Vu ce matin.
Pour ma part, j'ai vraiment beaucoup aimé. Le meilleur De Palma depuis Snake Eyes. Ce film c'est un pur exercice de style. De Palma se contrefout de ses personnages (c'est pas pour rien que la seule actrice à vraiment s'en tirer c'est Katherine Herfurth) et, passé un début filmé un peu mollement (ce qui est à mon avis volontaire), tout commence vraiment quand les deux héroïnes commencent à se tirer dans les pattes avec pour point d'orgue la séquence de l'Opéra.
A partir de là, c'est un festival De Palma. On retrouve donc les références à Hitchcock avec l'histoire de la soeur jumelle qui renvoie assez directement à Vertigo (comme James Stewart cherchant à transformer sa maîtresse pour qu'elle devienne le portrait craché de son amour perdu, Rachel McAdams demande à ses amants de porter un masque lui ressemblant), les séquences hyperstylisées (la scène de l'opéra en split-screen, le meurtre final), le thème de la multiplication des points de vue (Noomi Rapace plusieurs fois surprises, trahie, espionnée par une caméra) et des images trompeuses (les plans de Noomi Rapace lors du split-screen) et enfin les cadrage alambiqués, les vues subjectives, les plans-séquences...
Après, je peux bien comprendre que ce film ne plaise pas à tout le monde. Si je l'aime, c'est pour les mêmes raisons qui font que je vénère un de ses films les plus décriés : L'esprit de Caïn. Dans ces deux films, De Palma nous entraîne dans une histoire tortueuse où le spectateur finit par se perdre complètement. De ce point de vue le plan final de Passion suivi d'un narquois THE END est assez révélateur. On sent que De Palma s'amuse, prend plaisir à perdre son spectateur, à multiplier les effets, à étirer en longueur des séquences simples jusqu'à ce que l'intrigue s'efface au profit d'une narration qui passe essentiellement par l'image.
Ici, la "résolution" de l'affaire se fait par une succession de plans parfaitement agencés entre eux : le meurtre dans la chambre - le flic qui vient s'excuser - le portable par terre - la soeur jumelle dans l'ascenseur suivi d'un effet qu'on croyait éculé mais qui, ici, invite à mon sens le spectateur à imaginer sa propre fin en fonction de tous les éléments mis en avant dans la séquence précédente. C'est esthétiquement brillant et ce film démontre encore une fois que Brian de Palma sans la musique de Pino Donaggio, c'est pas tout à fait du De Palma.
Bref, j'ai adoré ce film, effectivement une sorte de best of stylistique de Brian De Palma mais je n'attendais rien de plus.
_________________ Lawrence Woolsey, précédemment connu sous le pseudonyme de deathtripper21...
"Godfrey Ho a beau avoir trouvé des Kickboxeurs américains, le duel entre la mariée et la robe restera LA baston du film." Plissken
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