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Le générique intro de la série, véritable tuerie monumentale:
http://fr.youtube.com/watch?v=14eUKogPF7s&NR=1

Ce thread est entièrement consacré à une œuvre : Le Prisonnier, série emblématique des années 60's à l'heure où les séries anglaises avaient le vent en poupe. Il y a eu bien sûr Chapeau Melon et Bottes de Cuir (Avengers), Amicalement Vôtre (Persuaders) et ce grand chambardement télévisuel que fut Le Prisonnier.

Un homme (Patrick MacGoohan, écrasant de présence) démissionne des services secrets et après avoir été endormi se réveille dans un village étrange où les habitants ne sont que des numéros. Le numéro 2 demande à celui qui portera désormais le numéro 6, des "renseignements". Mais ce dernier est décidé à ne pas se laisser faire et à s'évader de cet endroit.

En seulement 17 épisodes, la série a eu le temps de bouleverser nos consciences et trituré nos méninges de manière permanente. De nombreuses questions (auxquelles je ne répondrai pas au cas où il y aurait encore des béotiens en la matière) sont soulevées :
Entre autres :
- Qui est le numéro 1 ?
- Qu'est-ce au juste que Le Village ?
- Pourquoi le héros est-il vraiment là ?
- Qui est le héros ?
Cette dernière question est pour le moins incongrue dans une série. A t-on jamais vu une série ou un film dans lequel on ne connaît ni le nom ni les motivations du héros ?
Au delà des thèmes métaphysiques sujets à de nombreuses interprétations, la série est aussi unique en son genre pour plusieurs raisons. Le numéro 2, personnage central change quasiment à chaque épisode. Le "rôdeur", ballon blanc géant pourchassant (et éliminant les fuyards) ne sera jamais entièrement expliqué... De manière générale, on peut dire que Le Prisonnier est la seule série qui met en avant plusieurs personnages...sans jamais rien révéler de leur nature ! Et c'est cela qui est intriguant et qui captive !

Parlons aussi du décor. Le "Village" tortueux et aseptisé existe bel et bien. Tourné dans ce petit chef d'œuvre architectural qu'est Portmeirion, au Pays de Galle, la série doit également beaucoup à son décor. Ce véritable village est d'ailleurs le lieu ou se tient les conventions des fan-clubs et où l'on entretient un véritable culte, fans costumés rejouant des épisodes (notamment la partie d'échec grandeur nature), boutique toujours ouverte pour vendre badge, foulards, parapluies multicolores et autres accessoires.





Je ne révélerai rien de plus sur ce monument de la télévision contesté, décrié, admiré, mais dont la notoriété ne se dément et ne se démentira sans doute jamais. Finissons juste par dire que plusieurs éditions DVD (ou VHS) sont disponibles pour voir et revoir le numéro 6.




Et un lien vers l'excellent site du fan club officiel français
http://www.leprisonnier.net/


"Bonjour chez vous !"

Best TV series ever

Et un remake en 6 épisodes avec jim Caviezel et Ian Mc Kellen

http://www.comingsoon.net/news/tvnews.php?id=46425

Le dernier épisode n'est détesté que par ceux qui ne comprennent pas ce qu'il ne fallait pas comprendre

"I will not be pushed, filed, stamped, indexed, briefed, debriefed or numbered."

dejà que je ne comprends pas ta phrase, comment veux tu que je comprenne la fin...

Pour être allé dans ce village au Pays de Galles, je confirme, c'est magnifique. Et pourtant je suis trop jeune pour avoir suivi la série...

Série géniale et totalement hors-normes, dickienne comme c'est pas permis.

Une série géniale, kafkaienne qui met en exergue la primauté de l'individu sur le système. MacGoohan se montre d'ailleurs bien plus optimiste qu'Orwell et Huxley dont il c'est surement en partie inspiré. S'il est parfois ecrasé l'individu peut gripper un système absure dans ses propre contradiction et faire monter la pression jusqu'a ce que la cocote minute explose dans une anarchie totale. Le dernier épisode est souvent décrié par ceux qui ne comprennent pas que la destruction du système passe par une libération salvatrice et totale. Si McGoohan s'était contenté de faire rentrer No6 dans ses pénates et mater la TV avant d'aller pointer à l'usine le lendemain tout serait rentré dans l'ordre...

http://www.youtube.com/watch?v=0Tb8Jo11uGo

Je regardais cette série quand j'étais petit, mais je ne m'en souviens plus que vaguement, c'est dommage.

Par contre, le ballon qui poursuit les fuyards pour les étouffer m'avait marqué!

Et McGoohan était parfait dans cette série, sa tête assez particulière, son regard et son jeu d'acteur donnait à son personnage une allure unique, à la fois rusé et un peu fou...

Et j'ajouterai: l'une des rares séries où la VF s'avère bien meilleure que la VO. Le fameux "bonjour chez vous" qui donne tant de cachet aux habitants du Village est, par exemple, une initiative française.

A noter qu'il n'a jamais été spécialement spécifié que la série ne devait compter qu'une seule saison en 17 épisodes. Selon certaines sources, une saison 2 était à l'étude, mais l'incompréhension du public après l'épisode 17 (les standards téléphoniques de la BBC furent littéralement pris d'assaut par des fans demandant des explications) fit que la chaîne ne prit pas le risque de financer une hypothétique seconde saison. Du coup, la série se termine sur un ultime tour de passe-passe...

Spoiler

Le Prisonnier rentre chez lui - sans que son identité, ni celle du Numéro 1 n'aient été explicitement dévoilées par ailleurs - (même s'il est fortement sous-entendu que le Numéro 1 est en réalité une métaphore de la société en général), passe la porte de son appartement, qui se referme avec exactement le même petit bruit caractéristique de celui de son loft-cellule au Village. Il est rentré chez lui, mais n'est-ce pas encore une dernière esbrouffe du Village?

Je n'ai jamais eu occasion de regarder mais la parodie dans les Simpsons m'avait bien plu (il y a aussi un sosie du héros avec un accent allemand d'ailleurs ? )

Série que j'ai redécouverte tout récemment ( on m'a prêté le coffret) et c 'est effectivement une des toutes meilleures qui aient jamais existé, et le rôle parfait pour Mc Goohan

Je pense que les séries anglaises ont toujours une longueur d'avance sur le reste de l'Europe. Et encore, je modère mes propos. Et je ne parle pas du Prisonnier, des Monty Python ou de Fawlty Towers. Aujourd'hui encore, des séries comme Ab Fab (enfin plus ancrée dans les années 90 pour ce cas), Life On Mars, The Office, Engrenages ou encore Spaced qui fit connaitre l'équipe de Shaun Of The Dead et Hot Fuzz : Edgar Wright/Simon Pegg/Nick Frost etc représentent le très très très haut du panier de la production télévisuelle européenne. Et ce ne sont pas les seul exemples...

Pour en revenir au Prisonnier, une personne sadique de mon entourage possède le coffret intégrale mais n'accepte de ne me prêter qu'un DVD par mois. En même temps, je les apprécie plus comme ça que si je me les matais tous en une semaine.

Le trailer du remake


Bon ben ça n'a plus grand chose à voir

Ah ouais effectivement...un bon point pour la présence de sir Ian McKellen.

Par contre, ils auraient pu faire un trailer encore plus long, comme ça on aurait vraiment tout vu du film...

Hop, je remonte le sujet parce que quand même, faut que je partage un peu ma compréhension de l'univers de cette excellente série dont j'ai savouré le revisionnage. La majorité des épisodes sont excellents, avec une petite baisse de régime sur la fin (expliquée par le fait que la série ne devait initialement être composée que de 7 épisodes), avant de se conclure en beauté. Le N° 6 est vraiment un personnage mythologique, splendidement incarné par Patrick McGoohan qui lui apporte son physique hors-norme (et reconnaissons à Jacques Thébault de lui prêter une voix française mémorable). Le seul reproche (qui n'en a pas vraiment un) pourrait être que la série a fait le choix de l'indépendance complète de ses épisodes, ce qui empêche la progression d'une trame de fond.

McGoohan développe de manière évidente les rapports entre la société et l'individu, un rapport de force au détriment de ce dernier qui est sommé, dans une injonction paradoxale, d'accepter de sa pleine volonté l'abandon de son individualité. Pour faciliter cette intégration au corps social, les nouvelles technologies ont la part belle : vidéo-surveillance, télécommunication, corps exécutif (le Rôdeur), fichage... mais ce sont principalement les apports des connaissances en psychologie qui servent de ressort aux manipulations des N° 2. Et bien entendu, c'est ce qui m'a le plus intéressé. Tout y passe : conditionnement comportementaliste, association libre psychanalytique, travail sur les rêves (que l'on pourrait qualifier de rêves lucides), hypnose, psychopharmacopée variée, psychochirurgie (la lobotomie au laser, une technique d'avenir) et même utilisation des connaissances en psychologie sociale. Dans une interview du coffret DVD, McGoohan tient d'ailleurs des propos très négatifs sur le progrès qu'il perçoit comme conduisant l'humanité trop rapidement à sa perte.

On peut donner de nombreux niveaux de lecture à cette série. Mais pour rester dans le monde du psychisme, voilà un modèle de compréhension que je trouve intéressant [avec des spoilers dedans, donc gaffe !].

Le Village est une métaphore de la paranoïa du N° 6. Voilà un homme psychorigide, méfiant, secret (on ne connaitra jamais son nom), avec un moi qui parait indestructible, en proie à la suspicion permanente. Ses propos sont confus, répondant aux questions par d'autres questions, donnant le sentiment de dire des choses sans vraiment y mettre de contenu informatif. Il se retrouve soudain confronté à un ennemi suprême qui tente de percer ses défenses. Là où tous les autres ont fini par céder, le N° 6 s'élève et se prête sans difficulté, voire avec complaisance, à cet affrontement mental où chaque partie doit cacher ses informations et découvrir celles de l'autre. Dans le Village, tout a un sens qui alimente le complot dirigé contre le N° 6. Et très rapidement, ce complot s'étend au-delà du Village et englobe le monde entier (tout du moins la Grande-Bretagne où le N° 6 ne semble plus avoir aucun allié lors de ses fugues). Le N° 6 est seul contre tous.
L'épisode 7 marque vraiment un tournant dans cette logique. Alors qu'il pourrait s'enfuir définitivement et se faire oublier, le N° 6 veut être le plus fort et se met dans la situation d'être de nouveau captif du Village. Il n'est prisonnier que de sa propre structuration mentale qui le pousse à concevoir le monde de manière persécutive et à réagir par une défense basée sur l'attaque et l'opposition. Ce, jusqu'à une conclusion univoque où après une lutte psychique à mort contre le N° 2, il lui est offert le choix de diriger la conspiration. Choix qu'il refuse pour s'apercevoir qu'il la dirigeait déjà en étant lui-même le N° 1, dans une version authentiquement folle qui se moque de lui (sans compter la première impression d'être un singe), et qu'il remplace alors pour se donner le sentiment de pouvoir s'enfuir du Village (avec une violence physique inhabituelle).
Mais le prisonnier ne peut s'échapper de lui-même, de sa propre prison. Il change de lieu mais fonctionne toujours pareil ; il conserve le majordome, symbole s'il en est du Village (c'est le seul personnage avec le N°6 qui est toujours présent), et McGoohan conclue avec cynisme sa série en nous montrant la porte de l'appartement de son héros qui s'ouvre de manière automatique.

Excellente synthèse, très pertinente. Le contenu est d'autant plus impressionnant qu'il était imperméable à pas mal de cerveaux de l'époque. Novateur et très (trop ?) en avance sur son temps.

Sans vouloir me la péter, la série me semble plutôt claire via le prisme que j'ai détaillé plus haut. Ça me surprend donc quand on voit dans les bonus les intervenants se plaindre de l'absence de fin ou de son caractère incompréhensible (seule une des monteurs perçoit les choses sous le même angle que moi). Il aurait été plutôt décevant d'avoir un N°1 diabolique et manipulateur (à la James Bond comme dit McGoohan) car cela n'aurait rien expliqué pour autant. C'est finalement une vision parano de la vie que d'attendre un N°1 exogène qui soit le maitre de la conspiration, et quelque part, c'est penser comme le Prisonnier. En mettant en scène ce fonctionnement, la série est méta-parano.

J'ai oublié de dire que la musique est géniale et contribue grandement à l'ambiance.