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Brie Larson (qu’on appelait autrefois Nathalie, mais elle a arrêté d’aimer ce nom) travaille dans une institution de jeunes en situations de difficulté psychologique à cause de vies horribles (maltraitances diverses, décès, etc.) et, pour paraphraser Akhenaton, elle en a des frissons, et ça complique sa vie.


Est-ce que ça fait envie ?

Je pourrais résumer le discours de cette bande-annonce en disant : indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, indie, as fuck.

Je pense qu’on a la totale : la chanson du groupe si peu connu qu’on ne peut en acheter les disques, les héros en chemise à carreaux, la lumière naturelle mais chaleureuse, les cadres vacillants, le discours sur la difficulté à se faire advenir, une actrice principale très belle filmée pour avoir l’air normale, etc.

Malgré ou grâce à cela, le film a reçu un très très bon accueil critique, puisqu’on a même longtemps parlé d’une nomination de Brie Larson aux oscars. L’achèvement d’une mue qui est partie de ça :

https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=-bvYRlv7XCw

pour arriver à la crédibilité. Rep à ça Miley Cirus.


Durée : 01h36

Note IMDB : 8,1 (metascore 82 /100)

Note Rotten Tomatoes : 99% de tomates fraîches (oui, il y a 2 pisse-froids qui traînaient dans un coin) (note moyenne 8,3)

Le titre de la honte :

Le titre original du film, Short term 12, est assez cryptique pour un français moyen.

Les distributeurs français ont donc choisi un autre titre : States of Grace, qui aurait très bien pu être un jeu de mot en français : états de Grace. Ce choix d’un titre en anglais tient à deux choses, je pense :

1 – flatter les cinéphiles qui ne vont voir que les films en V.O. (j’en fais partie)

2 – rappeler au spectateur que Brie Larson jouait dans United States of Tera. Et ça, c’est vraiment pourri.



Bande annonce : https://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=Qt5QX5F4I6k

A conseiller à ceux qui tournent le dos à la futilité.

Franchement bien aimé.

Déjà parce qu'il y a Brie Larson, aussi à l'aise en rock star pétasse qu'en jeune fille paumée tentant de venir en aide à des ados paumés. Elle sait se fondre dans un rôle sans donner l'impression de le faire juste pour la course à l'oscar. En plus, j'ai trouvé que son personnage était très finement écrit dans la mesure où on ne nous balance pas son background à longueur de séquence : on découvre la fragilité de Grace au fil du film et ça passe moins par des moments chocs que par des regards, des silences, des gros plans, les réactions des autres personnages. C'est pas trop appuyé, pas trop "tu la sens ma grosse finesse d'auteur qui fait trop de moi un cinéaste à suivre et dont on attendra avec impatience chaque nouveau projet?" et ça, ça fait vraiment plaisir.

Après, j'ai trouvé tout l'univers dans lequel gravite Grace vraiment bien rendu et ça fonctionne dès les premières scènes. Il y a un côté délirant mais les personnages sont traités avec respect et dans ce monde à part, la folie douce de Grace s'insère parfaitement. On comprend le lien qui se crée entre les jeunes et elle : son attitude les déconcerte, sans vraiment le comprendre, ils sentent qu'elle sait ou veut comprendre ce qu'ils vivent, qui ils sont. Si on est plutôt centré sur deux personnages, chacun a son petit moment d'émotion ou son morceau de bravoure (j'ai beaucoup aimé la séquence de rap).

Enfin, j'ai apprécié le refus du film de basculer dans la noirceur totale, ce qui était un risque quand on construit un film sur un personnage aussi tourmenté que Grace. Le refus du pessimisme, de faire pleurer dans les chaumières sans toutefois édulcorer le sujet était sans doute l'aspect le plus délicat à négocier dans l'écriture du scénario. On a un personnage complexe, on comprend que tout ne va pas se résoudre tout de suite, qu'elle va encore pas mal galérer mais le plus important, c'est décider de s'en sortir.