Une critique plutôt bien foutue issue de "Filmosphère"... Approved by me .
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Si le premier Expendables représentait une sorte de rendez-vous manqué, de nuit de noces longtemps attendue et non consommée, et mettait en lumière les vraies faiblesses de Sylvester Stallone à la mise en scène, ce second épisode par le pas très bon Simon West représente précisément tout ce qu’aurait dû être son prédécesseur.Expendables : unité spéciale premier du nom ne parvenait pas à imposer sa nostalgie dopée aux hectolitres de testostérone et d’hémoglobine, handicapé par une absence totale de rythme, un fan service pas vraiment assuré et une mise en scène à la ramasse. A l’annonce d’une suite, malgré le casting tout simplement monumental, confiée à Simon West (responsable des médiocres Les Ailes de l’enfer, Lara Croft: Tomb Raider ou le remake de Terreur sur la ligne) avec Stallone cantonné au scénario, il y avait de quoi se faire un peu dessus. Le risque d’enterrer une bonne fois pour toutes ce qui reste une des idées de film les plus géniales de ces dix dernières années était là. Et c’est précisément quand on n’attend plus rien du film qu’on a le plus de chance de se faire surprendre. Si
Expendables 2 : unité spéciale n’a rien d’un chef d’œuvre, ni même d’un « grand film », le plaisir qu’il procure au spectateur propulsé pendant 1h45 dans son esprit de gamin des années 80/90, qui prenait le plus gros des plaisirs primaires devant Delta Force, Commando, Rambo III ou Bloodsport, n’a aucun équivalent.
Dans
Expendables 2 : unité spéciale il y a des problèmes de cadrage et de mise au point, des soucis de montage qui rend certaines séquences incompréhensibles, du grand n’importe quoi dans la cohérence de l’action (on y fait de la tyrolienne sur une ligne électrique avec un cut à chaque pilonne car en vrai ça ne passe pas, on y tire à l’arme lourde sur des camions remplis de plutonium, on y voit des personnages entrer et sortir du cadre sans aucun logique…), il y a des séquences entières qui sont à jeter tellement elles sont laborieuses, il y a de la philosophie de comptoir et du mélo au rabais. Mais pourtant, le miracle se produit, comme avec tous ces films auxquels on pardonne tout tant ils sont par ailleurs généreux et intègres.
Expendables 2 : unité spéciale c’est ce type de film. Un film qui ne ment pas sur la marchandise et qui utilise ses 10 premières minutes pour bien le prouver. Le temps d’une séquence de sauvetage, un raid brutal et explosif, Simon West prouve qu’il s’est dévoué corps et âme à cette bande d’action heroes vieillissants et qu’il souhaite leur offrir l’écrin qu’il mérite, sans ne rien gâcher à la fête et en se faisant discret. Dans le rôle du faiseur, il assure et se paye même le luxe de torcher quelques bastons qui en imposent, cadrées à la bonne distance et non charcutées au montage (Jet Li et sa courte apparition le remercie). Expendables 2 : unité spéciale s’articule basiquement autour de 3-4 gros morceaux d’action, le dernier repoussant les limites de l’entendement, extrêmement long et enchaînant les gunfights et punchlines complètement fous jusqu’à l’excès. C’est plutôt une bonne chose qu’Arnold Schwarzenegger soit de la partie avec un rôle relativement conséquent car
Expendables 2 : unité spéciale ressemble à un « film avec Schwarzenegger » : bourrin, violent, surréaliste, mais qui puise une partie de son charme dans de brèves lignes de dialogue assassine et immédiatement culte. Là différence est qu’une bonne partie de ces punchlines sont ici en mode post-moderne, citant à tours de bras les chefs d’œuvres de toutes ces légendes inépuisables. Le fait est qu’on en a pour son argent, que le film est aussi crétin, bourrin, que drôle, et que derrière le concours de tour de bras se dessine une réflexion basique mais essentielle sur le statut des héros, des légendes, comme un film d’action crépusculaire parfois.
Dans ses moments d’accalmie,
Expendables 2 : unité spéciale rate le coche de l’émotion mais embrasse complètement celui d’une forme de mélancolie. Tout est relatif bien entendu, on reste dans un actioner pur et dur dont les séquences émotion restent des passages obligés toujours un peu ridicules, mais ce n’est pas pour autant un film con. Quand Stallone, Willis, Schwarzenegger et Norris s’entretiennent sur leur statut et leur place qui devrait être celle de leur avion, à savoir un musée, ce ne sont plus des personnages qui s’expriment. Quand Stallone/Barney Ross dit au Kid qu’il aurait pu faire d’autres choix de vie, c’est bien l’acteur qui s’exprime. Ainsi, si
Expendables 2 : unité spéciale s’impose comme un véritable délire de fans implacable, sorte de graal pour cinéphage déviant qui s’accepte en tant que tel et se montre tout à fait conscient des légendes qu’il véhicule, il constitue un catharsis évident pour tous ces acteurs aux carrières plus ou moins réussies, aux choix plus ou moins réfléchis, mais qui ont tous marqué l’histoire du cinéma d’action à leur manière. Mais l’essentiel reste le spectacle offert. Il y a deux séquences monstrueuses, impressionnantes, et auxquelles répondent toujours quelques petits éléments qui assurent un fan service de qualité. C’est bien simple, mais entendre Arnold Schwarzenegger enchaîner les « I’ll be back » et « yipikaye », voir Bruce Willis citer Rambo et Chuck Norris apparaître à l’écran au ralenti sur le thème du Bon, la brute et le truand, se faisant appeler le loup solitaire et balancer direct un authentique Chuck Norris Fact, c’est déjà presque trop beau pour être vrai. Quand s’y ajoutent des fusillades démentes qui multiplient les money shots en exploitant au maximum l’image des légendes (Schwarzenegger et Willis qui décident de déchainer les enfers armés jusqu’aux dents à bord de leur Smart), des grosses bastons à l’ancienne plutôt bien shootées et toujours se sens du défi entre gros bras, on atteint une forme de nirvana qui semblait inaccessible.
Expendables 2 : unité spéciale joue même intelligemment avec ses faiblesses dont il est conscient, quand par exemple après une séquence émotion nulle il envoie ses répliques qui fusent type « What’s happening now ? CHAOS » ou le toujours efficace « we track him, we find him, we kill him » comme pour exorciser le passage obligé. Tout cela est presque brillant, ça sent les 90′s et la sueur, c’est une déclaration d’amour aux gros bras qui auront toujours le dessus sur les minets, c’est un duel final qui ressemble à un fantasme qui prend vie, c’est brutal, ça pète dans tous les sens, c’est pas toujours très beau, c’est parfois mal fichu et ridicule, c’est excessif (on y entre dans une grotte géante en avion), mais il laisse une impression franchement positive.
Expendables 2 : unité spéciale efface le semi-échec du premier épisode et titillera pendant 1h45 la fibre nostalgique de beaucoup de mâles biberonnés au cinéma d’action plus ou moins décérébré des 90′s. Et puis il y a Jean-Claude Van Damme en roue libre qui incarne un bad guy français improbable aux méthodes nazies. Et ça, ça élimine directement tous les petits ou gros défauts du film.