Ben dans la mythologie, Héraclès est surtout un gros bourrin sympathique, le genre queutard-rigolard-bastonneur, un gars simple, un peu colérique et qui ne se rendait pas toujours compte de sa force. Voir l'interprétation de Reg Park dans "Hercule à la conquête de l'Atlantide" qui est assez proche de l'original. Il a davantage accomplis ses travaux en utilisant ses biscoteaux que sa ruse (bien qu'à l'occasion il est su se servir des deux, comme quand il détourna un fleuve pour nettoyer les écuries d'Augias, toujours un peu brut de décoffrage mais fallait y penser). Donc le mythe se prête assez bien à des films plus ou moins bourrins à la base.
Cela dit, il exige quand même une certaine noblesse. Perso, je rêve d'une adaptation faite par John Milius, car le mythe d'Héraclès et le héros lui-même se rapproche beaucoup de Conan, et c'est précisément le genre d'histoire qui mériterait une adaptation au souffle épique et opératique. Héraclès est un simple mortel qui conquis sa place à l'Olympe par ses actes de bravoure à la seule force de ses mains, comme Conan l'esclave devenu roi (comme le remarquait très pertinemment Mike Hunter dans le topic de "Conan le barbare"). En outre, cet aspect du mythe n'a jamais été exploré au cinéma à ma connaissance.
On a tendance à croire qu'Héraclès était persécuté par Héra parce qu'il était le résultat d'une énième infidélité de Zeus, ce qui est peu probable de la part de la déesse de la fécondité, qui n'a pas fait tant d'histoires pour les autres enfants illégitimes du roi des Dieux. Surtout que la naissance d'Héraclès avait pour but de sauver l'Olympe (donc de nécessité publique) de l'attaque des Géants, que seul un mortel pouvait vaincre. Héra n'avait donc pas de raison de s'offusquer outre-mesure quand Zeus allaita Héraclès à son sein pour lui donner une force surhumaine (certes, il l'a fait pendant son sommeil sans lui demander la permission, mais franchement pas de quoi persécuter Héraclès pendant toute son existence).
Héraclès signifiant "gloire d'Héra", il est plus probable qu'Héra voulait en faire son champion. Il est donc logique qu'elle ait retardé la naissance d'Héraclès au profit de son cousin Eurysthée afin qu'Héraclès ne devienne pas roi et accomplisse une vie d'exploits sans bénéficier d'aucun privilège. De même, elle aurait rendu fou le demi-dieu pour qu'il massacre sa famille afin d'éviter qu'il ne s'encroute. En gros, elle le poussait au cul pour qu'il devienne un héros. Résultat, Héraclès ne s'est quasiment pas reposé durant toute son existence, occupé qu'il était à accomplir son destin hors-normes. C'est d'ailleurs lui-même qui l'a choisi, en préférant la Vertu à la Volupté lorsqu'il se trouva face à l'une et l'autre dans sa jeunesse, car on n'a rien sans effort. A peine avait-il fini ses douze travaux (parsemés d'obstacles divers) qu'il s'embarqua avec Jason et les Argonautes pour conquérir la Toison d'Or, avant de vivre encore bien d'autres épreuves, ainsi de suite, l'Olympe à la clé.
Certes, on ne peut pas tout mettre dans un film, mais il y a amplement de quoi faire vivre aux spectateurs des aventures rythmées et sans temps mort (avec du sang et de la baston bien primaire, vu qu'Hercule préférait l'usage d'un bon gros gourdin pour régler les différends), tout en y apportant la dimension épique nécessaire.
Le trailer fait en tout cas envie. Maintenant, je pense que personne n'arrivera à égaler et encore moins à surpasser l'interprétation sans pareil de Lou Ferrigno. The Rock a intérêt à s'accrocher pour se montrer à la hauteur du challenge.
(PS : désolé pour le pavé
)