Pas de topic, malgré quelques avis dans le sujet des en avril j'ai maté, donc je recopie la tartine que j'ai publié sur mon blog.
J'ai essayé de ne pas spoiler, mais si certains passages vous paraissent en dire trop, n'hésitez pas à me le signaler, et je corrigerai.
Après un Avengers globalement très satisfaisant, Marvel revient un Iron Man qui est le premier film de la route vers le deuxième Avengers. Autant dire que l’attente est au maximum, et que si tous les autres films sont de ce niveau, elle risque aussi d’être douloureuse.
L’histoireTony Stark ne dort plus depuis les événements de the Avengers. Sa rencontre avec Thor, un dieu nordique, avec des extra-terrestres, ainsi que le fait d’être passé dans un vortex dimensionnel ont laissé des traces sur ce qu’il croyait, et sa place dans le monde.
Quand un ennemi surgit de son passé, et quand le mandarin, une sorte d’Oussama Ben-Laden assez pontifiant, menace les Etats-Unis, il va devoir reprendre du service. Mais comment être un héros sans mettre en danger la femme qu’il aime ?
Qui es-tu Shane Black ?Après deux films de Jon Favreau, qui a l’image de leur réalisateur, étaient sympas, mais fades, il était temps pour la série Iron Man d’évoluer. Le choix de Shane Black a suscité beaucoup d’espoir parmi les fans. Pourquoi ? C’est ce que je vais vous expliquer maintenant.
Shane Black est l’un des rares scénaristes de film d’action Hollywoodien qu’on puisse nommer auteur. Il a écrit des films aussi marquants que : l’arme fatale / le dernier samaritain / last action hero / et au revoir à jamais. Surtout, son premier film en tant que réalisateur : Kiss Kiss Bang Bang lui a permis de mettre en avant tout son univers.
Les films de Shane Black sont souvent des buddy movies, c’est à dire des duos de personnage que tout oppose mais qui vont devenir inséparables. De ce point de vue, on ne pourra jamais aller plus loin que l’arme fatale. Les scénarios de Shane Black sont souvent assez imprévisibles et cruels, et se jouent des conventions : par exemple, Last Action Hero était une déconstruction du film d’action musclé. Ils se distinguent par un humour très sophistiqué, mélange de gags en une phrase et de dialogues à tiroirs assez virtuoses, le tout baignant dans une ironie omni-présente.
Avec Kiss Kiss Bang Bang, Shane Black a trouvé l’acteur idéal pour incarner son cinéma : Robert Downey Jr., car il est à la fois ridicule et extrêmement sûr de lui, toujours dans le second degré et dans le contrôle de son image.
Autant dire que tous ces thèmes semblent très bien s’adapter à une série comme Iron Man, où le personnage est à la fois un peu dérisoire (play-boy, millionnaire, égomane) et très fort dans l’action.
Un film qui porte la marque de son auteurEt de ce fait, le film porte très fortement la marque de son auteur. Les premières minutes rappellent énormément celles de Kiss Kiss Bang, avec leur narration déconstruite en prolepse et analepse (en clair : on voit des images du futur, avant de revenir dans le passé pour arriver sur le présent), sa voix-off ultra ironique, ses personnages décalés qu’on imagine importants pour la suite car joués par des stars (Guy Pearce et Rebecca Hall).
On y retrouve aussi une situation chronologique proche de Au revoir à jamais, puisque le film se passe pendant la période de Noël, et surtout, on y retrouve ce goût pour les duos : Tony Stark et James Rhodes rappellent plus d’une fois Riggs et Murtaugh de l’arme fatale.
Surtout, le film est extrêmement ironique et second degré, et c’est sur ce point que les avis risquent de fortement diverger, entre ceux qui adorent et ceux qui détestent.
Est-ce bien un film d’Iron Man ?Sur le fond, le film ne prend pas de risque, puisqu’après deux films qui tournaient autour des thèmes de l’arc Extremis scénarisé par Warren Ellis, ce troisième long-métrage y va franchement, en mettant en scène Aldrich Killian et ses sbires génétiquement modifiés.
Je ne vais pas me faire passer pour un expert de Iron Man, ce que je ne suis pas, vu que ce que je sais de cet arc, je le sais par la page wikipedia, mais bon, en gros ça a l’air d’être ça. Où est le problème alors ?
Le premier problème, celui qui m’a assez franchement énervé, est le traitement réservé au Mandarin, qui me semble assez symbolique de l’attitude du réalisateur par rapport au matériel.
Le Mandarin est un personnage très important, non seulement dans Iron Man, mais aussi dans l’univers Marvel en général, puisqu’il s’est opposé aussi aux X-men, par exemple. Il s’agit normalement d’un chef de la mafia asiatique extrêmement intelligent, redoutable aussi bien en tant que dirigeant qu’en combat singulier. Ses bagues, notamment, lui donnent un pouvoir psychique extrêmement puissant.
Bon, et bien, ce n’est pas ce personnage là que vous verrez dans Iron Man 3. Et du coup, je ne sais même pas pourquoi ils l’ont appelé ainsi, puisqu’il ne partage aucune des caractéristiques du personnage de la bande dessinée.
Surtout, le rôle qu’il joue dans le film est très ironique, et ressemble assez à une baffe dans le nez des fans du comics. Le problème est que tout le film semble très fortement attaché à l’idée de déconstruire le personnage d’Iron Man.
C’est le deuxième gros problème du film : Tony Stark passe la plupart de son temps sans armure, ou avec une armure défectueuse, et préfère se battre avec un pistolet qu’avec un répulseur qui défonce tout. Ce n’est pas trop mal, parce qu’on a un peu l’impression de voir une suite à l’arme fatale ou à au revoir à jamais, mais ce n’est juste pas Iron Man.
L’impression qui se dégage assez nettement du film est : je prends un personnage, et un film que vous avez envie de voir, et qu’on va vous vendre, opposant Iron Man au Mandarin, et en réalité, je vous offre quelque chose de complètement différent, avec un Tony Stark qui passe son temps à discuter avec un gamin énervant au milieu du Tennessee.
Un scénario assez drôle, mais pas très efficace :Shane Black oblige, le film contient de vrais moments d’humour qui marchent assez bien. Par exemple la scène avec l’opérateur satellite, est , vous le verrez, un de ces moments où l’approche second degré marche très bien.
Mais le souci du film est que derrière toute l’intelligence et l’ironie qu’il affiche, on reste à la fois dans quelque chose d’assez classique et de narrativement pas très efficace. Par exemple, je n’ai pas compris pourquoi le méchant est devenu méchant. Et, pire encore, je n’ai absolument pas compris la motivation de ses sbires. Le film passe beaucoup de temps à construire des blagues très élaborées, des jeux de simulacre, mais au final, on arrive à quelque chose du genre : le méchant est méchant car il est méchant. Point barre.
On pourrait ajouter à ça quelques trous de scénario assez classiques dans les films de super-héros (toute l’histoire du piratage effectué par Tony Stark est assez incompréhensible), pour dire que le film est superficiellement bien écrit, mais ne repose pas sur des bases hyper solides.
Mais quand même, ça pète ?Les deux premiers Iron Man proposaient tellement peu d’action qu’il n’était pas difficile de faire mieux. Mais le gros problème d’Iron Man 3 est d’arriver directement après Avengers, et il ne se trouve absolument pas dans la même catégorie en terme de bourrinage.
Comme souvent dans les productions Marvel, le film joue la montre, en proposant à intervalles réguliers de petites scènes d’actions, avant un final en feu d’artifice. Malheureusement, ces scènes d’actions intermédiaires mettent en scènes des méchants extrêmement peu charismatiques : des sortes de terminator capable d’enflammer certaines parties de leurs corps.
Comme ces personnages ne nous sont jamais présentés, il faut bien avouer que l’on se moque pas mal de ce qui peut leur arriver. Ce ne sont que des sbires.
Le final, avec plein d’armures d’Iron Man, est plutôt cool dans l’idée, et ce d’autant plus que la capacité de manipuler les armures à distance permet des choses intéressantes, mais le manque d’ampleur de la mise en scène, entièrement basée sur des plans rapprochés, rappelle que Shane Black a beaucoup bénéficié d’avoir travaillé avec de très bons réalisateurs de films d’actions : Richard Donner, John McTiernam, Tony Scott ou même Renny Harlin.
Et puis, désolé d’être blasé, mais situer la dernière scène d’un film d’action sur un bateau avec des containers, c’est s’appuyer sur un décor très ancré dans les années 80 – 90 , qui ne fait pas du tout rêver et qui décevait déjà dans l’Agence tout risque.
Et au final, c’est bien ?Iron Man 3 est le genre de films qui divise. Une bonne partie de la critique s’est extasiée devant l’humour ironique du film, sa capacité à surprendre le spectateur, et à mettre à nu le personnage de Tony Stark.
Une partie des spectateurs n’accepte pas le fait que globalement, le réalisateur se moque pas mal d’eux, et profite du nom Iron Man pour recycler sa marque de fabrique, qui, non seulement fait assez daté (les méchants en flamme sont vraiment ringards), mais en plus s’adapte assez mal à l’univers d’Iron Man.
Au final, il y a plus d’Iron Man, de son intelligence, de sa puissance, de son humour, de sa force de décision dans the avengers que dans cet Iron Man 3.
J’avoue que j’aurais préféré voir un film dans le même état d’esprit que Captain America ou the Avengers : des films qui mettent en scène les personnages tels qu’on les connaît, avec de belles scènes d’action, et un premier degré assez relaxant. On est pas toujours obligé de faire le malin, surtout quand on fait une adaptation.