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Shame, ou le plaisir de retrouver un bon film dans une actualité ciné un peu light.

Michael Fassbender joue le rôle d'un homme pour qui la séduction et la sexualité sont devenus un chemin de croix. Il passe son temps libre (et son temps de travail) à mater de la pornographie, enchaîne les call-girls, subit des pulsions tellement fortes qu'il s'astique le manche même au bureau. En soirée, il séduit les demoiselles en un clin d'oeil, et les emballe sans y prendre plus de plaisir que le soulagement d'une pulsion animale. Son visage impassible de beau gosse camoufle son quotidien vicieux et lui permet de conserver une image extérieure très propre et appréciée. Tout va exploser quand sa petite soeur délurée, jouée par Carey Mulligan, va venir squatter quelques jours chez lui...

Le pitch résonne comme celui d'une comédie à la Judd Apatow, mais on a ici un film très sombre, émotionnellement fort. Une descente aux enfers filmée sans pathos (et même parfois du fun) donc très plaisante à suivre. Inutile de préciser que Michael Fassbender est très, très talentueux.

En bonus pour les amoureux de Carey Mulligan, une séquence où on la voit dans le plus simple appareil.

Très très bon, Fassbender assure grave, Mulligan me fait le même effet neutre que dans drive, je serais surpris qu'elle fasse carrière. BO au poil ce qui ne gâche rien. En sortant j'étais incapable de dire si j'avais aimé ou pas, surtout à cause de la thématique sexuelle, forcément personnelle, et son traitement. En tout cas la dernière scène de cul est superbe.
Des passages inutiles quand même, une fin trop rapide, mais une chouette expérience vivement conseillée. Si t'as aimé le démon d'Hubert Selby Jr, fonce.

Même si tout n'est pas réussi, c'est visuellement splendide, on sent que McQueen est un plasticien et un sculpteur, à l'origine. C'est moins beau que son film précédent mais l'histoire est plus étoffée. J'apprécie le fait qu'on ne sache pas d'où viennent les gros problèmes psychologiques du frère et de la soeur, même si une réplique suggère des maltraitances subies dans l'enfance - et les sous-entendus incestueux qui apparaissent entre eux en sont peut-être aussi une conséquence. J'aime les fictions qui font appel à mon intelligence, ne cherchent pas à tout expliciter et savent rester équivoque (c'est pourquoi je ne peux plus regarder les téléfilms de France 2, mais je dis graisse).

Bon, y a pas à dire, Michael Fassebender a grave la classe à l'écran. Son personnage d'obsédé sexuel reste assez énigmatique: Est-il une victime de la solitude urbaine? D'un mode de vie consumériste et hédoniste? Souffre-t-il d'un grave traumatisme lié à l'enfance qu'il n'arrive pas à combler?
J'aime aussi beaucoup la façon de filmer, à la fois très sale et très propre.

Par contre, qu'est-ce que c'est chiant!!!!