Les Casseurs (breaker ! breaker ! - 1977)
Un film de Don Hulette.
Avec Chuck Norris (période imberbe).
Chauffeur routier c’est un dur métier, sauf pour Chuck, car rien n’est trop dur pour Chuck. Camionneur souriant, Chuck mène une vie bien remplie de préoccupations à la Chuck : il passe ses journées à lancer des petites vannes foireuses sur sa ci bi et le reste du temps, il s’initie aux joies de la moto en compagnie de son frère, un môme de 11 ans (ou peut-être plus vieux, je ne sais pas quel âge il a mais il en en paraît 10 de moins!). Ou bien encore, il explique à ses copains les principes philosophiques du karaté (''il faut ouvrir son troisième œil et après on est très fort mentalement''). Un jour, sur une aire d’autoroute, Chuck croise un ami camionneur paralysé du côté droit suite à une baston.
''ça doit pas être facile de conduire un camion en étant paralysé du côté droit'' se dit Chuck. Il se propose donc de conduire le bahut de son ami à bon port, et confie le volant de son propre camion à son frère de 11 ans.
C’est là que commence le drame. Inexpérimenté dans l’art de la ci bi, le frère de Chuck est attiré dans un traquenard grossier ourdi par les méchants de la ville de Texas City, bourgade de Californie dénommée ainsi en hommage au fils du maire (qui s’appelait Tex ! tous les moyens sont bons pour arriver à caser le mot "Texas" !), et dont les habitants font rien qu’à capturer les routiers. Le frère de Chuck, qui est bien moins malin que ce crétin de Chuck, se retrouve donc emprisonné en territoire maudit.
''Quoi ? un village de méchants maltraite le frère de Chuck ? ! ça c’est une mission pour Chuck ! '' se dit Chuck. En attendant, Chuck, qui picole dans un restauroute, est retardé dans sa mission par un gros chauve qui lui lance un défi : cet olibrius prétend qu’il est meilleur que Chuck au bras de fer !. Le gros chauve est vraiment balèze (''t’as vu ses biscotos ? ce mec c’est l’ange polonais !'' lâche l’ami de Chuck) mais Chuck en vient quand même facilement à bout car il est over the top (mais un peu moins que Sly quand même, car sans la casquette à l’envers).
Mais revenons à la mission. Où c’est que j’en étais-je? je me suis perdu dans les finesses du scénario… Ah ! oui, ça me revient : ''Quoi ? des méchants maltraitent le frère de Chuck ? ! ça c’est une mission pour Chuck !'' se dit Chuck. Et il se rend en camionnette à Texas City pour mettre des coups de pieds dans les méchants.
Dans le patelin maudit, Chuck se fait un allié de poids en la personne de l’idiot du village, alias l’homme qui zozote sur son tricycle, fan de Chuck depuis que Chuck lui a appris à déjanter un pneu. Pour la peine, c’est lui qui va mourir à la place de Chuck (ça sert à ça les amis !).
Mais Chuck se fait également une copine, une fille, célibataire, qui tombe amoureuse de Notre Héros Chuck car, euh… car elle aime bien les routiers karatékas dans le genre de Chuck (c’est la seule explication rationnelle que j’aie pu trouver). Quoi qu’il en soit, cette histoire d’amour débouche rapidement sur le gros clip émotion nanar sur fond de slow country, où l’on voit Chuck et sa copine se tiendre la main tendrement sous un chêne, comme deux glands.
Le reste de l’histoire peut être condensé par cette phrase, prononcée dans le film par un ennemi de Chuck : ''Quand la force est nécessaire, il est souvent bon de l’appliquer ''. Bref, Chuck latte tous les méchants, puis ses copains routiers rasent la ville avec leur gros camions suite à quoi l’imbécile de frère de ce crétin de Chuck est sauvé et c’est fini.
Je tiens à signaler, mais c’est une évidence, que la réalisation (signée Don Hulette) est à la hauteur de ce splendide scénario : utilisation abusive du zoom et du ralenti, décadrage de combats miteux et photo délavée sont de la partie. Avec en prime, une séquence finale pompée sur Sergio Leone lors d’un combat spécialement grotesque, le cinéaste enchainant les plans de Chuck avec des plans de jument.
Quant au dialogue, il donne dans la métaphore subtile comme en témoigne cette réplique lancée par une serveuse du restauroute :
''Les routiers sont comme les chats, il suffit de les regarder avec des grands yeux tristes et ils vous donnent un double pourboire''.
En résumé, Chuck devrait plutôt faire attention où il met les pieds, car c’est souvent dans le nanar. Et pour finir, je donne au film la note de 2 sur 5, car c’est un superbe film, en dépit du fait qu’il choque Maurice.