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 Sujet du message: Antiviral - Brandon Cronenberg - 2013
MessagePublié: 11 Fév 2013 21:47 
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Inscrit le: 07 Avr 2007 0:13
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Pas de sujet donc je copie - colle l'article que j'ai publié ici : http://kevo42.free.fr/?Antiviral-Brandon-Cronenberg

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Premier film du fils de David Cronenberg, Antiviral a fait le tour des festivals. En France, je l’avais raté à l’étrange festival, mais j’ai réussi à le voir aux Utopiales de Nantes, excellent festival de science-fiction. Le film sort ce mercredi : le temps est donc venu de vous dire ce que j’ai pensé de ce premier film pas complètement réussi, mais pas non plus dénué de qualités.

De quoi ça parle ?

Dans un futur proche, la fascination pour les vedettes a franchi un palier. Il ne s’agit plus d’admirer les vedettes, ni d’en apprendre toujours plus sur leur quotidien : il faut vivre ce qu’elles vivent. Or quoi de plus intime que de partager leurs maladies ? Sur ce principe sont construites des cliniques rivales, qui récupèrent les maladies de vedettes sous contrat, leur impose une sécurité anti-piratage, et les revendent à leurs clients. Syd March, l’un des employés de cette industrie, contrefait ces maladies pour le marché noir, en se les injectant puis en les extrayant à nouveau. Une activité dangereuse à plus d’un titre.

Bande-annonce : http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=p4hV0lWqYew


De la science-fiction sérieuse.

L’époque est actuellement à un retour de la science-fiction au cinéma, ce qui est une bonne nouvelle à n’en pas douter. Toutefois, les vrais amateurs ne sont pas toujours convaincus : rares sont les films qui respectent vraiment le genre. Des films avec des vaisseaux spatiaux, des explosions, des super-héros, des batailles de robots, il y en a. Des films intelligents sur le devenir de la société, il y en a peu. Blade Runner, Bienvenue à Gattaca, Solaris sont des longs-métrages qui prennent le genre au sérieux et sont devenus cultes.

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Antiviral se situe dans leur lignée en proposant une vision du futur qui découle directement des dérives de notre époque. Si certaines vedettes sont admirées pour leur vie en miette, comme Loana, Lindsey Lohan, ou Charlie Sheen, pourquoi la passion n’irait pas jusqu’à s’approprier leur maladie ? Il ne suffit pas de dire : comme Britney Spears, j’ai eu un divorce douloureux et on m’a privé de la garde de mes enfants. On a envie de dire qu’on partage les mêmes bactéries, que nos corps sont frappés des mêmes malédictions : créer une intimité qui n’est pas juste de surface, mais interne et physique.

Bien sûr, une telle histoire marche mieux sur le plan métaphorique, car je ne suis pas certain que des fans soient assez fous pour récupérer l’herpès d’une star. Ceci dit, il suffit de fréquenter un peu les pages commentaires de n’importe quel site internet (sauf ce forum) pour perdre toute confiance en l’humanité et rendre crédible n’importe quel point de départ potentiellement absurde.

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Le fruit ne tombe jamais loin de la branche.

Comme vous avez pu le comprendre en lisant le titre, Brandon est le fils de David Cronenberg. La filiation est évidente dans ce premier film. En parlant de maladies, le jeune cinéaste se raccroche directement au thème de la mutation de la chair qui est devenu la tarte à la crème lorsque l’on parle du Canadien déviant. Le film est centré sur les traces de l’évolution de la maladie sur le héros : la morve, le crachat, le sang. La conclusion, cynique à souhait, pousse très loin l’idée de fusion entre homme, chair, et machine, dans une image quasi-finale particulièrement repoussante.

Formellement, on est plus proche du Cronenberg actuel que des débuts. Le film est très sérieux, trop même, certainement. Le rythme est lent et clinique, à base de plans fixes très composés. Les décors sont assez vides, et majoritairement blancs : que ce soit à la clinique, mais aussi chez le héros, tout est immaculé. Le contraste avec le sang qui suinte des corps en est évidemment renforcé.

http://kevo42.free.fr/IMG/jpg/Antiviral ... ttente.jpg

Un premier film pas inintéressant mais un peu ennuyeux

Antiviral n’est pas à proprement parler un film de fils de. La réalisation est intéressante, certains plans très réussis, et on n’a pas l’impression à assister au caprice d’un enfant gâté. Toutefois, au-delà d’une influence trop flagrante, même si légitime, Antiviral peine à convaincre totalement pour un défaut tout bête : le film manque de rythme.

En effet, l’histoire n’est pas assez dense. Elle n’explore pas assez ce monde pour rendre totalement crédible un point de départ aussi extrême (en plus de cloner les maladies, la science permet aussi de se greffer des bouts de peau, ou de manger de la viande de célébrité). Si la fascination pour les vedettes existe bien de nos jours, elle se fait sur un mode un peu ironique. Les fidèles lecteurs de Voici ou Public le sont pour la proximité (je connais les vies des stars) mais aussi et peut-être surtout pour l’aspect désacralisant (tiens, untelle a des bourrelets, tel autre s’est fait tromper par sa femme) qui nous rassure : même les stars ont des vies pourries. Or le film est si sérieux qu’on a l’impression que tout le monde est fasciné au premier degré, jusqu’à l’extrême, par des icônes vides : on ne saura jamais qui est vraiment Hannah Geist, la vedette au centre du film, ni ce qu’elle fait. D’ailleurs son nom marque son aspect spectral, Geist voulant dire esprit, fantôme en Allemand.

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Elle n’est pas non plus assez riche en rebondissement pour garder le spectateur éveillé. Le film joue sur des éléments de suspense, mais n’en fait pas grand chose. Le film suit le rythme d’un personnage malade et de plus en plus apathique. On a l’impression que Brandon Cronenberg a surtout envie de montrer son personnage cracher du sang, se traîner lamentablement, dans des scènes longues et détaillées. Pas sûr que ce soit très populaire.

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Et alors, c’est bien ?

J’ai vu Antiviral dans le cadre du festival des Utopiales et il me semble typiquement appartenir à un tel cadre. Le film est plutôt fauché, et essaie de le cacher en optant pour des choix de réalisation très marqués. Toutefois, l’ennui qui s’empare peu à peu du spectateur nous rappelle petit à petit que l’auteur n’a rien de véritablement fascinant à nous montrer, et que le film aurait facilement pu durer une demi-heure de moins.

Un gentil petit film, donc, pour lequel une sortie directe en vidéo n’aurait pas été scandaleuse.

On gardera quand même le côté positif en se disant qu’il s’agit là d’un premier film assez prometteur, avec quelques belles scènes.

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"But you say : Oh, when love is gone, where does it go ? And where do we go ?" (Arcade Fire - Afterlife)

Je n'aime pas Scorsese (c'est la raison pour laquelle je n'ai jamais vu aucun de ses films). (Elessar - sujet Le loup de wall street)


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