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Rahul et Shalini, les parents de Kali, 10 ans, sont divorcés. La fillette vit désormais avec sa mère et son beau-père, Shoumik, responsable d’une brigade de la police de Bombai. Un samedi, alors que Kali passe la journée avec son père Rahul, elle disparaît…
Bien que je ne sois pas foncièrement fan du cinéma indien, ce film-là fut une très bonne surprise, ce qu'on était en droit d'attendre du réalisateur du dyptique
Gangs of Wasseypur. Ici, Anurag Kashyap pose une atmosphère très sombre mais non dénuée d'un certain humour, quand même assez noir. En témoigne par exemple un long dialogue surréaliste à la limite du Pythonesque ayant lieu lorsque le père et son ami directeur de casting vont signaler l'enlèvement à la police locale et finissent par expliquer au commissaire comment associer une photo à un numéro de portable...
En effet, la force de ce film est de dépeindre au travers d'une intrigue policière très emmêlée une société indienne au-bord-de-l'implosion comme on dit aujourd'hui : drame des enlèvements et du trafic d'enfants, policiers corrompus, violents, dominant une population sans argent ni espoir rêvant de richesse et de reconnaissance sociale, quel qu'en soit le prix. A ce sens, un des nombreux personnages forts de ce film est sans doute cette actrice se repassant inlassablement sur la télé de son petit appartement sordide sa grande scène Bollywoodienne. Ainsi, très vite, on se désintéresse du sort de la jeune fille enlevée pour se concentrer sur les autres personnages. C'est bien simple : tout le monde tente de tirer avantage de cet enlèvement, tout le monde court après l'argent, tout le monde pourrait avoir enlevé la petite fille. Et c'est ça qui est très fort.
Alors oui, pour être franc, je crois que j'apprécierai plus le film la prochaine fois que je le verrais parce que lors du premier visionnage, on se perd un peu dans les nombreux persos et leur motivation mais c'est précisément ce que veux le réalisateur et au final, l'inventivité de la réalisation, le jeu excellent de tous les comédiens (avec un flic Terminator qui rappelle celui de Only God Forgives, monolithique, hyper-violent...), la photo craspec et l'utilisation très intéressante de la bande-son (dès les tout premiers plans) font qu'on se laisse prendre à l'histoire et que, oui, on en prendra bien pour un second tour.
Au final, un film qui déconcerte, qui prend aux tripes, qui fait mal et qui vous glace. Une très intéressante découverte !
Bande-annonce :
https://www.youtube.com/watch?v=kztPVO52gk4