Demön a écrit:
Je sais que le sujet a plus d'un an, mais en parcourant un de mes sites préfèrés, je suis tombé sur ça :
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[Question du site] Le film de genre en France n'a jamais connu de réel âge d'or hormis dans les années 40. Que pensez-vous des nouveaux talents français (Alexandre Aja, Xavier Gens, Alexandre Bustillo, Pascal Laugier...), de leurs films et pourquoi d'après vous il n' y a pas d'histoire d'amour entre la France et le cinéma fantastique, comme il a pu y en avoir une en Angleterre (Hammer films) ou aux USA (Universal et autres), alors que nous sommes quand même le pays qui a inventé le cinéma fantastique avec Méliès ?
YANNICK DAHAN : Que te dire ? C’est un débat sans fin dans lequel je m’implique depuis des années. Il y a mille paramètres qui entrent en jeu : le manque de financement, la frilosité des distributeurs et des exploitants, la peur des chaînes télé, le manque d’aide publique, la condescendance des industriels du milieu, l’incompétence de certains producteurs et artisans du genre etc. Oui, il y a un vrai problème mais ce sont des initiatives comme celles d’Aja, de Bustillo et Maury avec La Fabrique de Films, de Xavier Gens ou de Pascal Laugier qui font petit à petit avancer les choses. On a compris qu’on ne peut compter sur personne, donc il faut qu’on se démerde seul, avec des financements très restreints. C’est frustrant pour nous comme pour le public, qui ne retrouve jamais la facture d’un film d’horreur américain. Mais il faut persévérer. Un jour, un film fantastique Français sera suffisamment fédérateur pour inverser la tendance. Enfin, je l’espère.
SourceEt je trouve que cela rejoins l'article posté par Alfie sur le fait que l'on ne peut plus faire la différence entre la dénomination "film de genre" et "film d'horreur". Les deux sont imbriqués à un point qu'il va être difficile de revenir à la dénomination "film populaire" pour l'horreur.
Cela répond aussi, en partie, au "pourquoi" du sujet quand on se rend compte que des réalisateurs souhaitant produire des films "hors classes" sont obligés de faire jouer la démerde à plein pour réaliser et se faire produire. Ce qui, effectivement, dans ces conditions, ne peut aboutir à de "bons" films et doit même rebuter bien des réalisateurs/scénaristes/producteurs. Dans le cadre ce film à très petit budget qu'est
la Horde, c'est Canal+ qui officie pour le financement et la promotion et dans un cadre très spécifique. On est loin de la liberté pour le genre "horreur"...
Oui mais en ce qui me concerne, quand je vais au cinéma voir des tentatives de film de genre français, la plupart du temps, ce qui fait que je n'adhère pas, c'est pas l'absence de fric ou les comédiens mais bien le scénario. Il y a bien des scènes chocs, des punchlines mais il semblerait qu'elles aient été disséminées dans le film au petit bonheur la chance comme si ces grands adeptes et premiers fans de cinéma déjanté n'avaient pas compris, malgré leurs multiples visions de tous les grands classiques du genre, que même le film le plus génialement outrancier, le plus fou, repose sur une vraie maîtrise de son sujet de la part de son réalisateur.
Pour employer une métaphore culinaire, je dirais que faire un film, c'est comme faire de la grande cuisine : on doit d'abord respecter la recette à la lettre, ajouter chaque ingrédient au bon moment et maîtriser vraiment le plat, après quoi on peut éventuellement proposer une préparation plus personnelle.
je me répète un peu mais John Carpenter disait que la chose la plus importante à savoir quand on s'essaye au cinéma de genre, c'est qu'il faut le faire sérieusement, sincèrement, avoir une culture cinématographique solide, connaître la grammaire du cinéma aussi bien sur la forme (découpage technique, cadrage) que sur le fond (scénario). Yannick Dahan parle d'un film fédérateur, d'un réalisateur un peu attendu comme le Messie. Plus ça va, plus j'ai l'impression que les réalisateurs s'essayant au film de genre, plutôt que de laisser parler leurs intuition et leur amour du cinéma, font la course pour être "celui qui a montré le chemin". Et c'est pour ça, à mon avis, que ça ne marche pas. Dans tout ça, il manque un peu d'humilité et de sincérité...
Alors OK, ils n'ont pas de budget, peu de temps pour tourner, mais certains des plus grands films de genre (Assaut, Evil Dead...) ont été faits avec trois fois rien et ont même été des bides à leur sortie mais il y avait quelque chose en eux qui fait qu'aujourd'hui, ils ont trouvé leur public et on en parle encore. Les films de genre français, à quelques exceptions près, c'est l'inverse : on leur fait de la pub à leur sortie, ils ont le soutien des inrocks etc. mais quand ils sortent, c'est la déception et ils tombent dans l'oubli. Et après on râle contre les producteurs qui veulent pas prendre de risque et le public qui ne sait pas ce qu'il rate...