Voilà, un divertissement qui sent bon la sueur. Tout est poussé à l'extrême pour satisfaire le mâle alpha entre action sans complexe et séquences de franches camaraderies, où on parle de trucs de mecs autour d'une bière... . Le coeur de cible est connu et on fait tout pour le caresser dans le sens du poil. En l'état, c'est réussi, même si le plus important est ailleurs. Car la saga Expendables, c'est un peu la synthèse entre la série B et le blockbuster. Série B, car on ne s'occupe pas vraiment du scénario, minimaliste, pour se contenter d'envoyer la purée. Sauf que dans une série B, cet artifice cache un manque de moyen qui n'est pas présent ici. On assiste donc avec plaisir à un spectacle n'ayant que les avantages des deux.
Globalement, je ne dirais pas que celui-ci est moins bon ou meilleur que le précédent. J’ai bien aimé les deux pour des raisons différentes. Le premier allait à l’essentiel, n’avait pas d’histoire ou si peu et ça permettait d’apprécier la bourrinade même si on se disait « ça manque un poil de profondeur ». Là c’est le contraire, on cherche à creuser un peu les motivations des personnages, juste un peu, et ça permet de gagner en épaisseur même si c’est peut être au détriment de l’action pur. Mais bon, les deux films ne sont clairement pas fait pour être subtil du coup, on se contente de prendre les histoires pour ce qu’elles sont : des alibis à un déluge de testostérone. Sur ce point, rien à dire, ça canarde, ça se tatane, on liquide plus de figurants que dans tout les Rambo réunis et on se fout totalement des règles les plus élémentaires en matière de cohérence, du fun, du fun, du fun ! Des civils sont au milieu d’une fusillade entre JCVD et le trio magique Stallone/ Willis/ Schwarzy ? Rien à cirer, ils avaient qu’à pas être là, on tire dans le tas sans s’occuper des balles perdues. Cette façon d’envoyer promener les convenances est vraiment rafraîchissante, on ne cherche pas à faire du film quelque chose qu’il n’est pas, les gens ont payé pour des coups de feu et des gros bras, on y va gaillardement en se fichant complètement de la logique : on a besoin d’un alibi pour créer de la dynamite ? Pas de problème, on a qu’à dire qu’un des persos a fait des études de chimie. Les types sont prisonniers ? On à qu’à dire qu’ils seront libérés par une espèce de foreuse. Qu’est ce qu’elle fait là ? Comment on a su où chercher ? Rien à péter, on y va, ça fait longtemps qu’on a pas vu de baston, pas le temps de traîner pour donner des explications.
L’autre bon point, et bien plus poussé que dans le volet précédent, c’est l’autodérision. Les gars sont tous des légendes du business mais on sait qu’ils ont beaucoup de bouteille… et bien on en joue à fond. Certains paraissent essoufflés, vieux et il y aura toujours une petite allusion pour nous le rappeler, pas d’artifices, les héros sont fatigués alors ont a pas peur de nous le dire même si à la fin, la morale restera toujours que [Spoiler/on] les vieux de la vieille survivent là où Liam Hemsworth se fera tuer de façon peu glorieuse. Preuve que les vrais action-heros sont éternels et que la nouvelle génération, bien que méritante, reste une belle bande de bleu-bites. [Spoiler/off] Ce qui est drôle aussi, c’est cette façon dont les acteurs se moquent d’eux-mêmes : Bruce Willis et Arnold Beckenbauer qui s’échangent leur catchphrases avant de s’enfuir en voiturette, Chuck Norris qui évoque ses histoires de vétéran comme autant de Chuck Norris facts… ou alors surgit toujours de nulle part pour tuer des méchants, sans aucun préambule, un peu comme dans Invasion USA. On dirait que tout ces gens ont pris plaisir à se moquer d’eux-mêmes et ça fait vraiment plaisir à voir.
Certes on peut bien trouver des défauts au film comme la disparition rapide de Jet Li, les rôles toujours autant faire-valoir de Randy Couture et Terry Crews (Dolph Lundgren je le met à part, il avait un rôle plus important dans le premier) ou bien encore le combat JCVD /Stallone qui est bien brutal mais un peu court finalement. Mais bon, ça reste des détails pour un film qui s’il n’aura jamais sa place dans les encyclopédies de cinéma (mis à part pour signaler son casting de malade mental), reste un divertissement régressif comme on aimerait en voir plus souvent. Vivement le 3 et pourquoi pas, une version féminine qui fait assez envie lorsqu’on imagine les personnes qui pourraient s’y trouver.
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