Nico aurait presque pu être l'unique film de Steven Seagal tant on y retrouve les caractéristiques de la majeure partie de son oeuvre, que l'on parle de bons films, de navets DTV ou de nanars.
On y trouve déjà sa part mégalo, qu'on ne pouvait pas trop déceler à l'époque étant donné l'anonymat du bonhomme. Commencer le film par la bio d'un personnage qui lui ressemble énormément, l'entendre parler de son éveil aux arts martiaux etc., le voir donner des leçons en japonais, ça préfigure ce qui le perdra finalement, à savoir sa tendance à se poser en modèle et en donneur de leçon. Ce qui fonctionne dans un film, dans deux, dans trois... finit par lasser et devenir nanar quand son message n'est plus filtré par le travail de scénaristes et de réalisateurs. C'est pas pour rien que son premier film relativement nanar, Terrain Miné, se trouve être sa première réalisation. Mais quand, à la fin de Nico, le personnage éponyme commence son discours sur les méfaits de la CIA, on ne voit pas encore se dessiner le discours final de Terrain Miné, on ne voit encore qu'un scénario qui va au bout de son sujet.
Mais dans Nico, on voit vraiment la naissance d'un artiste martial, qui mise plus sur la rapidité et la précision des coups que sur une force physique mise en valeur à l'écran par une musculature hypertrophiée. La surprise Nico c'est avant tout ça : un artiste martial qui sort de nulle part et propose une technique de combat "originale", impressionnante et bien mise en valeur par la mise en scène. On sait que les coups font mal, pas à cause d'un gros plan sur un bras cassé ou par des effets sonores de déplacements à la Shaw Brothers. On voit vraiment l'artiste exercer son art et quand il se bat contre plusieurs ennemis et que ceux-ci le voient étaler un de leurs potes en deux mouvements secs et précis, on comprend qu'ils hésitent à tous se jeter sur lui pour lui mettre une branlée. L'art de la guerre, en somme.
Il faut ajouter à ça un excellent casting de seconds rôles, à commencer par une Pam Grier qui n'est plus depuis longtemps l'égérie Blax de la décennie passée mais n'a rien perdu de sa force, de sa présence et de sa beauté. Pourquoi lui a-t-il fallu attendre encore dix ans pour devenir la Jackie Brown de Tarantino? A l'inverse, on découvre ici la jeune Sharon Stone, déjà magnifique et qui donne une véritable intensité à un rôle pourtant secondaire.
En résumé, Nico porte déjà en lui tout le cinéma de Steven Seagal, les bons comme les mauvais côtés. A l'époque, on ne tarissait pas d'éloge sur la présence physique de Seagal et sur ses qualités d'acteur, malgré quelques séquences un peu trop posées (ah, sa posture au téléphone public). Au vu de ce que fut sa carrière par la suite, on peut dire que la débâcle future, qui prit vraiment forme vers la fin des années 90, se trouvait déjà là.
_________________ Lawrence Woolsey, précédemment connu sous le pseudonyme de deathtripper21...
"Godfrey Ho a beau avoir trouvé des Kickboxeurs américains, le duel entre la mariée et la robe restera LA baston du film." Plissken
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