Ah bah j'ai beaucoup aimé.
Mais pour tout dire, au début, j'allais de frustration en frustration : non seulement Juliette Binoche meurt très vite mais en plus, pas très longtemps plus tard, Bryan Cranston subit le même sort, limite hors champs, en plus. On a donc les deux personnages au capital sympathie le plus élevé à mon sens (Ken Watanabe excepté) qui se font dégager sans ménagement.
Après, il y a ce choix de mise en scène de ne nous montrer pendant très longtemps que des morceaux de monstres. Et en ça, ça nous renvoie au mauvais souvenir de Roland Emmerich. Ca irait si Godzilla ne se faisait pas attendre trèèèèèèèèès longtemps mais quand enfin, il apparaît, on nous frustre de ses premiers combats avec les Mutos par diverses astuces scénaristiques (résumé entrevu à la télé, point de vue de la foule qui s'enferme dans le métro...). Mais ce que je voyais d'abord comme des effets de styles foireux se révèle in fine véritablement efficace. C'est simple : ce film est au final un des blockbusters les plus couillus des dix dernières années, qui refuse le spectaculaire à tout prix, privilégie l'atmosphère au déluge d'effets spéciaux et de scènes d'action s'étirant en longueur. Le Godzilla de Gareth Edwards, c'est tout simplement l'anti-Transformers.
Parce qu'au final, la sauce prend, au risque d'avoir perdu en route une partie de ses spectateurs qui voulait juste voir des gros monstres se mettre sur la gueule. Avec ce film, Edwards montre qu'il a tout compris non seulement aux films Godzilla mais aussi au personnage et au culte dont il fait l'objet au Japon. Le refus des grosses scènes d'action jusqu'à un stade très avancé du film permet de mettre l'accent sur la destruction massive produite par les bastons véritablement homériques entres les grosses bestioles. Plutôt que de voir pour le spectacle des immeubles se faire détruire, on les découvre détruits.
C'est l'intérêt de mettre continuellement la caméra au niveau des humains, comme Spielberg mettait sa caméra à la hauteur des enfants dans E.T. De cette façon, on constate de visu la taille gigantesque des monstres, on mesure l'ampleur de la destruction qu'ils produisent, la fragilité des humains et de leurs habitats et l'incapacité de l'espèce humaine de venir à bout des mutos. Aussi, même si son intervention va aussi coûter des vies et de gigantesques destructions, on comprend que la foule soutienne Godzilla car on mesure le danger que représente pour l'espèce humaine ce couple de monstres. Et de la même façon qu'on admire le combat mené par Godzilla - j'arrive, je me bat jusqu'à la mort, je me barre sans prendre l'apéro - on respecte la lutte des humains qui, à leur échelle de fourmis, continuent de tenter d'arrêter la propagation des gigantesques nuisibles.
Ce Godzilla était un pari osé, avec un parti-pris de narration et de mise en scène très éloigné des impératifs de blockbusters estivaux, un défi qui a été relevé haut la main !
_________________ Lawrence Woolsey, précédemment connu sous le pseudonyme de deathtripper21...
"Godfrey Ho a beau avoir trouvé des Kickboxeurs américains, le duel entre la mariée et la robe restera LA baston du film." Plissken
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