Bizarrement, aucun sujet sur le film de Richard Kelly, à la genèse aussi complexe que son scénario.
Rappelons rapidement de quoi ça parle : Dans un futur proche, et dans un contexte sécuritaire post attentat nucléaire, Boxer Santaros (joué par the rock) est un ancien acteur voué à devenir sénateur de californie (toute coïncidence avec un personnage vivant ou est évidemment fortuite). Après avoir été enlevé, il a perdu la mémoire, refait sa vie avec une ancienne actrice porno en pleine reconversion multimédia (Sarah Michelle Gellar, excellente dans le rôle de Clara Morgane), et semble être la clé du futur que se disputent les républicains et les néo-marxistes.
Si on y rajoute les influences du fluide karma, une sorte de carburant issu de la croute terrestre que les gens prennent en drogue pour avoir des transes télépathiques, on se dit que l'aventure peut commencer...
Film sélectionné à Cannes en 2006, hué, privé de diffusion, remonté à la barbare (le film perd une demi-heure) pour une sortie au cinéma qui fait un flop aux Etats-unis (c'était bien la peine de se faire chier à le remonter), et une sortie dtv grande classe en France.
Personnellement, j'ai du mal à me prononcer sur ce film. Visuellement, c'est très vulgaire, avec tout ce qu'on peut espérer d'un film se passant en Californie : punks surfeurs, chorégraphie de Justin Timberlake en vétéran des usa avec du Killers en fond, musique originale de Moby, The rock avec des tatouages de toutes les religions, Bai Ling qui joue toujours des folles sexuelles, un caméo de Christophe Lambert, etc.
Mais cette vulgarité est voulue, assumée et rendue assez fascinante par une mise en scène vraiment bien foutue : on sent la patte du réalisateur de Donnie Darko.
C'est surtout sur le scénario que le film pose question : pourquoi avoir commencé l'histoire au milieu (les trois premiers chapitres sont sortis en BD), ce qui implique un début alourdi par la voix off et des aspects difficilement compréhensibles de l'histoire ? Je me doute qu'il avait peur de pas pouvoir réaliser la deuxième partie, mais ça n'excuse pas tout.
Pourquoi le personnage de Ronald Tavernier est si peu développé par rapport à son importance ? A quoi sert Justin Timberlake à part citer la bible sur un ton pontifiant ?
Et surtout : spoiler :
pourquoi l'apocalypse ? Bon d'accord le fanachisme, la montée des extrêmes, c'est pas bien, mais faut-il aller jusque là ? Surtout que je ne vois pas quel intérêt ont les néo-marxistes à déclencher l'apocalypse alors qu'ils sont en train de prendre le pouvoir
Ce qui fait que d'un côté on a une histoire très prenante, des acteurs excellents, une fin complètement nawak qui donne à réfléchir, mais d'un autre côté on a un côté très pontifiant et prétentieux, qui donne un peu envie de dire : ah, tout ça pour ça ? (
en plus c'est quand même un peu la même fin que Donnie Darko, et se répéter dès le deuxième film, c'est pas classe)
A noter que le commentaire de Richard Kelly, entièrement centré sur l'histoire est plutôt excellent (ça change du commentaire de Oshii sur innocence qui nous racontait des histoires d'enregistrement sonores d'armes à feu alors que le film est rempli de concepts et de trous de scénario à expliquer), car il permet d'avoir une vision très claire de l'histoire (à part peut-être pour le dernier plan qui peut être un peu susceptible d'interprétation).
Et vous, qu'en avez-vous pensé ?