Mon Dieu, je crois que Camarade Maussade m'espionne. J'allais faire le même post avec l'affiche et présentation du graphiste et de son site.
Sinon, dans ce que j'ai vu, Amer est ce qui se fait de mieux en terme de cinéma référentiel pour moi.
Ce que je considère comme le fond du fond reste les films Panini. Comme les albums, les réalisateurs collectionnent des images de leurs idoles qu'ils collent les uns à la suite des autres sans personnalité et sans pertinence cinématographique, ils expriment leurs goûts mais n'apportent rien, comme Doomsday ou, pour rester dans le giallo, Last Caress ou si on a vu la totalité des références citées, on a aucun intérêt à voir ce genre de films. Comme si tu allais faire tes courses à Leader Price alors qu'on t'invite au Ritz.
Après il y a bien le maître étalon Tarantino. J'adore ses films mais les citations m'insupportent de plus en plus. Impertinents, ça donne un air de grand quiz les clins d'oeil sont sympas mais je m'en passerait bien. C'est cool pour découvrir des films, comme je l'ai fait d'ailleurs, mais en grandissant j'en perds l'intérêt.
En beaucouuuuuuup moins citationel, j'aime beaucoup Nicolas Winding Refn qui digère ses références et le transmet par sa réalisation et les ambiances qui en ressortent.
Hélène Cattet et Bruno Forzani sont deux réalisateurs qui s'y connaissent en giallo autant que Spoon s'y connait en western. Et Amer contient la totalité (?) des codes du genre et son esthétique entière en est reprise. Et le film n'est pas un giallo. Enfin, je ne crois pas. Le film raconte la sexualité d'une femme à trois âges, enfant, adolescente et adulte. Et sur la forme et le fond, c'est du pur Cattet & Forzani, un style 100 % personnel totalement libre comme si le giallo n'existait même pas ou était repris naturellement tant le couple en est amateur. Abordable autant par les amateurs de gialli que par ceux qui n'y connaissent rien. Les codes sont là pour servir à des fins purement personnels, pas pour une complicité avec le spectateur. On peut effectivement jouer à "ça vient d'où ?" mais ce n'est pas pour du meublage, et le film ne cherche pas à se reposer sur ses références. La BO est une compilation de thèmes de films italiens, et est là avant tout pour l'ambiance. Et pourtant si on enlève tout ce qui en commun avec le giallo, il ne resterait quasiment rien.
Voilà ce que je peux en dire avec ce que je sais, peut-être que je me trompe lourdement.
En ce qui concerne la mise en scène de Cattet & Forzani, elle est ultra-sensitive et à narration interne comme si le Wong Kar-Wai des anges déchus était devenu quasiment aveugle et un dingue du découpage. Les gros plans et la stylisation de folie, que l'on voit dans le teaser de leur prochain film, c'est omniprésent dans Amer qui n'a quasiment aucun dialogue.
Et c'est produit par François Cognard, ancien journaliste chez Starfix, expert du genre. Pas une équipe de gens qui s'en foutent donc.
Une grosse grosse surprise où j'ai vraiment eu du mal à accrocher au premier abord. Le genre de film où on se demande si on regarde un navet ou un chef d'oeuvre pendant une heure. Plus j'y pense, plus je l'apprécie. Techniquement, j'espère qu'ils se sont améliorés, Amer a quelquefois un côté en toc dû à son manque de budget et une minutie qui nous fait plus imaginer l'équipe derrière la table de mixage qu'autre chose.
Pour ce qui est du giallo, c'est ce que je préfère dans le cinéma italien. C'est, en gros, une sorte de thriller/horreur érotique avec (plus ou moins) une enquête, un tueur fou et une superbe esthétique italienne qui rend très beaux les meurtres de jolies femmes relativement dénudées (Ah ! Ce torse nu où coule, comme du sang, de la peinture de toutes les couleurs). Et cet aspect esthétique, on s'en rend compte dès le titre et les affiches.
4 mouches de velours gris,
Six femmes pour l'assassin,
Sept orchidées tachées de sang,
Un papillon aux ailes ensanglantées,
Toutes les couleurs du vice,
Il profumo della signora in nero,
L'oiseau au plumage de cristal,
L'iguane à la langue de feu,
La tarentule au ventre noir,
La dame rouge tua sept fois,
Les insatisfaites poupées érotiques du docteur Hitchcock, ...
Mon titre préféré reste
Ton vice est une chambre close dont moi seul ait la clé. Et c'est avec Edwige Fenech. Si avec ça, ça ne vous donne pas envie.
Le giallo expliqué en quelques minutes par Christophe Lemaire & François Cognard :
https://www.youtube.com/watch?v=pcXdA7WH7HEUn blog de mode qui catégorise de façon précise et en images certains gimmicks de gialli :
http://malesoulmakeup.wordpress.com/cat ... o-glamour/