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LE TRESOR DE LA DEESSE LUNE
Réalisateur : José Luis Garcia Agraz
Année de production : 1987
Nationalité : Mexique/USA
Genre : Indiana Jones du pauvre
Vous connaissez les « interviews presque imaginaires » du Canard Enchaîné ? Je vais tenter d’appliquer ce principe à cette chronique… En imaginant que je parviens à réunir les acteurs de ce film, dix-huit ans après, pour leur demander directement leurs impressions…
Je commence les présentations, en me tournant vers celle qui est incontestablement la star du film : c’est la reine des
scream-queens, on ne la présente plus, elle a atteint la consécration en dansant nue dans un cimetière dans
Le retour des morts-vivants, avant d’apparaître dans des chef-d’œuvres aussi reconnus que
Hollywood chainsaw hookers ou
Assault of the party nerds… on applaudit Linnea Quigley !
Francis : Alors Linnea, pour commencer, parlez-nous un peu du film… C’est un film mexicain, à la base, n’est-ce pas ?
Linnea Quigley :
Eh bien… oui. Le réalisateur, José Luis Garcia Agraz, est mexicain… Cela a été sa seule coproduction avec les Etats-Unis, d’ailleurs… L’intention était de tourner un film d’aventures en profitant du succès des Indiana Jones sorti au cours de la décennie… Mais pour donner plus de piquant à l’idée, José a décidé d’en faire une comédie…
Francis : Dans lequel vous jouiez une chanteuse…
Linnea Quigley :
Ah oui ! Quelques scènes m’ont d’ailleurs permis de montrer mes talents pour la musique, où j’interprétais des airs de rock dans le pur style de cette époque… Hélas, il ne faut pas pleurer le passé. Dans le film, mon impresario, menacé par un maffieux appelé Diaz, était contraint de m’amener en Amérique du Sud à cause de ma ressemblance avec une « désse lune » vénérée par les Indiens locaux, qui gardaient un trésor convoité par Diaz…
Don Calfa
Francis : Et voilà pour le scénario ! Cette allusion au personnage de l’impresario me permet d’introduire celui qui, dans le film, tient le rôle du comparse comique : voici Don Calfa !
(applaudissements)
Francis : Alors Don, Linnea nous parlait justement de l’aspect « comédie » du film, que vous teniez en grande partie sur vos épaules…
Don Calfa : Je suis habitué à ce type de rôle, vous pensez bien ! Je n’ai pas vraiment eu de difficultés ! Ce vieux José Agraz avait des idées excellentes ! Voici un exemple de gag : au début du film, je suis installé au bord de ma piscine, en train de raconter mes aventures, c’est à dire le film, en fait, vous suivez ? Donc, je demande à ma ravissante secrétaire d’aller enfiler son bikini. Puis, sur la pointe des pieds, je m’en vais l’espionner par une fenêtre basse, et c’est alors que je suis surpris par mon majordome, un homosexuel-fofolle qui se ballade en shorts moulants, et qui a une réaction de jalousie outrée ! c’est absolument désopilant, n’est-ce pas ?
Francis : …
Don Calfa : Non ? Même pas en faisant un effort ?
Francis : …
Don Calfa : Heu… J’ai un autre exemple si vous voulez. Dans la jungle, je me fais piquer à la fesse par une tarentule… Les Indiens acceptent de me soigner. J’attends couché sur le ventre dans une hutte, inquiet, me disant qu’avec ma malchance je vais être soigné par je ne sais quel vieille sorcière… Quand apparaît l’homme-médecine : un Indien-tata qui tortille du croupion comme la fofolle du début ! Et tout le monde de s’esclaffer !
Francis : …
Don Calfa (baissant les épaules) : Vous avez peut-être raison. De toute façon, je me doutais bien que ce film ne serait pas précisément un couronnement de carrière…
Linnea Quigley, en mauvaise posture face
à des indiens aussi typés qu'enthousiastes.
Francis : Heu… Parlons des Indiens, justement. Otez-moi d’un doute… Y en avait-il, parmi les acteurs et les figurants qui, même vaguement, aient eu du sang indien ?
Don Calfa : Heu… Eh bien c’étaient des Mexicains. Les Mexicains ont tous un peu de sang indien, non ?
Francis : Ils sont quand même très typés caucasiens… Et pas très convaincus par leur rôle de primitifs, ils bougent à peine leurs sagaies ! Et puis, le fait qu’ils parlent notre langue sans accent…
Linnea Quigley :
José s’était dit qu’en les barbouillant de peinture blanche et en leur mettant des plumes sur la tête, cela suffirait à faire illusion… Et aussi à les faire entrer dans leur rôle.
Francis : Hem… Passons. Après la partie comédie, passons à la partie « aventures » du film, qui s’incarne dans le héros viril : l’aventurier Sam, interprété par Asher Brauner ! On l’applaudit bien fort !
Asher Brauner : Ouais, salut les gars ! C’est moi, Asher Brauner, vous me connaissez ? J’ai été le héros de super films d’action, comme
American eagle ou
Steel Justice, j'ai même joué dans la série "Magnum", ouaich ! Ah, « Le trésor de la déesse Lune », c’était le bon temps ! J’étais déjà le héros bien viril, celui qu’est pas un pédé, voyez ? Déjà, Joann Ayers, ma petite amie dans le film, son personnage la ramenait pas ! La scène où elle me saute au cou dans son t-shirt mouillé, après m’avoir cru mort, et où je lui balance « qu’est-ce qu’on mange ? » C’est envoyé, hein ? Et quand elle veut m’accompagner dans la jungle et que je la remets en place d’un simple regard, z’avez vu ? Ah, ça la ramène moins, les gonzesses !
Francis : Heu, certes, mais pour ce qu’en j’ai vu, le problème, c’est votre voix française. Elle est aiguë, geignarde, elle ne colle pas du tout à votre personnage, on dirait la voix d’un ado boutonneux ! En outre, votre charisme… Non, mettons que je n’ai rien dit.
Asher Brauner : De quoi ? Qu’est-ce qu’il vous faut ? Elles sont pas belles, les bagarres, dans ce film ? Comme celle où je fais asseoir un méchant sur une lame d’épée super pointue ?
Francis : Oui, c’est presque digne de la scène du croc de boucher dans « Massacre à la tronçonneuse », le côté cartoon en moins…
Asher Brauner : Et celle où on oblige les méchants à se coucher les uns sur les autres, histoire de se marrer un coup ?
Francis : Oui, c’est presque digne de la prison d’Abou Grahib…
Asher Brauner : Et la scène où je protège les autres personnages dans la jungle, quand on est menacé par des alligators ?
Francis : Des stock-shots d’alligators, vous voulez-dire… Et feindre d’être terrifié par des alligators faisant tranquillement la sieste au soleil, c’est une performance d’acteur, je vous l’accorde.
Asher Brauner : Et quand je guide les deux filles dans la jungle impénétrable ?
Francis : En fait de jungle impénétrable, on remarquait surtout que vous avanciez sur des chemins en terre battue, très confortables d’aspect…
Linnea Quigley :
Ah, mais vous êtes marrant, vous ! C’est bien les mecs ! Vous avez déjà essayé d’avancer dans une jungle pieds nus, presque en petite culotte ?
Asher Brauner : (clin d’œil) C’est sûr que que ce vieux José ne lésinait pas sur les plans nichons, fesses, bikinis, t-shirts mouillés, enfin tout ce qu’on veut !
Francis : C’est sûr… Maintenant, j’aimerais avoir des éclaircissements sur la fin du film… Vous avez ramené le trésor du vieux temple oublié, après avoir affronté de redoutables pièges en carton-pâte dignes de « l’Aventure Banga », et en remerciement, les Indiens vous offrent une statue toute noire… Cela vous déçoit, naturellement. Quand soudain, il se met à pleuvoir, ce qui lave la statue. Et là, j’avoue ne pas avoir compris la réaction de joie des personnages…
Linnea Quigley :
Eh bien, nous découvrons que la statue, en réalité, était en… En…
Francis : En résine de synthèse, oui, ça j’ai vu…
Linnea Quigley :
Oui. Enfin, non ! Dans le scénario, elle était censée être en… Mince, j’ai oublié !
Don Calfa : En or, non ?
Asher Brauner : J’aurais plutôt dit en diamant.
Linnea Quigley :
Je ne sais vraiment plus. En tout cas, c’est vrai que ça ressemblait surtout à de la résine.
Francis : Messieurs Calfa et Brauner, madame Quigley, je vous remercie.
Je ne mettrai pas de note à ce film, car ce n’est pas vraiment nanar. Pour, ça lorgne plutôt du côté du bis sympa, façon Terrence Hill et Bud Spencer, noyé dans un épais bouillon d’humour lourdinguissime, digne de Max Pecas. En outre, l’action est si mollassonne au début que le spectateur se doit d’être endurant ; les personnes qui étaient avec moi, quand j’ai mis la cassette, se sont vite découragées. Il faut attendre les dernières vingt minutes du film, avec l’arrivée chez les Indiens, pour que ça devienne (un peu) nanar… Et j’ai décidé que ça méritait quand même une chronique, parce que c’est sympa dans l’ensemble…
Et puis c’est tout.