Désole de remonter le topic ^^ La série Power Rangers fête ses 30 ans, et je me suis replongé dans l'univers des premières séries (aidé par l'épisode spécial de Netflix avec le "cast d'origine"). Je me suis remémoré le film de 1995 que j'avais détesté à l'époque, mais le temps aidant, je l'ai trouvé très charmant d'un point de vue nanar. Je suis beaucoup moins puriste que quand j'avais 10 ans.
Au départ, je voulais juste prendre quelques captures en plus... au final, en mettant les idées en place, j'ai écris une chronique. Loin de moi l'idée de corriger celle déjà sur le site (j'ai eu la bonne idée de vérifier qu'il y en avait une après avoir commencé à écrire), mais vu que maintenant c'est fait, autant partager.
Titre original :Mighty Morphin Power Rangers: The Movie
Réalisateur(s) : Bryan Spicer
Année : 1995
Nationalité : Etats-Unis
Durée : 1h37
Genre : Go-go Godfrey Ho
Acteurs principaux :Karan Ashley, Johnny Yong Bosch, Steve Cardenas, Jason David Frank
Cela fait maintenant 30 ans que les Power Rangers sont entrés dans la pop culture en Occident. Reprenant les principes des séries japonaises nommées « Sentaï », la mouture américaine a su charmer un public international, si bien que la série a réussi à perdurer pendant trois décennies et marquer plusieurs générations de jeunes têtes blondes !
Mais saviez-vous que depuis ses tous débuts, et encore aujourd’hui, la série utilise une technique de production bien connue du site Nanarland ?
Oui, depuis Mighty Morphin Power Rangers, la première série, à Power Rangers Beast Morphers, la dernière en date, c’est bien le procédé du deux-en-un, sublimé par Godfrey Ho qui est utilisé.
À savoir que l’équipe de production des séries Power Rangers récupère des scènes issues de séries japonaises, tournent des rushs avec un casting américain de leur côté et mélangent tout ça pour pondre une mouture « originale ».
Par exemple, la première série, Mighty Morphin Power Rangers, reprenait des images de la série « Kyoryu Sentai Zyuranger ». L’intrigue de la série d’origine (une histoire de guerriers millénaires même pas humains) était complètement chamboulée pour accueillir un groupe de jeunes lycéens/étudiants américains devant sauver le monde à peu près tous les jours. Mais tkt, ils arrivent quand même à réviser pour le contrôle de maths du mardi.
https://youtu.be/C0C-9w7wQn8?si=JRc-AUazgfLZISf9Et ainsi, depuis plus de 30 ans, les costumes à l’effigie des Power Rangers que l’on voit dans les salons de cosplay sont en fait issus à l’origine d’un univers japonais bien différent que le remake en Occident.
Petite mention spéciale à Rita Repulsa, la grande méchante du premier arc des Power Rangers. Elle ne s’appelle absolument pas Rita Repulsa dans la série d’origine, l’actrice ne parlait pas trop anglais et cette dernière n’a jamais mis un pied aux États-Unis. Et pourtant, elle a réussi à entrer dans la pop culture américaine à part entièreLe procédé est toujours d’actualité, car, Power Rangers Beast Morphers, sorti en 2019, empruntait des images à la série « Tokumei Sentai Go-Busters ».
Rendons à Godfrey Ho ce qui appartient à Joseph Lai, on doit ce procédé du deux-en-un dans le monde du sentaï américain également à deux compères. Haim Saban et Shuki Levy, des magnats du dessin animé ayant auparavant officié en France. Voyant le potentiel de Bioman et autres séries sentaï en France, ils se disent que le marché américain pourrait s’intéresser à ce genre de séries… tout en sachant qu’il vaudrait mieux réadapter le contenu à ce public différent, et ne pas se contenter de changer les prénoms en Jean-Pierre et Nathalie.
Saban et Levy vont un peu mieux maîtriser le procédé. Il sera beaucoup moins risible que les ninjas en pyjama ou les kickboxeurs suppôt de Satan.
Même si, ils vont tout de même se contenter de faire un peu plus que le minimum. Le produit était destiné à des enfants généralement âgés de moins de 10 ans qui ne connaissaient pas les bases rudimentaires des techniques audiovisuelles (aka, les gamins vont rien remarquer)… et ils le savent bien. Néanmoins, la recette va marcher et se vendre comme des petits pains.
Notons tout de même que Saban et Levy n’ont pas uniquement tenté le coup avec Power Rangers, mais également avec des séries comme Beetleborgs ou Masked Rider (issu de l’univers Kamen Rider) pour des résultats beaucoup moins probants. Il n’y a bien que Power Rangers qui a été un succès international et ils se sont très vite uniquement concentrés sur cette série.
https://www.youtube.com/watch?v=SYGihkQy7J8Ok, mais je veux en venir où avec tout ça ?
Et bien, avec l’énorme succès international des Power Rangers et la multitude de produits dérivés vendus (qui provoqueront le renvoi de trois acteurs tentant de renégocier leurs contrats dès la fin de la saison 1), Saban et Levy se disent qu’il y a une opportunité à explorer.
Le cinéma.Très vite, le projet d’adapter la série américaine sur le grand écran va venir poindre le bout de son nez. Mieux encore, ils se disent que la mouture sera 100 % américaine et qu’ils ne prendront aucune image d’une série japonaise. Un métrage 100 % original.
L’intention est louable, mais il y a un problème.
La série Mighty Morphin Power Rangers emprunte ÉNORMÉMENT à la série japonaise. À savoir :
* Le casting des méchants provient intégralement de la série japonaise
* Les scènes d’action en collant contre des monstres proviennent de la série japonaise
* Les scènes d’action où le robot géant (MegaZord) affronte un monstre géant provient de la série japonaise.
Et tout ça, dans un épisode de Power Rangers, ça représente environ 80 % d’un épisode. Aujourd’hui, avec nos yeux plus aguerris, on se rend compte de la supercherie là où on ne se posait pas de question quand on avait moins de 10 ans. En fait… la série Mighty Morphin Power Rangers est extrêmement cheap. Les parties américaines ne comprennent que deux décors (dont un terrain vague) et des blagues très infantilisantes à base de directeur de l’école qui perd sa moumoute. Quasiment tout le reste, ça provient du Japon.
Ainsi, réaliser un film sentaï 100 % américain, c’était inédit… et surtout sacrément casse-gueule. Et d’ailleurs, le film va se casser la gueule.
Tout d’abord, le casting des méchants est « reproduit ». Mais même quand j’étais jeune, je ne me suis pas fait avoir.
Non, ce n’est pas la Rita Repulsa de la série.
Non, ce n’est pas le Goldar de la série.
Ces personnages, au combien charismatique dans la série d’origine se retrouve ainsi singer. Même si la série était destinée aux jeunes enfants, Goldar m’impressionnait et je savais que lorsqu’il était dans le coin, les Rangers allaient avoir du fil à retordre.
Dans le film, il ressemble à un petit toutou inoffensif, et on insiste beaucoup plus sur le comique du personnage jusqu’à le rendre ridicule.
Le puriste de l’époque que j’étais n’avait pas apprécié. Bon maintenant… ça me fait marrer.
Rita RévulséeEst-ce que t'aboies tout le temps, petit roquet ? Ou est-ce que tu mords ?Bon, le film étant conscient de son incapacité à reproduire fidèlement le design et le caractère des méchants d’origine… ils vont introduire un nouveau méchant pour le métrage. Ooze… que j’appelais Bouse quand j’étais gamin. J’avais beaucoup d’humour.
Ooze, le Wishmaster de WishNotons également que le film a pris une sacrée patine 90’s. Sans dire non plus que Power Rangers étaient une série dark, certains décors étaient assez sombres. Comme notamment le Command Center de leur mentor Zordon, qui bien que rudimentaire, avait un certain cachet.
Mais comme, à cette époque-là, on portait des jogging fluo pour sortir faire du skate devant des graffitis colorés, la production a voulu respecter nos goûts et revoir sa direction artistique pour le métrage.
Et aujourd’hui, ça fait quand même un peu mal aux yeux.
Le film est sorti à peu près en même temps que le Ptit Dop, le shampoing pour enfant qui ne pique pas les yeux. Une vraie révolution à l’époque. Le film n’était pas encore à cette pointe de la technologieEt puis, les Rangers eux-mêmes, ils sont quand même pas mal ridicules.
Bon, je vais être honnête, le casting américain avait déjà porté les costumes en collant dans la série pour quelques rushs. Mais je ne sais pas pourquoi, les Rangers en armure dans le film vont avoir une démarche exagérée et grandiloquesque dans le métrage. Pourquoi ?
Et même certains de leur pouvoir vont être assez WTF. Comme ce pouvoir d’avoir des loupiotes sur le casque. Moi, j’ai une petite lampe sur mon porte-clé, je ne vais pas aller faire un film pour dire que c’est un super-pouvoir ?
S’il saigne, on peut le tuer.C’est bien beau tout ça, mais là, ça ne fait pas du film un gros nanar. Voire, ça n’en fait pas un nanar du tout.
À la manière de la série, je gardais le gigantisme pour la fin. Et là, on va avoir un problème.
Que l’on soit bien clair, dans la série japonaise d’origine, les combats entre robots et monstres géants sont cheap. On voit que les bâtiments sont des maquettes et que les monstres sont des acteurs en costume. Oui… mais… on va dire que ça passe… parce que le MegaZord et son attaque final avait la classe.
Sauf que là, pour le film, on ne peut pas reprendre ça. Comment faire ?
Rappelez-vous, on est dans les années 90, et le nec plus ultra (du moins, on y croit) des effets-spéciaux à l’époque, ce sont les images de synthèse.
Pourquoi on faisait ça à l’époque ? Y avait personne pour dire : « Oh mince, c’est affreusement laid ce qu’on vient de sortir » ?
Le film Power Rangers ne va pas faire exception. Les Zords et les monstres géants vont être d’une laideur inimaginable, même pour les années 90. Et si le coup du « c’est pour les mioches, ils n’y verront que du feu » passait pour le deux-en-un, Saban et Levy se mettent le doigt dans l’œil pour les CGI.
Fly me to the moon!On ajoute à tout cela quelques petites pointes risibles, comme ajouter gratuitement une femme en petite tenue, des ninjas (bah on est dans un deux-en-un hein), des répliques peu inspirées, un scénario encore moins bien développé qu’un épisode de 20 minutes, des scènes faussement drôles font que, même enfant, on découvre le pot-au-rose. Les Américains ne savent pas faire du Sentaï tout seul. Ils n’ont pas compris eux-même le matériau qui leur a valu un tel succès.
A deux fils de passer à côté du film tout publicBon, tant pis pour ma carrièreY a un bouton d’urgence dans le Megazord pour mettre un coup de genou dans les parties d’un ennemi qui n’a pas de partieEt finalement, peut-être que se contenter du procédé du deux-en-un, dans certains cas bien particuliers, bah c’est pas si mal.
Note : 3/5