
Sans alcool, la fête est plus folle
Les bases nanardes du film sont alors jetées. La majorité des scènes va alors reposer sur la même trame : Madeleine est gentille --> Bruit de mouche --> Madeleine est méchante (et vicieuse) --> Madeleine retrouve ses esprits. De nouveau gentille, elle se demande pourquoi tout le monde la regarde bizarrement. Ah oui, je réalise que je ne vous ai pas encore parlé du coup de la mouche. Par manque de moyen et sans doute aussi parce qu’on prend un peu le spectateur pour un con, c’est un bruitage de mouche qui indique à chaque fois qu’une possession est dans les tuyaux. On aura même droit à la réplique : « C’est étrange, des mouches à cette saison ».
Ne soyons pas mauvaise langue car des paramètres varient selon les scènes : nombres d’insultes proférées, lieu de la crise et nombre de vêtements enlevés par Madeleine. Eh oui, il faut pas oublier qu’on est avant tout dans un film érotique. La possession, c’est un truc violent qui donne envie de se foutre à poil. On note au passage un autre élément nanar du film : l’actrice principale a une poitrine en silicone franchement ratée qui donne l’impression de melons placées sous la peau. En plus, ça tranche avec le côté vierge effarouchée du personnage.
Des symptômes finalement pas désagréables
En suivant le schéma expliqué auparavant, on a donc droit à Madeleine et l’autostoppeur (qui se fera casser le bras), à Madeleine et son médecin (qui ressemble comme par hasard au personnage de Max von Sydow) et à Madeleine et son curé. La phrase choc qui restera de cette rencontre est : « Je veux communier, mais pas par la bouche. Je veux communier par le vagin ». Le tout avec force bruit de mouche.
Estimant que cela va trop loin, les proches de Madeleine lui font passer un électroencéphalogramme nanar (voir photo arrière de la jaquette). Une bonne mise au vert est finalement décidée, chez des gentilles dames habillées en blanc.
Mais ça n’est pas parce que Satan l’habite (Oh oh oh) que l’amour ne peut frapper à la porte. C’est vrai que ce docteur Klaus est chaud comme la braise et beau comme un camion.
Une love story à base de chemise à carreaux s’annonce toujours sous les meilleurs auspices
Les embûches viennent toujours des sautes d’humeurs démoniaques de Madeleine (« Je vais dire au professeur que vous avez essayé de me violer »). On note quand même la belle volonté du docteur Klaus qui persévère malgré tout. Cette petite salope va même en usant de ses charmes jusqu’à se faire s’entretuer deux frères lors d’une fugue, dans une ambiance très « Fête de la Bière ».
Des symptômes (et un papier peint) décidemment bien étranges
Comme on en déjà à 1h10 et qu’un bon nanar dépasse rarement l’heure et demi, la phase de conclusion s’amorce. Pour être complètement en phase avec le reste du film, le tout se clôture en queue de poisson : sans même une séance d’exorcisme digne de ce nom (vomi vert trop cher ?), Madeleine crache une vipère qui disparaît comme par magie de la pellicule (genre j’y suis, et pouf j’y suis plus). C’est vrai que faire un film basé sur une possession sans aucun effet spécial, il fallait oser. On se console en se disant que l’amour sort vainqueur puisque Madeleine et le docteur Klaus repartent ensemble.
Encore un plan cul gratuit, ça me dégoutte les réalisateurs comme ça
Dur de croire que ce nanar de gros calibre a été réalisé un an après « l’Exorciste ». Surtout en voyant les couleurs horriblement baveuses qui ne sont seulement dues à la VHS ou aux caps. En tout cas, cela n’est pas perdu pour tout le monde puisque ce « Cadeau du Diable » occupe désormais la place qui lui revient à Nanarland.
4/5