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 Sujet du message: Alabama Monroe - Felix Van Groeningen - 2013
MessagePublié: 01 Sep 2013 20:41 
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Inscrit le: 07 Avr 2007 0:13
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Pas de sujet donc je recopie l'article que je viens de publier sur mon blog.

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Alabama Monroe est le nouveau film du réalisateur de la merditude des choses, un film qui a marqué tous les gens qui l’ont vu. Il ne serait pas étonnant que la situation se renouvelle, tant ce Alabama Monroe est une merveille d’émotion, un film brutal et sincère, comme on va le voir ci-dessous.


Didier vit dans une maison à retaper à la campagne avec des chevaux et des vaches, et chante du bluegrass. Elise est tatoueuse. Ils ont une fille, Maybelle, qui a un cancer. Et c’est pas facile.


Bande-annonce : http://www.youtube.com/watch?feature=pl ... XoHVFKPTyU


Qu’est-ce qu’un film bien réalisé ?

Quand je fais mes commentaires dans les sorties de la semaine, j’ai toujours peur d’une chose : que l’on pense que, pour moi, un film bien réalisé est un film qui en met plein la vue, comme par exemple Pacific Rim. Or, ce n’est pas du tout le cas.

Ce que je cherche dans un film, c’est non seulement une forme qui réponde à un fond, ce qui ne veut pas dire grand chose, mais surtout :

1 – que l’écriture d’un film exploite tout le potentiel de son sujet : ce qui implique, qu’il n’y ait pas de raccourcis étranges ou d’actions illogiques (bonjour Elysium !), que j’aie l’impression d’avoir fait le tour de la question à la fin (par exemple, quand je vois l’enfant d’en haut, j’ai l’impression de n’avoir rien vu alors que le sujet aurait pu être très intéressant), et si possible que le sujet me touche d’une certaine façon (j’y reviendrai, mais Jimmy P, le nouveau Desplechin, m’est resté complètement extérieur).

2 – que la mise en scène ne se mette pas en travers du scénario. Pas besoin d’une mise en scène à la Kubrick, mais si on peut sortir de la caméra à l’épaule avec lumière naturelle moche, tant mieux. Et je n’ai rien contre aucun genre de cinéma. Par exemple, j’ai aimé le début de l’inconnu du lac (et puis après on se rend compte que le film ne raconte pas grand chose, que l’intrigue policière est une direction peu intéressante, et puis on finit par connaître les deux décors du film, et on se lasse).

Tout ça pour arriver à Alabama Monroe, The broken circle breakdown en V.O., qui est un film qui m’a complètement cueilli, alors que je ne l’attendais pas du tout.

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Ce nouveau film du réalisateur de La merditude des choses, tiré d’une pièce de théâtre écrite par l’acteur qui joue Didier dans le film, et l’actrice qui jouait Elise au théâtre, réussit tout ce que La guerre est déclarée ratait.

Ecriture : La guerre est déclarée s’arrêtait au moment où le film commençait réellement. Le film aurait plutôt dû s’appeler : nous allons déclarer la guerre. Parce que le traitement de l’enfant en question, sa durée, l’usure du couple, tout cela ne nous est montré qu’en ellipse, avec une conclusion assez kitsch au bord de la mer, comme si tout ceci n’avait été qu’un vilain cauchemar dont il fallait vite se réveiller.

Alabama Monroe au contraire met la maladie de l’enfant au centre : c’est ça le sujet : sa souffrance et celle des parents. Le traitement n’est pas chronologique : comme dans Blue Valentine, le passé heureux n’est vu qu’au travers du drame à suivre, avant que les deux ne se répondent en passant régulièrement de l’un à l’autre. Alors, oui, on peut trouver ça racoleur, parce que cela impliquerait que le bonheur passé porte les germes des difficultés à venir. Mais cependant, je ne le crois pas, car Alabama Monroe est aussi bien un film de souffrance qu’un film d’amour d’une très grande force.

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Réalisation : les choix de réalisation sont plus des effets de structure que des effets de réalisation. Il y a peu de mouvements ou de plans très élaborés, et les moments les plus stylés (notamment le dénouement) ne sont pas mes moments préférés. Alabama Monroe n’a rien à voir avec Trainspotting ou Fight Club. C’est un film très simple dans ce qu’il montre. Mais il a deux idées très intelligentes.

- La première, j’en ai déjà parlé, c’est cette structure qui confronte constamment le passé et le présent. Cette structure est intéressante car elle est très différente de celle de la pièce, qui pour ce que j’en ai compris, était constituée de deux monologues, celui de Didier, et celui d’Elise, qui avait lieu après les événements, et se faisait uniquement en flashback. De plus, elle fixe les enjeux notamment dans sa deuxième partie, où la question devient : comment en est-on arrivé là ?

- La deuxième, est la mise en avant du bluegrass dans le film. Personnellement, je n’ai aucun attrait particulier pour le bluegrass, qui est une musique que je ne connais pas bien et que je n’ai pas très envie de connaître.



Mais la musique est au cœur du film : tout d’abord parce qu’elle est un marqueur de l’évolution du couple : la façon dont Elise va découvrir Didier, rejoindre son groupe, etc. Une belle scène l’illustre : Elise commence à chanter dans la maison avec Didier, puis la chanson se continue au coin du feu avec le groupe au complet, avant de s’achever sur scène. Une scène de montage assez classique mais narrativement très efficace et élégante. Ensuite parce qu’elle marque les ambiguïtés des personnages : Elise a des convictions un peu new-age, Didier est un athée militant, mais tous les deux chantent le bluegrass qui est considéré comme le gospel pour les blancs : une musique religieuse très simple et pure, à l’opposée d’un conservatisme religieux que Didier vit comme une source d’injustice.

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La dernière scène, absolument bouleversante, résume tous ces enjeux.

Le titre original du film, the broken circle breakdown, fait d’ailleurs référence à un morceau pas inconnu des joueurs de Bioshock infinite. Cependant, je m’abstiendrai bien de l’analyser ici pour ne pas spoiler le film.

Vidéo de the broken circle breakdown joué par la Carter family & Johnny Cash
http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=JLFbUbmH7To

Remarquez dans cette vidéo que Johnny Cash a l’air complètement à l’ouest, et qu’il porte des bottes sur un costard, ce qui, aux dernières nouvelles n’était toujours pas autorisé par la fashion police

Globalement, le film ne fait pas d’esbrouffe (enfin, à mon goût), et va toujours à l’essentiel : le couple Didier, Elise, et leur fille Maybelle. Il va sans dire que tous les acteurs sont juste parfaits.

Des personnages formidables

Alabama Monroe est un film très riche. Il n’est pas juste l’histoire de la lutte contre la maladie mais une belle histoire d’amour.

Le carburant de cette histoire, ce sont des personnages qui, vous l’avez compris, sont très riches. Souvent, par exemple dans les films de Rebecca Zlotowski, les personnages sont réduits à des clichés : exemple dans Grand central : des gitans qui écoutent du Seth Gueko et tricotent leur robe de mariage. Ils sont pittoresques, mais n’ont aucune épaisseur.

Ici, les personnages existent sous tellement de niveaux, ont tellement de contradictions, d’aspirations, leurs dialogues sonnent vrais. Et ni leur milieu social, ni leur apparence ne les définit. On peut être tatoué et jouer avec son enfant à la maternité, et être un parent formidable, et ne pas être asocial. On peut être athée, et ne pas savoir quoi dire à sa fille qui pleure un pigeon mort. Johan Heldenberg explique que le film est né au départ de sa peur du fanachisme actuel mais le film n’est jamais un film à thèse, parce qu’aucun personnage n’a raison, que chaque action a ses conséquences, et que, comme le disait si bien Julie Zenatti, la vie fait tout ce qu’elle veut, le pire, et le mieux.

Honnêtement, cela fait du bien de voir un film où on peut croire aux personnages et être heureux, et triste, avec eux.

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Et alors c’est bien ?

Alabama Monroe est un film à ne pas rater. Il pose une question très simple : un couple peut-il résister à la maladie de son enfant ? Mais cette question se double d’une autre question : qu’est-ce qui fait fonctionner un couple ? comment il se forme ? comment il se maintient ? Et ces questions sont intéressantes parce que le film n’est jamais théorique : l’écriture fait que l’on est constamment projeté dans l’intrigue, dans le drame, et l’on a envie de savoir ce qui va arriver. On tient à eux.

Un des films marquants de cette année.

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_________________
"But you say : Oh, when love is gone, where does it go ? And where do we go ?" (Arcade Fire - Afterlife)

Je n'aime pas Scorsese (c'est la raison pour laquelle je n'ai jamais vu aucun de ses films). (Elessar - sujet Le loup de wall street)


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 Sujet du message: Re: Alabama Monroe - Felix Van Groeningen - 2013
MessagePublié: 12 Sep 2013 20:41 
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Apprenti Nanardeur

Inscrit le: 30 Sep 2012 11:00
Messages: 4
Localisation: paris
Je suis allée le voir plus tôt dans la soirée , il n'y avait pas grand monde ( disons que la salle était ... vide ) . Première chose : c'est un sacré pied que de pouvoir profiter d'une salle entière .
J'ai lu plusieurs critiques sur allociné rédigées par des glandus qui n'avaient manifestement pas lu le résumé et qui pensaient voir un film traitant de la vie d'un joueur de banjo et de son groupe Bluegrass et j'ai ri quand je suis tombée sur la critique de quelqu'un qui pensait naïvement au choix : s'en payer une tranche / se détendre / pouffer gentiment .
Je dois dire que ce film n'est pas une affaire de détente .
Pour de la détente en bonne et due forme , on peut toujours se cramponner .
C'est un film raisonnablement beau , très déprimant aussi . J'avais aimé La merditude des choses , j'ai aimé Alabama Monroe . D'une manière différente , avec un peu plus de réserve . Il faut être dans le mood pour aller voir ce film . Si l'on s'attend à une resucée de La merditude des choses , on décrochera forcément en cours de route . Il y a quelques notes d'humour tellement subtiles qu'elles passent inaperçues .
Le gros de l'histoire prend place dans une atmosphère plutôt lourde ( étant donné le sujet traité ) , sombre .
J'ai eu la larme à l’œil . C'est difficile de ne pas être un minimum retourné(e) par moment .
J'ai aussi ( je me confesse , allez ... ) ri comme une hyène tabagique quand l'oiseau s'écrase sur la Terranda .
Ne me demandez pas " enfin mais POURQUOI ?! " ... j'ai ri , tout comme la deuxième hyène tabagique vautrée sur ma droite . Je crois que c'était juste trop , cet oiseau ... éperdu de douleur ... qui décide de se supprimer à fracas sous les yeux d'une petite cancéreuse .

Bémol pour la musique ... je m'attendais à un truc plus râpeux . Donc pour moi , la musique n'a pas participé à me rendre plus réceptive au thème du film .
Les interprétations des deux acteurs principaux sont honnêtes . De ce côté , rien à redire .
La gosse assure bien aussi .

:smileoue: [SPOILER] Le trip cette salope de religion / le 11 septembre / Bush / la recherche sur les cellules souches ... bon . Là , en revanche : je trouve que ça tombe à plat . |/SPOILER] :smileoue:



Conclusion :
Film honnête , pas non plus LE film dont je me souviendrai encore longtemps , j'ai passé un moment pas désagréable mais suis toutefois légèrement déçue par le côté arrache-sanglots par moment trop présent .

_________________
La réalité dépasse l'affliction .


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 Sujet du message: Re: Alabama Monroe - Felix Van Groeningen - 2013
MessagePublié: 12 Sep 2013 21:12 
Hors-ligne
Apprenti Nanardeur

Inscrit le: 23 Sep 2012 15:57
Messages: 113
Localisation: quelque part dans le 78
Celui là je l'ai vu en avant première et m'attendais à un film sur un groupe de country en tourné, ce que le résumé UGC du film et la BA laissent entendre.
Bon le film ne traite absolument pas de ça et fut une agréable surprise (ce qui est rare de nos jour).


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