Eh bah c'était violent...
A l'inverse d'un
Führer en Folie qui vous génocide tous vos neurones d'un coup,
Par où t'es entré... n'en tue que la moitié pour le simple plaisir de regarder les autres hurler de douleur en réclamant un coup de grâce qui ne vient jamais...
Comme le raconte bien la chronique, le film souffre pour une fois non pas de son absence de budget mais bien d'un budget conséquent, qui a amené avec lui divers contraintes qui ont empêché Clair de partir dans ses délires habituels, de rameuter des potes et de tourner tout et n'importe quoi pourvu qu'on se marre sur le plateau. Là, à l'image d'un
Delta Force, on a clairement deux films en un, le premier se focalisant sur les tentatives de Lewis de prouver que Clair est un mari volage et le second partant dans des histoires de mafias venues de nulle part qui ne doit sa conclusion que par l'arrivée in extremis d'une voix off résumant en quelques lignes ce qui n'aurait pas pu être raconté cinématographiquement en moins d'une grosse demie-heure supplémentaires. Et on remercie aussi Jess Hahn de venir donner un semblant de cohérence au récit en permettant à Lewis de boucler sa quête personnelle en deux temps trois mouvements (quand j'y repense, le gag du tank...
).
Sinon, c'est quand même le boxon total. On a droit à une satire de la société moderne avec une parodie de Véronique de Davina, des gags High-Tech surréalistes (l'alarme paralysante, sérieux?), des gags pompés ailleurs (la voiture qui tombe en morceaux, manque plus que le gros astérisque EN HOMMAGE AU CORNIAUD DE GERARD OURY ! ! !), du vrai comique gestuel Lewisien qui ne marche pas (le gag du laveur de vitre de portes automatisées aurait pu être un classique...) et encore une fois Philippe Clair qui non seulement nous ressort son personnage favori de Pied Noir mais impose à Lewis un doubleur qui a exactement la même diction, au point que dans les plans larges ou en voice over, on est souvent incapable de dire lequel des deux est en train de parler...
Au fond, ce film est un jalon essentiel dans la carrière de Jerry Lewis, le film que devraient voir tous ceux qui ne voudraient pas croire qu'une telle icône de la télé, du cinéma et de l'humour en général ait pu toucher le fond après autant de succès. Parce que pour se compromettre dans un truc pareil, il ne faut pas juste avoir envie de se payer une maison de campagne, il faut avoir tellement d'arriérés d'impôts qu'on risque dix ans de prison en Quartier de Haute Sécurité sans possibilité de liberté conditionnelle. Je veux bien admettre que Philippe Clair soit quelqu'un à qui on a du mal à dire non mais il y a des limites. C'est simple : on a tellement de peine pour Jerry Lewis tout au long du film, ridicule quand il ne fait rien et pathétique quand il tente ses grimaces les plus populaires, qu'on a vraiment l'impression que le bêtisier final lui a été imposé. D'ailleurs ça ne serait pas impossible étant donné que certains plans, tournés en anglais avec cartons phonétiques, ont visiblement été faits exprès pour la déconne. Alors d'ici à ce qu'on dise : "bon Jerry, il va falloir prouver que tu n'as pas été maltraité pendant le tournage donc on va te filmer en train de déconner, ça fera l'affaire"...
En conclusion, je dirais qu'il faudrait montrer ce film à tous ceux qui croient que les français sont tous des fans ultimes de Jerry Lewis. Quand on aime quelqu'un, on ne lui fait pas tant de mal... Parce que rien que l'idée de lui écrire une première scène où il partage la vedette avec un chien qui pète...
En bonus, Philippe Clair raconte quelques anecdotes de tournage :
https://www.youtube.com/watch?v=paM1iHLkpHMCa se conclut sur une info qui explique peut-être le naufrage d'un film français récent, autre cas d'école de doublage calamiteux...