Dans l'affaire "Docteur Zoidberg contre Urban Warriors" la parole est au ministère public.
Françaises, français, belges, belges, nanardeuses, nanardeurs, madame la Présidente, mesdames et messieurs les jurés.
"Pour leurrer le monde, ressemble au monde ; ressemble à l'innocente fleur, mais sois le serpent qu'elle cache." C'est au travers de ces mots que le grand dramaturge britannique William Shakespeare décrivait dans MacBeth l'art de la duperie. Ces mots, mesdames et messieurs les jurés, ces mots ont traversé le temps; ces mots sont venu résonner dans l'inconscient de producteurs, d'éditeurs, de charlatans en tous genre au moment de sortir l'objet du crime: le dvd d'Urban Warriors.
Mais revenons en, si vous le voulez bien, au faits. Hier en milieu d'après midi, la victime, le docteur Zoidberg, s'est rendu chez un marchand de vidéos d'occasion. Au bout de quelques recherches il tombe sur ceci:
Urban Warriors, sous titre
La justice est de retour pour éliminer le crime.
Tentant n'est ce pas? Avouez que pour tout amateur de nanars, la vue d'un tel titre associé à l'image d'un gros balèze qui fait du karaté est une source de curiosité.
Venons en maintenant au dos de la jaquette.
Pour combattre la pègre, la police recrute des truands. Interressant. Le pitch quand à lui fait penser à une sorte de New York 1997 mais avec 5 Snake Plyssken au lieu d'un. S'ils ne coopèrent pas, ils iront en détention illimitée dans le pénitencier d'Etat. Ça ne rigole pas. Les images quand à elles illustrent des gros bras en blouson de cuir, armés de fusil à pompe, menaçant et tabassant d'autres gros bras en blouson de cuir ou en marcel et bretelle.
On note ici mesdames et messieurs les jurés que le gros balèze qui ressemblait à une copie de JCVD sur le verso de la jaquette a laissé la place à une copie de Lorenzo Lamas sur le recto.
Certes ce détail aurait pu mettre la puce à l'oreille du docteur Zoidberg mais les homards n'ont pas d'oreille, ni de puces, c'est bien connu.
Ainsi la victime ici présente rentra clopin clopant chez elle, heureuse de son achat et ce n'est que le soir qu'elle découvrit l'horrible réalité qui se cachait tel le serpent sous les atours de cette innocente fleur au parfum de nanar.
Le dvd introduis dans le lecteur, un menu des plus sommaire s'afficha, nul bonus, nul choix de langues, le strict minimum, mais les gros balèzes de la jaquette (sans allusions déplacés quant à leur orientation sexuelle) étaient bien là.
Seulement voilà, à peine appuyé sur play que le doute envahi le docteur Zoidberg. En effet la toute première image du film était celle d'un homme jouflu, le sourire ravageur, bien loin des blousons de cuir et des fusils à pompe.
Faut oser commencer un film par cette image
Circonspect il retourna au menu. Non ils étaient toujours là les 3 JCVD de bazar, identiques, dans des poses provocantes, boursouflés d'arrogance nanarde. Retour au film, dans le doute. Mais ce doute ne dura pas lorsque tomba le titre de ce navet: Force Five.
Oui mesdames et messieurs les jurés, oui on nous a vendu sous la couverture d'un film post apocalyptico à main armée, un obscur téléfilm des années 70 qui ferait passer un épisode d'Arabesque pour le dernier Michael Bay.
Honte à vous éditeurs de chez Prism Video, honte à vous producteurs d'une telle infamie car Urban Warriors c'est ça:
Des gros balèzes à moto, fleau d'arme en main, usant le bitume, crachants, jurants, pas de jouflus, pas de vieux beaux, pas d'action au rabais !!!
Une erreur de pochette pensez vous? Et bien non car le pitch au dos de la jaquette était à peu près vrai. Des flics embauchent des voyous pour pincer un méchant.
Leurs crimes? Le premier est serrurier et pose de fausses serrures afin de cambrioler des petites vieilles, le second est baratineur et arnaque des femmes en les séduisant, le troisième est cascadeur et visiblement voleur de voiture.
Pas de quoi aller "en détention illimité au pénitencier d'Etat". A ces trois gus s'ajoutent un flic normal et un ex flic qui a dérapé. Personne en cuir, personne armé.
Notre fine équipe
L'intrigue? Le Tony Parker de l'époque s'est fait avoiner, il faut savoir qui a fait ça et pourquoi, avant que le père du basketteur de fasse justice lui meme.
En fait c'est un promoteur véreux qui blanchi de l'argent dans le club de basket qui a fait ça pour soumettre encore plus le président du club. C'est pas du Columbo mais pas loin.
Potentiel nanar? Quasi nul. Deux trois répliques bidons
T'es bien le genre de gars capable de marcher dans une pièce remplie de crottin de cheval car tu sais bien que quelque part il y aura un cheval., une course poursuite à la Bullit bourrée de fautes de raccord, le tout avec le bruiteur fou du Clandestin et des routes vides.
Quelques figurants ringards:
Des cascades incroyables:
Inutile d'aller plus loin, vous l'aurez compris, le docteur Zoidberg a été victime d'une arnaque complète, d'une infamie sans nom, et pour cela je requiers contre Prism Video une peine d'emprisonnement à vie dans un penitencier d'Etat ainsi que le remboursement des 2 euros 50 du DVD.
Force Five
Genre: téléfilm
Année: 1975
Réalisateur: Walter Grauman
Ecrit par: Michael Gleason
Avec: Gerald Gordon, Nicholas Pryor, William Lucking, James Hampton, Roy Jensen.
Catégorie: pas plus désagréable qu'un épisode d'Amicalement votre mais pas nanar du tout