Je ne sais pas si la série est connue ici, déjà que la franchise dont elle s'inspire ne l'est pas vraiment. Mais bon, je me risque...
En 2001, alors qu'elle bossait sur
Metal Gear Solid 2, l'équipe d'Hideo Kojima a produit une sorte de démo technique pour se faire la main avec les capacités de la Playstation 2. C'est finalement devenu
Zone of the Enders, un jeu de mechs très particulier qui est malheureusement resté dans l'ombre de
Metal Gear Solid 2 après sa sortie. Ça n'a toutefois pas empêché la sortie d'une suite en 2003, intitulée
Anubis: Zone of the Enders (ou
Zone of the Enders: The 2nd Runner en Occident), qui elle-aussi n'a connu qu'un succès d'estime, ainsi que d'un RPG sur GBA,
Zone of the Enders: Fist of Mars. Aujourd'hui, on attend encore un hypothétique troisième volet sur la Playstation 3.
Curieusement, le relatif insuccès de la franchise n'a pas empêche Konami de faire produire par Sunrise, le studio derrière
Gundam, un OAV,
Zone of the Enders: 2167 IDOLO, qui servira de prologue à une série animée basée sur la franchise, j'ai nommé
DOLORES I.
Malheureusement, tout comme ZOE en jeu est demeuré dans l'ombre de jeux plus prestigieux sur la PS2, la série animée
Zone of the Enders: Dolores I semble avoir passé complètement inaperçu à côté des
Evangelion et des trente mille réimaginations de
Gundam. Pourtant, il s'agit d'une très bonne série animée, malgré un certain manque d'originalité.
Zone of the Enders: DOLORES I est une « interquel », soit un récit qui se déroule en même temps que le premier volet vidéoludique, et raconte l'histoire de
James Links, un camionneur de l'espace, qui se voit un jour confier la livraison d'un conteneur très spécial vers la Terre. À l'intérieur se cache
Dolores, un « Orbital Frame » (l'équivalent de ZOE des Mobile Suit de
Gundam) capable de surclasser tous les modèles de LEV (
Labour Extra-Orbital Vehicule, bref un mech) existants. Seulement, il y a un hic : Dolores a été dotée d'une IA sensée pour limiter ses capacités de destruction. Autrement dit, James Links se retrouve avec une machine de guerre avec la personnalité d'une petite fille obéissante mais geignarde. C'est le drame...
Très vite, notre héros malgré lui comprend l'importance de sa cargaison quand il s'avère que Dolores est activement recherché par des conspirateurs indépendantistes martiens. Il se trouve également que l'Orbital Frame « connait » Rachel Links, l'ex-femme présumée décédée de James, et que cette dernière pourrait être finalement encore vivante sur Mars. James Links se sent alors investi d'une mission : retrouver sa femme tout en protégeant Dolores des méchants. Mais pour cela, il lui faudra se réconcilier avec ses deux enfants,
Léon et
Noël, et surtout échapper à la police terrestre, menée par un officier raciste avec un penchant pour mettre les pieds dans la sacrée paire de couilles de notre héros.
* * *
Je l'avoue, je n'ai jamais été très fan des animés de mechs. Les
Gundam m'ennuient par leur difficulté à se renouveler (et aussi pour leur tendance à n'offrir que des héros adolescents) et ce que j'ai vu d'
Evangelion ne m'a pas vraiment convaincu (pas taper!). Par contre, j'avais en très grande estime la série vidéoludique
Zone of the Enders, alors j'ai décidé de jeter un coup d'oeil à sa déclinaison animée. Aussi bien le dire tout de suite, j'ai été complètement bluffé!
DOLORES I, c'est de la science-fiction
hard, qui renvoie constamment à des références du genre, de
Gundam et
Macross, bien sûr, à
Star Trek, sans oublier
2001,
Total Recall, et même le
Policenauts d'Hideo Kojima (un des créateurs de la franchise, justement). Les références ne sont pas toujours subtiles (un épisode qui parodie
Die Hard s'intitule...
Die Hard ), mais bon...
Autre bon point : à la différence de beaucoup d'animés du genre, le héros de la série est un quasi-quinquagénaire alcoolique aux prises avec des difficultés familiales et qui n'est pas particulièrement doué pour le pilotage de mechs. La dynamique s'en trouve complètement changée. Il va de soi que les créateurs de la série semblent avoir été conscients qu'ils ne pouvaient pas surpasser les ténors du genre, alors ils ont eu la bonne idée d'opter pour une approche beaucoup plus légère et référentielle. On alterne donc souvent avec brio entre la comédie de situation et les scènes plus dramatiques.
Évidemment, l'ensemble ne frappe pas particulièrement par son originalité, et on n'échappe pas à certains clichés du genre. Comme bien des séries à vocation plus comiques,
Dolores I devient beaucoup plus dramatique au fur et à mesure qu'elle progresse. En même temps, la série n'a tellement aucune prétention qu'on lui pardonne volontiers ses écarts, y compris une animation des personnages pas toujours très réussie. En revanche, les mechs, eux, sont très bien animés, et la série réutilise assez peu ses animations comparativement à, mettons,
Gundam SEED ou, pire encore, les dessins animés nanars de l'IFD. N'est pas Joseph Lai qui en veut...
Répartie sur 26 épisodes, la série est assez bien rythmée, ne demande pas d'avoir joué aux jeux pour comprendre le récit, ne comporte pratiquement pas de
filler ou de
clip shows et se conclut de manière assez satisfaisante. Franchement, j'en redemande!
Curieusement, l'OAV
IDOLO 2167 a connu une sortie DVD européenne avec un doublage français assez moyen, mais pas
DOLORES I. C'est dommage, parce que l'OAV est assez dispensable scénaristiquement parlant et pas terrible non plus. Il existe un doublage américain d'assez bonne facture, mais ça ne remplace pas un bon
fansub.
* * *
Pour finir, mon LEV préféré, le Phantom, dont le design terriblement classe compense pour son perpétuel statut de chaire à canon tant pour nos héros que pour les méchants. Ceux qui ont eu le bonheur de jouer à ZOE2 ont eu l'occasion d'en babysitter toute une compagnie.