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Le système de santé américain est en plein marasme.
Car non seulement 47 millions de citoyens n'ont aucune couverture médicale, mais des millions d'autres, pourtant bénéficiaires d'une mutuelle, se heurtent systématiquement aux lourdeurs administratives du système.
Au terme d'une enquête sans concession sur le système de santé dans son propre pays, Michael Moore nous offre un tour d'horizon des dispositifs existants au Canada, en Grande-Bretagne et en France, où les citoyens sont soignés gratuitement.
Un pur film Moorien, qui laissera dubitatif les allergiques et qui passionnera les habitués.
Perso, je me situe entre les 2, considérant qu'il y a à prendre et à jeter dans Sicko. Toute la description du système de santé américain est vraiment un must-see ; il y a beaucoup d'évidences (comme le fait que les assurances sont le mal incarné), mais elles sont clairement décortiqués et illustrés. Tout le passage sur la propagande anti-médecine socialisée est effarante, avec un bel aperçu des changements de carrière des députés et sénateurs qui ont défendu le système privé (ils bossent bien évidemment tous pour l'industrie de la santé).
Le reproche principal que j'émettrais, c'est le caractère grossier de l'analyse des système de santé des autres pays. Présenter le Royaume-Uni comme un modèle de réussite en la matière me parait un peu fort, avec des considérations un peu trop idylliques sur la médecine universelle considérée comme fondement inattaquable de la démocratie. De plus, présenter un généraliste salarié du public qui gagne 200.000 $/an comme une moyenne me fait tiquer. Concernant la France, c'est un peu la même chose : je ne reviendrai pas sur le choix du couple français sélectionné pour une brève étude de leur niveau de vie (75000 €/mois de salaire à deux, c'est pas tout le monde), mais plutôt sur la simplification des informations données. Non, les services de santé ne sont pas entièrement gratuits, non, les emplois à temps partiel ne bénéficient pas forcément de 5 semaines de congés minimum, non notre gouvernement n'a pas peur de cogner sur ses citoyens, etc. Après, je conçois très bien que c'est là la vision étonnée d'un américain habitué à un mode de vie plus dur (enfin, je parle du spectateur US visé par le film, pas de Michael Moore non plus).
En clair, Sicko permet tout de même se bien se rappeler que malgré quelques imperfections, notre système de santé est
numéro 1 au monde, et qu'il faut réellement se battre pour le conserver, voire l'améliorer, et non pas le détruire petit à petit comme sont en train de le faire depuis plusieurs années des gouvernants dont le modèle de société vénéré demeure les USA (surtout le petit dernier en date). A mort ces putains de mutuelles et d'assurance qui se permettent de plus en plus d'enculer leurs "clients", à la niche l'industrie pharmaceutique qui veut remplacer les soins par une surprescription médicamenteuse inutile et même dangereuse. Oui, ça coûte cher ce système, mais c'est normal, la santé ne peut pas rapporter d'argent. C'est là où Sicko est intéressant, c'est qu'il montre qu'aux USA, même ceux qui ont les moyens de payer une assurance santé se font aussi arnaquer. Que même les héros du pays (pompiers du 11 Septembre, soldats de retour d'Irak) ne sont pas plus considérés que les pauvres qu'on jette des hôpitaux directement à la rue parce qu'ils ne peuvent faire face financièrement.
Sicko est donc à film à voir avec un regard critique, mais dont les défauts (sans doute attribuables à sa volonté de cibler le public américain) ne doivent pas faire oublier les nombreuses qualités.