Du réalisateur, je n'avais vu que des parties de L'esquive, et de ce que j'en avais vu, ça ne m'avait pas convaincu malgré pas mal de qualités. Je voyais plus Kechiche chercher son réel à bout de souffle que le film lui-même.
Mon premier vrai Kechiche donc, et rebelote la tête la première. Je n'ai vu aucun réel, j'ai vu un réalisateur nous forçant à voir le réel à travers une fiction, comme s'il n'abordait pas son film comme un film. Putain Putain Putain, aucun détail ne nous est épargné, impossible de rater chaque truc inutile qui fasse "vrai", au point que le film n'est pas du tout naturel. Les scènes de quotidien sans intérêt s'enchaînent, à croire que certaines sont filmées par Sergio Leone. De longs gros plans histoire de ne rien manquer, limite si ce n'est pas fait au ralenti. A partir de là, je n'ai pas pu entrer dans le film tant j'ai trouvé ce point-là raté.
Et c'est bien dommage, parce que du coup j'ai eu l'impression de voir un truc en carton à travers une vitrine. Et pourquoi Kechiche ne prend pas des acteurs amateurs ? Histoire d'aller jusqu'au bout. Je trouve que ça marche à fond dans Entre les murs ou La vie de Jésus, parce que surtout les personnes jouent des personnages du même milieu et certaines scènes relèvent vraiment du vécu. Ici, impossible de croire à l'homosexualité De Léa Seydoux. Et c'est un de ces films gênants où moins l'acteur est important, plus il est crédible. Les figurants sont clairement les plus convaincants.
Et histoire de bien nous prendre la tête pour nous montrer son réalisme, Kechiche nous rappelle encore et encore son humanisme avec une fausse modestie absolue. Un magnifique film où les homosexuels et tolérants sont tous artistes, discutent de Kant et Klimt autour d'un bon plateau de fruits de mer (magnifique initiation d'Emma à Adèle pour manger des huîtres avec petits regards complices. Aussi subtil et beau qu'un plat de moules-frites), contrairement aux prolos homophobes (pléonasme) qui bouffent des pâtes bolo en regardant Questions pour un champion.
Insupportable.
Dommage parce qu'ici aussi il y a de super qualités mais complètement parasitées. Reste surtout l'actrice principale qui tient admirablement son personnage d'ado mal dans sa peau qui devient adulte.
Vivement la suite, La morte Adèle.