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Bon, ceci est ma deuxième chronique (je dis "deuxième", pas "seconde", touchons du bois).
Enjoy (ou pas, c'est à vous de voir).
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Goliath And The Dragon
Titre original: « La Vendetta di Ercole »
Pays: Italie/France
Réalisateur: Vittorio Cottafavi
Acteurs: Mark Forest, Broderick Crawford, Leonora Ruffo
Durée: 1h 27
Genre: Le cousin d’Hercule contre le beau-frère de Godzilla (catégorie « Péplum »)
L‘affiche originale du film.
Dieu sait que votre serviteur en a vu des péplums, Dieu sait que j’en ais vu des trucages ratés et des hommes-singes grotesques, Dieu sait que j’en ais vu des acteurs bodybuildés faisant jouer leur pectoraux à leur place. Peu, néanmoins, mériteraient le qualificatif de nanar. Ce n‘est pas, vous vous en doutez, le cas de « Goliath And The Dragon ».
Je sais que la chronique d’un péplum est toujours sujette à suspicions: ais-je bien pris en compte le fait que ce genre cinématographique est un genre où les films kitsch abondent? Ais-je vu ce film comme un film moderne et non comme un long-métrage datant d’il y a quarante ans?
J’ai souvent eu ces doutes et beaucoup de péplums échappèrent au venin de mon clavier sous le prétexte que ce film n’aurait sûrement pas fait rire un spectateur de l’époque. Mais les fous rires que je me suis tapés devant ce film m’ont laissé penser sans trop de doutes que les spectateurs de 1960 avaient sans doute du se bidonner un peu en voyant « Goliath And The Dragon ».
Mais avant tout, je vais vous parler de l’histoire de ce film qui, comme souvent, joue un rôle dans le résultat final; je vais, notamment, vous expliquer pourquoi ce film s’appelle « Goliath And The Dragon ».
Mark Forest, il n’a fait que douze films dans sa vie, essentiellement pour se payer des études de chanteur d’opéra. Pour ceux que ça intéresse, il est aujourd’hui professeur de chant lyrique, en Californie.
En 1960, après « Hercule » et « Hercule et la reine de Lydie » se met en chantier un troisième volet des aventures d’Hercule: « La vengeance d’Hercule ». Steve Reeves refusant d’endosser une fois de plus la peau de bête du héros mythologique, c’est le culturiste Lou Degni, alias Mark Forest, qui est choisi ( à noter, paradioxalement, que ce dernier ne joue pas trop mal, ce qui n'est pas courant pour ce genre de personnage). Le film finit par sortir en Europe et sa diffusion aux Etats-Unis est programmée. C’est aux Etats-Unis que se déroule le drame: le nom « Hercules » vient d’être racheté par Universal, plus aucun film avec un Hercule ne peut plus sortir aux Etats-Unis s’il n’est pas produit par Universal.
Vous pensiez que les producteurs d’ « American International Pictures » allaient jeter l’éponge? Que nenni! Ils décident alors de changer le nom du héros, passant d’Hercule à « Goliath » (les autres personnages gardent leur nom) et de faire quelques coupes et adaptations dans le scénario.
« La Vengeance d’Hercule » s’efface ainsi devant « Goliath And The Dragon », un péplum qui dépasse le simple kitsch pour passer au purement et simplement ridicule.
Un texte d’intro qui fleure bon le sauvetage de meubles
Au niveau scénario, du lourd: de retour des Enfers (attention! Officiellement ce ne sont plus les Enfers mais « La Caverne des Horreurs »), Hercules s’aperçoit que Thèbes est sous la dextre du terrible Eurystheus qui tyrannise son peuple!
Vous avez compris, c’est du vu, revu et re-revu, le seul truc incroyable dans ce scénario c’est que, selon l’imdb, ils se sont mis à cinq pour l’écrire!
Tenez, puisque je vous parle d‘Eurysthéus, ce dernier peut être considéré comme un premier élément nanar. Ayant perdu Steve Reeves, j’ai comme le sentiment que les producteurs ont essayé de remettre un autre nom connu sur leur affiche. Ce nom, ce sera Broderick Crawford, alors connu pour ses rôles dans de nombreux films de gangsters et pour son rôle dans la série « Higway Patrol » qui passait à la télévision dans les années cinquante.
Autant vous dire que Broderick Crawford, ici, cachetonne de façon tout ce qu’il y a de plus visible. Déambulant dans la salle du trône, balançant des ordres à des sbires qu’il appelle à coup de gong, celui-ci nous fait un parrain de la mafia parfait mais un tyran antique assez approximatif. Vous noterez que le costumier s’est rendu compte que Broderick Crawford avait plus l’air d’un placide policier à la retraite que d’un despote et a voulu renforcer son caractère effrayant par l’ajout d’une cicatrice en mousse sur son visage (ou dessinée au crayon, je suis dubitatif). Las: cette cicatrice ne fait ici que renforcer sa ressemblance avec Al Capone.
Broderick Crawford qui va, pendant une bonne partie du film,
nous donner l’impression de s’être trompé de plateau.
Ce qui est d’autant plus dommage que certains
de ses sbires auraient parfaitement fait l’affaire.
Eurystheus en veut, visiblement, à Goliath, parce que le frère de ce dernier: Illus est amoureux de Théa, une demoiselle dont on ne sera principalement que deux choses: son père à tué les parents d’Illus et Eurysthéus a des visées sur elle. Le roi de Thèbes cherche donc à supprimer Goliath pour l’empêcher de protéger son frère. En gros: si Goliath meurt, Eurystheus pourra sans problème faire assassiner Illus sans risques, me fais-je comprendre? (je viens de comprendre où étaient passés les cinq scénaristes).
Frère qui, soit dit en passant, est joué: soit par un acteur dépressif; soit par un acteur qui veut simuler la tristesse et qui n’y arrive pas; soit par un acteur qui s’en fout. J’entends par là qu’Illus nous gratifiera le plus souvent d’un regard d ’amibe neurasthénique et restera le plus souvent totalement statique.
Illus, dans ses oeuvres
Je vous vois venir: « à part un ou deux acteurs à côté de la plaque, il a quoi d’extraordinaire ton film? ». Je vais y venir. Vous vous rappelez du titre du film? Il met l’accent sur la rencontre entre le héros et un dragon? Et ce choix n’est pas forcément idiot puisqu’Herc…. Goliath passe une bonne partie du film à se battre contre des monstres plus ratés les uns que les autres.
Dès la scène d’ouverture, Goliath descends dans le cratère fumant d’un volcan pour y chercher « La Gemme de Sang », escapade périlleuse, d’autant plus qu’il commence par descendre la falaise à pic, ignorant tout, semble-t-il de la technique du rappel. Immédiatement, il se trouve face à Cerb…, à un chien infernal à trois têtes, une sorte de grosse peluche gigotante qui crache du feu en agitant ses papattes, un petit screenshot valant mieux qu’un long discours:
Voilà la bête! Et c’est pire en mouvements!
Source: B-moviecentral.com
Les Enfers seraient donc gardées par trois chaussettes lance-flammes.
L’ayant occis (le brave toutou évitera pendant tout le combat de cracher son incandescente haleine sur notre héros), Goliath récupère le diamant (je vous laisse découvrir comment il trouve son emplacement), ce qui a pour effet d’entraîner l’arrivée d’un deuxième monstre: le terrible homme-chauve-souris. Comprenez par « homme chauve-souris » un figurant dans un costume idiot, suspendu par un filin et bougeant ses ailes de façon désordonnée (ah oui, en parlant d’ailes, messieurs les costumiers, lorsque vous faites un costume de chauve-souris géante, à l’avenir pensez à mettre les bras de l’acteur ailleurs que dans la membrane des ailes! Parce que là ça se voit et en plus cela rends le mouvement des ailes absolument ridicule!); le mammifère volant ne fait pas long feu et Goliath sort de la caverne avec son diamant, qui, soit dit en passant, ressemble étrangement à un gyrophare!
On a retrouvé l’Homme-Puma
(on distingue clairement les marque des bras de l’acteur dans les ailes)
Cheese!
Un diamant qui sent le plastoc à plein nez
Sur le chemin du retour, Goliath retourne à Thèbes, chemin faisant, il aide des bûcherons à déraciner un arbre (à noter un gag désopilant: un nain qui vient demander à Goliath s‘il a besoin d‘aide pour déraciner l‘arbre… aha! qu‘est-ce qu‘on rigole!).
« T’as besoin d’aide Goliath ?»
Poursuivant sa route, il sauve une demoiselle en détresse de l’un des ours les plus mal foutus de l’histoire du cinéma. S’ensuit un combat homérique où l’on s’aperçoit finalement qu’un ours et ben c’est pas solide, vu que Goliath le tue simplement en le fichant par terre.
Dans la série « que sont-ils devenus », aujourd’hui: Nounours!
Directement sur l’affiche, il y en a qui n’ont peur de rien!
(Non, ceci n’est pas un homme-sanglier!)
Goliath arrive à Thèbes, où Eurystheus s’apprête à tuer Illus en le faisant écraser par un éléphant (il devaient avoir un éléphant sous la main); en passant par là, Illus semble aussi angoissé à l’idée de mourir d’une mort horrible qu’à celle de passer son bachot. Notez, également, que ce dernier à raison de ne pas s’en faire puisque Goliath arrive tel le sauveur qu’il est, écartant une douzaine de figurants amorphes sensés incarner la garde d’élite d’Eurystheus et engageant un combat contre l’éléphant pour le faire reculer et l’empêcher d’écrabouiller son frangin. Cela aurait pu être une scène tout à fait correcte si l‘on ne voyait pas clairement, au second plan, le cornac donner l’ordre à l’éléphant de reculer pendant que Mark Forrest s‘arc-boute sur la patte du pachyderme!
Mais recuuuuuuuuleuh, j’te dis!
Je m’aperçoit que j’arrive à la fin de ma chronique et que j’ai oublié de vous parler de l’une des principales attractions de ce film: le dragon, l’animal de compagnie d’Eurystheus (enfin il est désigné comme cela). Pour des raisons un peu longues à expliquer (en réalité, elles ne sont pas très compliquées mais là j‘ai la flemme), Eurystheus décide de donner la fiancée de Goliath: Dejanira, en pâture au reptile. Pénétrant dans la grotte du Dragon, Goliath sort son arme et s’apprête à faire face à la bête. Bête que voici:
De loin
De près
A noter que certains plans de ce dragon ont été réutilisés pour « The Mighty Gorga », une autre production « American International Pictures » et que la version US a été enrichie de quelques plans supplémentaires de cette merveille.
Le dragon dévore ses victimes mais laisse leurs squelettes intacts,
c’est çà la bonne éducation!
J’avais prévu de vous parler en longueur de ce dragon, mais je m’aperçoit que les mots sont impuissants face à l’image (surtout que l‘image, ici, est figée: je ne sais pas si vous avez déjà vu « Le Monde Perdu » (qui date de 1925) mais les dinosaures y sont mieux animés!).
Non seulement le dragon est mal fichu mais, durant tout le combat, ainsi que durant tout le film, Goliath ne va l’attaquer qu’avec un poignard ridicule. Je sais que de grands héros se sont battus uniquement avec un poignard: Peter Pan, par exemple, mais là, voir un bulldozer humain attaquer un lézard de vingt mètres avec un canif est tout simplement, grotesque! D’autant plus grotesque que vous vous doutez bien que Goliath en fait un sac à main de ce dragon.
Comme Goliath, pour terrasser un dragon, faites confiance à Laguiole®
En définitive, si certains films peuvent être nanardisés par un acteur cabotin, si d’autres peuvent l’être par un scénario écrit par un singe bonobo, si d’autres relèvent simplement du foutage de gueule pur et simple, ourdi par des producteurs plus avides d‘argent que de reconnaissance artistique, « Goliath And The Dragon » est l’exemple même du film complètement ruiné par une distribution assez bizarroïde mais aussi, et surtout, par la volonté des producteurs de faire un film avec des monstres terrifiants, le tout avec le budget « Pâte à modeler » de l ‘école maternelle «Françoise Dolto » de Maubeuge .
Souffrant de quelques creux, le taux de nanardise de ce film décolle complètement lorsque le scénario mets Goliath nez à mufle avec une bestiole, entre temps, force est de constater qu‘on s‘em…poisonne.
Cela fait, à mon avis, de ce film un nanar qui ne dépassera pas le 1,5/5 mais qui sera le parfait film pour un nanardeur aguerri voulant se détendre après un film de ninjas kazakhs sous-titré en islandais ou pour un nanardeur novice voulant découvrir petit à petit l’univers des films improbables.
Cote de rareté: 2/ trouvable
Disponible en DVD aux éditions Fabbri, dans la collection « Les plus Grands Péplums », avec une jaquette mensongère (pas de massue, pas de lions, pas de femmes à poil) et mal dessinée.
Sinon, si vous comprenez un peu l’anglais, la version US qui m’a servi à écrire cette chronique est visible
ici (attention: la qualité est très moyenne)
Lien intéressant: le site « B-Movies central » qui a consacré une chronique à ce film et mis en ligne un extrait vidéo,
ici.
Bonus: Deux-trois caps que je n’ai pas pu vous mettre:
Ce ne sont pas des éclairs à la gouache:
c’est la colère du dieu de la vengeance, ne riez pas!
La seule fois où Goliath utilisera
une arme digne de lui
Un centaure; dans un éclair de lucidité, le
réalisateur a choisi de ne pas le faire marcher, hélas.
Mais il a une mulette!
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Voilà, des remarques? des questions? je suis preneur.