Ambassadeur a écrit:
Bon ben alors j'ai adoré
On passage on sent un intérêt un peu suspect de "l'auteur" pour Russ Meyer: je me demande si c'est uniquement parce que ces films sont "ringards" ou s'il y a une autre raison
Merci pour ton commentaire.
Concernant Russ Meyer, j'en ai beaucoup parlé pour une série de raisons. Déjà, ce n'était pas un livre sur ce que moi je considérais comme ringard mais aussi sur ce qui à un moment ou à un autre a été traité de ringard dans le cinéma. Russ Meyer en fait partie, par son style très kitsch, ses critères très particuliers dans le choix des actrices et ses budgets de production.
Il me semble incarner quand même le côté réussi de ce cinéma parallèle, un peu comme Roger Corman. Ce n'est pas un réalisateur de nanars, ses films sont drôles au premier degré et il y a là-dedans une foi en la vie qu'on retrouve rarement chez des "auteurs" plus prestigieux. La scène où Hitler se fait bouffer dans sa baignoire par un piranha dans
Mégavixens est à tomber de rire. Celle du meurtre de Vixen dans
Supervixens est aussi complètement tordue, avec quand même cinq procédés différents qui s'y mêlent. Et le coup du mec qui court à la fin du film. Toujours le même plan qui repasse quatre ou cinq fois dans la scène. Meyer a fait ça des années avant
Sacré Graal.
Mais pour moi, Meyer c'est surtout
Beyond The Valley Of The Dolls qui est pour moi un film énorme, une des meilleures réussites du ciné américain des années 60, où tout est tellement outré que ça en devient pratiquement sublime. Alors qu'on ne voit pratiquement pas de nichons. La musique est bien, les filles sont magnifiques et Meyer, qui avait pour une fois les moyens, les filme comme personne n'avait su les mettre en valeur. Si je pouvais choisir, je demanderais à être enterré entre la deuxième et la troisième bobine du film.
Celui qui a bien rendu justice à Russ Meyer, c'est James Gunn, l'ancien scénariste de la Troma qui est passé depuis aux gros studios (scripts des Scoobydoo et de L'Armée des morts). Voici ce qu'il avait écrit au moment de sa mort sur son site :
Citer:
One of my heroes, Russ Myer, passed away today. Russ was the great director of FASTER PUSSYCAT, KILL, KILL!, BEYOND THE VALLEY OF THE DOLLS, and, my personal favorite, MUDHONEY.
Russ was a guy able to outwit the sexploitation genre at every turn. Each of his films was a new surprise. All Russ needed to do to make his movies commercially viable in those days was put a couple tits in 'em and have an intriguing poster. Instead, Russ cared about what he did, and created a work of art with every film. I wish everyone in the world could give such love to their job. Think what a joy it would be just checking out of the grocery store.
Imagine what it was like back in the 60's, going into a seedy theater on Times Square, wearing your long overcoat so you could jerk-off unnoticed, and then being taken aback by a completely new, beautiful creature like MUDHONEY. Russ created his own film language, just as Orson Welles did, or Martin Scorsese, or John Woo.
Jean Rollin, on voit un de ses films et c'est clair que le trip qui l'intéresse c'est de filmer des jeunes filles tour à tour vulnérables et prédatrices. Russ Meyer, lui, tu ressens tout de suite qu'il veut avant tout te faire partager le plaisir qu'il a à montrer ces filles qui débordent de vie. Faut juste ne pas regarder le dernier (
Ultravixens) où tu commences à avoir des actrices siliconées, ce qui fait fatalement ressembler l'image à n'importe quel porno californien tourné en vidéo de ces vingt dernières années. Mais dans ses films des années 60 et du début des années 70, il n'y a pas encore cet aspect-là et la comédie a bien tenu la distance.