Deux chroniqueurs nanars avaient jeté en même temps leur dévolu sur ce classique! Plutôt que de régler cela par un duel à coups de pneus, Nikita et MrKlaus se sont répartis la tâche pour vous parler de ce qui restera sans doute comme l'un des principaux jalons du comique nanar français.
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Chronique de Nikita
Oumph ! Groump ! Graoumpf!
Heu...excusez-moi, j’étais en train d’essayer de digérer ce truc...Ark! Oump ! C’est tellement épais et étouffe-chrétien qu’on en a plein la bouche, on dirait du pudding à la mélasse… Hem, bon, voilà, j’ai avalé la dernière bouchée du curé chez les thaïlandaises, on ne m’y reprendra pas de sitôt….c’est du nanar bien costaud, ça madame ! De la bonne grosse potée de chez mémé ! Un pur classique du comique gras-double rabelaisien. Comment décrire cette chose à l’humour aussi compact qu’une brique ? D’une bêtise et d’une vulgarité totalement stupéfiantes, ce «Mon curé…» dépasse de la tête et les épaules le plus connu «Mon curé chez les nudistes», précédent film de Robert Thomas. Là où les aventures de Paul Préboist chez les amateurs de la fesse à l’air restaient, somme toute, sagement franchouillardes, celles de Maurice Risch dans les boxons d’extrême-Orient explorent une nouvelle dimension en fracassant toutes les convenances narratives pour créer l’univers de la comédie infra-nanarde. Scène après scène, le récit s’enfonce dans un tel n’importe quoi, filmé n’importe comment, que le carcan de la comédie à la française s’en trouve totalement dépassé.
Le french cancan s’exporte à Bangkok !
Si vous avez mal au foieeeeeee….
…buvez l’elixiiiiiiiir…..
……de Sainte Claraaaaaa ! Yeah, rock n’roll !
Apparemment conçu au départ comme une vraie suite de «Mon curé chez les nudistes», succès-surprise de 1982, ce film s’en éloigne assez radicalement du fait du changement d’acteur principal. Paul Préboist n’étant pas disponible, c’est Maurice Risch qui reprend les rênes du film, dans le rôle d’un nouveau personnage, le Père Maximin. Curé en Haute-Garonne, Maximin est un prêtre modèle qui remplit son église en chantant le rock et a fait la fortune de son village en inventant une potion miraculeuse, «l’élixir de Sainte-Clara». Détail qui n’aura pas énormément d’importance dans un scénario manifestement improvisé. Or, Maximin a un frère, ancien légionnaire, qui tient à Bangkok un bordel-salon de massage, le «Lotus club», qu’il gère avec sa maîtresse Georgette. Le remuant frangin étant mort brusquement, Maximin devient l’héritier légitime de l’établissement…qu’il croit être un pensionnant catholique pour jeunes filles ! Paniquée, Georgette envoie son amant chinois, Monsieur Ping, chercher Maximin en France et le ramener en Thaïlande pour qu’il lui cède définitivement le bouge. On ne voit pas pourquoi il est nécessaire de le ramener en Thaïlande (où il risque de découvrir la vérité), puisque Maximin semble assez naïf pour céder ce qu’on veut sans se déplacer, mais sinon il n’y aurait plus de film !
Jacques Legras et Marion Game
Arrêtons-nous un instant pour souligner l’élément nanar le plus saillant du début du film : Monsieur Ping est en effet interprété par…Jacques Legras ! L’animateur de la « caméra invisible» a beau avoir les yeux maquillés et essayer de parler avec un «léger» accent, il est aussi peu asiatique qu’un guerrier bantou, son nez et sa moustache étant totalement contraires aux plus élémentaires des caractéristiques physiques extrême-orientales. Voir Monsieur Ping se présenter comme un chinois (et être pris pour tel) est en soi une agression constante pour la logique du spectateur. Mais il y en aura d’autres…
CET HOMME EST UN CHINOIS !
UN ASIATIQUE PUR SOUCHE !
PUISQU’ON VOUS LE DIT !
Maurice Risch et Béatrice Philippe, également surnommée «Mes pieds jouent pour moi».
Ping étant retenu en France pour affaires, le Père Maximin part seul pour la Thaïlande, mais son avion est détourné par des terroristes de l’ethnie rebelle Wong-Wong. Il se retrouve égaré en plein désert thaïlandais, en compagnie d’une jeune thaïlandaise, d’une enseignante de danse française (Katia Tchenko, la seule actrice de «Mon curé chez les nudistes» à revenir dans ce film, mais dans un rôle différent), et du Consul d’Ecosse à Bangkok (?). Quelques mots sur le reste de la distribution : passons sur la jeune thaï (Béatrice Philippe, tellement mauvaise qu'elle se ferait exclure de tous les cours de théâtre de France et de Navarre) et citons l’entrain de Katia Tchenko, qui apporte une vraie fantaisie à un personnage de bourgeoise folingue que le réalisateur va s’ingénier à mettre à poil sous le moindre prétexte tout au long du film. Actrice très sympathique (et très accorte !) ; Katia Tchenko réussit à se tirer au mieux d’un rôle potentiellement humiliant et, si elle n’échappe pas au ridicule, réussit à surmonter le graveleux.
Nos héros égarés dans le désert de Thaïlande, en pleine mer de sable d’Ermenonville !
Festival Katia Tchenko ! (première)
Mais le numéro le plus étonnant est encore celui de Jacques Balutin dans le rôle du Consul d’Ecosse : nanti d’un accent anglais mille fois plus ridicule que celui de Lambert Wilson dans «Pas sur la bouche», Balutin cabotine comme un psychopathe, à faire paraître sobre les comédiens les plus outranciers du Collaro Show.
Festival Jacques Balutin !!
Mais le pire est encore à venir avec l’apparition de Darry Cowl, qui joue un terrible pirate marchand d’esclaves : en roue libre à peu près totale, le grand Darry transforme des dialogues manifestement improvisés en véritables morceaux de bravoure nanarde, et des pitreries navrantes en séquences au surréalisme inexplicable. La force du film réside en effet dans son interprétation, très supérieure à celle de «Mon curé chez les nudistes». Si Maurice Risch n’a pas forcément la nature comique de Paul Préboist, il est un acteur plus truculent ; surtout, il est entouré de comédiens de très bon niveau, qui réussissent souvent à transcender le ridicule total de leur rôle et à assumer la médiocrité du film pour partir dans des freestyles souvent réjouissants.
La vedette est piquée dans la dernière demi-heure par Daniel Prévost, totalement déchaîné dans le rôle du général rebelle, chef de l’ethnie wong-wong. Prestation d’un non-sens à peu près total, l’interprétation de Prévost fait souffler un réel vent de folie sur le film, dont il réussit à magnifier la stupidité et à la transformer en créativité !
Car si le délire des comédiens devient si un ingrédient si précieux pour revitaliser le film, c’est que nous sommes au trente-sixième dessous cinématographique : la forêt et le désert thaïlandais sont reconstitués à Ermenonville, Bangkok est figuré par le XIIIème arrondissement de Paris (dont on reconnaît distinctement les tours !), la moitié des figurants thaï sont des blancs à peine (voire pas du tout) maquillés, les pancartes sont écrites en français (la francophonie fait des pas de géant en Thaïlande !), les dialogues sont éléphantesquement mauvais et les gags sont si usés que mon arrière grand-père devait raconter des blagues comme ça pour faire rire son arrière grand-père.
Ho ! Les tours de Paris XIIIème !
Notez le clochard typiquement thaïlandais
L’insécurité règne à Bangkok, on se fait tout le temps agresser par des blancs mal déguisés en asiatiques !
Surtout, le métrage enfile les clichés sur la prostitution en Orient qu’il finit par ressembler à un véritable étalage de fantasmes beaufs sur la fesse exotique. Là où «Mon curé chez les nudistes» visait à caresser dans le sens du poil l’amateur de polissonneries estivales, le second film est un véritable catalogue de blagues à l’intention du fan de tourisme sexuel ! Pourrait-on aujourd’hui se permettre de plaisanter aussi grassement sur le marché du sexe en Asie ? Sûrement pas, et c’est ce qui rend ce film d’autant plus fascinant, tout autant que sa stupéfiante bêtise et son humour d’un autre âge.
Festival Katia Tchenko (deuxième !)
Machisme néo-colonial, gaudriole gras-double, incohérence totale du scénario, cabotinage ahurissant : les ingrédients du cocktail, secoués furieusement dans un shaker cocaïné, finissent par produire un mélange proprement explosif, d’un humour futuriste à force d’être ringard.
Ciel ! Mon Prévost !
Rarement un nanar comique français n’aura aussi bien correspondu à la définition qui me fut récemment donnée par une connaissance : «un navet tellement navet que ça en devient un dessert ! ». Sans être aussi extrême que «Le Führer en folie», ce film de Robert Thomas constitue une sorte de point de non-retour de la comédie foutraque à la française, qui avait atteint l’extrême limite du n’importe quoi et ne devait plus s’en remettre.
Un vrai document d’époque, à découvrir ou à redécouvrir pour ne pas en croire ses yeux ! Vous vivrez, au choix, un véritable calvaire, ou vous serez définitivement convertis aux charmes psychotiques de la comédie violemment nanarde. Gare au craquage de fusibles, ce film est une véritable drogue dure et les dommages sur le cerveau peuvent être irréversibles !
Nikita
Chronique de MrKlaus
Cette œuvre de Robert Thomas, c’est un peu comme les films de Rocco Sifredi ou Eric Rohmer, on les connaît mais personne ne les a vu (je parle pour le public en général !). Ainsi, combien de calembours foireux sur ce merveilleux film, ont pu sortir de la bouche d’une personne qui n’a sans doute jamais visionné de Max Pécas de sa vie (Le chanceux ! mais l’été approche, il n’est jamais trop tard !). Réparons cette grave injustice et penchons nous plus en détail (pas trop quand même, c’est un coup à finir par regarder les comédies de Bernard Launois et à rire devant !) sur ce monument du comique français (quoique dans ce film la notion de comique est quelque peu ambiguë).
Le seul mot qui vient à l’esprit après avoir vu il y a quelques temps cette merveille sur une quelconque chaîne de prestige (oui car les aventures du curé chez les Thaïlandaises ont été très prisées par la 5, M6 et RTL9, je me demande bien pourquoi) est : traumatisant ! Bien des années plus tard il est impossible d’oublier Darry Cowl en pirate ou Jacques Balutin en écossais (avec kilt intégré, cela va de soi). Suite d’un « Mon curé chez les nudistes », plutôt mou du gland où notre Paul Préboist national traquait du naturiste sous le regard médusé d’Henri Genès, ce deuxième épisode se caractérise pas une ribambelle d’acteurs en total freestyle bramant leurs dialogue et grimaçant comme des forcenés avec une telle frénésie qu’on se demande s’ils savaient qu’ils finiraient sur Nanarland vingtaine d’années plus tard…
Mais trêve de plaisanterie, rentrons dans le vif du sujet. Dernier épisode d’une série débutée en 1925 avec « Mon curé chez les riches » et « Mon curé chez les pauvres » tous deux réalisés par Donatien. Ce vieux filou d’Emile Couzinet en profitera d’ailleurs pour nous pondre un «Mon curé champion du régiment » avec Duvalles et Jean Carmet. Autant dire que la résurrection de ce personnage haut en couleur, au début des années 80 ne s’imposait pas vraiment. Et Robert Thomas nous prouve avec le film qui nous occupe qu’il a été sorti des oubliettes pour mieux y rentrer.
La Thaïlande, un pays sympa où on fait la fête toute la journée avec des filles à poil !
Tel Marco Ferreri qui avait reconstitué le Far West aux Halles dans « Touche pas à la femme blanche » (aussi avec Darry Cowl, c’est curieux), Robert Thomas quand à lui reconstituera la Thaïlande au beau milieu du 13eme arrondissement de Paris (ainsi qu’a Ermenonville). Et pour donner le change le réalisateur filmera des cartes postales de Thaïlande où l’équipe technique n’a probablement jamais mis les pieds (où alors peut-être en voyage de noce), afin que le spectateur ai l’impression de voyager alors que tout a été tourné en bas de chez lui (je me demande si même à l’époque les spectateur étaient dupes). Ici c’est Maurice Risch, le Jacques Villeret du pauvre, qui endosse la soutane et si le malheureux se révèle être un assez bon acteur (même plus drôle que son défunt sosie) il ne peut rien face à la profonde bêtise du film.
Le sachiez-vous ? L’Ecosse est un pays indépendant et en Thaïlande, les panneaux sont écrits en français !
Une intrigue simpliste (à tel point que je ne m’en rappelle plus) sert de prétexte pour nous montrer une belle brochette d’interprètes, cabotinant comme des diables et improvisant eux-mêmes leurs gags (disons des semblants de gags, tous plus consternants les un que les autres). Même si la plupart sont d’excellents acteurs (Darry Cowl, le meilleur personnage du film, arrive à nous faire rire même quand il ne fait rien) leurs prestations outrées n’arrivent en rien sauver ce film, d’une telle beauferie que même Jean-Marie Bigard refuserait de tourner dans un truc pareil. D’autant que l’on peut voir Daniel Prévost y jouer un militaire asiatique sans maquillage et sans accent ! Quand on sait qu’il n’y a pas plus Français que Daniel Prévost, le spectateur est en droit de se poser des questions. Mais qu’il ne s’en pose pas trop car outre les français jouant des asiatiques ce film est une véritable foire aux accents foireux (volontaires où pas) ainsi l’on peut voir un écossais parler Anglais avec un fort accent Français, un paysan Thaïlandais avec un accent Auvergnat et un autre avec un accent Arabe (d’ailleurs c’est un Arabe !) ainsi que des terroristes Irlandais parler avec un mélange d’accent Anglais et Ecossais (et pis même un peu d’accent chinois, pour pas faire de jaloux !)
Scoop ! Daniel Prévost est thaïlandais !
Le deuxième et dernier chapitre des aventures de «Mon curé… » version années 1980 peut se targuer d’être une des comédies franchouillardes les plus ultimes qui soient et risque d’en choquer plus d’un par son racisme (enfin finalement pas tant que ça, cela reste plutôt soft), sa misogynie et sa description de l’Asie qui a malheureusement bien changé depuis. Déjà naze à l’époque de sa sortie, ce chef d’œuvre qui tel le bon vin n’a de cesse de se bonifier avec le temps connaît aujourd’hui les joies d’une sortie dvd bien méritée (mais sans bonus)….COUREZ L’ACHETER, Y’EN AURA PAS POUR TOUT LE MONDE !
MrKlaus
MON CURE CHEZ LES THAÏLANDAISES
Année : 1983
Pays: France
Réalisateur : Robert Thomas
Genre : Y'en a riz le bol
Catégorie : Comique
Avec : Maurice Risch, Katia Tchenko, Daniel Prévost, Darry Cowl, Jacques Balutin, Marion Game, Jacques Legras, Béatrice Philippe
Note : 3,5