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 Sujet du message: Seven - David Fincher - 1995 - Le Problème
MessagePublié: 26 Nov 2018 12:19 
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Apprenti Nanardeur

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Je me permets de rouvrir un sujet sur Seven car le dernier date de 2013 et que je ne sais pas si cela a un sens d'ajouter un commentaire sur un sujet de 5 ans.


J'ai toujours trouvé que Seven était un très bon exemple de la manière dont les spectateurs peuvent s'aveugler à un problème de cohérence gigantesque simplement parce qu'ils adorent un film.
Je ne m'apprête pas à dire que Seven est mauvais mais que l'interprétation générale qui est faite de ce film ne se tient pas et que pourtant, non seulement elle est acceptée par beaucoup, mais qu'en plus elle ne semble pas ternir l'admiration que les spectateurs ont pour le film.

C'est écrit sur l'affiche: Sept péchés mortels, sept façons de mourir. Seven deadly sins. Seven ways to die.
Le film ne déroge pas à cette idée, le tueur commet des meurtres rituels punitifs en fonction des sept péchés capitaux. On nous martèle ça du début à la fin, on explore son modus opérandi, Somerset creuse la question d'un point du littéraire/intellectuel etc...

Aussi, Seven est connu pour être l'un des rares films criminels dans lequel le tueur parvient à ses fins. Tout se passe exactement comme John Doe l'a prévu. Il gagne. Il atteint son objectif sans concession.

Et pourtant. Lorsque le générique de fin apparait à l'écran, David Mills "la colère" est toujours en vie. Alors bien sûr, sa femme enceinte est (a priori) morte et il est clair que le pauvre homme est bien détruit psychologiquement. Mais il n'est pas mort. Le but de John Doe n'était pas "6 morts et 1 dépressif pour 7 péchés mortels."

Le tueur lui-même mourrait pour faire correspondre les chiffres 7 péchés/7 morts mais laisserait le pécheur qui correspond à la colère survivre parce que... euh... la colère est moins grave que... la fainéantise ? La gourmandise ? La luxure ? => Il n'y a aucune raison pour que David Mills mérite de survivre dans la logique de John Doe.

La conclusion de Seven est platement incohérente. Elle ne fonctionne pas. Il y a un problème. Soit John Doe échoue, et dans ce cas il faudrait trouver en quoi et pourquoi il échoue, soit il n'avait pas l'intention de tuer Mills et dans ce cas l'histoire de tueur en série en fonction des sept péchés capitaux prend un coup dans l'aile.
(J'ai entendu dire que Mills devait se faire descendre par un sniper en hélicoptère dans la version originale du scénario, ça ne change rien au problème car John Doe ne peut pas miser sur un développement aussi hasardeux pour accomplir son œuvre et que si réellement il avait voulu que Mills meurt, il pouvait mettre en place beaucoup d'autres choses).



La manière dont je perçois les choses contredit l'interprétation la plus commune du film donc vous pouvez arrêter de lire ici si vous sentez que ça va vous gonfler.

Il n'y a pas de tueur en série dans Seven.
Ce qu'il se passe, c'est qu'un jeune détective hyper motivé et incorruptible a demandé à être muté dans la ville la plus corrompue de la terre.
Le commissariat dans lequel il atterrit est saturé de ripoux, de juges véreux et de capitaines qui touchent des jolies commissions.
On décide donc de décourager cet ange immaculé, de le briser, de le dégoûter. On le met avec un coéquipier qui le rabaisse, le méprise, l'infantilise, le traite comme une merde. On le met sur l'affaire la plus morbide et sinistre du moment: un obèse mort en se goinfrant de spaghettis.
Comme ça ne fonctionne pas, que David Mills continue à être positif, énergique et déterminé à trouver sa place et à faire son boulot, on décide de passer à la vitesse supérieure: le tueur en série. On trouve un thème: les péchés mortels de la bible, ça sera facile à faire. Un avocat est assassiné, allez hop, transformons la scène de crime en scène de crime rituelle. On écrit "Greed" en gros et on trouve une manière de justifier cette avarice. Et on retourne écrire "Gluttony" derrière le frigo de l'obèse. Il est facile de détourner un crime en "crime rituel" et de lui faire correspondre un péché capital. J'imagine que les personnes derrière la conspiration peuvent s'en servir pour éliminer des personnes qui leur posent problème, puisque l'idée de "tueur en série" les protège d'une enquête approfondie.
Il y a dans Seven beaucoup d'éléments dont nous faisons abstractions car ils semblent ne servir à rien, ou d'incohérences que nous écartons par suspension d'incrédulité mais qui soudainement trouvent un sens si l'on regarde les choses du point de vue d'une conspiration contre Mills. (Le tueur dans le commissariat, l'appartement qui tremble, la photographie surprise de Mills, l'absence totale d'empreinte digitale, la facilité avec laquelle Mills et Somerset dévouvrent l'appartement du tueur, qui contient des tooonnes de preuves incriminantes bien pratiques mais rien dans les journaux que celui-ci rédige au quotidien)

En fait, Seven fonctionne exactement comme les photos de Mills dans la baignoire. On nous jette au visage des preuves implacables de la culpabilité du tueur/de l'existence de celui-ci, qui sont tellement énormes et choquantes qu'on en oublie de se demander s'il est logique qu'on les trouve ou qu'elles existent. David Mills est convaincu d'être chez le tueur lorsqu'il voit les photos de lui dans la baignoire, c'est pas un peu gros ? Quelqu'un lui met un flash dans la tronche à bout portant, deux jours après il retrouve les photos en train d'être développées chez quelqu'un. C'est implacablement convaincant certes, mais pourquoi le tueur aurait-il eut besoin de prendre ces photos à la base ? Pourquoi prendre un tel risque ? Parce que ça n'est pas le tueur qui prend ces photos, que l'appartement n'est pas celui du tueur, et que les photos servent uniquement à renforcer le lien dans l'esprit de Mills.

Bref, je ne vais pas développer plus ici, voici le lien à l'article sur mon Blog:
http://www.lecturesalternatives.fr/2018 ... -mots.html

Merci pour votre attention et bonne journée.


Dernière édition par Aztec Challenge le 27 Nov 2018 0:06, édité 2 fois au total.

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 Sujet du message: Re: Seven - David Fincher - 1995 - Le Problème
MessagePublié: 26 Nov 2018 15:03 
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En tant que tueur en série, John Doe est lui-même une incarnation de la colère et est donc sa propre septième victime. D'ailleurs, sa sixième victime n'est pas coupable du pêché d'envie mais d'être mariée à quelqu'un qui l'a suscité chez John Doe.

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Pile, je te tue. Face, je ne te tue pas. FACE ! Je ne te tuerai donc pas avant de t'enterrer.


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 Sujet du message: Re: Seven - David Fincher - 1995 - Le Problème
MessagePublié: 26 Nov 2018 22:39 
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Apprenti Nanardeur

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@Slater74.

Quel bonheur de se faire corriger par des personnes qui ne prennent pas en compte le plus accessible et évident:

John Doe 1h58m28s: "I envy your normal life, it seems that envy is my sin." "J'envie ta vie banale. Il semble que l'envie soit mon péché."
John Doe 1h58m50s: "Become vengeance David, become wrath." "Deviens la vengeance David. Deviens la colère."

John Doe est censé être le tueur en série, c'est donc lui qui décide de qui correspond à quel péché. Il s'annonce comme l'envie et indique Mills comme étant la colère. Mills ne meurt pas, il y a une incohérence, point final. Fais avec.

Et n'importe quelle interprétation qui cherche à trouver un sens à cette incohérence est plus plausible que celle que tu proposes qui est juste une tentative d'explication désespérée à partir de rien. Et tu le sais.


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 Sujet du message: Re: Seven - David Fincher - 1995 - Le Problème
MessagePublié: 26 Nov 2018 23:03 
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Dans ce cas-là, pourquoi tue-t-il la femme de Mills qui ne correspond à aucun pêché? Et Joh Doe est en réalité un suicidaire engagé par la police pour se laisser tuer par Mills comme dans Uramiya Honpo?

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 Sujet du message: Re: Seven - David Fincher - 1995 - Le Problème
MessagePublié: 26 Nov 2018 23:52 
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Apprenti Nanardeur

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Je t'ai répondu parce que ton commentaire m'a agacé et que je le considérais erroné, mais je ne cherche pas à te convaincre coûte que coûte.
Si ce que je dis ne t'intéresse pas ça ne me fait rien. Je ne veux pas t'agresser avec mon interprétation. Si elle t'intéresse, tu peux aller jeter un œil à mon article, ça sera toujours mieux développé qu'ici.

En attendant, oui, je pense que John Doe est utilisé par la police (ou en tout cas, je pense que c'est une possibilité fort envisageable). Je ne connais pas Uramiya Honpo, mais ton idée fonctionne, un suicidaire engagé par la police. Plus précisément, je dirais que John Doe est fasciné par les crimes perpétrés en fonction des péchés capitaux (mais rien ne dit qu'ils sont relayés dans les médias) et qu'il se convainc d'en être l'auteur. Je le vois comme un psychotique. Mais on pourrait se dire que c'est un suicidaire qui accepte d'endosser le rôle pour la "gloire."

Pour moi la dynamique centrale du film n'est pas l'histoire de tueur en série mais le bras de fer entre la morale (naïve et un poil arrogante) de Mills et la corruption du monde qui l'entoure. On cherche à le briser. Il n'y a que quelques conversations qui tournent autour des péchés capitaux, par contre énormément de dialogues et d'événements peuvent se résumer par "Mills tu devrais démissionner, tu n'as rien à faire ici, retourne d'où tu viens" "Non, je suis là, j'y reste et je ferai mon boulot jusqu'au bout."

Mais sérieusement, je ne cherche pas à un imposer mon interprétation. Elle est honnête et j'en suis convaincu, mais je ne demande pas à ce qu'on y adhère. Évidemment, je serais très content si quelqu'un me disais "wahou génial" mais je la propose platement dans un forum de cinéma et ce n'est pas une croisade pour moi que d'y faire adhérer quelqu'un.


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 Sujet du message: Re: Seven - David Fincher - 1995 - Le Problème
MessagePublié: 21 Avr 2020 18:25 
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Apprenti Nanardeur
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Aztec Challenge a écrit:
C'est écrit sur l'affiche: Sept péchés mortels, sept façons de mourir. Seven deadly sins. Seven ways to die.
Le film ne déroge pas à cette idée, le tueur commet des meurtres rituels punitifs en fonction des sept péchés capitaux. On nous martèle ça du début à la fin, on explore son modus opérandi, Somerset creuse la question d'un point du littéraire/intellectuel etc...

Aussi, Seven est connu pour être l'un des rares films criminels dans lequel le tueur parvient à ses fins. Tout se passe exactement comme John Doe l'a prévu. Il gagne. Il atteint son objectif sans concession.

Et pourtant. Lorsque le générique de fin apparait à l'écran, David Mills "la colère" est toujours en vie. Alors bien sûr, sa femme enceinte est (a priori) morte et il est clair que le pauvre homme est bien détruit psychologiquement. Mais il n'est pas mort. Le but de John Doe n'était pas "6 morts et 1 dépressif pour 7 péchés mortels."

Le tueur lui-même mourrait pour faire correspondre les chiffres 7 péchés/7 morts mais laisserait le pécheur qui correspond à la colère survivre parce que... euh... la colère est moins grave que... la fainéantise ? La gourmandise ? La luxure ? => Il n'y a aucune raison pour que David Mills mérite de survivre dans la logique de John Doe.

Ce que j'ai compris, moi, c'est que John Doe "punit" David Mills 1) en tuant sa compagne 2) en le faisant agir exactement comme il le souhaitait, comme un instrument (John Doe voulait que David Mills le tue, car John Doe voulait mourir, puisqu'il symbolise le péché d'envie). Une fois qu'il a abattu John Doe, Mills comprend que c'est précisément ce que John Doe voulait, et que John Doe a donc gagné. Certes, Mills est encore en vie, mais il a va devoir vivre avec l'idée d'avoir permis la victoire d'un tueur en série et supporter de vivre avec une inextinguible colère contre le tueur et contre lui-même. Ce qui, dans l'esprit de John Doe, semble être justement pire que la mort. L'idée, ce n'est pas que la colère est moins grave que la fainéantise, la gourmandise, la luxure, etc. ; l'idée, c'est que la meilleure (ou plutôt, la pire) punition que l'on puisse infliger à une personne colérique n'est pas de la tuer, mais justement de l'obliger à vivre avec sa propre colère, et à souffrir de sa propre colère.

_________________
Il avait la parole facile et banale, du charme dans la voix, beaucoup de grâce dans le regard et une séduction irrésistible dans la moustache.
Guy de Maupassant, Bel-Ami


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