Un quatrième volet qui rattrape la petite déception que fut "Scream 3". Pourtant, on ne peut pas dire que cet opus prenne beaucoup de risques. "Les règles ont changé" ? Pas tant que ça et on se retrouve toujours à suivre une bande de gens se faire massacrer par un fou masqué, tout en détournant les codes du slasher et de la saga. Le problème c'est que lorsqu'on connaît bien la grammaire de la trilogie originale et qu'on nous annonce que les choses seront différentes, on s'attend à ce que Ghostface fasse l'inverse de ce qu'on attend de lui et effectivement... il fait l'inverse, toujours, sans partir du principe que le spectateur s'y attend. Du coup, cet épisode est sans doute celui qui fait le moins peur, vu qu'on arrive à anticiper le mode opératoire du tueur. Il y a toutefois quelques moments intéressant comme [spoiler]
lorsque l'un des gusses se baladant avec une caméra sur la tête la met à l'envers, on se dit alors qu'il va pouvoir anticiper l'attaque du tueur alors que non, coucou, il arrive en face! C'est une façon habile de jouer avec l'imagerie du cinéma d'horreur qui fonctionne bien pour le coup. [/spoiler] Le film joue aussi avec le rapport que l'on a avec l'image, qui a bien évolué en dix ans où on filme tout, on poste tout sur le net. Il est toutefois dommage que cet aspect du film ne soit que survolé, on aurait aimé un tueur menaçant ses victimes via twitter ou balançant ses meurtres sur Youtube. On voit qu'il y a une volonté de critiquer cette façon de devenir célèbre par l'image, par le net, sans même avoir aucun talent mais ça ne va jamais plus loin qu'une phrase ou deux.
Après c'est sans doute dans sa dérision que ce chapitre est pertinent. Scream a toujours eu beaucoup d'humour et là encore, il y a des bons moments lorsque le film se moque du cinéma d'horreur actuel (Saw se fait démonter en une réplique, mais le cinéma d'épouvante japonais n'est pas non plus épargné) ou de lui-même. Alors forcément, il y a une petite impression de prendre le train en marche, les parodies de cette quadrilogie étant nombreuses, mais c'est sans doute fait ici avec un peu plus de finesse. On se moque des méthodes du tueur, il faudra attendre la révélation des premiers meurtres pour que les jeunes paniquent aux coups de fil de Ghostface, le pauvre passant pour un gros ringard qui n'effraient plus personne. Les incohérences ou les clichés du premier volet sont mis en valeur... . L'évocation des films dans le film (Stab, réalisé par Robert Rodriguez, je l'avais oublié celle là...
) permettent aussi de jouer avec les notions de mise en abymes notamment [spoiler]
par la présence de deux faux pré-génériques, [/spoiler] même si on peut se demander si cette envie de se moquer du monde ne vient pas désamorcer quelques situations dramatiques, le massacre dès deux premières victimes n'ayant sans doute pas le poids qu'il devrait avoir. Mais ce qui reste encore le plus réussi est la critique des reboots, le fait de constamment évoquer le premier carnage de Woodsboro permettant d'avoir une sensation d'écho. Il y aussi plein de passages qui donnent une impression de déjà-vu par rapport aux deux premiers volets, mais en "moins bien". Un peu comme si on nous disait que rien ne surpasse l'original et ce n'est pas anodin si [spoiler]
à la fin du film, les seuls personnes encore debout sont les trois vétérans, le nouveau casting à une exception près ayant avalé son bulletin de naissance. Histoire de bien insister sur le fait que les remakes, ça tient pas aussi bien la route que les versions d'origine. [/spoiler]
Après on peut toujours dire qu'on aurait aimé que Scream se renouvelle, comme il a renouvelé le cinéma d'horreur en son temps ou tout du moins, en a proposé une vision alternative. La révélation concernant l'identité de Ghostface est surprenante même si on aurait peut être aimé une fin un peu plus noir. Le même film [spoiler]
sans la scène de l'hopital et ça change beaucoup de chose sur l'impact qu'aurait eu ce volet. Ou bien alors, comme pour passer le flambeau, on aurait pu imaginer Sidney dans le rôle de la tueuse ou Gail, Dewey, peu importe mais ça aurait été plus choquant. [/spoiler] Si bien que là, au final, on a l'impression de ne pas avoir été totalement au bout des choses. C'est un grand plaisir de retrouver ce sympathique tueur en série et ses victimes préférées, mais c'est encore une fois une façon de rester sur ses acquis alors qu'on nous annonçait du neuf. Mais bon, si ça devait en rester là, ce serait une meilleure conclusion que le 3.